Les nouveaux (ou moins) albums quebs (ou moins): Première partie

Il fait enfin beau, chaud, c’était la Saint-Jean, et une petite semaine de repos et de relaxation. Quoi de mieux comme beau moment pour réduire un peu mon mur de la honte, et faire le tour des disques québécois qui sont sortis récemment ainsi que quelques perles des bonnes vieilles années ?

Go ? Go !

2016: Émile Bilodeau – Rites de Passage

Artiste: Émile Bilodeau
Album: Rites de Passage

En Test: 2016; Vinyle

Étiquette: Grosse Boîte; Dare To Care; DTC5-4651

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En 2016, c’était l’année du chansonnier Émile Bilodeau. Et 2017… et 2018… et 2019… Parfois, un simple disque peut tout changer pour un artiste. Les enfants ici chantent « J’en ai plein mon cass » depuis quelques mois, et c’est sans compter les autres chansons, crues, réelles, un peu en rap, un peu hip-hop, mais chansonnier à guitare. Un disque, une révélation Radio-Can, quelques prix, et une tournée perpétuelle depuis ce temps. Il y a bien des années, Charlebois avait dit que les disques, c’est une carte d’affaires pour artistes, afin d’obtenir le privilège de faire des spectacles partout au Québec. C’est définitivement ça pour Bilodeau. Depuis, un nouveau vidéoclip, une nouvelle chanson, mais aussi de nouvelles chansons qu’on peut écouter si on va à ses spectacles.

Pour le disque vinyle, il n’est plus vraiment en circulation, il n’y en a plus beaucoup, mais il y en a assez pour l’acheter neuf si vous le commandez. Ça se trouve ! Et côté vinyle, c’est un Dare To Care, alors c’est habituellement bien réussi ! Il y a des petites passes guitare voix à faire plaisir aux audiophiles, mais surtout, un bon disque à écouter. Beaucoup de musique par face, alors la qualité s’en ressent parfois. Si je compare avec Ed Sheeran avec un style similaire, qui toutefois fait des disques doubles, il y a une perte nette. Mais le disque est tout de même très bien réussi. On achète pendant qu’il se trouve encore.

Qualité du vinyle: 7/10


Réédition 1968/2011: Les Maledictus Sound

Artiste: Les Maledictus Sound
Album: Les Maledictus Sound

V.O.: 1968; Vinyle; Canusa; CLJ-33-113

En Test: 2011; Vinyle en encart

Étiquette: Mucho Gusto; MGLP001

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Ouais, c’est Français, et pas vraiment en même temps. Création de Jean-Pierre Massiera, l’inventeur du prog rock french touch, et un des premiers exemples d’échantillonnage connu (on y retrouve en effet quelques passages de la bande sonore de Pierre Henry et Michel Colombier), le disque a été produit très rapidement par Canusa au Québec. Oui oui, l’étiquette de Tony Roman lui-même, parce que ce dernier a été coproducteur et co-idéateur de cet enregistrement disjoncté ! Et encore plus, on a droit à l’introduction de Guy Cloutier en arrière de la pochette aussi !

L’étiquette Mucho Gusto a rapidement mis la main sur les bandes, et en 1999, ils ont sorti le seul exemplaire CD de ce chef d’œuvre de musique improvisée à grand déploiement. En 2011, ils ont aussi sorti une nouvelle version vinyle pour notre plus grand plaisir. Bref : c’est peut-être européen, mais c’est une belle histoire d’amour avec le Québec. Dans nos cordes !

Et le vinyle n’a pas été fait en cinq minutes, très belle réalisation à partir des bandes originales, écoute enjouée, ça s’amuse, c’est yé-yé, c’est orchestral, ça s’écoute parfois bien, parfois mal, parfois avec une sonorité vieillie. Mais somme toute, c’est le pied. On est dans un monde « 60s total sans anachronisme.

Qualité du vinyle: 8/10


Réédition 2003/2018: Arcade Fire – Arcade Fire

Artiste: Arcade Fire
Album: Arcade Fire

V.O.: 2003; CD; Autoproduit; AFCD001

En Test: 2018; Vinyle en encart numéroté (#05589); Autoproduit; Record Store Day 2018; 19075801831

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Dans nos artistes internationaux qui ont travaillé d’arrache-pied pour arriver où ils sont aujourd’hui, il y a bien Arcade Fire. Premier disque en production personnelle, chansons un peu n’importe quoi, voix incertaines, n’empêche qu’il y avait « quelque chose » qui a plu dès ce premier disque à Merge Records, qui les a signés pour leur premier vrai album, Funeral, quelques mois plus tard. Et à partir de ce moment, gros succès, meilleur album, la totale. Mais comment suivre un tel succès ? Se relever les manches et travailler encore plus afin d’avoir un excellent disque, Neon Bible… et ensuite The Suburbs. Tous des disques qui sont incroyables de qualité. Mais le tout a débuté avec ce premier petit disque, EP, tout simple.

L’an passé, Arcade Fire a sorti leur premier disque, leur tout premier bébé, pour la première fois en vinyle. Une primeur Record Store Day, et un bel achat pour les passionnés du groupe. De couleur bleu transparent très foncé, le vinyle est légèrement bruyant, mais rend parfaitement bien l’atmosphère de ce premier et court opus. Je crois que je n’ai simplement pas été chanceux à la loterie des disques, probablement que j’ai une copie avec plus de bruit de fond que la moyenne, mais j’ai apprécié le disque quand même. Pour admirateurs, mais bel objet et bonne écoute.

Qualité du vinyle: 6/10


Réédition 2018/2019: Hubert Lenoir – Darlène

Artiste: Hubert Lenoir
Album: Darlène

V.O.: 2018; CD; Simone Records; SMCD041

En Test: 2019; Vinyle numéroté marbré bleu (#181/1000)

Étiquette: Simone Records; SMLP041

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Je vous ai récemment parlé de Kid Kouna et de sa production folle aidée par P572Hubert Lenoir, a poussé à l’extrême leur patience avec un disque disjoncté : instantané collé (plusieurs variations), numéro de disque écrit au crayon de sang, pochette imprimée à l’intérieur comme à l’extérieur, enveloppe plein de trucs dont un Polaroid, plusieurs couleurs de disques, en veux-tu ? En v’là ! Mais parlons un peu de Hubert Lenoir. Un de nos originaux, jeune, joyeux, différent, l’âme autant punk rock avec une liberté faisant penser au New Wave des années 80. Oh que les matantes ne l’aiment pas, notre Lenoir national. Moi, justement c’est ce que j’aime : on ne parlerait plus de Ziggy Stardust s’il était en veston-cravate. On ne parlerait plus de Lou Reed et son Walk on the Wild Side s’il n’était pas si urbain et cru. Je ne pense pas que Hubert Lenoir soit là pour la polémique, je crois plus qu’il a décidé d’être lui-même, et de faire passer ce qu’il est, peu importe comment ça sort. Darlène, premier album primé avec raison !

Et le vinyle, c’est le disque qu’il fallait acheter lorsqu’il était disponible. Pas une production parfaite, justement les disques vinyle méritent parfois avoir quelques ajustements, dont les de-esser, à cause que les fréquences très élevées causent des problèmes à la gravure et à la reproduction, noyant tout sur son passage. C’est visible surtout avec Recommencer. Mais une écoute parfaitement honnête avec tout ce qu’on aime des vinyles : l’objet est incroyable et l’écoute est dérangeante de vérité.

Qualité du vinyle: 7/10


2019: Jean Leloup – L’étrange pays

Artiste: Jean Leloup
Album: L’étrange pays

En test: 2019; Vinyle

Étiquette: Grosse Boîte; Dare To Care; DTCLP4446

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Encore une autre semaine ! C’est le refrain qui a été entendu par les disquaires, la ritournelle à chaque semaine que le vinyle d’existait toujours pas. Lancement du disque, sans disque ! Juste la version CD qui y était. Ceux qui me lisent sur le magazine TED en ligne savent que j’ai fait une entrevue avec René Laflamme, fier ambassadeur de Nagra et celui qui gagne à peu près tous les prix de meilleure sonorité dans chaque salon audiophile où il se présente. J’ai aussi récemment fait une critique de son premier disque vinyle et le défi de la qualité sonore pour les disques vinyle. Je sens que c’est un peu la même chose avec ce disque : on a droit à un Jean Leloup qui s’enregistre de façon intime, presque en direct, avec un équipement minimaliste. Un enregistreur Nagra, un enregistreur Aaton, des câbles Luna, quelques micros, et rien de plus. Mais pour conserver le maximum de qualité, j’ai vraiment l’impression que Dare To Care a pris son temps et s’est assuré que le vinyle soit impeccable.

Impeccable ? Non, j’ai un peu trop de bruit de font qui provient clairement de la gravure, surtout sur Les Goélands. Et je n’ai pas l’impression que c’est l’impression subséquente qui cause ce problème, j’ai vraiment plus l’impression qu’il s’agit d’un problème à la galvanoplastie initiale, le disque était très silencieux dans les passages silencieux, mais il perd de la solidité sur les moments musicaux complexes. Ceci dit, le disque est l’un des meilleurs que j’ai entendu récemment. Presque parfait !

Qualité du vinyle: 9/10

(NDLA: Je suis fier possesseur de câbles Luna, suis ami avec les manufacturiers qui travaillent à la main, gagnant prix et accolades à travers la planète – et un jour, j’aurai ma Nagra IV-S! Bref, je suis biaisé!)

2016 – Roberto Musci: Tower of Silence

Enregistrements de terrain, version ambiante

Artiste: Roberto Musci
Album: Tower of Silence

En Test: 2016 Vinyle double en encart

Étiquette: Music From Memory; MFM014

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Le monde de la musique d’enregistrement de terrain (field recording) est assez spécial. Technique résolument moderne, les pionniers sont les passionnés de traitement sur bande magnétique des années 1960, on pense au BBC Radiophonic Workshop – dont l’excellente Delia Derbyshire qui a composée le thème de Dr Who. On peut même reculer plus loin avec, dans les années 50, la composition musicale avec traitement sur film; on pense à l’ONF avec l’extraordinaire Norman McLaren qui fait figure de précurseur du genre. On peut reculer encore avec les tous débuts, peu après l’arrivée de la bande magnétique avec son invention allemande, le style provenant d’explorations sur la musique concrète trouvent leur initiateur avec Pierre Schaeffer en France peu après la Seconde Guerre mondiale. Depuis, le style a été surtout perçu comme étant rébarbatif et cérébral, et ce n’est pas les incroyables Variations pour une Porte et un Soupir de Pierre Henry qui vont changer cette vision (c’est une de mes pièces préférées). Les quelques rares percées commerciales se faisant lors de l’époque du Peace and Love, avec des essais musicaux, dont la fameuse Messe pour le Temps présent de Pierre Henry et Michel Colombier, utilisée récemment pour le thème de l’émission Futurama. Plus près de nous, il y a René Lussier qui composa en 1989 son chef-d’œuvre Le Trésor de la Langue, film auditif dans lequel on suit les protagonistes cherchant s’il est important de parler le français au Québec. La démocratisation de ce style musical s’est faite avec l’arrivée des synthétiseurs Fairlight CMI, permettant de faire jouer des échantillons musicaux de tous genres. Des groupes comme The Art of Noise et Yello en ont fait leur gagne-pain. Aujourd’hui, on se demande bien ce qu’il peut y avoir de difficile à prendre son téléphone portable, enregistrer quelque chose dehors, revenir chez soi, ouvrir Garage Band, ajouter quelques filtres et superposer le tout avec quelques instruments. C’est ici qu’arrive tout le génie exploratoire: on peut penser à l’album de musique de danse Supermodified d’Amon Tobin, composé à l’aide d’échantillonnages musicaux traités au point de ne plus en reconnaître l’origine, mais qui demeure avec un aspect commercial certain. On peut aussi penser, récemment, à Automatisme qui compose avec en base des échantillons de la vie urbaine de tous les jours captés sur le vif, traités au point où ils sont intégrés entièrement à la musique.

Mais si on revient à de la musique où l’on reconnaît parfaitement les échantillons, arrive Roberto Musci, compositeur milanais ayant une affection pour la sonorité de l’Afrique et de l’Asie, plus particulièrement l’Inde. Le compositeur a voyagé à travers ces continents durant une dizaine d’années dans les années 70 et 80, et a utilisé ses acquis afin de composer ainsi que de produire des émissions radiophoniques de musique expérimentale et indigène jusqu’à la fin des années 90. Depuis 1983, le musicien a aussi enregistré plusieurs albums forts de ces sonorités uniques. C’est une compilation de ces explorations musicales qui nous est offerte ici sur disque vinyle. Le disque offre en quinconce des pièces de 1983 jusqu’à 2015, le tout, avec une belle progression musicale. Le style est introspectif, ambiant, exploratoire, doux tout en restant présent, électronique sans nécessairement le faire paraître aux premiers abords.

Pour la qualité de l’enregistrement, le disque vinyle double est très bien enregistré, la qualité du disque est apparente dès les premiers instants (même s’il y a des commentaires Internet au sujet d’un manque de rigueur lors de la gravure) et la sonorité est superbe. Là où il manque quelque chose, toutefois, c’est que le disque est très précisément monocorde côté volume. Ça sent la limitation numérique à plein nez et il n’y a tellement pas de surprises que ça en devienne maladif. À haut volume, on entend le compresseur se faire aller sur chaque petite note. Évidemment, on ne peut pas non plus s’attendre à avoir une sonorité audiophile sur des enregistrements faits avec un enregistreur portatif dans les années 70, mais ce n’est que rarement un problème, la «pire» des pièces à ce niveau est probablement la toute première de l’album. Non, le problème est que l’album est beaucoup trop limité. Pour le reste, ça s’écoute comme un bon vin: lentement, solennellement, avec déférence, et avec la petite pointe de curiosité que peut nous procurer un album-compilation d’un artiste absolument unique.

Réédition 2007/2016: Atreyu – The Best Of…

Un peu de metalcore pour se faire plaisir!

Album: The Best Of…
Artiste: Atreyu

V.O.: 2007 CD; Victory Records; VR345

En Test: 2016 Vinyle double trois faces (RSD 2016)

Étiquette: Victory Records; VR345

Atreyu est un bizarre de groupe. Trop métal pour être réellement Emo, mais trop Emo pour être un groupe typique Metalcore, trop mélodique pour les hardcore, mais d’inspiration définitivement hardcore pour être uniquement heavy métal classique; influences punk, influences country, même! Ayant eu un certain succès dans les années 2000, le groupe a néanmoins fait école et a activement contribué au mouvement metalcore-heavy-emo, de concert avec des groupes comme Bullet For My Valentine.

Il est un peu inadéquat de nommer cet album le meilleur d’Atreyu, surtout que le disque est sorti en 2007 et que le groupe est encore légèrement actif aujourd’hui. En fait, c’est le meilleur d’Atreyu dans leur période chez Victory Records. Ce n’est toutefois pas si faux, leurs plus grands succès provenant des trois disques qui ont été enregistrés pour cette étiquette. Et c’est encore moins faux en sachant que cette compilation est probablement leur meilleur disque, s’il y en a un à avoir, c’est celui-ci!

Il faut d’abord faire mention d’honneur sur la présentation. Le disque est dans une pochette s’ouvrant au centre, avec un feuillet pleine taille à l’intérieur. Le deuxième disque, à trois faces, possède une gravure du logotype du groupe sur la quatrième face. Il y a définitivement eu une attention portée aux détails de la présentation de cette offre.

Pour la gravure … ouf… D’abord, il y a la quantité de musique par face. Plus de vingt minutes par face, pour du gros métal, il faut que ça compresse quelque part. Le premier disque ayant été enregistré de façon analogique, la compression s’adapte mieux à une version vinyle. Les sept premières pistes de l’anthologie sont donc très adéquates. Les pistes des deux autres disques, malgré qu’ils aient aussi été disponibles en vinyle, proviennent d’une source numérique. Ça s’entend sur beaucoup d’instruments. D’ailleurs, l’anthologie entière semble avoir été créée plus ou moins avec les sources du CD, sans y avoir apporté un travail majeur. Quand j’entends un petit crépitement de distorsion numérique dans des moments forts (limité à 100% numériquement), ou quand justement les moments doux sont aussi forts que les moments forts, ou encore pire, la fin de Demonology and Heartache qui est supposé continuer avec My Sanity On The Funeral Pyre, mais dont les deux pièces sont coupées entre la face B et C, ça rend la sortie absolument passable. Finalement, et un dernier clou dans un cercueil que je n’aurais pas aimé clouer, mon disque est légèrement décentré dans sa coupe et dans la pose de son étiquette, et les disques sont remplis de morceaux de papier (à nettoyer minutieusement avant écoute, et changez les pochettes papier!).

Ce n’est pas le best of du Best of…! On attendra la version où la musique aura autant eu d’attention que la présentation graphique.

On achète si on aime Avenged Sevenfold, Bullet For My Valentine, Scars of Tomorrow, Shadows Fall, As I Lay Dying.

2016: Jain – Zanaka

Un premier album rythmé pour Jain

Artiste: Jain
Album: Zanaka

En Test: 2016 Vinyle double (45t)

Étiquette: Sony Music
88875165211

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Il y a parfois des albums qui donnent le goût de recommencer à faire des critiques. L’album Zanaka de Jain est un tel album. La chanteuse toulousaine d’expression anglophone sort Zanaka, son premier album, à la fin 2015 et son disque est consacré platine en France une année après.

Ce premier album est de style pop rafraîchissant, un peu reggae, un peu Manu Chao, parfois chansons naïves, comme Hope, parfois acoustiques comme All My Days, voix légèrement nasillarde avec accent français avec une touche jamaïcaine appropriée aux chansons reggae, instruments acoustiques ou électros. Les chansons se suivent et ne se ressemblent pas et représentent bien les facettes de la chanteuse.

Pour la qualité, le disque vinyle double, 45 tours, avec moins de dix minutes par face, est impeccable, et peut être utilisé par un DJ sans problèmes. La gravure est fantastique, amplement de basses, des aigües convaincantes sans être trop fortes. En fait, la gravure est tellement bonne qu’on entend carrément les différentes sessions d’enregistrement, on entend les pistes numériques se faire répéter, arrêter, redémarrer. On entend aussi les compresseurs (relativement subtils pour le style) changer de registre avec les parties plus fortes et plus légères de l’album. Pour la gravure, même la partie glissée avec le filtre passe-bas de la chanson Makeba, habituellement un tueur de disques vinyle, où tout le popcorn réapparaît, reste absolument de glace. Seul défaut: disques un peu en bol à soupe.

On achète si on aime Sofi Tukker, Selah Sue, Miriam Makeba.

NDLA: content de revenir aux critiques, la vie de nouveau papa, ce n’est pas de tout repos!

1990/2016, 2015: Jean Leloup – L’amour est sans pitié, À Paradis City

Petite rétrospective vinyle Jean Leloup.

Un de nos grands, passionné, nerd musical, capoté de composition, Jean Leloup nous a habitués à une qualité de produit. Fort de sa participation au Festival International de la Chanson de Granby et à Starmania, il signa avec Audiogram dès son premier album, qui est accessible en vinyle, mais qui est une « erreur de jeunesse ». Très rapidement, ses vraies couleurs apparaissent avec L’amour est sans pitié.

Album : L’amour est sans pitié
Artiste : Jean Leloup

V.O. : 1993 CD
Audiogram
ADCD 10036

En test : 2016 Vinyle RSD

Étiquette : Audiogram, Sony Music
AD 10036

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Il existe trois écoles de pensées : une qui considère que L’amour est sans pitié est son meilleur album, l’autre, Le Dôme et un dernier qui considère que Les Fourmis est le summum. Encore aujourd’hui, on connaît un bon tiers des chansons de L’amour par cœur, on reconnaît les chansons aux premières notes, il y a un côté sale affaire dans tous ces albums, aucun filtre, paroles limite subversives à haut débit, des compositions à couper à la machette rouillée, et à faire passer la douleur au vin rouge qui tache et aux dattes fraîches.

Et on est chanceux, fort de la sortie vinyle de À Paradis City par Dare To Care, Audiogram en association avec Sony Music sortent enfin L’amour est sans pitié ainsi que Le Dôme en vinyle, ce dernier vinyle double! Ne va rester que nos Fourmis nationales et on va être comblés!

Et ont-ils fait un bon travail ? Oui, c’est un album édition limitée 1000 exemplaires sortis pour le Record Store Day 2016, ils sont rendus très rares. C’est une version 180g, les matrices n’ont pas eu le temps de s’user sur le disque, il est impeccable côté qualité. Pour le contenu musical le disque est très beau, Audiogram a pris le temps de réaliser une belle version pour son 23e anniversaire, autant la guitare électrique est forte et grinçante, autant la guitare acoustique est naturelle et belle, le rythme est fort et bon, la voix en a vu d’autres comme il se doit avec The Wolf. Il y a un côté de ma personne qui aurait préféré un rematriçage avec un côté plus moderne à la compression, le disque étant très similaire au CD et son côté ’90s date légèrement. Mais en même temps, quelle belle écoute ! Si vous pouvez vous le procurer, c’est un univers différent que ce qu’on peut retrouver sur CD, et c’est définitivement une meilleure sonorité que la version en streaming.

Et pour Le Dôme ? Six longues années après l’énorme succès de L’amour, John The Wolf nous revient avec un autre énorme succès. Cet album tombe dans un entre-deux entre avoir vraiment peu de musique par face ou d’avoir une qualité réduite. Ils ont préféré conserver toute la qualité et nous obliger à avoir quatre faces. Je vote pour ça aussi! Après un très bon La Vallée des Réputations (pas encore disponible en vinyle), Jean Leloup quitte le milieu musical avec Exit, son « dernier spectacle », mais revient après deux petites années en tant que Jean Leclerc (son vrai nom de famille) avec Mexico, comme premier disque d’une nouvelle étiquette, La Grosse Boîte, gérée par Dare To Care records. À partir de ce moment, nous avons droit à tous les disques en vinyle! Son suivant, Mille Excuses Milady est aussi disponible en vinyle double… et après six longues années de hiatus pour la deuxième fois…

Album : À Paradis City
Artiste : Jean Leloup

En Test : 2015 Vinyle

Étiquette : La Grosse Boîte, Dare To Care Records
BOITE-45-LP, DTCLP-4445

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Ce disque a connu un succès retentissant, devenant à sa sortie le #1 des ventes au Canada! Le tout, malgré son style musical, plus posé et moins de party que les disques susmentionnés. C’est un disque avec une sonorité simili en direct, avec un style beaucoup plus sous-sol empoussiéré, bar louche. La musique suit les paroles, enfin! Et Dare To Care n’a pas fait dans la propreté côté sonorité non plus, c’est un peu l’équivalent de Blue And Lonesome des Rolling Stones, c’est crasseux jusqu’aux replis des cordes de guitare. C’est le disque à découvrir! À mon avis, on va se rappeler de ces derniers disques comme des grands vins, des disques à écouter en entier un peu comme ceux des Colocs, tandis qu’on va se rappeler des anciens disques comme des succès individuels.

C’est en faisant les comparatifs qu’on va voir le côté numérique et propre des premiers disques d’Audiogram, et de voir le naturel violent et crasse de Jean Leloup ressortir sur les disques de La Grosse Boîte. Je ne peux officiellement dire que c’est mieux, Audiogram, c’est tous les succès, toutes les chansons qu’on connaît par cœur, et le sacrilège d’y toucher. Tandis que ceux de La Grosse Boîte sont des disques à écouter du début à la fin. Et ce dernier disque est d’une sonorité à couper le souffle, ne vous méprenez pas, j’ai pesé mes mots avant de sortir les Stones en analogie. Prenez quelques maigres dollars de plus et achetez la version vinyle, vous ne le regretterez pas!

Réédition 1978 / 2016: Hailu Mergia & Dahlak Band – Wede Harer Guzo

Danse Éthiopienne de 1978

Album: Wede Harer Guzo
Artiste: Hailu Mergia & Dahlak Band

V.O.: 1978 Cassette
SM Recording (Éthiopie)

En Test: 2016 Vinyle double
Awesome Tapes From Africa
ATFA 021LP

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Tout ce que j’ai appris de ce groupe, c’est à travers des recherches Internet et la page informative fournie avec le vinyle. Et c’est bien peu de choses : groupe en vogue auprès des jeunes éthiopiens il y a 40 ans, alors qu’il y avait un régime sévère qui contrôlait le pays avec des couvre-feux. N’en déplaise à ces derniers, les clubs de nuit ouvraient avant le couvre-feu et les gens dansaient jusqu’au lever du jour.

Le style musical représenté ici est un mélange d’afrobeat, de musique très relax et chaleureuse, des longs grooves dignes de Blue Note Lost Grooves, une touche éthiopienne traditionnelle, un soupçon de soul, des chœurs, de la joie. C’est différent, mais aussi c’est une obligation pour les admirateurs d’afrobeat!

Et la qualité ? Disque double, gravure impeccable, disques épais, passion… et aucune qualité! L’étiquette Awesome Tapes From Africa se spécialise dans la réédition de rubans musicaux provenant d’Afrique. Non, il n’y a jamais eu de vinyle; non, la bande maîtresse n’a jamais été conservée. Tout ce qu’on possède de cette tranche de vie, c’est une petite cassette qui avait ses 38 ans bien sonnés lorsqu’ils ont fait le transfert et tenté de récupérer un peu de qualité de ça, cassette fournie par Hailu Mergia lui-même, sa seule copie! La bande était écrêtée, les volumes approximatifs, ce n’est pas du tout quelque chose de haute qualité, sans compter la qualité de base du matériel d’enregistrement. On est loin des Fela Kuti ou des Tony Allen! N’empêche que ça s’écoute comme dans du beurre, fondu à la chaleur des nuits éthiopiennes! Audiophiles, ce n’est pas pour vous!

Réédition 1994/2016: Pink Floyd – The Division Bell

Diviser la cloche en deux disques, enfin!

Album: The Division Bell
Artiste: Pink Floyd

V.O.: 1994 Vinyle simple
EMI
7243 8 28984 1 2

En Test: 2016 Vinyle double en encart

Étiquette: Pink Floyd Records, Columbia
PFRLP14, 88875184311

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De la qualité de son. Pink Floyd n’a plus à vanter sa réputation de groupe de rock progressif. C’est aussi le premier (le seul?) groupe ayant pris des semaines de travail intensif de sonorisation afin de produire un spectacle de qualité extraordinaire au Stade Olympique de Montréal pour leur tournée « In the Flesh Tour » en 1977. Selon tous ceux qui étaient présents au spectacle, ils sont tombés en bas de leur chaise. Pour au moins un autre, il s’est fait cracher dessus par Roger Waters, s’ensuivit la production de The Wall et le reste fait partie des annales de l’histoire du rock. Pour moi, The Division Bell, ça représente le seul spectacle de Pink Floyd que j’ai pu voir, et quel spectacle!

De presser le citron. Pour prendre quelques instants avec son disque-sœur… J’ai beaucoup de disques de Pink Floyd, qu’ils soient en vinyle ou en CD. Et même si la qualité est très bonne pour le disque de The Endless River, ça reste un disque produit avec les nombreux extras du disque The Division Bell. Aussi, un glitch électronique au beau milieu de ma gravure m’a totalement laissé sur ma faim. Belle gravure, le vinyle y ajoute de la chaleur appropriée au rock progressif, mais la version ultime, à mon avis, reste la version en Blu Ray. N’empêche que l’album vinyle s’écoute comme un bonbon… et ce ne sont que les restants de The Division Bell. Pour moi, l’album d’origine reste une référence en la matière de rock ambiant progressif.

De ne même plus savoir qui fait quoi. La version originale de The Division Bell était gravée avec des versions radiophoniques raccourcies des chansons afin de le faire entrer sur un seul disque vinyle (hérésie!). La version de Russie et de Corée du Sud a été les chanceux à avoir des versions sur album double, avec une petite parole coupée à la toute fin. Et en 2014, pour le 20e anniversaire de l’album, Parlophone fit une version rematricée à partir des rubans maîtres. Pour la version vinyle, ils demandèrent à Doug Sax de se pencher au problème (en même temps que la version de The Endless River), et quel résultat! Ce n’est pas une simple petite version réalisée à la va-vite. C’est un chef d’œuvre, et pour la première fois, en version complète! Deux ans plus tard, Columbia fit une version rematricée à nouveau, cette fois-ci par James Guthrie, Joel Plante et Bernie Grundman, et c’est ce qui est écrit sur l’étiquette du disque… mais des fous sur Internet (merci, Discogs) se sont rendu compte qu’il s’agit en fait de la même version réalisée par Doug Sax deux années auparavant. Ce n’est pas un problème, la version étant exceptionnelle, mais ça aurait été sympa de donner à César ce qui lui revient.

De prendre son pied! Vous aurez compris que la gravure est exceptionnelle, au point où même Pink Floyd Records a décidé, de concert avec Columbia, que la version vinyle se devait d’être celle de Sax. Je n’ai absolument, mais absolument rien à redire sur cette version! Numérique? Ça ne s’entend pas vraiment. Produit par un passionné, pour des passionnés, avec toute la qualité nécessaire. Aucune limitation apparente. Ça reste du rock, alors compression et effets, bien entendu… mais rien qui déplaît aux oreilles. Quelques petits bruits divergents entre quelques pistes, c’est tout. À mettre à tue-tête dans vos écouteurs préférés dans le noir avec les portes fermées, à un niveau où vous empêchez votre mère de dormir deux pièces plus loin (histoire pas du tout vécue, mais non voyons!)

 

Réédition 2000/2016: Trame sonore de Requiem for a Dream

Joyeux Halloween en drame psychologique!

Album: Requiem For A Dream
Artiste principal: Clint Mansell featuring Kronos Quartet

V.O.: 2000 CD
Nonesuch
79611-2

En Test: 2016 Vinyle double en encart (Édition RSD 2016)

Étiquette: Nonesuch
553787-1

Ce n’est pas un secret que je ne suis pas un admirateur de trames sonores. Les vinyles des trames sonores sont habituellement des ramassis de chansons disparates, de qualités différentes, parfois avec une trame narrative qui nous est imposée. Il y a bien évidemment des exceptions avec des trames sonores d’exception, mais je préfère habituellement aller chercher les albums complets des artistes m’intéressant. L’exception majeure à la règle est lorsque la trame sonore est composée pour le film en particulier. Blade Runner par Vangelis est un parfait exemple; Koyaanisqatsi de Phillip Glass en est un autre. Tout ce qui est fait par Williams (allant d’Indiana Jones à Star Wars) est exceptionnel bien évidemment.

Requiem For A Dream est un drame psychologique presque d’horreur absolument incroyable, l’atmosphère est à couper au couteau et est aidée de main de maître par le quatuor Kronos Quartet; les compositions électroniques de Clint Mansell (qui travailla beaucoup avec Nine Inch Nails) sont parfaitement à point. Est-ce que toutes les petites pièces de deux secondes méritent d’y être? Pas vraiment… ça donne un album décousu qui est difficile à écouter en tant qu’œuvre. Mais ça reste passionnant et les quatre faces du disque double nous donnent des univers totalement différents à chaque fois, mais avec toujours le même thème.

Et côté qualité ? Le disque double est une très belle gravure, un peu brouillonne parfois, mais de très belle qualité. Ma face 1B, par exemple, possède du bruit de fond à revendre. La quantité de musique par face est adéquate, mais appréciable, surtout en tenant compte des espacements entre chaque pièce. Il y a un peu de bruit de fond, mais sans trop, il y a beaucoup pire dans la vie. Non, sans blague, la qualité de la gravure du vinyle est excellente! Là où c’est plus difficile, c’est l’amont avec le MOTU de l’an 2000. Simplicité de production et montage du temps, aucun fondu d’entrée ou de sortie dans les pistes, les univers apparaissent et disparaissent avec chaque montage. Dans les exemples, la chanson Fall : Ghosts-Falling où on entend le quatuor apparaître soudainement et jouer en boucle est troublant. Mais ça, ce n’est pas une question de gravure, c’est une question de moyens de production du temps. Ça reste aussi un film dont la trame sonore, même si importante, a été finalisée à la va-vite, avec une attitude « good enough » et ça reste donc une des raisons pour lesquelles je n’aime pas les trames sonores.

Réédition 2016/2002: Sigur Rós -( )

Entre parenthèses…

Album : ﹙﹚
Artiste : Sigur Rós

V.O. : 2002 Vinyle
FatCat Records, [PIAS] Recordings
fatlp22, piasv122dlp

En Test : 2016 Vinyle double 140 g en encart

Étiquette : Krúnk
krunk10blp

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Sigur Rós est un groupe islandais ayant célébré ses 20 ans bien sonnés et bien travaillés en 2014. Ils n’ont jamais arrêté de jouer, de donner des concerts, de produire des nouveaux disques. D’abord un groupe plutôt rock, de type shoegaze, ils ont fait la légère adaptation vers le post rock assez rapidement et n’ont jamais regardé en arrière. En fait… si… ils ont regardé en arrière fréquemment. Sigur Rós utilise beaucoup de matériel des disques précédents, se ressource sur leurs anciennes compositions; autant de clins d’œil, mais aussi bâtir sur des fondations de plus en plus solides et étoffées.

1994, l’année du post rock! Cette même année, un groupe bien montréalais, Godspeed You! Black Emperor, est aussi apparu sur la planète. Les deux groupes ont plus d’une ressemblance, mais où GY ! BE est plus dans le rythmé, Sigur Rós est dans l’ambiant; GY ! BE est immensément politique quand Sigur Rós y va dans les émotions. Beaucoup vont comparer les deux groupes, exercice futile à mon avis : GY ! BE est un groupe fièrement indépendant, communautaire, marginal quand Sigur Rós est un groupe à la portée plus large, rassembleur, consensuel. C’est comme comparer la chaîne Sunrise Records à Fréquences le disquaire : les deux ont leur place dans l’univers et la où un arrête, l’autre continue.

L’album ﹙﹚ est celui de l’arrivée au succès. Leur premier album, Von, est expérimental et shoegaze. L’album Von est aussi précurseur d’un mouvement où le vide est nécessaire. Une chanson est carrément vide (18 Sekúndur Fyrir Sólarupprás) et une autre démarre avec plus de six minutes de blanc avant de jouer un deux minutes d’une chanson précédente à l’envers. Leur deuxième (Ágætis Byrjun) a été produit à travers le monde et connut un succès entre autres en Grande-Bretagne. Il faut dire que nos amis britanniques avaient déjà Radiohead depuis plus d’une dizaine d’années, groupe pop rock, mais aussi ayant ses influences sur le post rock. Enfin, en 2002, un album dont le seul titre semble être des parenthèses. Aucun texte, aucun titre de chanson, rien. Album en deux parties avec un long silence entre les deux parties (le vide, encore). Une partie plus ambiante, une partie plus rock. Leur premier simple de cet album devint #1, gagna le meilleur vidéo aux MTV EMA, fut sélectionné aux Juno aussi… et avait le titre « Untitled #1 ». Plus tard, le groupe donna des titres officieux afin de s’y retrouver eux-mêmes, mais l’album est résolument dénudé d’indications.

Et côté sonorité ? C’est un peu le problème des groupes avec beaucoup de dynamisme : désirer garder un volume conséquent à travers une chanson, que le début, relativement dynamique, ne soit pas au niveau chuchotement quand l’emportée musicale démarre. Et pourtant, c’est un peu ce que le groupe aurait dû faire à mon avis. C’est le même problème qu’avec le groupe Avec Le Soleil Sortant De Sa Bouche, qui joue du post hard rock à tendance disco. Leur album Pas Pire Pop  [I ❤️ You So Much] démarre tellement fort qu’ensuite, après un peu d’augmentation, on a l’impression que le disque devrait jouer plus fort, mais il ne le fait pas. L’envolée reste à plat. La dernière chanson de ﹙﹚, qui est encore utilisée à la fin de leurs spectacles, est une envolée spectaculaire qui reste au même volume tout le long de la chanson, faisant seulement un écrêtement et une limitation progressive. Pourtant, sur tout l’album, on a droit à des faces de 15-20 minutes, ils auraient pu conserver le même volume à travers l’album entier… mais la quatrième face n’a que cette chanson d’une dizaine de minutes. Ils auraient pu démarrer la chanson avec le même volume qu’ailleurs, et briser le mur du son pour la finale de l’album. À la place, on a droit à de plus en plus de distorsion et une perte de fidélité à niveau réduit. Enfin… Choix de production, j’imagine.

On achète si on aime Godspeed You! Black Emperor, Radiohead, Avec Le Soleil Sortant De Sa Bouche, A Silver Mt. Zion.

Ed Sheeran: Albums récents (et moins récents)

Rétrospective vinyle Ed Sheeran

Ed Sheeran est un chanteur pop avec une touche hip-hop qui a atteint son quart de siècle d’existence tout récemment. Aimé par certains, détesté par d’autres, il fait dans la pop accompagné de sa guitare. À cause de sa verve et de son élocution, son inspiration pousse clairement dans le hip-hop aussi. Mais malgré son jeune âge, il ça fait plus d’une douzaine d’années qu’il produit des disques! En 2005, il sortit son premier disque… il est officiellement sur Discogs! Mais il est bien écrit dans les notes qu’il n’en existe que 21 copies, dont 19 appartenant à Ed Sheeran lui-même (et 11 personnes disant qu’ils ont ce disque! Rions un peu!), et il tient absolument à ce que personne d’autre n’ait ce disque!

De toute façon, ses premiers disques ont peu d’intérêt musical. Assez pour voir le potentiel, mais pas assez pour valoir réellement la peine. Démos, essais… et en 2009, à l’âge vénérable de 18 ans, Ed Sheeran commence à avoir du succès, malgré qu’il produise lui-même tous ses CD.

Album : You Need Me EP
Artiste : Ed Sheeran

V.O. : 2009 CD
Sheeran Lock

En Test : 2016 Vinyle

Étiquette : Asylum Records
0825646052462 549852-1

Et c’est avec une chanson comme You Need Me, I Don’t Need You que Sheeran a commencé à faire parler de lui. La chanson, critique des gens qui ont commencé à l’approcher afin d’offrir leurs services à la personne qui commençait à être connue, a très bien résonné avec le public, ainsi que les quatre autres chansons acoustiques de l’album.

C’est d’ailleurs dans un environnement en direct que ce mini-album a été enregistré, en duo guitare et voix, d’une façon fort intimiste. Aucun artifice, aucune coupure apparente. Juste la musique et la voix.

Pour la qualité, Asylum a compris que Sheeran préfère avoir des produits de haute qualité. L’album est en 33 tours (bouh!), mais possède une belle présence. C’est un très bel album studio. Ça sent le studio à plein nez, ça sent les techniques modernes, il y a une touche d’emphase des hautes et une compression sporadique qui laisse planer le traitement Protools, mais c’est juste assez ténu pour nous laisser pleinement apprécier la musique.

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Suite du programme, Sheeran se fait signer par Island, ensuite par Asylum spécifiquement. Il sort son premier album à succès, + (addition, ou plus en anglais). Cet album, je ne l’ai pas. Raison simple : ce n’est pas à mon avis un album de Sheeran côté qualité. Album vinyle simple, chansons retravaillées, il (et sa maison de production) se cherchait encore côté vinyle à mon avis. Ceci dit, il reste que l’album est très bon et malgré la longueur de l’album, il semble être de qualité adéquate… Et quand je dis que cet album est très bon, même si le vinyle me tente moins, il faut mentionner que la chanson The A Team a fait les choux gras des tops en Grande-Bretagne, au point où Taylor Swift l’a remarqué et qu’ils ont fait une collaboration ensemble, ce qui démarra sa carrière internationale. Avec des numéros un solos, de la visibilité avec Swift et deux chansons en collaboration avec One Direction (dont un numéro un), c’est le succès international!

Album : × (multiplication, ou multiply en anglais)
Artiste : Ed Sheeran

En Test : 2014 Vinyle double 45 tours

Étiquette : Asylum Records
825646285877

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Album à succès international, × est un album incroyable. Chansons simples, encore une fois avec Sheeran à la guitare, mais avec les moyens du succès. Chœurs, rythmes, basse, appareils électroniques, orchestrations, tout y est, mais en même temps, il reste Sheeran avec la simplicité qui a fait sa renommée. L’album en entier s’écoute comme un bonbon, belles chansons intimistes, parfois chansons de danse et de party, même carrément la chanson de l’année pour la danse de type West Coast Swing.

Et Asylum Records a compris ! Ils ont produit cet album avec toute la qualité et toute la profondeur requise d’une telle œuvre! Album double, disques lourds, 45 tours, sonorité à couper le souffle. C’est un des disques avec la meilleure sonorité de ce genre que j’ait entendu. Studio, encore une fois; numérique, encore une fois; on s’en fout c’est incroyable, encore une fois!

S’il y a un album que je vous recommande de chercher en vinyle, c’est bien lui (en tenant compte que vous aimez Sheeran, bien entendu!). Les langues sales vont dire que l’album, avec ses 50 minutes de durée, commençait à chauffer la durée maximale d’un disque de qualité décente, et que tant qu’à avoir des faces d’une douzaine de minutes, on entre dans le sweet spot pour un disque de trente centimètres en 45 tours.

Album : ÷ (division, ou divide en anglais)
Artiste : Ed Sheeran

En Test : 2017 Vinyle double 45 tours

Étiquette : Asylum Records
0190295859015

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Fort de ce succès, Ed Sheeran a continué à sortir des chansons à succès et à faire des tournées mondiales. Et il a sorti cette année son dernier album en règle, Divide. Moins de succès, mais une belle progression. Plus pop, presque country à certains moments, moins hip-hop. Paroles plus personnelles, mais moins de textes de trois kilomètres de long. On sent que la conversion du style grime à la pop internationale est à son paroxysme. En même temps, s’il y a une chanson qui risque de rester à travers ses succès, c’est Shape Of You.

Et bien entendu, Asylum a poursuivi sa lancée 45 tours avec un deuxième album double. Album de 46 minutes, ça entre juste bien encore une fois afin de garder la qualité… mais ça, c’est avant qu’il ne se disent qu’ils devraient y ajouter quatre chansons en boni, donnant un album de presque une heure. 15 minutes par face en moyenne, c’est juste un peu trop pour du 45 tours. Ça reste encore bon, mais ce n’est plus parfait comme dans Multiply. Le volume a été baissé, la compression s’est mise de la partie, et si ce n’était que ça…

Et avec la transition pop viennent les surproductions. On peut penser à Castle On The Hill, superbe chanson, mais qui ne respire pas du tout. On peut voir aussi quel procédé Asylum a utilisé pour ses disques : ils ont pris la version telle que sortie du studio, ont normalisé le volume afin de conserver une belle homogénéité, et ils n’ont pas traité les chansons afin de les entrer dans le moule numérique moderne. C’est, à mon avis, la version de chansons qui est la plus près de ce que Sheeran devait entendre à la sortie du studio. Ça inclut les coups de basses tonitruantes dans Dive (qui sont parfaitement visibles en spirale sur le disque), ça inclut la compression à outrance de Castle, ça inclut le rythme de Shape of You. Tout y passe, le beau, le laid.

Je dirais que l’album est bon, mais pas parfait.

On achète si on aime James Blunt, John Mayer, Sam Smith, Jason Mraz.