Les nouveaux (ou moins) albums quebs (ou moins): Première partie

Il fait enfin beau, chaud, c’était la Saint-Jean, et une petite semaine de repos et de relaxation. Quoi de mieux comme beau moment pour réduire un peu mon mur de la honte, et faire le tour des disques québécois qui sont sortis récemment ainsi que quelques perles des bonnes vieilles années ?

Go ? Go !

2016: Émile Bilodeau – Rites de Passage

Artiste: Émile Bilodeau
Album: Rites de Passage

En Test: 2016; Vinyle

Étiquette: Grosse Boîte; Dare To Care; DTC5-4651

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En 2016, c’était l’année du chansonnier Émile Bilodeau. Et 2017… et 2018… et 2019… Parfois, un simple disque peut tout changer pour un artiste. Les enfants ici chantent « J’en ai plein mon cass » depuis quelques mois, et c’est sans compter les autres chansons, crues, réelles, un peu en rap, un peu hip-hop, mais chansonnier à guitare. Un disque, une révélation Radio-Can, quelques prix, et une tournée perpétuelle depuis ce temps. Il y a bien des années, Charlebois avait dit que les disques, c’est une carte d’affaires pour artistes, afin d’obtenir le privilège de faire des spectacles partout au Québec. C’est définitivement ça pour Bilodeau. Depuis, un nouveau vidéoclip, une nouvelle chanson, mais aussi de nouvelles chansons qu’on peut écouter si on va à ses spectacles.

Pour le disque vinyle, il n’est plus vraiment en circulation, il n’y en a plus beaucoup, mais il y en a assez pour l’acheter neuf si vous le commandez. Ça se trouve ! Et côté vinyle, c’est un Dare To Care, alors c’est habituellement bien réussi ! Il y a des petites passes guitare voix à faire plaisir aux audiophiles, mais surtout, un bon disque à écouter. Beaucoup de musique par face, alors la qualité s’en ressent parfois. Si je compare avec Ed Sheeran avec un style similaire, qui toutefois fait des disques doubles, il y a une perte nette. Mais le disque est tout de même très bien réussi. On achète pendant qu’il se trouve encore.

Qualité du vinyle: 7/10


Réédition 1968/2011: Les Maledictus Sound

Artiste: Les Maledictus Sound
Album: Les Maledictus Sound

V.O.: 1968; Vinyle; Canusa; CLJ-33-113

En Test: 2011; Vinyle en encart

Étiquette: Mucho Gusto; MGLP001

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Ouais, c’est Français, et pas vraiment en même temps. Création de Jean-Pierre Massiera, l’inventeur du prog rock french touch, et un des premiers exemples d’échantillonnage connu (on y retrouve en effet quelques passages de la bande sonore de Pierre Henry et Michel Colombier), le disque a été produit très rapidement par Canusa au Québec. Oui oui, l’étiquette de Tony Roman lui-même, parce que ce dernier a été coproducteur et co-idéateur de cet enregistrement disjoncté ! Et encore plus, on a droit à l’introduction de Guy Cloutier en arrière de la pochette aussi !

L’étiquette Mucho Gusto a rapidement mis la main sur les bandes, et en 1999, ils ont sorti le seul exemplaire CD de ce chef d’œuvre de musique improvisée à grand déploiement. En 2011, ils ont aussi sorti une nouvelle version vinyle pour notre plus grand plaisir. Bref : c’est peut-être européen, mais c’est une belle histoire d’amour avec le Québec. Dans nos cordes !

Et le vinyle n’a pas été fait en cinq minutes, très belle réalisation à partir des bandes originales, écoute enjouée, ça s’amuse, c’est yé-yé, c’est orchestral, ça s’écoute parfois bien, parfois mal, parfois avec une sonorité vieillie. Mais somme toute, c’est le pied. On est dans un monde « 60s total sans anachronisme.

Qualité du vinyle: 8/10


Réédition 2003/2018: Arcade Fire – Arcade Fire

Artiste: Arcade Fire
Album: Arcade Fire

V.O.: 2003; CD; Autoproduit; AFCD001

En Test: 2018; Vinyle en encart numéroté (#05589); Autoproduit; Record Store Day 2018; 19075801831

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Dans nos artistes internationaux qui ont travaillé d’arrache-pied pour arriver où ils sont aujourd’hui, il y a bien Arcade Fire. Premier disque en production personnelle, chansons un peu n’importe quoi, voix incertaines, n’empêche qu’il y avait « quelque chose » qui a plu dès ce premier disque à Merge Records, qui les a signés pour leur premier vrai album, Funeral, quelques mois plus tard. Et à partir de ce moment, gros succès, meilleur album, la totale. Mais comment suivre un tel succès ? Se relever les manches et travailler encore plus afin d’avoir un excellent disque, Neon Bible… et ensuite The Suburbs. Tous des disques qui sont incroyables de qualité. Mais le tout a débuté avec ce premier petit disque, EP, tout simple.

L’an passé, Arcade Fire a sorti leur premier disque, leur tout premier bébé, pour la première fois en vinyle. Une primeur Record Store Day, et un bel achat pour les passionnés du groupe. De couleur bleu transparent très foncé, le vinyle est légèrement bruyant, mais rend parfaitement bien l’atmosphère de ce premier et court opus. Je crois que je n’ai simplement pas été chanceux à la loterie des disques, probablement que j’ai une copie avec plus de bruit de fond que la moyenne, mais j’ai apprécié le disque quand même. Pour admirateurs, mais bel objet et bonne écoute.

Qualité du vinyle: 6/10


Réédition 2018/2019: Hubert Lenoir – Darlène

Artiste: Hubert Lenoir
Album: Darlène

V.O.: 2018; CD; Simone Records; SMCD041

En Test: 2019; Vinyle numéroté marbré bleu (#181/1000)

Étiquette: Simone Records; SMLP041

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Je vous ai récemment parlé de Kid Kouna et de sa production folle aidée par P572Hubert Lenoir, a poussé à l’extrême leur patience avec un disque disjoncté : instantané collé (plusieurs variations), numéro de disque écrit au crayon de sang, pochette imprimée à l’intérieur comme à l’extérieur, enveloppe plein de trucs dont un Polaroid, plusieurs couleurs de disques, en veux-tu ? En v’là ! Mais parlons un peu de Hubert Lenoir. Un de nos originaux, jeune, joyeux, différent, l’âme autant punk rock avec une liberté faisant penser au New Wave des années 80. Oh que les matantes ne l’aiment pas, notre Lenoir national. Moi, justement c’est ce que j’aime : on ne parlerait plus de Ziggy Stardust s’il était en veston-cravate. On ne parlerait plus de Lou Reed et son Walk on the Wild Side s’il n’était pas si urbain et cru. Je ne pense pas que Hubert Lenoir soit là pour la polémique, je crois plus qu’il a décidé d’être lui-même, et de faire passer ce qu’il est, peu importe comment ça sort. Darlène, premier album primé avec raison !

Et le vinyle, c’est le disque qu’il fallait acheter lorsqu’il était disponible. Pas une production parfaite, justement les disques vinyle méritent parfois avoir quelques ajustements, dont les de-esser, à cause que les fréquences très élevées causent des problèmes à la gravure et à la reproduction, noyant tout sur son passage. C’est visible surtout avec Recommencer. Mais une écoute parfaitement honnête avec tout ce qu’on aime des vinyles : l’objet est incroyable et l’écoute est dérangeante de vérité.

Qualité du vinyle: 7/10


2019: Jean Leloup – L’étrange pays

Artiste: Jean Leloup
Album: L’étrange pays

En test: 2019; Vinyle

Étiquette: Grosse Boîte; Dare To Care; DTCLP4446

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Encore une autre semaine ! C’est le refrain qui a été entendu par les disquaires, la ritournelle à chaque semaine que le vinyle d’existait toujours pas. Lancement du disque, sans disque ! Juste la version CD qui y était. Ceux qui me lisent sur le magazine TED en ligne savent que j’ai fait une entrevue avec René Laflamme, fier ambassadeur de Nagra et celui qui gagne à peu près tous les prix de meilleure sonorité dans chaque salon audiophile où il se présente. J’ai aussi récemment fait une critique de son premier disque vinyle et le défi de la qualité sonore pour les disques vinyle. Je sens que c’est un peu la même chose avec ce disque : on a droit à un Jean Leloup qui s’enregistre de façon intime, presque en direct, avec un équipement minimaliste. Un enregistreur Nagra, un enregistreur Aaton, des câbles Luna, quelques micros, et rien de plus. Mais pour conserver le maximum de qualité, j’ai vraiment l’impression que Dare To Care a pris son temps et s’est assuré que le vinyle soit impeccable.

Impeccable ? Non, j’ai un peu trop de bruit de font qui provient clairement de la gravure, surtout sur Les Goélands. Et je n’ai pas l’impression que c’est l’impression subséquente qui cause ce problème, j’ai vraiment plus l’impression qu’il s’agit d’un problème à la galvanoplastie initiale, le disque était très silencieux dans les passages silencieux, mais il perd de la solidité sur les moments musicaux complexes. Ceci dit, le disque est l’un des meilleurs que j’ai entendu récemment. Presque parfait !

Qualité du vinyle: 9/10

(NDLA: Je suis fier possesseur de câbles Luna, suis ami avec les manufacturiers qui travaillent à la main, gagnant prix et accolades à travers la planète – et un jour, j’aurai ma Nagra IV-S! Bref, je suis biaisé!)

1965-1968, 2017: Miles Davis Quintet – Freedom Jazz Dance: The Bootleg Series Vol. 5

Cinq légendes dans un studio, sans coupure et sans musique!

Je me fais plaisir, comme je vous disais sur le texte précédent! Quand les chats sont en vacances, les souris écoutent des disques d’archives.

Album : Freedom Jazz Dance: The Bootleg Series Vol. 5
Artiste : Miles Davis Quintet

En test : 2017 Vinyle triple

Étiquette : Columbia, Legacy, Sony Music
88985364161

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Quand on doit sortir quelque chose de spécial sur un artiste pour qui tout est déjà sorti, on fait quoi ? On sort des alternate takes. Mais supposons que tous les alternate takes sont déjà sortis, on fait quoi? On prend les bobines et on sort les bobines de studio, telles qu’enregistrées! Ou du moins, c’est le pari qu’a fait Legacy sur ce superbe album en encart triple.

Wayne Shorter… Herbie Hancock… Ron Carter… Tony Williams… Miles Davis! Quel quintette, quel groupe d’artistes incroyables, qui chacun individuellement ont redéfini le jazz ! Un festival de jazz aurait été heureux d’en avoir qu’un des cinq en vedette spéciale guichets fermés. Alors il faut imaginer les cinq ensemble. Et c’est ce que ce disque nous permet de faire.

Ce disque est inécoutable ! Le but n’est pas de se pâmer sur la musique du quintette, pour ça, on peut aller acheter l’album Miles Smiles par exemple pour la chanson Freedom Jazz Dance. La chanson finale dure un peu plus de 7 minutes. La première face du premier disque est plus de 23 minutes de cette chanson, mais à la fin, on n’aura entendu que les quelques premières notes du thème, la vraie version est sur l’album. Ce qu’on a sur ces disques est les rubans d’origine qui ont servi à pratiquer les chansons, des anecdotes, des essais, des manquements, des erreurs, de l’humour, de la pratique, d’autres essais, du matériel qui ne servira finalement jamais aux chansons. Bref : ce qui est laissé sur le plancher de la table de montage.

Ce que le disque nous permet de faire, c’est de mieux comprendre les chansons et le processus créatif du quintette. C’est un document d’archives absolument inestimable que Sony nous remet entre les mains, pour admirateurs seulement. Ne vous attendez pas à apprécier écouter ad nauseam les mêmes progressions ou les sections coupées, ou la pratique de batterie de Tony Williams. Ce n’est pas pour une consommation par les admirateurs. Mais j’ai pris mon pied à chaque seconde d’écoute.

Mais le vinyle, ça sonne comment ? Vous êtes vraiment fatigants avec ça! Comme si la qualité sonore c’était uniquement ce qui compte! Sans blag… [chuchotements] ah… c’est… c’est mon travail? Ah bon… Vous voulez me lire pour la qualité du vinyle? Ah… bon… désolé! Mais cette petite blague est là pour faire comprendre qu’il s’agit d’archives musicales, pas de musique. Est-ce que c’est réellement nécessaire qu’on ait toute la qualité du monde? Alors, je dirais que la qualité est très bonne sur le disque! Ils ont porté autant d’attention à la sortie de ces outtakes partiels qu’à sortir les disques nouvellement sortis en version 2014. C’est un travail de moine! Mais est-ce que c’est si nécessaire d’avoir une telle qualité pour quelque chose qui est musicalement inutile? Mmm, je dirais que oui! J’ajouterais que les quelques bouts musicaux des disques sont impressionnants et fantastiques à écouter sur une bonne table. Mais encore une fois, ce disque est inécoutable! S’ils désiraient faire encore plus plaisir aux fans, ils en feraient une version en bobine 4 pistes non mixées de 10 po à 7.5ips, sans aucun traitement, avec les chansons finales à la fin de chaque piste d’essais. Probabilité que ça arrive : nulle. En attendant, il y a ce disque triple!

Rétrospective Pierre Henry

Le chemin de croix d’un grand homme : Pierre Henry.

Album : Les Jerks électroniques de la Messe pour le temps présent et Musiques Concrètes pour Maurice Béjart
Artistes : Pierre Henry, Michel Colombier

En Test : 1968 Vinyle (Canada)

Étiquette : Philips
836.893

1968. On aperçoit la face cachée de la lune. L’année d’après, des humains iront sur la lune. Le peace and love vogue de bon train. Les Beatles sortent leur album blanc avec leur infâme Revolution 9. Cette même année, Michel Colombier et Pierre Henry forment un duo improbable afin de sortir une pièce musicale liant le côté psyché rock cinématographique de Colombier et le côté concret électroacoustique de Henry. Succès mondial aussi improbable qu’incroyable! Aujourd’hui, ce genre de pièce serait plus considérée comme une œuvre naïve liant du yé-yé à du glitch… mais il faut se rapporter à ce moment où la musique classique fait place à la musique contemporaine, actuelle, concrète, électronique, dodécaphoniste, où par expérimentation, on tente de découvrir des nouvelles sonorités, où la musicalité est remise en cause. Et cette pièce, naïve, est juste assez populaire pour propulser cet album dans les tops de la planète et révolutionner la conception musicale des amateurs de musique. Si on pousse un peu plus loin, le succès foudroyant de Psyché Rock, la deuxième pièce de l’œuvre, est basé sur Louie Louie, pièce des années 50. On a donc droit à une pièce rétro, actuelle (pour 1968) et futuriste avec les «jerks» de Henry. Quelle chanson! Pièce qui d’ailleurs a été reprise par des DJ, pour le thème de Futurama.

Mais cet album a un autre bon goût : celui d’être une compilation. Beaucoup n’écoutaient que ces quelques pièces. Mais d’autres se laissaient séduire par les autres pièces, datant de 1963, mais ayant été endisquées entre 1963 et 1967. Un extrait accessible du Voyage pour terminer cette face A, quelques pièces «rock» provenant de La Reine Verte. Mais ce qui a touché les mélomanes, les audiophiles, les poètes et les gens ouverts d’esprit au plus haut point, c’est les Variations pour une Porte et un Soupir, pièce austère s’il en est une, dont le matériel de base est composé d’enregistrements de bruits de porte et d’un soupir électronique. Mon papa est un grand fanatique de musique contemporaine et cette pièce est une des dernières qui m’a accroché sur ce disque, du haut de mes douze ans. Mais quand j’ai compris. Ouf!

Et avec ce disque, je vous présente ma collection favorite!

Album : Le Voyage – D’après le Livre des Morts Tibétains
Artiste : Pierre Henry

En Test : 1967 Vinyle (1ère version)

Étiquette : Philips (Prospective 21º siēcle)
836 899 DSY

La collection métallique de Philips, la série Prospective 21e siècle, est la série à avoir! Cette collection de musique concrète, électroacoustique et électronique de Philips n’est pas du tout abordable, n’est pas du tout accessible et n’est absolument pas composée de pièces de grande écoute. Il s’agit de toute l’expérimentation du monde, allant des Percussions de Strasbourg à de la musique actuelle norvégienne, à du Xenakis, du François Bayle et bien entendu de plusieurs Henry. En fait, Philips a, durant ces années, offert ses presses afin d’exposer de la musique inexposable, le tout géré par Bayle et Henry. Un peu avant et un peu après, ils ont offert ces pièces dans des pochettes normales. Mais pour ces cinq années, on a eu droit à des pochettes métalliques incroyables, ainsi que des gravures hors du commun.

Pour des disques de musique expérimentale, dont la majeure partie se retrouvait dans des magasins à un dollar, c’est rendu quasi impossible de les acheter. On parle de prix allant d’un dollar à plusieurs centaines de dollars pour quelques-uns de ces monstres. Soit on passe à côté parce que la musique n’a aucun intérêt à un admirateur de pop, soit on tombe des nues et saute sur chacune des trouvailles, même si on les possède déjà!

Mais de quoi on parle ici? On parle de découverte musicale, parfois très rébarbative, parfois relativement expérimentale. La deuxième pièce, par exemple, est une étude sur un effet Larsen (les feedback de micros). On ne peut s’attendre à quelque chose de simple d’accès avec ce genre de musique. Les disques de cette collection nous suggèrent d’ailleurs de les écouter dans l’obscurité et à fort volume. Je dirais que les gens qui sont prêts à faire le saut dans un tel inconnu sont peu, mais seront heureux.

Album : Variations pour une porte et un soupir
Artiste : Pierre Henry

En Test : 1967 Vinyle (1ère édition, 3e version)

Étiquette : Philips (Prospective 21º siēcle)
836 898 DSY

Et ici, mon disque. Le mien. Celui qui a changé ma vie. Je vous en avais parlé plus haut. Il s’agit d’un disque qui plaît à mon côté audiophile, mélomane, artistique, mon côté expérimental, mon côté passionné de bandes magnétiques, c’est la totale! Et si vous désirez réellement savoir ce qu’était le flower power du temps, et à quel point l’expérimentation était la totale, l’introduction du disque a été écrite par Maurice Béjart lui-même, et oui, des danseurs contemporains ont dansé sur une telle œuvre!

Mais… c’est vraiment une porte et un soupir? Oui! Très peu d’instruments de plus! Il ne s’agit principalement que d’une porte grinçante, jouée comme d’un instrument, et du soupir électronique que je vous parais précédemment. Et la composition a été effectuée à l’aide de travail sur des bandes magnétiques. On peut d’ailleurs sur certaines bandes entendre du kissing, soit qu’avec tout le dynamisme de cette pièce, le magnétisme est si fort sur la bande qu’elle s’est imprimé un tour avant et un tour après le moment où on est supposée l’entendre! Rendu à ce point, ça fait partie de l’œuvre à mon avis. Il y a parfois quelques autres instruments, mais ils sont excessivement rares.

Je vous ai fait un retour dans le temps sur cet article. En fait, les Variations sont réellement la première pièce d’un cycle conceptuel, allant de pièces relativement joyeuses jusqu’aux râles et à la mort; Le Voyage débute avec la mort elle-même et un retour sur l’idéologie des Variations et poursuit en transe, en étude sur la mort, sur l’immobilisme de la mort physique, mais l’exploration infinie divine; finalement, La Messe nous les présente sommairement, mais célèbre la vie à travers une messe nous incitant à apprécier la vie pendant qu’elle passe. Il y a plusieurs autres rapprochements à faire dans l’imposante œuvre de Henry, dont ses Évangiles, œuvre imposante de jeunesse en une douzaine de disques, chantée et bien évidemment en musique concrète, voire de la non-musique religieuse, très en vogue et émule d’Olivier Messiaen. Et si j’avance dans le temps, il y a d’autres œuvres incroyables que je ne peux passer sous silence. La Messe de Liverpool, le Cortical Art (composé à l’aide d’un électroencéphalogramme!), son Voyage Initiatique ou même ses pièces plus récentes, parce que si, M. Henry a continué de composer jusqu’à sa mort! Mais vous comprendrez mon cheminement de rétrospective mortuaire en faisant un petit chemin de croix pour cet incroyable compositeur qui a révolutionné la musique. Ceci dit, je ne peux passer sous silence une dernière collaboration, une dernière messe de 1969.

Album : Ceremony – An Electronic Mass
Artistes : Spooky Tooth, Pierre Henry

V.O. : 1969 Vinyle (UK)

En Test : 1970 Vinyle (Canada)

Étiquette : Polydor
2334 002

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Pour ce dernier disque, on va dans une messe rock progressif. Parfois, la musique nous frappe, mais parfois, c’est la pochette. Cette pochette frappe autant l’imaginaire que la musique nous donne une messe déjantée, retravaillée aux rubans, effets électroacoustiques et autres ajouts impressionnants de Henry. On parle de musique incroyable avec musiciens fous, mis presque en sourdine par les effets spéciaux qui nous donnent toute la perspective nécessaire à l’écoute de l’œuvre. Si vous désirez savoir ce que ça donne de prendre du LCD, écoutez Ceremony.

Et maintenant, parce que vous me lisez afin de savoir si les vinyles valent la peine…

Ouf, c’est tout un sujet, il n’y en aura pas de faciles! Commençons avec La Messe. C’est un album principalement populaire. Le médium du vinyle est bien utilisé sur ce disque. Beaucoup de qualité en règle générale, mais il sonne légèrement sourd, sonorité yé-yé presque nécessaire. Les extraits sont très bien enregistrés, mais très légèrement moins bien que les disques dont ils sont issus. C’est un très beau disque à avoir et il y a une raison pour laquelle il a été vendu en grande quantité, c’est qu’il est hautement satisfaisant. Si vous n’avez qu’à en avoir un, c’est celui-ci que vous devriez avoir. Le Voyage, c’est plus difficile. Le disque est parfaitement gravé, c’est impossible de demander mieux, mais c’est impossible à reproduire adéquatement aussi! Fréquences pures, instruments sans harmoniques, études sur les résonances outrancières, instruments à sonorité sourde exacerbée, le tout sur des faces vraiment remplies, dont une quantité de vinyle est laissée libre à la fin afin de conserver les hautes fréquences intactes. Sur ce genre de disque, on va entendre le popcorn et le bruit de fond, c’est immanquable. Les Variations, c’est mieux dans le sens que c’est un des meilleurs disques que je possède côté qualité, mon côté audiophile en reçoit pleinement pour son argent, mais aussi c’est un disque qui possède amplement son lot de difficultés. Y a-t-il quelque chose de plus difficile à reproduire que des graves et les aigus-chocs d’un grincement de porte? Si vous désirez faire perdre la boule à votre table tournante, c’est un parfait disque pour ça! Même les bandes magnétiques d’origine arrivent à leur limite, c’est dire à quel point l’œuvre est exigeante. Et finalement, Ceremony, c’est de la difficulté outrancière aussi. Jubilation, avec son milieu de pièce introspectif avec juste les bonnes fréquences afin de faire ressortir tout le popcorn de votre disque, et Confession avec ses coups de marteau, qui termine la première face dans un crescendo assourdissant en toute fin de disque, comment faire paniquer n’importe quelle aiguille! Reste que le disque, avec son progressive rock «monotone» tend à bien cacher les imperfections sur ce disque, on s’en sort quand même assez bien.

En résumé, les disques sont parfaitement bien réalisés. Mais le matériel est impossible à bien rendre! La seule chose que je puisse vous recommander c’est d’avoir les disques les plus propres que vous pouvez trouver, parce qu’il n’y en aura pas de facile!

Réédition 2017: Iron Butterfly – In-A-Gadda-Da-Vida

In The Garden Of Eden est le chef d’œuvre hard rock psychédélique progressif de Iron Butterfly, leur chanson! Et tel qu’annoncé la semaine passée, Rhino nous sort une réédition. Comment se compare-t-elle à l’original?

Iron Butterfly - In-A-Gadda-Da-VidaAlbum: In-A-Gadda-Da-Vida
Artiste: Iron Butterfly

V.O.: 1968 ATCO Records
SD 33-250

En test: 2017 Vinyle Splatter; 1971 ATCO (Canada)

Étiquette: Rhino, ATCO Records
081227941918

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Iron Butterfly est un groupe d’une chanson. Parfois, les groupes ont la chance d’avoir un succès tôt dans leurs carrière. Parfois, c’est un tremplin, parfois c’est un one-hit wonder. Les plus observateurs remarqueront que sur la photo, j’ai mis le disque sur la face B quand toutes les autres images de mes critiques sont de la face A du premier disque. Ce n’est pas pour rien. Les autres chansons, aussi bonnes soient-elles, sont du remplissage pour la chanson titre de l’album. Est-ce bien mauvais d’être le groupe d’une seule chanson? Pour le procédé créatif, ce n’est pas épatant. Pour les idées futures et passées, passer des messages, ce n’est pas génial. Ensuite, vous êtes pris avec cette (#)$# chanson pour le reste de votre vie. Mais en contrepartie, une très grande majorité de groupes et musiciens n’arrivent pas à avoir une seule de ces chansons qui percent les tops. Mon avis est donc de vivre avec et d’être heureux de ce coup de chance. Continue reading “Réédition 2017: Iron Butterfly – In-A-Gadda-Da-Vida”