Rétrospective RSD 2018

Beaucoup de très bons (et beaucoup de moins bons) disques sont sortis en 2018. Cette année, c’est fou! Dans quelques jours, la folie arrive!

Vous voulez savoir si ça vaut la peine d’acheter au RSD? Eh bien la réponse est « noui » : certains disques sont des belles trouvailles, certains sont des disques pour admirateurs d’un groupe en particulier, certains ont été produits de façon mercantile, et quelques petits bijoux n’ont juste pas assez d’exemplaires afin de pallier à la demander. Bref : achetez ce que vous considérez bon, et laissez aux spéculateurs leur lubie de réaliser quelques sous avec leurs achats.

Pour vous convaincre qu’il y a des bonnes trouvailles, voici, en rafale, une série de beaux disques sortis lors des différentes éditions du RSD 2018. Je reste quand même relativement conséquent avec mes choix que je désirais obtenir. Dans tous ces choix, il y en a quelques uns que je n’ai pas pu acheter hélas, et je me suis laissé tenter par bien d’autres. Vous allez remarquer qu’il y a beaucoup de rééditions ici, et c’est quelque chose que j’ai vraiment déploré. Je suis heureux de dire que cette année, plusieurs nouveaux disques sortent. Le RSD s’améliore donc d’année en année.

Voici mes précédentes critiques de ces choix en particulier :

Et j’ajoute…

Doris Norton – Nortoncomputerforpeace & Personal Computer

Artiste : Doris Norton
Albums : Nortoncomputerforpeace (1983) et Personal Computer (1984)

En test : Vinyle; 2018; Mannequin; MNQ 116 et MNQ 120

Exemple parfait de la raison d’être du RSD : rendre accessibles une autre fois des disques rares et obscurs. Doris Norton est une compositrice-interprète italienne qui a la distinction d’avoir été la seule à recevoir un sponsorship de la part d’Apple. Aujourd’hui, on le tient pour acquis, mais Apple Computer s’est fait poursuivre à maintes reprises par Apple Corps (l’étiquette des Beatles) afin qu’ils ne touchent à quoi que ce soit de multimédia. Ils ont même eu à payer des frais à ces derniers à cause qu’ils avaient une prise haut-parleurs et micro sur leurs ordinateurs! Alors que d’avoir leur logo de pomme sur un disque, imaginez!

Les disques de Doris Norton sont autant de styles disparates, allant de l’électro-minimaliste à la Kraftwerk et The Art of Noise, à une recherche plus poussée et in, voire à de la heavy techno rock pour certains de ses albums des années 90. Bref : une grande pionnière de la musique électronique! Et ces exemplaires, gracieuseté de Mannequin, sont très bien gravés! Très bonne écoute!

 

Motörhead – Death or Glory

Artiste : Motörhead
Album : Death or Glory (Bastards en 1993)

En Test : Vinyle; 2018; Vinyl Passion; VP 90052

Motörhead a toujours fait parler d’eux, un groupe précurseur au style heavy metal, des années avant que le style n’existe vraiment. Mais avec le décès des Lemmy, on assiste à un revival de la passion des admirateurs du groupe. C’était un peu naturel qu’une étiquette se décide de sortir une nouvelle version de l’album Bastards de 1993. Cet album est un retour aux sources du groupe Motörhead, avec un style qui est reconnu comme étant classique pour eux. C’est aussi une deuxième période charnière côté membres, dans les derniers albums avec Michael « Würzel » Burston, et le deuxième avec le batteur Mikkey Dee.

Le disque n’a pas connu une très grande distribution, restant plus ou moins en Allemagne, malgré le fait que le groupe considère encore ce disque comme un de leurs meilleurs. Ceci dit, l’internationalisation des distributions fait qu’il y a eu plusieurs bonnes rééditions en vinyle. Alors que d’en avoir une autre, ce n’était peut-être pas si nécessaire que ça. En même temps, la version qui a été proposée en 2018 est très honnête, possède une assez bonne sonorité et est géniale à écouter. Le rematriçage est adéquatement produit, pas excellent mais très bien.

 

Popol Vuh – Messa Di Orfeo

Artiste : Popol Vuh
Album : Messa Di Orfeo (1999)

En Test : Vinyle; 2018; One Way Static Records; OWS 21

Ce n’est pas la première fois que j’écris indirectement à propos de Popol Vuh. J’avais aussi réalisé la critique de l’excellent album d’interprétation de musique classique de Florian Fricke qui est sorti ce même RSD. Si vous vous attendez à du krautrock, vous allez tomber sur un nœud : ce disque est assez purement ambiant et possède une facture chantée très près de la musique classique. C’est un très grand chef d’œuvre, une voltige de composition impeccable, le tout gravé sur un disque vinyle de très grande qualité.

Encore une fois, une bonne raison de rechercher les éditions sur RSD : c’est la première fois qu’on peut entendre ce disque en vinyle, et la composition s’adapte parfaitement à ce médium.

 

Lhasa – Live in Reykjavik

Artiste : Lhasa
Album : Live in Reykjavik (2009/2017)

En Test : Vinyle double; 2018; Audiogram; 19075805381

Dans les éditions qu’il fallait sauter dessus lorsqu’on y avait accès, il y a les rééditions RSD de Lhasa de Sela. Cette superbe édition de son spectacle enregistré en 2009 a finalement été sortie en CD en 2017 par Audiogram, et ils en ont profité pour faire une copie en vinyle double absolument impeccable. Payée moins de 30 $ (pour un disque double 180g) lors de sa sortie, on ne s’en sort hélas plus en bas d’une centaine de dollars afin d’obtenir le même disque. Et à date, Audiogram ne semble pas pressé de faire comme pour l’excellent La Llorona et faire une réimpression. Bref : il fallait y être! Pressing qualité audiophile, pour une captation de spectacle. En même temps, ce ton de voix, cette chaleur, ces instruments, le vinyle est le parfait médium pour faire jouer une telle musique!

Abruptum – Evil Genius

Artiste : Abruptum
Album : Evil Genius (1995)

En Test : Vinyle en encart; 2018; Black Lodge Records; BLOD027LP01

Dans un tout autre ordre d’idée, le groupe de musique black metal Abruptum en a profité pour sortir son excellente compilation Evil Genius une autre fois en vinyle. Il y a dix ans, Southern Lord (l’étiquette de Sunn O))) ) avait réalisé une excellente édition limitée de ce vinyle. Nécessaire d’en avoir une autre copie? Non. Mais pas déplaisant aussi. On déplorera que ces 300 copies limitées de couleur n’aient pas conservé la belle touche du CD initial d’avoir un message nous proposant de se tuer avec la lame de rasoir fournie. Très bonne gravure de la part de Black Lodge. Belle présentation! Et une belle entrée en matière pour la musique black metal.

 

Mais ce n’est pas fini! Prenez une gorgée de café avec moi, et on continue!

Marijata – Pat Thomas introduces…

Artiste : Marijata
Album : Pat Thomas introduces Marijata

En Test : Vinyle; 2018; Mr Bongo; MRBLP158

Extraordinaire disque de protodisco funk ghanéen de 1976, c’est le genre de disque dont l’original se vend à un prix ridiculement élevé (dans les 300 $ pour une minable copie). À ce prix-là, je vais prendre un billet d’avion pour le Ghana et aller acheter les bandes maîtresses originales.

Il y a trois ans, une réédition a été effectuée avec un succès adéquat. Mais ici, on parle de Mr Bongo. Et cette étiquette n’y va jamais de main morte. Quelle belle réédition avec une sonorité somme toute bien honnête ! On a de tout ici : on entend la boule disco dans la sonorité, des belles guitares, des horns, un rythme légèrement afrobeat, les voix en ensemble, le black power et la fierté africaine, l’anti-religion. Je ne crois pas qu’il fallait s’attendre à des miracles, les rubans sources ne doivent pas être réellement de bonne qualité, mais malgré tout, ça s’écoute avec joie à haut volume.

La bonne nouvelle est que le disque a été tellement scalpé qu’il est disponible à un prix très abordable sur les Internets.

Spectrum – Highs, Lows And Heavenly Blows

Artiste : Spectrum
Album : Highs, Lows and Heavenly Blows (1994)

En Test : Vinyle; 2018; Medical Records; MR-079

Après beaucoup de styles différents, c’est l’heure de sortir la pipe à patchouli! Pete « Sonic Boom » Kember, connu surtout pour son précédent groupe Spacemen 3, nous lance dans le post space rock, pieds et poings liés. Un des meilleurs albums de Spectrum, il ne faut surtout pas prendre avec des pincettes le disque Highs, Lows and Heavenly Blows. C’est une atmosphère faisant penser à un très heureux mariage entre GY ! BEGiorgio Moroder et Steve Wilson, avec Peter Kruder comme maître de cérémonie. Avoir su qu’un tel groupe existait lors de mes années de cégep, ma vie aurait été différente!

Selon ce que j’ai entendu parler, le disque original de 1994 n’avait pas une gravure si excellente que ça. Eh bien, Medical Records s’est chargé de réaliser l’impossible, comme d’habitude! On a le goût de mettre ce disque à tue-tête et de se laisser emporter par cette si belle atmosphère.

Electroconvulsive Therapy vol 4 – The Art of Survival…

Artistes variés
Album : Electroconvulsive Therapy vol 4 – The Art of Survival…

En Test : Vinyle; 2018; Medical Records; MR-077

Comme chaque année, Medical Records nous fournit sa compilation de pièces toutes plus obscures les unes que les autres. Parfois, ce sont des pièces incroyables et parfois, c’est un peu bizarre. Je dirais que c’est la première année que je dirais que les pièces ne sont pas extraordinairement loufoques. On a droit à un style un peu plus « convenu », soit du minimalisme, du synthé-pop, et des pièces qui ne décoiffent pas tant que ça, comparés aux années précédentes. Comme je suis fou du synthé-pop, ce n’est pas un problème pour moi, mais pour une première année, ce n’était pas le premier disque que je désirais ouvrir.

N’empêche, la gravure est excellente, l’édition est géniale, ça s’écoute vraiment bien et j’aurais définitivement préféré avoir beaucoup plus de notes sur les artistes que j’écoute : comme toute bonne compilation K-tel de ce nom, on n’a que le nom du groupe et le nom de la pièce de musique. Ce n’est pas un objet de collection digne de Medical Records.

Suite du programme: mes recommendations 2019!

2010/RSD2018: Taylor Swift – Speak Now

Le 13 avril 2019, nous allons avoir le Record Store Day 2019. Et cette année, il y a des disques incroyables ! En fait, il y en a pour tous les goûts, des grands classiques aux obscurs, des nouveaux disques aux disques étranges. Il y a même une collection de disques de trois pouces avec la table tournante assortie ! Certaines années, je n’ai presque aucun intérêt aux sorties du RSD, mais parfois, c’est la folie! Cette année, c’est la pire année pour mon budget, et de loin. Tant de beaux disques! Je vais vous fournir ma liste d’intérêts bientôt, et bien évidemment, je vais faire la file dès l’aube, mon café à la main, chez Fréquences à Saint-Hyacinthe, espérant avoir assez de mains pour accrocher les éditions uniques qui seront cachées dans les rayons partout.

Un petit mot de remerciements de la part de Fréquences : je sais que beaucoup lorgnent les listes du RSD sorties un peu partout celle officielle et celles compilées par les maniaques, ainsi que la liste fournie par Fréquences. Vous êtes nombreux à écrire à votre disquaire vos intérêts, demandant s’il va en avoir une copie. Merci! Ces intérêts que vous fournissez permettent d’essayer de commander plus ou moins d’un disque, en espérant en avoir beaucoup de copies. Je ne sais bien évidemment pas ce que nous aurons, je ne suis pas employé, ni ne fait partie du secret des Dieux. Et je ne crois pas que Fréquences ne sache encore ce qu’ils vont avoir, ils le savent plus ou moins lors de la réception des boîtes. Mais JF m’a fait part que beaucoup de disques avec un très grand engouement ne seront disponibles qu’en quantités très limitées dans le monde, ce qui donne une ou deux copies pour le magasin quand plus d’une dizaine ont porté intérêt sur une sortie.

Bref : il faudra fouiller, parce que ces éditions ne seront pas nécessairement sur les présentoirs à vue, surtout quand l’édition sera très limitée! Il faudra s’armer de patience et sortir ses gants de fouilleurs. À mon avis, ça fait partie du plaisir, et j’ai hâte de vous voir, sourire à la main et le café au visage comme chaque année!

Sur ce, je vais vous présenter dans les deux prochaines semaines une petite rétrospective d’albums, bons et moins bons, qui sont sortis au RSD en 2018, ainsi que quelques autres coups de cœur.


 

Album: Speak Now
Artiste: Taylor Swift

V.O.: Vinyle double; 2010; Big Machine Records; BTMSR0300C

En Test: Vinyle double en encart, transparent fumé, numéroté; RSD Black Friday 2018

Étiquette: Big Machine Records; BMRTS0300A

Ce n’est pas un secret que j’aime beaucoup Taylor Swift. Étant partie du country assez pur avec son album éponyme en 2006 au tendre âge de 16 ans, elle continue avec une sonorité plus pop avec Fearless, son album de 2008. Ce dernier est un réel chef d’œuvre qui est devenu l’album le plus vendu aux États-Unis. Encore mieux, Swift a mérité la distinction d’être l’artiste la plus jeune ayant remporté une telle distinction. S’ensuivirent une panoplie de prix et la fameuse apparition de Kanye West lors de la remise des MTV. Bref, tout un album. Speak Now, sorti en 2010, est une suite logique de la progression de l’auteure-compositrice-interprète de talent. Excellent album, c’est son dernier qui peut être décrit comme ayant des sonorités country. Pour la suite, Red est décrit par certains comme étant country, mais il faut gratter loin, et 1989 est carrément son renouveau pop.

Je suis aussi admirateur de T.S. parce qu’elle a tendance à en donner beaucoup à ses fans et à l’industrie en général. J’avais fait une critique de l’album 1989 qui, pour moi, avait été un de mes coups de cœur de 2017, entre autres pour la générosité de la production, mais en plus que le vinyle était à un prix ridicule d’un peu plus de 20 $ pour un album double. Récemment, elle a aussi signé avec UMG, et son contrat stipule que tous les artistes de l’étiquette seront payés pour leurs diffusions en ligne, pas seulement elle. Bref, elle fait avancer l’industrie de la musique aussi.

Mais est-ce que cet album vaut la peine? D’abord, ce n’est pas la première fois que Speak Now est mis en vinyle. Il était disponible en 2010 aussi. Hélas, cette version avait été gravée à la va-vite, au point où les acheteurs se sont plaints et que ce disque double est en vente précipitée. Alors peut-être que la version du RSD 2018 vaut la peine? Oui et non… la gravure est définitivement meilleure, mais il y a vraiment trop d’emphase sur les fréquences aiguës de l’album, avec un sifflement presque constant. C’est énervant au possible. Ma copie de disque est aussi un peu gondolée et n’est pas parfaite en règle générale. Donc : pas parfait, mais pas malhonnête. Dommage!

1985: Zipper – Zip

New Wave Progressif québécois des années 80!

Album: Zip
Artiste: Zipper

En Test: 1985; Vinyle

Étiquette: La Collection; P.C.R. 850315

Ce disque est une rareté d’il y a 30 ans. Il se trouve parfois en disque usagé si vous êtes chanceux!

Ce groupe méconnu de Québec est un peu un anachronisme dans le milieu musical québécois. Non seulement le groupe faisait dans un style de new wave plus rock qu’électro, mais il a été produit et enregistré par feu le grand Denis Champoux, auteur-compositeur-interprète tout d’abord connu pour son côté rock avec Les Megatones entre autres, mais ensuite pour être tombé en amour avec la musique country d’ici. À partir de ses interprétations personnels, en passant par son étiquette La Collection, mais surtout avec son studio d’enregistrement de Cap Rouge qui a vu passer les plus grands du country, il a été une figure emblématique de la musique québécoise.

Mais il faut aller plus loin que de parler d’une folie de producteur avec Zipper. Les musiciens ont roulé leur bosse de nombreuses années, d’une collaboration à l’autre, d’un groupe à l’autre. Jacques Perron, le guitariste rythmique et homme à tout faire du groupe, a même fait la première partie de Roxy Music au Palais du Commerce de Montréal en novembre 1975. Après sa formation en 1980, le groupe a été sélectionné au concours Ville de Nuit de 1983, pour ensuite faire son premier concert en 1984 au Café Campus où M. Champoux leur proposa de réaliser leur premier disque avec lui. Le disque Zip, leur seul, fût terminé l’année d’après.

Ce disque est en deux parties vraiment distinctes. La première face est plus composée de chansons style pop-rock new-wave, avec des progressions d’accords parfois un peu douteuses, la voix de Richard Fouquet un peu incertaine comme on les aime (que celui qui n’aime pas Men At Work et The Smiths lance la première pierre). La deuxième face est réellement plus dans le style rock progressif, avec un concept se suivant toute la durée du côté de disque, des solos de guitare, etc. On reste dans la musique relativement simple, on ne réinventera pas le 12 cordes ici, mais ça donne une bonne touche et ça paraît que les musiciens s’amusent.

Pour la sonorité, le disque est très bien enregistré et représente bien une ère musicale. C’est exactement un disque des années 80 comme il se doit. C’est aussi un peu générique, on ne sent pas exactement le meilleur arrangement qu’il soit, c’est un disque réalisé en une vingtaine de jours avec les musiciens du bord. On ne sent toutefois pas qu’il manque quoi que ce soit. Ce n’est pas une hyper-production 200 voix de console avec une centaine de rubans par chanson et un chœur triple juste pour la forme, mais ça colle parfaitement bien avec le style du moment, et ce qu’ils désiraient réaliser.

 

Réédition 2007/2016: Atreyu – The Best Of…

Un peu de metalcore pour se faire plaisir!

Album: The Best Of…
Artiste: Atreyu

V.O.: 2007 CD; Victory Records; VR345

En Test: 2016 Vinyle double trois faces (RSD 2016)

Étiquette: Victory Records; VR345

Atreyu est un bizarre de groupe. Trop métal pour être réellement Emo, mais trop Emo pour être un groupe typique Metalcore, trop mélodique pour les hardcore, mais d’inspiration définitivement hardcore pour être uniquement heavy métal classique; influences punk, influences country, même! Ayant eu un certain succès dans les années 2000, le groupe a néanmoins fait école et a activement contribué au mouvement metalcore-heavy-emo, de concert avec des groupes comme Bullet For My Valentine.

Il est un peu inadéquat de nommer cet album le meilleur d’Atreyu, surtout que le disque est sorti en 2007 et que le groupe est encore légèrement actif aujourd’hui. En fait, c’est le meilleur d’Atreyu dans leur période chez Victory Records. Ce n’est toutefois pas si faux, leurs plus grands succès provenant des trois disques qui ont été enregistrés pour cette étiquette. Et c’est encore moins faux en sachant que cette compilation est probablement leur meilleur disque, s’il y en a un à avoir, c’est celui-ci!

Il faut d’abord faire mention d’honneur sur la présentation. Le disque est dans une pochette s’ouvrant au centre, avec un feuillet pleine taille à l’intérieur. Le deuxième disque, à trois faces, possède une gravure du logotype du groupe sur la quatrième face. Il y a définitivement eu une attention portée aux détails de la présentation de cette offre.

Pour la gravure … ouf… D’abord, il y a la quantité de musique par face. Plus de vingt minutes par face, pour du gros métal, il faut que ça compresse quelque part. Le premier disque ayant été enregistré de façon analogique, la compression s’adapte mieux à une version vinyle. Les sept premières pistes de l’anthologie sont donc très adéquates. Les pistes des deux autres disques, malgré qu’ils aient aussi été disponibles en vinyle, proviennent d’une source numérique. Ça s’entend sur beaucoup d’instruments. D’ailleurs, l’anthologie entière semble avoir été créée plus ou moins avec les sources du CD, sans y avoir apporté un travail majeur. Quand j’entends un petit crépitement de distorsion numérique dans des moments forts (limité à 100% numériquement), ou quand justement les moments doux sont aussi forts que les moments forts, ou encore pire, la fin de Demonology and Heartache qui est supposé continuer avec My Sanity On The Funeral Pyre, mais dont les deux pièces sont coupées entre la face B et C, ça rend la sortie absolument passable. Finalement, et un dernier clou dans un cercueil que je n’aurais pas aimé clouer, mon disque est légèrement décentré dans sa coupe et dans la pose de son étiquette, et les disques sont remplis de morceaux de papier (à nettoyer minutieusement avant écoute, et changez les pochettes papier!).

Ce n’est pas le best of du Best of…! On attendra la version où la musique aura autant eu d’attention que la présentation graphique.

On achète si on aime Avenged Sevenfold, Bullet For My Valentine, Scars of Tomorrow, Shadows Fall, As I Lay Dying.

1976: Carol Douglas – Midnight Love Affair

Succès disco-funk 1976 à redécouvrir

Album : Midnight Love Affair
Artiste: Carol Douglas

En Test : 1976 Vinyle (Canada)

Étiquette : Midland International
BKL1-1798

Le milieu des années 70 était l’ère des chansons à grand déploiement. On peut penser aux Love To Love You Baby; Try Me, I Know We Can Make It; MacArthur Park, aux Star Wars Theme and Other Galactic Funk; Disco Inferno; Don’t Let Me Be Misunderstood, etc. En fait, à défaut d’avoir des outils pour DJ disponibles et des versions vinyles pour DJ avec sections permettant de faire des mixes, et tous ces autres outils, c’était la mode de faire des versions partiellement mixées et des longues chansons. Et quelle suite à son premier (et plus grand) succès Doctor’s Orders! Midnight Love Affair a fait les choux gras des discothèques malgré le fait que Mme Douglas est restée dans un anonymat relatif. Il ne faut d’ailleurs pas la confondre avec monsieur Kung-Fu Fighting, Carl Douglas. Qui sait, peut-être que leurs noms similaires leur a donné une petite gloire similaire. D’ailleurs, même si elle n’est pas si connue que ça, elle l’était assez pour qu’on voie son nom en lettres de feu sur la marquise de la piste de danse dans le film Saturday Night Fever.

Dans les styles disco nord-américains, la chanson Midnight Love Affair est un très bon succès à avoir, toute la patine et le côté boule disco sont omniprésents. Pour me lancer dans la synesthésie, j’aime quand la musique disco semble briller, offre des fondus flous, avec des sourires au visage. Le reste de la face A s’écoute bien, d’ailleurs. Et la face B, eh bien, c’est de la face B. Ce n’est pas excellent, mais ça s’écoute bien aussi.

Et côté qualité de gravure, c’est certain que pour un disque de plus de 40 ans, il ne faut jamais s’attendre à des miracles, surtout pour des copies à quelques dollars. Mais l’enregistrement n’a rien à pâlir des autres grands de la musique disco. On reconnaît d’ailleurs sur ce disque les fondus coupés réalisés sur une bande magnétique : la chanson Midnight Love Affair est prévue en 45 tours, une partie chanson principale et une partie étendue pour la face B. Alors pour passer du premier 4 minutes aux deux dernières minutes de la chanson, on entend très bien la session musicale changer pour les extras. On retrouve aussi ce genre de coupure à quelques reprises sur le disque. On est très loin du Protools des années 2000! Et pour revenir à l’enregistrement, mon disque est parfait, peu ou pas de bruit de fond, aucune usure prématurée. C’est pour ça qu’il faut acheter des vieux disques parfois!

Ed Sheeran: Albums récents (et moins récents)

Rétrospective vinyle Ed Sheeran

Ed Sheeran est un chanteur pop avec une touche hip-hop qui a atteint son quart de siècle d’existence tout récemment. Aimé par certains, détesté par d’autres, il fait dans la pop accompagné de sa guitare. À cause de sa verve et de son élocution, son inspiration pousse clairement dans le hip-hop aussi. Mais malgré son jeune âge, il ça fait plus d’une douzaine d’années qu’il produit des disques! En 2005, il sortit son premier disque… il est officiellement sur Discogs! Mais il est bien écrit dans les notes qu’il n’en existe que 21 copies, dont 19 appartenant à Ed Sheeran lui-même (et 11 personnes disant qu’ils ont ce disque! Rions un peu!), et il tient absolument à ce que personne d’autre n’ait ce disque!

De toute façon, ses premiers disques ont peu d’intérêt musical. Assez pour voir le potentiel, mais pas assez pour valoir réellement la peine. Démos, essais… et en 2009, à l’âge vénérable de 18 ans, Ed Sheeran commence à avoir du succès, malgré qu’il produise lui-même tous ses CD.

Album : You Need Me EP
Artiste : Ed Sheeran

V.O. : 2009 CD
Sheeran Lock

En Test : 2016 Vinyle

Étiquette : Asylum Records
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Et c’est avec une chanson comme You Need Me, I Don’t Need You que Sheeran a commencé à faire parler de lui. La chanson, critique des gens qui ont commencé à l’approcher afin d’offrir leurs services à la personne qui commençait à être connue, a très bien résonné avec le public, ainsi que les quatre autres chansons acoustiques de l’album.

C’est d’ailleurs dans un environnement en direct que ce mini-album a été enregistré, en duo guitare et voix, d’une façon fort intimiste. Aucun artifice, aucune coupure apparente. Juste la musique et la voix.

Pour la qualité, Asylum a compris que Sheeran préfère avoir des produits de haute qualité. L’album est en 33 tours (bouh!), mais possède une belle présence. C’est un très bel album studio. Ça sent le studio à plein nez, ça sent les techniques modernes, il y a une touche d’emphase des hautes et une compression sporadique qui laisse planer le traitement Protools, mais c’est juste assez ténu pour nous laisser pleinement apprécier la musique.

Acheter le disque vinyle de + (plus, orange) chez Fréquences
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Suite du programme, Sheeran se fait signer par Island, ensuite par Asylum spécifiquement. Il sort son premier album à succès, + (addition, ou plus en anglais). Cet album, je ne l’ai pas. Raison simple : ce n’est pas à mon avis un album de Sheeran côté qualité. Album vinyle simple, chansons retravaillées, il (et sa maison de production) se cherchait encore côté vinyle à mon avis. Ceci dit, il reste que l’album est très bon et malgré la longueur de l’album, il semble être de qualité adéquate… Et quand je dis que cet album est très bon, même si le vinyle me tente moins, il faut mentionner que la chanson The A Team a fait les choux gras des tops en Grande-Bretagne, au point où Taylor Swift l’a remarqué et qu’ils ont fait une collaboration ensemble, ce qui démarra sa carrière internationale. Avec des numéros un solos, de la visibilité avec Swift et deux chansons en collaboration avec One Direction (dont un numéro un), c’est le succès international!

Album : × (multiplication, ou multiply en anglais)
Artiste : Ed Sheeran

En Test : 2014 Vinyle double 45 tours

Étiquette : Asylum Records
825646285877

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Album à succès international, × est un album incroyable. Chansons simples, encore une fois avec Sheeran à la guitare, mais avec les moyens du succès. Chœurs, rythmes, basse, appareils électroniques, orchestrations, tout y est, mais en même temps, il reste Sheeran avec la simplicité qui a fait sa renommée. L’album en entier s’écoute comme un bonbon, belles chansons intimistes, parfois chansons de danse et de party, même carrément la chanson de l’année pour la danse de type West Coast Swing.

Et Asylum Records a compris ! Ils ont produit cet album avec toute la qualité et toute la profondeur requise d’une telle œuvre! Album double, disques lourds, 45 tours, sonorité à couper le souffle. C’est un des disques avec la meilleure sonorité de ce genre que j’ait entendu. Studio, encore une fois; numérique, encore une fois; on s’en fout c’est incroyable, encore une fois!

S’il y a un album que je vous recommande de chercher en vinyle, c’est bien lui (en tenant compte que vous aimez Sheeran, bien entendu!). Les langues sales vont dire que l’album, avec ses 50 minutes de durée, commençait à chauffer la durée maximale d’un disque de qualité décente, et que tant qu’à avoir des faces d’une douzaine de minutes, on entre dans le sweet spot pour un disque de trente centimètres en 45 tours.

Album : ÷ (division, ou divide en anglais)
Artiste : Ed Sheeran

En Test : 2017 Vinyle double 45 tours

Étiquette : Asylum Records
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Fort de ce succès, Ed Sheeran a continué à sortir des chansons à succès et à faire des tournées mondiales. Et il a sorti cette année son dernier album en règle, Divide. Moins de succès, mais une belle progression. Plus pop, presque country à certains moments, moins hip-hop. Paroles plus personnelles, mais moins de textes de trois kilomètres de long. On sent que la conversion du style grime à la pop internationale est à son paroxysme. En même temps, s’il y a une chanson qui risque de rester à travers ses succès, c’est Shape Of You.

Et bien entendu, Asylum a poursuivi sa lancée 45 tours avec un deuxième album double. Album de 46 minutes, ça entre juste bien encore une fois afin de garder la qualité… mais ça, c’est avant qu’il ne se disent qu’ils devraient y ajouter quatre chansons en boni, donnant un album de presque une heure. 15 minutes par face en moyenne, c’est juste un peu trop pour du 45 tours. Ça reste encore bon, mais ce n’est plus parfait comme dans Multiply. Le volume a été baissé, la compression s’est mise de la partie, et si ce n’était que ça…

Et avec la transition pop viennent les surproductions. On peut penser à Castle On The Hill, superbe chanson, mais qui ne respire pas du tout. On peut voir aussi quel procédé Asylum a utilisé pour ses disques : ils ont pris la version telle que sortie du studio, ont normalisé le volume afin de conserver une belle homogénéité, et ils n’ont pas traité les chansons afin de les entrer dans le moule numérique moderne. C’est, à mon avis, la version de chansons qui est la plus près de ce que Sheeran devait entendre à la sortie du studio. Ça inclut les coups de basses tonitruantes dans Dive (qui sont parfaitement visibles en spirale sur le disque), ça inclut la compression à outrance de Castle, ça inclut le rythme de Shape of You. Tout y passe, le beau, le laid.

Je dirais que l’album est bon, mais pas parfait.

On achète si on aime James Blunt, John Mayer, Sam Smith, Jason Mraz.

2014: Пицца – Кухня et На Всю Планету Земля

Hip pop russe à saveur de pizza

Album : Кухня (Cuisine)
Artiste : Пицца (Pizza)

V.O. : 2012 CD

En Test : 2014 vinyle

Étiquette : ProninManagement
4 670010 914381

C’est amusant comment la planète peut être petite quand on y pense bien. Ce groupe, je l’ai découvert et acheté les disques à cause d’une de mes amies péruviennes qui adorait ce groupe musical à tendance pop, hip-hop, disco, parfois même avec des rythmes latins, une stylistique boys-band. Musique populaire russe de danse, fruit du travail de Сергей Приказчиков (Sergey Prikazchikov), surnommé Pizza, originaire d’Oufa en Russie.

Belle introduction à la musique russe, c’est un chansonnier hip-hop qui a décidé de se donner les moyens, avec de la musique parfois pop, parfois rock, parfois de chansonnier. Surtout, de la musique calme, sympa, dans la vogue de son groupe précédent, Via Чаппа #1 (Via Chappa #1) qui font des concerts depuis plus de 20 ans dorénavant.

Album : На Всю Планету Земля (Sur la planète Terre)
Artiste : Группа Пицца (Groupe Pizza)

En Test : 2014 vinyle

Étiquette : ProninManagement
4 670010 914398

Et ces disques sont à l’image de Pizza : sans prétention, belle qualité sonore, mais les vinyles ne sont pas de qualité exceptionnelle, c’est une gravure brouillonne faite à la va-vite. N’empêche que la sonorité est belle et pas trop travaillée pour le style. Ce n’est pas de l’audiophilie, ça reste deux disques s’écoutant parfaitement bien. Compression pop, mais pas omniprésente. Quand il y a des boums de basse, le reste du volume reste parfaitement stable. À recommander.

On achète si on aime Ёлка (Yolka), Тимати (Timati), L’One, Мумий Тролль (Mumyi Troll).

Le monde underground: vinyles pour DJ

Nul n’est prophète en son pays ! Troisième article de la section les souris dansent, cette fois-ci un style musical qui ne se retrouvera certainement jamais chez Fréquences ou dans peu ou prou de disquaires, à part les spécialisés.

 

There’s a big dark town
It’s a place I’ve found
There’s a world going on
Underground

Tom Waits, Underground

Parfois, des artistes font danser des milliers de personnes à travers des dizaines de villes, composent de nouvelles chansons chaque jour, envoient des nouvelles bombes à leurs admirateurs régulièrement, ont des dizaines de milliers de personnes qui suivent leurs nouvelles offrandes. Habituellement, ces personnes sont méconnues à part par les fous de cette scène en particulier.

Album : Iznogoud 06 (Tzigan Power et La Foule RMX)
Artiste : Zone-33 (Ataka et Zim)

Format : Disque vinyle 12″ simple 45 tours

Bienvenue dans le monde du hardtek, tribe, electrocore et autre musique de danse sur les stéroïdes ! Il y a 30 ans, il y avait la scène rave qui faisait dans ce qu’on a surnommé la techno, avec pour les plus gros spectacles une ou deux grosses scènes de musique plus commerciale, une scène de musique happy hardcore pour ceux qui aimaient quand ça déménage et une scène de musique ambiante pour se donner des massages. Ces nuits existent toujours, dorénavant séparées en microscènes avec des styles différents. Les plus extrêmes de ces scènes roulent sur ce qui est surnommé du 180 bpm, soit des chansons roulant à 180 pulsations par seconde de rythme. Par comparaison, les plus rapides des chansons des clubs en règle générale sont 130 bpm, ce qui est un bon tiers plus lent.

Une des dichotomies incroyables de ce monde est qu’ils n’ont jamais laissé tomber la scène des vinyles! Depuis le début de la scène rave dans les années 80, les DJ ont fait leur programmation musicale à travers des vinyles. Aujourd’hui, malgré la prolifération des appareils et consoles pour DJ, c’est encore en vinyle que ça se passe pour une bonne partie des DJ de profession. C’est d’autant plus fou que bien entendu, il n’y a rien d’analogique dans ces compositions, tout est fait numériquement avec des logiciels de production musicale, parfois même des trackers, système archaïque des années 80 ayant eu ses heures de gloire avec les premiers ordinateurs de type Amiga. Et malgré tous ces moyens numériques permettant de réaliser des mix parfaits avec des sources parfaites, il n’y a eu aucune année de répit pour la gravure des disques vinyle, même dans les années 90, 00 et 10. Malgré le fait qu’il y a des systèmes de son où la basse compte pour plusieurs milliers de watts, où les tables tournantes sont dans un milieu où tout le monde saute, danse, crie, a des effets Larsen de retour de son vers l’aiguille, avec du poids de plusieurs dizaines de kilos à trimballer par le DJ chaque soir, sur des aiguilles qu’il faut changer aux quelques semaines, beaucoup de DJ prennent malgré tout la peine de travailler en totalité ou en partie avec des vinyles. C’est le pire environnement pour jouer un vinyle, mais ce dernier règne en maître, le temps d’une nuit! Et ce n’est bien entendu pas tous les styles musicaux dont l’engouement vinyle a été préservé. Certains styles, comme le Goa, n’ont plus beaucoup d’adeptes analogiques. Un des plus cocasses est le mouvement scratch, dont le but est de faire des nouvelles sonorités avec les disques vinyle, n’utilise dorénavant habituellement les tables que comme instrument de musique, avec un disque de contrôle sur la platine qui est lue et reconnue par le logiciel, qui fait numériquement jouer la musique de façon synchronisée avec le « jeu » du joueur de table tournante (turntablist). C’est le monde à l’envers! Les maîtres du scratch sont rendus numériques tandis que les DJ de vitesses extrêmes sont restés analogiques!

Album : Voodoo Box 06 (Very Bad Things et Rock The House)
Artiste : Zone-33 (Ataka et Zim)

Format : Disque vinyle 12″ simple 45 tours

Revenons à la scène d’irréductibles vinyleux. Pourquoi ? Ces disques n’ont qu’un seul but : faire danser. Et ce monde musical souterrain a compris qu’il est préférable réaliser des disques avec une parfaite qualité, habituellement en 45 tours et à fort volume, avec une gravure aux sonorités maximale, que d’avoir des versions louches provenant de MP3 ou d’autre provenance inacceptable pour faire jouer dans une salle de 10 000 personnes. Ça tombe bien, les disques vinyle sont particulièrement adaptés pour faire jouer des basses hyper présentes, des aigus ponctuels, des fréquences fortes sans compression, un disque vinyle, c’est fait pour faire danser, ces styles musicaux capitalisent particulièrement sur les forces des disques. Les DJ ne désirent pas que les niveaux des différentes fréquences changent pendant leur mix, ils désirent que le disque reste le plus stable possible, ce qui est impossible avec les niveaux maximisés qu’on retrouve avec les versions numériques. C’est pour ça que les DJ ne vont habituellement accepter que des disques avec cinq à dix minutes de musique par face, avec un volume maximisé au point où les aiguilles de gravure des maisons de production ont une durée de vie tronquée de moitié lorsqu’elles sont utilisées pour graver des disques pour ces spectacles. C’est à ce point violent. Les sillons sont profonds pour ne pas que le disque saute, le volume maximal est dans le tapis, c’est là, c’est présent.

Et en même temps, les disques ayant une production limitée, on a toujours une très haute qualité. Parfois, on ne peut avoir qu’une vingtaine de copies d’un disque sur la planète et ce ne sont que des disques épreuves (test press); d’autres fois, pour des disques avec plus de portée, on va avoir une centaine de copies. Plus que ça et ça devient commercial tel que pour les grandes vedettes… mais pour mon article, on est loin du commerce, ces disques ne sont habituellement pas distribués, ou sont distribués à travers des sites spécialisés pour DJ de ce type de musique précisément. Personne n’obtient réellement beaucoup d’argent à faire des chansons, c’est surtout une passion. Ce sont des disques souterrains pour une scène souterraine, faisant plaisir à une centaine de passionnés à travers la planète, qui eux font danser des dizaines de milliers de personnes.

 

 

Album : Tekiteazy 05
Artistes : Zone-33 (Alchymist);
– Format C : \ (Recl4im Your Br4in);
– Melly (Invaderz (Proto 37), Vulcan Death Grip)

Format : Disque vinyle de compilation 33 tours

Trois disques des artistes montréalais Ataka et Zim, deux albums pour DJ et un album-compilation de Melly avec deux artistes invités. Trois disques qui n’ont pas joué beaucoup à Montréal parce que ce n’est qu’en Europe que ce genre de musique fonctionne réellement sur les pistes de danse marginales. Et trois disques bien différents. Si vous portez attention, vous remarquerez que je n’ai pas mis ma table tournante à 45 tours pour Voodoo Box 06, simplement parce que je trouve que la chanson Very Bad Things est meilleure à 33 tours qu’à 45 tours!

Oubliez aussi de les acheter à Montréal. Vous pouvez peut-être avoir quelques copies de leurs dernières offrandes lorsqu’ils sont à Montréal, mais ils n’en ont pas beaucoup, c’est vraiment pour les quelques DJ qui vont en acheter. Sinon, ça se trouve parfois sur Internet lorsque ce n’est pas épuisé. Le mieux est d’écouter les Soundcloud des artistes ou d’acheter les chansons sur des services de musique en continu. Et le summum, c’est d’aller se défoncer les tympans dans des soirées où ils jouent du hardfloor ou d’autres styles musicaux faits pour danser.

Et la qualité est exceptionnelle ! Numérique à outrance. Subtilité approximative. Mais oubliez le bruit de fond, oubliez le popcorn, oubliez les défauts de gravure, oubliez les mauvais disques à cause que le moule est émoussé, quand il y en a un, il n’a pas le temps de se dégrader par les multiples copies qu’il grave. Oubliez aussi les jargonneries de vente, le moins dispendieux la copie peut être, le mieux c’est! Exactement comme ça devrait l’être pour des disques vinyles. Lorsque j’entends des disques commerciaux à 60$ qui ne sont pas foutus de jouer adéquatement, je pense à ces disques et me dis qu’il y en a qui se remplissent les poches!

Rétrospective Pierre Henry

Le chemin de croix d’un grand homme : Pierre Henry.

Album : Les Jerks électroniques de la Messe pour le temps présent et Musiques Concrètes pour Maurice Béjart
Artistes : Pierre Henry, Michel Colombier

En Test : 1968 Vinyle (Canada)

Étiquette : Philips
836.893

1968. On aperçoit la face cachée de la lune. L’année d’après, des humains iront sur la lune. Le peace and love vogue de bon train. Les Beatles sortent leur album blanc avec leur infâme Revolution 9. Cette même année, Michel Colombier et Pierre Henry forment un duo improbable afin de sortir une pièce musicale liant le côté psyché rock cinématographique de Colombier et le côté concret électroacoustique de Henry. Succès mondial aussi improbable qu’incroyable! Aujourd’hui, ce genre de pièce serait plus considérée comme une œuvre naïve liant du yé-yé à du glitch… mais il faut se rapporter à ce moment où la musique classique fait place à la musique contemporaine, actuelle, concrète, électronique, dodécaphoniste, où par expérimentation, on tente de découvrir des nouvelles sonorités, où la musicalité est remise en cause. Et cette pièce, naïve, est juste assez populaire pour propulser cet album dans les tops de la planète et révolutionner la conception musicale des amateurs de musique. Si on pousse un peu plus loin, le succès foudroyant de Psyché Rock, la deuxième pièce de l’œuvre, est basé sur Louie Louie, pièce des années 50. On a donc droit à une pièce rétro, actuelle (pour 1968) et futuriste avec les «jerks» de Henry. Quelle chanson! Pièce qui d’ailleurs a été reprise par des DJ, pour le thème de Futurama.

Mais cet album a un autre bon goût : celui d’être une compilation. Beaucoup n’écoutaient que ces quelques pièces. Mais d’autres se laissaient séduire par les autres pièces, datant de 1963, mais ayant été endisquées entre 1963 et 1967. Un extrait accessible du Voyage pour terminer cette face A, quelques pièces «rock» provenant de La Reine Verte. Mais ce qui a touché les mélomanes, les audiophiles, les poètes et les gens ouverts d’esprit au plus haut point, c’est les Variations pour une Porte et un Soupir, pièce austère s’il en est une, dont le matériel de base est composé d’enregistrements de bruits de porte et d’un soupir électronique. Mon papa est un grand fanatique de musique contemporaine et cette pièce est une des dernières qui m’a accroché sur ce disque, du haut de mes douze ans. Mais quand j’ai compris. Ouf!

Et avec ce disque, je vous présente ma collection favorite!

Album : Le Voyage – D’après le Livre des Morts Tibétains
Artiste : Pierre Henry

En Test : 1967 Vinyle (1ère version)

Étiquette : Philips (Prospective 21º siēcle)
836 899 DSY

La collection métallique de Philips, la série Prospective 21e siècle, est la série à avoir! Cette collection de musique concrète, électroacoustique et électronique de Philips n’est pas du tout abordable, n’est pas du tout accessible et n’est absolument pas composée de pièces de grande écoute. Il s’agit de toute l’expérimentation du monde, allant des Percussions de Strasbourg à de la musique actuelle norvégienne, à du Xenakis, du François Bayle et bien entendu de plusieurs Henry. En fait, Philips a, durant ces années, offert ses presses afin d’exposer de la musique inexposable, le tout géré par Bayle et Henry. Un peu avant et un peu après, ils ont offert ces pièces dans des pochettes normales. Mais pour ces cinq années, on a eu droit à des pochettes métalliques incroyables, ainsi que des gravures hors du commun.

Pour des disques de musique expérimentale, dont la majeure partie se retrouvait dans des magasins à un dollar, c’est rendu quasi impossible de les acheter. On parle de prix allant d’un dollar à plusieurs centaines de dollars pour quelques-uns de ces monstres. Soit on passe à côté parce que la musique n’a aucun intérêt à un admirateur de pop, soit on tombe des nues et saute sur chacune des trouvailles, même si on les possède déjà!

Mais de quoi on parle ici? On parle de découverte musicale, parfois très rébarbative, parfois relativement expérimentale. La deuxième pièce, par exemple, est une étude sur un effet Larsen (les feedback de micros). On ne peut s’attendre à quelque chose de simple d’accès avec ce genre de musique. Les disques de cette collection nous suggèrent d’ailleurs de les écouter dans l’obscurité et à fort volume. Je dirais que les gens qui sont prêts à faire le saut dans un tel inconnu sont peu, mais seront heureux.

Album : Variations pour une porte et un soupir
Artiste : Pierre Henry

En Test : 1967 Vinyle (1ère édition, 3e version)

Étiquette : Philips (Prospective 21º siēcle)
836 898 DSY

Et ici, mon disque. Le mien. Celui qui a changé ma vie. Je vous en avais parlé plus haut. Il s’agit d’un disque qui plaît à mon côté audiophile, mélomane, artistique, mon côté expérimental, mon côté passionné de bandes magnétiques, c’est la totale! Et si vous désirez réellement savoir ce qu’était le flower power du temps, et à quel point l’expérimentation était la totale, l’introduction du disque a été écrite par Maurice Béjart lui-même, et oui, des danseurs contemporains ont dansé sur une telle œuvre!

Mais… c’est vraiment une porte et un soupir? Oui! Très peu d’instruments de plus! Il ne s’agit principalement que d’une porte grinçante, jouée comme d’un instrument, et du soupir électronique que je vous parais précédemment. Et la composition a été effectuée à l’aide de travail sur des bandes magnétiques. On peut d’ailleurs sur certaines bandes entendre du kissing, soit qu’avec tout le dynamisme de cette pièce, le magnétisme est si fort sur la bande qu’elle s’est imprimé un tour avant et un tour après le moment où on est supposée l’entendre! Rendu à ce point, ça fait partie de l’œuvre à mon avis. Il y a parfois quelques autres instruments, mais ils sont excessivement rares.

Je vous ai fait un retour dans le temps sur cet article. En fait, les Variations sont réellement la première pièce d’un cycle conceptuel, allant de pièces relativement joyeuses jusqu’aux râles et à la mort; Le Voyage débute avec la mort elle-même et un retour sur l’idéologie des Variations et poursuit en transe, en étude sur la mort, sur l’immobilisme de la mort physique, mais l’exploration infinie divine; finalement, La Messe nous les présente sommairement, mais célèbre la vie à travers une messe nous incitant à apprécier la vie pendant qu’elle passe. Il y a plusieurs autres rapprochements à faire dans l’imposante œuvre de Henry, dont ses Évangiles, œuvre imposante de jeunesse en une douzaine de disques, chantée et bien évidemment en musique concrète, voire de la non-musique religieuse, très en vogue et émule d’Olivier Messiaen. Et si j’avance dans le temps, il y a d’autres œuvres incroyables que je ne peux passer sous silence. La Messe de Liverpool, le Cortical Art (composé à l’aide d’un électroencéphalogramme!), son Voyage Initiatique ou même ses pièces plus récentes, parce que si, M. Henry a continué de composer jusqu’à sa mort! Mais vous comprendrez mon cheminement de rétrospective mortuaire en faisant un petit chemin de croix pour cet incroyable compositeur qui a révolutionné la musique. Ceci dit, je ne peux passer sous silence une dernière collaboration, une dernière messe de 1969.

Album : Ceremony – An Electronic Mass
Artistes : Spooky Tooth, Pierre Henry

V.O. : 1969 Vinyle (UK)

En Test : 1970 Vinyle (Canada)

Étiquette : Polydor
2334 002

Acheter la version CD chez Fréquences

Pour ce dernier disque, on va dans une messe rock progressif. Parfois, la musique nous frappe, mais parfois, c’est la pochette. Cette pochette frappe autant l’imaginaire que la musique nous donne une messe déjantée, retravaillée aux rubans, effets électroacoustiques et autres ajouts impressionnants de Henry. On parle de musique incroyable avec musiciens fous, mis presque en sourdine par les effets spéciaux qui nous donnent toute la perspective nécessaire à l’écoute de l’œuvre. Si vous désirez savoir ce que ça donne de prendre du LCD, écoutez Ceremony.

Et maintenant, parce que vous me lisez afin de savoir si les vinyles valent la peine…

Ouf, c’est tout un sujet, il n’y en aura pas de faciles! Commençons avec La Messe. C’est un album principalement populaire. Le médium du vinyle est bien utilisé sur ce disque. Beaucoup de qualité en règle générale, mais il sonne légèrement sourd, sonorité yé-yé presque nécessaire. Les extraits sont très bien enregistrés, mais très légèrement moins bien que les disques dont ils sont issus. C’est un très beau disque à avoir et il y a une raison pour laquelle il a été vendu en grande quantité, c’est qu’il est hautement satisfaisant. Si vous n’avez qu’à en avoir un, c’est celui-ci que vous devriez avoir. Le Voyage, c’est plus difficile. Le disque est parfaitement gravé, c’est impossible de demander mieux, mais c’est impossible à reproduire adéquatement aussi! Fréquences pures, instruments sans harmoniques, études sur les résonances outrancières, instruments à sonorité sourde exacerbée, le tout sur des faces vraiment remplies, dont une quantité de vinyle est laissée libre à la fin afin de conserver les hautes fréquences intactes. Sur ce genre de disque, on va entendre le popcorn et le bruit de fond, c’est immanquable. Les Variations, c’est mieux dans le sens que c’est un des meilleurs disques que je possède côté qualité, mon côté audiophile en reçoit pleinement pour son argent, mais aussi c’est un disque qui possède amplement son lot de difficultés. Y a-t-il quelque chose de plus difficile à reproduire que des graves et les aigus-chocs d’un grincement de porte? Si vous désirez faire perdre la boule à votre table tournante, c’est un parfait disque pour ça! Même les bandes magnétiques d’origine arrivent à leur limite, c’est dire à quel point l’œuvre est exigeante. Et finalement, Ceremony, c’est de la difficulté outrancière aussi. Jubilation, avec son milieu de pièce introspectif avec juste les bonnes fréquences afin de faire ressortir tout le popcorn de votre disque, et Confession avec ses coups de marteau, qui termine la première face dans un crescendo assourdissant en toute fin de disque, comment faire paniquer n’importe quelle aiguille! Reste que le disque, avec son progressive rock «monotone» tend à bien cacher les imperfections sur ce disque, on s’en sort quand même assez bien.

En résumé, les disques sont parfaitement bien réalisés. Mais le matériel est impossible à bien rendre! La seule chose que je puisse vous recommander c’est d’avoir les disques les plus propres que vous pouvez trouver, parce qu’il n’y en aura pas de facile!

1973: Sonny Terry & Brownie McGhee: Sonny & Brownie

Un duo de musiciens de blues qui nous en met plein la vue!

Album : Sonny & Brownie
Artistes : Sonny Terry & Brownie McGhee

En Test : 1973 Vinyle avec pochette en encart (Canada)

Étiquette : A&M Records
SP 4379

Acheter le CD de compilation «Absolutely The Best» the Sonny et Brownie chez Fréquences

Ces deux bluesmen sont comme un vieux couple, ils ont toujours joué ensemble. En 1973, lors de la sortie de ce disque, ça faisait déjà 15 ans qu’ils endisquaient ensemble et déjà plus de 30 ans qu’ils faisaient des concerts ensemble! Entre autres, le duo a été connu dans les groupes de renaissance Folk lors de la 2e guerre mondiale. Les deux musiciens ayant leur lot de malchance en jeunesse, un ayant contracté la polio lui faisant perdre l’usage d’une jambe et l’autre devenant aveugle. Ces problèmes les obligeant à prendre la route et jouer de la musique afin de subvenir à leurs besoins.

C’est difficile de sélectionner un meilleur disque afin de représenter ce prolifique duo. Les deux musiciens sont au sommet de leur forme, le disque a été enregistré de main de maître dans les studios Paramount, le tout avec des musiciens de support incroyables dont Sugarcane Harris et Arlo Guthrie entre autres.

Et pour la qualité, c’est certain que ce n’est pas la version MoFi du disque, sortie en 95. Aussi, c’est certain que le disque est de facture 70’s : le côté stéréo est omniprésent, les voix sont inégales et plus sourdes qu’elles devraient l’être. Toutefois, le disque est parfaitement adéquat. Vous pouvez être chanceux et avoir une version très propre du disque comme moi, qui sait, mais mon disque, une fois bien nettoyé, n’a aucun popcorn et très peu de bruit de fond. Les instruments sont propres, doux, déférents. Ce n’est pas du tout le même genre de blues sale et crasse des Stones avec Blue & Lonesome, c’est l’envers de la pièce, plus folk, plus américana, plus swing et blues piedmont, plus traditionnel. C’est le genre de disque qu’on peut écouter et être avec les musiciens dans le studio. Une perle du genre. A-t-on réellement besoin d’une version plus pure du disque afin de l’apprécier?

On achète si on aime Big Joe Williams, Sonny Boy Williamson, Charlie Musselwhite, Willie Dixon.