RSD2019: Tedeschi Trucks Band – High & Mighty

Petit retour sur le Record Store Day, et première critique!

Quelle semaine! Et quelle journée du RSD! Comme d’habitude, une belle journée, des gens sympathiques en file, les habitués qui viennent prendre leur lot de trouvailles, et les quelques-uns qui repartent bredouille parce que quelqu’un a été plus vite qu’eux, ou que la sortie a été reportée. Mais les gens que j’ai vu repartir avaient tous le sourire au visage! À la fin de la journée, je suis reparti avec une cinquantaine de disques, dont trois qui ne sont pas du RSD. J’ai résisté à prendre la table tournante trois pouces, et il y a beaucoup de très beaux coffrets que j’ai regardé partir avec des larmes au visage. Déjà que j’ai acheté deux fois plus de disques que l’an passé, que j’ai deux usuriers qui me courent après et que j’ai déjà vendu un rein au marché noir, c’est amplement suffisant!

Sur ce…

Petite nouveauté : je vais dorénavant donner des cotes qualité aux disques! Eh oui! Il faut être avec le temps, que voulez-vous!

Voici ma grille :

  • 0 : Disque illisible, graves fautes de production
  • 5 : Disque fourni en CD à la réplication, fait à la chaîne, achetez donc ce dernier!
  • 7 : Très bon disque, pas exceptionnel, la majeure partie des disques
  • 10 : On pleure tellement c’est beau!

Album : High & Mighty
Artiste : Tedeschi Trucks Band

En Test : 2019; Vinyle 180g; 45 tours; RSD 2019

Étiquette : Fantasy; FAN00434

Dans les groupes méconnus ici, il y a bien le Tedeschi Trucks Band. Ce n’est pas un petit groupe ! Susan Tedeschi est une blueswoman de carrière, ayant d’abord démarré le Susan Tedeschi Band, groupe qui a ouvert pour les plus grands groupes de R&B, blues, rock et folk (dont Bob Dylan et les Rolling Stones), elle a été une des rares productions blues-folk a obtenir des disques d’or et des nominations à des Grammy très régulières. Au début du millénaire, elle a marié Derek Trucks, guitariste d’exception d’abord connu pour son Derek Trucks Band, mais il a surtout été un musicien invité à travers de nombreux événements et groupes (dont Crossroads, les Allman BrothersBob Dylan encore et Eric Clapton).

Le secret de leur sauce a été de combiner leurs talents complémentaires. Avec la voix de Tedeschi rappelant le côté folk de Bonnie Raitt et les emportées blues de Janis Joplin (selon la journaliste Gwenn Friss) accompagnée d’une guitare rythmique d’un tel calibre qu’elle aurait pu être lead dans la majeure partie des autres groupes blues, et la guitare incroyable de Trucks, on a droit à toute une envolée d’émotions. D’ailleurs, leurs nominations et gains de Grammys à travers leur histoire de groupe le prouvent. Un mélange incroyable de rock, blues et folk.

Ce disque est un EP en 45 tours, avec trois chansons inédites sur la face A et une longue pièce enregistrée en concert pour la face B. Quel disque! La qualité y est réellement, les instruments sont beaux, clairs, mais avec une présence toute blues, tout comme la voix qui est parfaitement captée. On a juste le goût d’écouter cet EP en boucle!

Qualité du vinyle : 9/10

2018: Jimi Hendrix – Both Sides of the Sky

Le dernier Hendrix studio, 47 ans après sa mort!

Artiste: Jimi Hendrix
Album: Both Sides of the Sky

En Test: 2018 Vinyle double en encart, 180g, Nº3742

Étiquette: Legacy (Sony Music), Experience Hendrix; 19075814201

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Eddie Kramer a une histoire d’amour avec Jimi Hendrix. Ayant travaillé sur les deux derniers albums studio de Hendrix dans les années 60, depuis dix ans, il repasse à travers les bandes sonores des enregistrements studio du musicien de feu. Ce travail de moine nous a donné un trio d’albums posthumes: d’abord Valleys Of Neptune en 2010, ensuite People, Hell and Angels en 2013, et finalement Both Sides of the Sky en Mars 2018, avec du matériel provenant surtout de 1968 à 1970.

C’est d’ailleurs un peu le problème avec la mort prématurée de Hendrix, son dernier album studio datant de 1968, on ne possède aucun album studio de ses deux dernières années de vie, là où il s’est séparé du carcan de son groupe the Jimi Hendrix Experience. Ces années représentent le moment de liberté et d’expérimentation de Hendrix.

Bien évidemment, ces albums posthumes ne sont pas composés de chansons terminées, mais bien d’essais et d’erreurs, de tentatives et de rubans studio préservés. C’est clairement visible sur les deux premiers albums, avec un arrière-goût de pièces musicales incomplètes et de copier-coller d’accompagnement. N’empêche que certaines des pièces sont devenues des incontournables du répertoire. Beaucoup des pièces ont tourné dans le cercle des copies pirates (bootlegs) d’une façon incomplète, et il était temps, plus de 45 ans après sa mort, que ces pièces aient droit à un traitement digne du géant.

Ce troisième et dernier opus des albums studio posthume est un point d’orgue très blues du répertoire de Hendrix. Avec cinq années de travail et d’étude du matériel, il y a eu un recul à mon avis nécessaire face aux dernières productions en brouillon du guitariste prodige. Ce dernier album studio a eu droit à un battage médiatique plus imposant que les deux autres et avec raison: pour la plupart des cas, on a l’impression d’un vrai album de Hendrix, les quelques chansons qui ne sont pas terminées (comme Jungle) ayant un cachet unique expliquant pourquoi on les retrouve sur l’album. C’est aussi beaucoup moins un album pour les collectionneurs que les deux précédents même s’il est fortement suggéré d’acheter d’abord ses trois albums studio enregistrés de son vivant (Are You Experienced, Axis: Bold as Love et Electric Ladyland) ainsi que la trame sonore de Woodstock.

Le disque vinyle double est matricé par Bernie Grundman et il a fait un travail exemplaire. Reste que la version numérique est tout aussi bonne, les deux versions ayant été produites avec déférence. Le format numérique ayant eu droit à un peu plus de compression afin de faire plaisir à un auditoire écoutant les albums avec des écouteurs-boutons, je vais donc privilégier le disque vinyle, qui est impeccablement gravé. Même les pochettes intérieures sont de qualité audiophile. Pour le prix (moins de 40$), c’est difficile à battre.

2012: Kid Koala – 12 bit Blues; 2017: Music To Draw To: satellite

Blues en échantillonnage? You bet! Ambiance en turntablism: encore mieux!

Album : 12 bit Blues
Artiste : Kid Koala

En Test : 2012 Vinyle double en encart (sans les extras)

Étiquette : Ninja Tune
ZEN190

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Je me fais plaisir avec un programme double de turntablism avec un des meilleurs disques de scratch et d’échantillonnage soit l’avant-dernière offrande de Kid Koala : 12 bit Blues. Kid Koala est un génie de Vancouver, qui a habité à Montréal, reconnu à travers le monde pour la qualité de ses productions. Il a commencé à composer et à faire du scratch dans les années 90, a signé avec Ninja Tunes en 95, et depuis l’an 2000, il produit des disques toujours plus épatants les uns que les autres.

Mais cékwaça? C’est un disque de blues tout ce qu’il y a de plus traditionnel, lent, triste, mais aussi refait et réinventé à la sauce scratch. Chaque composante a été tirée d’un autre univers musical et intégré, en boucle ou retravaillé, à l’aide d’une table tournante ou d’un synthé, mais la sonorité n’est pas pure. Le travail du turntablist est de prendre une pièce musicale, d’en extraire l’essence et de nous le présenter d’une façon où nous pouvons comprendre ce qu’il recherche et ressent avec cet extrait. C’est tout ce travail de recherche, de découverte et de présentation qui nous est montré ici, sous sa plus simple expression.

Et en tant que turntablist, il faut s’entendre, la seule et unique façon d’écouter ce genre de disque, c’est en vinyle! Ce qu’il produit est fait pour être remixé et être utilisé, mais aussi c’est fait pour être écouté. Alors pour ce disque, chaque face possède 8-12 minutes de matériel, pleine qualité, de la basse à profusion, des fréquences pures, du très beau travail. C’est un disque fantastique à écouter! Il n’y a aucune comparaison entre le vinyle et la version numérique, le vinyle l’emporte haut la main et à plate couture. Le vinyle laisse haletant.

Album: Music To Draw To: Satellite
Artistes: Kid Koala feat. Emilíana Torrini

En Test: 2017 Vinyle double

Étiquette: Arts & Crafts
A&C 129

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Comme ils diraient chez les Monties, And now, for something completely different! Comme on l’a vu avec 12 bit blues, Kid Koala n’a pas que des platines de disques qui jouent. Il y a de la composition, de l’échantillonnage, de la création. Ce disque avec Emilíana Torrini est de la musique purement ambiante, des ambiances sonores encore une fois. Même la voix de Torrini est apaisante, n’est pas là pour déranger. Mélange de musique de relaxation et musique active où on se fait légèrement solliciter d’une façon contrôlée, l’album est parfait afin de le garder en sourdine lorsqu’on désire se concentrer sur une autre tâche, tel que le dessin. Mais c’est aussi une musique sur laquelle on peut laisser se porter et lâcher prise sur les paroles et ce qui nous est proposé en tant que contenu musical.

Pour le disque vinyle, il est un peu moins bon que le Ninja Tune. On remarque dès les quelques premières paroles dans Adrift que la voix de Torrini a tendance à écrêter numériquement dans les moments plus forts. Le disque est un peu plus bruyant malgré le fait que ce soit un disque double et que le volume aurait pu être au rendez-vous. Ça sent le master numérique envoyé à GZ directement avec mention de le graver sur un disque double. Reste que le disque est parfaitement beau à l’écoute, est doux, généreux, consensuel, comme il doit l’être pour ce genre de musique. Mais je vais plus opter pour la version numérique de ce disque, surtout qu’on doit changer de face régulièrement, ce qui brise l’envie de travailler. Oh … et dernier détail de crime de lèse-majesté: avoir tout l’espace du monde (12po) pour réaliser un superbe livret dans un encart et préférer mettre le livret du CD inséré sans déférence dans la pochette du vinyle.

On achète si on aime Cut Chemist (et Coldcut bien sûr), DJ Kentaro, Peanut Butter Wolf, Deltron 3030, Danger Mouse.

1973: Sonny Terry & Brownie McGhee: Sonny & Brownie

Un duo de musiciens de blues qui nous en met plein la vue!

Album : Sonny & Brownie
Artistes : Sonny Terry & Brownie McGhee

En Test : 1973 Vinyle avec pochette en encart (Canada)

Étiquette : A&M Records
SP 4379

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Ces deux bluesmen sont comme un vieux couple, ils ont toujours joué ensemble. En 1973, lors de la sortie de ce disque, ça faisait déjà 15 ans qu’ils endisquaient ensemble et déjà plus de 30 ans qu’ils faisaient des concerts ensemble! Entre autres, le duo a été connu dans les groupes de renaissance Folk lors de la 2e guerre mondiale. Les deux musiciens ayant leur lot de malchance en jeunesse, un ayant contracté la polio lui faisant perdre l’usage d’une jambe et l’autre devenant aveugle. Ces problèmes les obligeant à prendre la route et jouer de la musique afin de subvenir à leurs besoins.

C’est difficile de sélectionner un meilleur disque afin de représenter ce prolifique duo. Les deux musiciens sont au sommet de leur forme, le disque a été enregistré de main de maître dans les studios Paramount, le tout avec des musiciens de support incroyables dont Sugarcane Harris et Arlo Guthrie entre autres.

Et pour la qualité, c’est certain que ce n’est pas la version MoFi du disque, sortie en 95. Aussi, c’est certain que le disque est de facture 70’s : le côté stéréo est omniprésent, les voix sont inégales et plus sourdes qu’elles devraient l’être. Toutefois, le disque est parfaitement adéquat. Vous pouvez être chanceux et avoir une version très propre du disque comme moi, qui sait, mais mon disque, une fois bien nettoyé, n’a aucun popcorn et très peu de bruit de fond. Les instruments sont propres, doux, déférents. Ce n’est pas du tout le même genre de blues sale et crasse des Stones avec Blue & Lonesome, c’est l’envers de la pièce, plus folk, plus américana, plus swing et blues piedmont, plus traditionnel. C’est le genre de disque qu’on peut écouter et être avec les musiciens dans le studio. Une perle du genre. A-t-on réellement besoin d’une version plus pure du disque afin de l’apprécier?

On achète si on aime Big Joe Williams, Sonny Boy Williamson, Charlie Musselwhite, Willie Dixon.

Réédition 2016: R.L. Burnside – A Ass Pocket Of Whiskey

Du bon vieux gros delta blues sale, version électrique et sale.

Album: A Ass Pocket of Whiskey
Artiste: R.L. Burnside

V.O.: 1996, Matador & Fat Possum Records

En Test: 2016 Réédition 180g

Étiquette: Fat Possum Records
FP1026-1

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Collaboration entre le Jon Spencer Blues Explosion et feu la légende R.L. Burnside, cet album est un album indie de chez Indie. Vous allez m’excuser l’expression, dans ce cas-ci, ça s’applique fort bien: Enregistré sur une gosse. Un après-midi, un studio, un groupe grunge-blues, un grand du Delta Blues. Aucune finition. C’est rough, c’est lourd, ça crie, les chansons démarrent et arrêtent sans préambule, c’est dur et ça sent le whisky jusque dans la pochette du disque (j’exagère mais on l’imagine bien).

C’est aussi un disque pour lequel R.L. Burnside sera connu. Il a surtout produit du delta blues régulier, mais cet album a fait un tabac chez les fanatiques de blues indépendants. Ça se danse, ça se rythme, ça fait plus penser à du Jim Zeller, du Steve Hill, que du delta blues.

Mais surtout, c’est sale. Très sale. Ce n’est pas un album qui est fait ni pensé pour la haute fidélité. De penser ça serait de lui faire honte. C’est surtout une session qui s’est passée dans le temps. Il y a de la basse, il y a de la force, il y a de la compression, il y a des sonorités sourdes, ça crie directement dans le micro, ça déchire le disque à la fin de la face, des chansons sont tronquées. Il n’y a rien du tout de subtil. En aucun lieu. Ne cherchez pas. Est-ce que ça sonne bien? Oh que oui! C’est un très bel album blues. Mais si vous cherchez à plaire à l’audiophile en vous, passez votre tour, vous devez chercher à plaire à votre bête interne, celle qui a calée son 26 onces le matin et est à la recherche de sa caisse de bière pour passer l’après-midi.

On retrouvera de nouveaux disques pour le RSD 2017 d’ailleurs, on les souhaite avec un peu plus de finition! Merci à Will pour la suggestion! J’ai beaucoup apprécié!

2017: Tinariwen ‎– Elwan

Le collectif Tinariwen nous revient avec un nouvel album de fou: Éléphants (Elwan). Une ode à la vie, à la joie, à la révolution, à écouter la nature.

Album: Elwan
Artiste: Tinariwen

En Test: 2017 Vinyle

Étiquette: Anti-, Wedge
87467-1

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Tinariwen (Désert, ⵜⵏⵔⵓⵏ en Touareg) nous ont habitués à sortir leurs vinyles en même temps que leurs CD. Depuis Imidiwan (2009) que les sorties sont simultanées. Et il nous ont habitué à ne sortir que ce qui est nécessaire dans l’espace nécessaire. Ainsi, ce disque est un (rare dans les collections) disque trois faces… mais leur précédent (Live In Paris) l’était aussi.

Pour ceux qui ne connaissent pas Tinariwen, ce groupe de blues du désert est un incontournable du genre. On les retrouve d’ailleurs sur le disque Rough Guide to Desert Blues en Vinyle ou en CD double si vous préférez une compilation avec plusieurs groupes différents. Continue reading “2017: Tinariwen ‎– Elwan”

2017: Betty Bonifassi – Lomax

Un album de fou de la blueswoman Betty Bonifassi qui nous en met plein la vue avec une réédition vinyle de son CD de 2016.

Album: Lomax by Betty Bonifassi
Artiste: Betty Bonifassi

V.O.: 2016 CD, Spectra

En test: 2017 Vinyle

Étiquette: Spectra Musique
SPE5-7860

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De dire que l’album Lomax a des couilles serait de porter un jugement défavorable à cet album. Il en a tellement qu’il a redéfini le terme! Déjà que la voix de Betty Bonifassi est grave et émotive, en plus l’album use d’une bonne quantité de graves, de rythmes, de basse, de tout ce qui grince, est viscéral, est vrai. C’est ce qui se rapproche le plus du delta blues enfumé, chaud, spirituel, où rien n’est subtil, où la bouteille de whiskey n’est pas décrite, elle est bue, où la cigarette est encore à la bouche du guitariste, où la sonorité du pipeau n’est simplement pas existante.

Un monde. Continue reading “2017: Betty Bonifassi – Lomax”

Réédition 2015: Ali Farka Touré with Ry Cooder – Talking Timbuktu

Réédition d’un des albums fous d’un des grands de la musique africaine et du blues du désert. Tout pour se mettre un peu de soleil dans sa vie!

Ali Farka Touré, Ry Cooder - Talking TimbuktuAlbum: Talking Timbuktu
Artiste: Ali Farka Touré et Ry Cooder

V.O.: 1994 Vinyle et CD, World Music

En Test: 2015 Vinyle double 180g

Étiquette: World Circuit
WCV040

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Deux grands de la musique, deux grands guitaristes, deux piliers de leur musique respective avec (dans le temps) plus de 15 ans d’expérience et ils se rencontrent afin de produire un superbe disque. L’album est tout ce qu’on recherche du blues du désert: une part de afrobeat, une part de reggae, une part de blues, de la musique ethnique, de la musique respectueuse et différente, et deux têtes qui s’inspirent un de l’autre afin de produire un disque mémorable.

Je me suis déjà rendu dans un spectacle avec plusieurs légendes, où chacun respectait tellement, était tellement intimidé par les autres que ça n’a jamais levé. C’est la difficulté du pari entre des grands esprits: est-ce que les atomes seront crochus, est-ce que ça va faire lever la pâte, est-ce qu’il va y avoir une réelle cohésion, est-ce que la somme des ingrédients va donner un résultat majestueux ou une bouillie infâme. Ici, cet album, ça lève, et pas juste un peu. Une des raisons, à mon avis, est aussi que Cooder s’est tenu en veilleuse: c’est un album de Touré, avec Cooder qui a aidé, participé, produit, qui ajoute à ce que Touré propose. Comme mon ami musicien Broon me l’a si bien expliqué, en musique, l’accompagnateur a le gros du rôle, c’est lui qui donne les assises pour que l’artiste puisse se livrer en toute confiance, c’est lui qui agit par abnégation et qui travaille pour que la vedette brille. C’est la cas ici. Un grand selon toutes les métriques, Ry Cooder se livre totalement au jeu d’Ali Farka Touré.

Encore plus, cet album a été produit avec toute la qualité nécessaire pour faire briller les artistes. Ils se sont donnés les moyens nécessaires à nous faire tomber sur le charme. Autant c’est minimaliste, autant tout y est. La prise de son est incroyables, les instruments sont incroyables, les voix sont chaudes, les rythmes sont à couper le souffle. Et quand je parle des gens travaillant dans l’ombre, on a des grands ingénieurs à l’enregistrement et au mixage, sans compter au matriçage on a une autre légende avec Bernie Grundman. Ce n’est pas juste une petite version, c’est une grande version.

Donc, c’est la totale? C’est la totale. Ça surprend tellement c’est naturel. Selon votre inspiration, ça donne le goût de danser, d’écouter, de fumer, mais ça donne le goût d’être heureux. Les deux protagonistes ont le sourire sur la pochette, et c’est contagieux. Un très grand disque, une très grande production, une très grande réalisation, une excellente version rééditée.

On achète si on aime Habib Koité. Fatoumata Diawara, Afrocubism, Taj Mahal, Rough Guide to Desert Blues.

2016: The Rolling Stones – Blue & Lonesome

Les Stones sont de retour avec un album explorant leurs racines blues. This is it.

The Rolling Stones - Blue & LonesomeAlbum: Blue & Lonesome
Artiste: The Rolling Stones

En test: 2016 Vinyle double

Étiquette: Polydor Records
571 494-4

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Les Rolling Stones sont de ces groupes qui nécessitent une présentation! Oui oui, je persiste et signe. En fait, les Stones sont de ces groupes mythiques qui n’ont pas des centaines de hits, ils ont des centaines d’albums avec un ou deux succès à gauche ou à droite. Ils ont une incroyable carrière et sont illustres individuellement, mais demandez à quelqu’un de nommer 5 succès des Beatles, et 5 succès des Stones, et vous verrez que ce n’est pas si simple. Ils sont aussi de ces groupes qui ont un son unique; en entendant parler des Stones, on s’attendrait à des Yardbirds, des Beatles plus rock, des Eric Clapton. Mais ce qu’on a, c’est habituellement de la musique à l’origine très country-blues, auquel ensuite on ajoute une forte touche rock et légèrement psychédélique. Continue reading “2016: The Rolling Stones – Blue & Lonesome”