Réédition 1994/2018: Soul Jazz Records Brasil

Une des premières compilations de Soul Jazz Records, rééditée juste pour nos oreilles!

Album: Brasil

V.O.: 1994 CD
Soul Jazz Records SJR CD22

1998 Vinyle
Soul Jazz Records SJR LP 022

En Test: 2018 Vinyle en encart; Rematricé

Étiquette: Soul Jazz Records
SJR LP405

Soul Jazz Records possède une réputation de qualité incroyable. L’étiquette de Grande-Bretagne, encore une autre spécialisée dans la réédition de succès, prennent le temps de faire une recherche exemplaire et de pousser vers le maximum de qualité. Rares sont leurs erreurs lors de la production de leurs disques. On peut penser à leurs séries Disco et Punk 45, avec grands livres en prime. Mais Soul Jazz Records, au début, faisait aussi parfois ses enregistrements.

Brasil est un de ces albums où ils ont réalisé l’enregistrement, non content d’avoir des artistes locaux à réimprimer dans une compilation. Il s’agit d’un de leurs premiers disques de compilation d’ailleurs, leurs disques précédents étant composés principalement de simples. On a droit sur ce disque à un éventail de styles musicaux courant à Rio de Janeiro, styles passant de la bossanova à la MPB (Musique Populaire du Brésil). Ce disque est un des précurseurs de la vague de découverte de musique brésilienne dans les pays européens. On comptera entre autres dans les grands disques subséquents poussant vers un style similaire l’excellente compilation Bossa Très… Jazz de l’étiquette Yellow Productions avec de la musique électro, brésilienne et japonaise. N’empêche que Brasil est tout un numéro. Peut-être ont-ils forcé un peu la note sur la pseudo-authenticité avec instruments de percussions locales, mais on leur pardonnera.

Et pour l’enregistrement, on a tout un enregistrement! Le matriçage du disque de 2018 n’a rien à envier de personne, la qualité est simplement impressionnante, les basses sont présentes sans trop, les instruments sont francs et naturels, le dynamisme est parfait. Si tous les disques étaient comme ça, je n’aurais aucun travail à faire! Un peu de numérique dans la sonorité, mais c’est si peu qu’il faut vraiment chercher les problèmes pour le remarquer.

Réédition 1994/2016: Pink Floyd – The Division Bell

Diviser la cloche en deux disques, enfin!

Album: The Division Bell
Artiste: Pink Floyd

V.O.: 1994 Vinyle simple
EMI
7243 8 28984 1 2

En Test: 2016 Vinyle double en encart

Étiquette: Pink Floyd Records, Columbia
PFRLP14, 88875184311

Acheter le CD chez Fréquences

De la qualité de son. Pink Floyd n’a plus à vanter sa réputation de groupe de rock progressif. C’est aussi le premier (le seul?) groupe ayant pris des semaines de travail intensif de sonorisation afin de produire un spectacle de qualité extraordinaire au Stade Olympique de Montréal pour leur tournée « In the Flesh Tour » en 1977. Selon tous ceux qui étaient présents au spectacle, ils sont tombés en bas de leur chaise. Pour au moins un autre, il s’est fait cracher dessus par Roger Waters, s’ensuivit la production de The Wall et le reste fait partie des annales de l’histoire du rock. Pour moi, The Division Bell, ça représente le seul spectacle de Pink Floyd que j’ai pu voir, et quel spectacle!

De presser le citron. Pour prendre quelques instants avec son disque-sœur… J’ai beaucoup de disques de Pink Floyd, qu’ils soient en vinyle ou en CD. Et même si la qualité est très bonne pour le disque de The Endless River, ça reste un disque produit avec les nombreux extras du disque The Division Bell. Aussi, un glitch électronique au beau milieu de ma gravure m’a totalement laissé sur ma faim. Belle gravure, le vinyle y ajoute de la chaleur appropriée au rock progressif, mais la version ultime, à mon avis, reste la version en Blu Ray. N’empêche que l’album vinyle s’écoute comme un bonbon… et ce ne sont que les restants de The Division Bell. Pour moi, l’album d’origine reste une référence en la matière de rock ambiant progressif.

De ne même plus savoir qui fait quoi. La version originale de The Division Bell était gravée avec des versions radiophoniques raccourcies des chansons afin de le faire entrer sur un seul disque vinyle (hérésie!). La version de Russie et de Corée du Sud a été les chanceux à avoir des versions sur album double, avec une petite parole coupée à la toute fin. Et en 2014, pour le 20e anniversaire de l’album, Parlophone fit une version rematricée à partir des rubans maîtres. Pour la version vinyle, ils demandèrent à Doug Sax de se pencher au problème (en même temps que la version de The Endless River), et quel résultat! Ce n’est pas une simple petite version réalisée à la va-vite. C’est un chef d’œuvre, et pour la première fois, en version complète! Deux ans plus tard, Columbia fit une version rematricée à nouveau, cette fois-ci par James Guthrie, Joel Plante et Bernie Grundman, et c’est ce qui est écrit sur l’étiquette du disque… mais des fous sur Internet (merci, Discogs) se sont rendu compte qu’il s’agit en fait de la même version réalisée par Doug Sax deux années auparavant. Ce n’est pas un problème, la version étant exceptionnelle, mais ça aurait été sympa de donner à César ce qui lui revient.

De prendre son pied! Vous aurez compris que la gravure est exceptionnelle, au point où même Pink Floyd Records a décidé, de concert avec Columbia, que la version vinyle se devait d’être celle de Sax. Je n’ai absolument, mais absolument rien à redire sur cette version! Numérique? Ça ne s’entend pas vraiment. Produit par un passionné, pour des passionnés, avec toute la qualité nécessaire. Aucune limitation apparente. Ça reste du rock, alors compression et effets, bien entendu… mais rien qui déplaît aux oreilles. Quelques petits bruits divergents entre quelques pistes, c’est tout. À mettre à tue-tête dans vos écouteurs préférés dans le noir avec les portes fermées, à un niveau où vous empêchez votre mère de dormir deux pièces plus loin (histoire pas du tout vécue, mais non voyons!)

 

Réédition RSD2017: Nico & The Faction – Fata Morgana

Quand on désire utiliser le terme «Avant garde» pour définir de la musique, il faut se lever tôt… Comme Nico l’avait fait en 1988!

Album: Fata Morgana
Artiste: Nico & The Faction

V.O.: 1994 CD
SPV Recordings (Allemagne)

En Test: 2017 Vinyle double

Étiquette: Tidal Waves Music, (distro: Light In The Attic)
TWM09

Acheter le disque vinyle double chez Fréquences

Merci à Jean (oui encore lui) de m’avoir fait découvrir Nico il y a quelques mois de cela. Je vous partage mon engouement pour feu cette fascinante personne. Quelques points clés sur l’allemande méconnue de façon moderne (wikipedia, all music, etc.):

  • Chanteuse sur le 1er album de The Velvet Underground
  • Personnalité promue par Andy Warhol comme étant une Warhol Superstar
  • A joué dans La Dolce Vita de Fellini
  • Modèle, chanteuse, parolière
  • A côtoyé les Stones, Led Zep, Dylan, a ouvert pour Pink Floyd, pour Tangerine Dream
  • Eue un enfant avec Alain Delon
  • A été une inspiration musicale pour Dead Can Dance, Björk, Patti Smith, Siouxsie and the Banshees ainsi qu’à peu près tous les bands goth du temps.

 … quand même!

J’ajouterais qu’elle fût une version soft et présentable de Genesis P-Orridge, naviguant dans le même univers avant-gardiste des années 60-70-80 qu’eux [ndla: Genesis se considère comme un tout avec sa femme décédée après un projet de transformation qui les ont rendus identiques, dont un fait partie de l’autre – ils sont donc unis ensemble en tant que Genesis P-Orridge, en tant que premier être pandrogyne].

Tidal Waves nous offre ici pour le RSD2017 une version deux vinyles de son dernier spectacle avant sa mort. Auparavant, cet album n’avait jamais été produit en vinyle… erreur… en fait, il avait été produit l’an passé en édition limitée par une petite étiquette autrichienne spécialisée dans la réimpression de CD. Je dirais que le vinyle qu’ils ont produit est très long pour chaque face et j’ai des doutes que le disque soit de réelle qualité. On peut donc dire qu’il s’agit ici de la toute première réimpression version vinyle digne de mention.

Et côté qualité, c’est justement impeccable. Les instruments sont riches, sa voix rauque est splendide, il n’y a que peu de bruit de fond, il y a toute la présence des instrumentistes, les deux vinyles respirent abondamment. Soyons honnêtes, dans ce cas-ci, on a réellement droit à une version ultime en vinyle. Je n’ai rien à redire autre qu’un disque légèrement en bol à soupe, assurez-vous d’avoir une bonne base en liège (ou votre matériel de prédilection) afin de jouer le disque. Ou encore mieux, pour profiter de la totale étendue des fréquences, j’opterais pour une pince à vinyles ou un poids à vinyle (si votre table les supporte). Sinon, vous risquez d’avoir une mauvaise interface entre le disque et votre table.

On achète si on aime Brian Eno, Lou Reed, Laurie Anderson, Marianne Faithfull, Bob Dylan, Siouxsie and the Banshees.

Remastering 2013: Vangelis – Blade Runner

Mon film préféré. Et ma trame sonore préférée, sur ma gravure préférée.

Album: Blade Runner
Artiste: Vangelis

V.O.: CD 1994, EarthWest

En Test: Vinyle 2013, Édition numérotée rouge

Étiquette: Audio Fidelity
AFZLP 154

Acheter la version vinyle rouge (non-numérotée) chez Fréquences

Acheter la version RSD 2017 Picture Disc chez Fréquences

Il y a un fort marché pour les trames sonores. Auparavant, il y avait les églises qui réalisaient un mécénat auprès des grands compositeurs. Aujourd’hui, c’est surtout les films qui peuvent se permettre de grandes trames sonores. Parfois, on a droit à des trames sonores tirées des succès de l’heure, parfois on a droit à des compositions. Certains vont dire que ce n’est pas de la vraie musique et qu’un jour les gens vont passer à des grands compositeurs classiques. On n’a qu’à penser à John Williams et j’ai mon CQFD. Mais on a droit aussi au goût de l’heure: ce n’est pas pour rien qu’on a du synthé pop exploratoire dans les films des années 70, c’est ce qui était d’avant-garde à ce moment. D’ailleurs, les trames sonores font parfois découvrir des bijoux, comme celles des animations japonaises Macross Plus, par Yoko Kanno. Oui, une femme qui réalise de l’orchestral.

Vangelis fait partie de ce club sélect ayant pu réaliser une si belle trame sonore, sur un film ayant frappé l’imaginaire de toute une génération. On ne peut pas dire que les chansons ont fait un succès commercial individuellement, ça reste des chansons ambiantes. Et les gens aimant Vangelis préfèrent habituellement acheter ses albums, qui sont excellents. Mais ce disque a une place dans le cœur des mélomanes, des audiophiles et des cinéphiles.

Côté qualité, ça part vraiment mal. Disque rouge, 180g, 30 minutes de musique par face. Et à partir de ce moment, tout va incroyablement bien! En fait, c’est un de mes disques qui a la meilleure sonorité, un test de système de son, un test d’aiguille aussi. Malgré sa durée très conséquente par face, la sonorité est hyper définie, il n’y a que peu de bruit de fond … il y en a mais beaucoup moins qu’un tel disque aurait du avoir. Quand il y a du popcorn, reste qu’il est omniprésent à cause du volume plus faible du disque. Une chance que le disque est superbement propre.

Atlantic Records sortent une version avec image sur le disque afin de célébrer le 35e anniversaire. Je me demande s’ils vont utiliser une technique en stencil ou une technique traditionnelle avec disques en plastique transparent afin de graver le disque. Malgré que l’objet va être superbe, une chance sur deux que la qualité y soit!

Réédition 2015: Ali Farka Touré with Ry Cooder – Talking Timbuktu

Réédition d’un des albums fous d’un des grands de la musique africaine et du blues du désert. Tout pour se mettre un peu de soleil dans sa vie!

Ali Farka Touré, Ry Cooder - Talking TimbuktuAlbum: Talking Timbuktu
Artiste: Ali Farka Touré et Ry Cooder

V.O.: 1994 Vinyle et CD, World Music

En Test: 2015 Vinyle double 180g

Étiquette: World Circuit
WCV040

Acheter le disque vinyle chez Fréquences

Acheter le CD chez Fréquences

Deux grands de la musique, deux grands guitaristes, deux piliers de leur musique respective avec (dans le temps) plus de 15 ans d’expérience et ils se rencontrent afin de produire un superbe disque. L’album est tout ce qu’on recherche du blues du désert: une part de afrobeat, une part de reggae, une part de blues, de la musique ethnique, de la musique respectueuse et différente, et deux têtes qui s’inspirent un de l’autre afin de produire un disque mémorable.

Je me suis déjà rendu dans un spectacle avec plusieurs légendes, où chacun respectait tellement, était tellement intimidé par les autres que ça n’a jamais levé. C’est la difficulté du pari entre des grands esprits: est-ce que les atomes seront crochus, est-ce que ça va faire lever la pâte, est-ce qu’il va y avoir une réelle cohésion, est-ce que la somme des ingrédients va donner un résultat majestueux ou une bouillie infâme. Ici, cet album, ça lève, et pas juste un peu. Une des raisons, à mon avis, est aussi que Cooder s’est tenu en veilleuse: c’est un album de Touré, avec Cooder qui a aidé, participé, produit, qui ajoute à ce que Touré propose. Comme mon ami musicien Broon me l’a si bien expliqué, en musique, l’accompagnateur a le gros du rôle, c’est lui qui donne les assises pour que l’artiste puisse se livrer en toute confiance, c’est lui qui agit par abnégation et qui travaille pour que la vedette brille. C’est la cas ici. Un grand selon toutes les métriques, Ry Cooder se livre totalement au jeu d’Ali Farka Touré.

Encore plus, cet album a été produit avec toute la qualité nécessaire pour faire briller les artistes. Ils se sont donnés les moyens nécessaires à nous faire tomber sur le charme. Autant c’est minimaliste, autant tout y est. La prise de son est incroyables, les instruments sont incroyables, les voix sont chaudes, les rythmes sont à couper le souffle. Et quand je parle des gens travaillant dans l’ombre, on a des grands ingénieurs à l’enregistrement et au mixage, sans compter au matriçage on a une autre légende avec Bernie Grundman. Ce n’est pas juste une petite version, c’est une grande version.

Donc, c’est la totale? C’est la totale. Ça surprend tellement c’est naturel. Selon votre inspiration, ça donne le goût de danser, d’écouter, de fumer, mais ça donne le goût d’être heureux. Les deux protagonistes ont le sourire sur la pochette, et c’est contagieux. Un très grand disque, une très grande production, une très grande réalisation, une excellente version rééditée.

On achète si on aime Habib Koité. Fatoumata Diawara, Afrocubism, Taj Mahal, Rough Guide to Desert Blues.