2017/1995: Kenji Kawai – Ghost In The Shell OST

La trame sonore de l’animé original, version vinyle, et pourquoi le film ne m’a pas choqué.

Album: Ghost In The Shell Original Soundtrack
Artiste principal: Kenji Kawai

V.O.: CD; 1995; Sony Music (Japon); BVCR-729

En Test: Vinyle (édition limitée) avec 45t supplémentaire; 2017

Étiquette: WRWTFWW Records;
WRWTFWW017LTD

Vous pouvez commander la version normale chez Fréquences en tout temps. Vous n’avez qu’à nous appeler!

En 2014, Sony Music a finalement sorti une version mise à jour 96 kHz de cette incroyable trame sonore. Avec le sortie en 2017 du film avec de vraies personnes par Rupert Sanders, il n’en fallait pas plus pour que l’étiquette WRWTFWW se décide de mettre la main sur les droits internationaux d’une version vinyle.

Il y a plusieurs animations japonaises qui ont fait école, habituellement issues de bandes dessinées et faisant suite à l’univers de Blade Runner. On peut penser au fantastique Akira, mais aussi au terre-à-terre Ghost in the Shell, qui se pose la question qu’est-ce que l’âme. Dans un univers où les humains peuvent être branchés, être hackés, et dont les souvenirs font partie intégrante de notre expérience, qu’est-ce qui fait la différence entre un humain et un robot avec quelques cellules grises ? En fait, qu’est-ce qui fait la différence entre une entité issue d’ordinateurs sur réseau Internet et un être humain ? Qu’est-ce que la conscience ?

La trame sonore a été conservée avec cette même introspection. Lourde, forte, avec des instruments et voix étranges. Les instruments ne sont pas réellement japonais : on parle de djembé africain, de gamelan indonésien, du gong thaïlandais ou même les tubular bells mise en vedette par Vangelis. Les voix sont basées sur une polyphonie bulgare, mais chantée par un groupe japonais avec des thèmes en vieux japonais. Les violons sont bien évidemment plus européens. Et finalement, la seule « chanson » de l’album a été chantée par Mme Fang Ka Wing en cantonais (on peut entendre la chanson en sourdine dans la scène de poursuite du marché).

En d’autres mots, c’est un album qui se veut tout aussi international que l’animation japonaise ou que la série de bandes dessinées d’origine : avec des personnages aux traits allemands, Ouest américains, chinois, le tout dans un environnement tokyoïte. C’est pour ça que les attaques que le film n’utilisait pas des acteurs strictement japonais me faisaient sourciller : en 1995, tout le monde prenait grand soin de rendre l’histoire la plus internationale possible, dans un univers où toute l’humanité est représentée en chœur avec les cyborgs et les robots.

Et côté qualité de disque, il faut lui donner toute la déférence qu’il se doit. WRWTFWW prend le meilleur des soins afin de créer des disques incroyables. Les percussions sont franches, sont fortes, sont présentes. Le mixage final est fort sur les basses et le disque est à très faible volume à cause de la quantité de ces dernières. Mais chaque instrument vient nous chercher viscéralement. À un seul moment, j’ai senti une piste de ruban être un peu plus incertaine lors d’un des chœurs. Peu de compression apparente, belle définition des instruments, et malgré le faible volume, on y entend peu de bruit de fond.

Ce disque va faire partie de mon nouveau lot de disques-tests.

Merci à Fréquences de m’avoir probablement trouvé le dernier disque version édition limitée disponible sur la planète par des distributeurs habituels. Ça leur a pris six mois, mais le défi a été relevé!

Qualité du vinyle: 9/10

Réimpression 2018: Тпсб – Sekundenschlaf

Musique ambiante russe ou pas, enfin en réimpression ultra-limitée!

Album : Sekundenschlaf
Artiste : Тпсб (TPSB)

V.O. : 2017; Vinyle en 500 exemplaires (autrement identique)

En Test : 2018; Vinyle

Étiquette : Blackest Ever Black; BLACKEST067

Afin d’acheter ce disque, vous devrez soudoyer les gentils employés de Fréquences au téléphone ou en personne afin qu’ils tentent de vous en trouver une copie.

Il y a parfois des produits qui sont fort louches et qui nous font virer totalement sur le capot! L’artiste (lien vers son Facebook), dont le nom est peut-être (selon Pitchfork) un acronyme pour темное прошлое светлое будущее, ou « Passé sombre, futur lumineux », serait peut-être Russe, peut-être inconnu, peut-être un projet, peut-être quelqu’un qui y habite encore ou non. Peu importe de qui il s’agit, c’est un beau projet électro ambiant sombre et imaginatif. Et cet album n’est pas un simple disque d’un simple artiste inconnu. Kanye West s’est servi d’un échantillonnage d’une de ses chansons; Deadmau5 fait jouer sa musique; toujours Pitchfork, qui considère ce disque l’un des meilleurs électros de l’année.

Ce disque, ça fait plus d’une année que je l’attends. Je l’avais commandé presque immédiatement après sa sortie, mais j’étais déjà trop tard. J’ai été dans les premiers à le recevoir en réimpression. Je ne l’attendais plus jusqu’à ce que finalement je reçoive un sourire de William qui me dit « tu ne devineras jamais! » Et je ne regrette absolument, mais absolument pas ce disque : belle gravure, bonne sonorité, bien réussie. Même s’il s’agit fort probablement de la réimpression (il n’y a pas vraiment de façon de le savoir), la sonorité est exemplaire. Un sale disque!

Réédition 1970/2017: 吐痙唾舐汰伽藍沙箱 – 溶け出したガラス箱

Melting Glass Box est réédité!

Album : 溶け出したガラス箱 Melting Glass Box
Artiste : 吐痙唾舐汰伽藍沙箱 Tokedashita Garasubako
Membres du groupe : 西岡たかし Nishioka Takashi, 木田高介 Kida Takasuke, 斉藤哲夫 Saito Tetsuo

V.O. : 1970; vinyle; URC Records; URG-4003

En Test : 2017; vinyle en encart

Étiquette : Pony Canyon; URC Records; PCJA-00070

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Le rock psychédélique et l’expérimentation musicale n’existent pas qu’en Europe et en Amérique. Au contraire, des très grands rockeurs ont fait dans l’expérimental au Japon. Hélas peu connus ici, ces grands de la musique suivent tout le mouvement expérimental de rubans et de rock mondial, leur ajoutant une touche japonaise très prisée. Le groupe est d’ailleurs décrit par l’étiquette Light In The Attic comme étant du rock acide folklorique japonais avec des guitares électriques folles et plein d’effets psychédéliques ajoutés pour la forme. Le groupe Tokedashita Garasubako, comprenant des musiciens de studio qui se rencontrèrent le temps de cet album, est un bel exemple de folie parfaitement adaptée au début des années 70. Après le psychédélisme « peace and love » des années 60, c’est le tour aux guitares électriques d’être à l’avant-plan.

Pour la qualité de l’album, le disque est rempli d’effets de rubans, ce qui a réduit considérablement la qualité de la source. On peut aussi penser aux années que la source a passé sur les tablettes, ce qui n’a pas amélioré son sort. De plus, leur but n’a jamais particulièrement été de faire de la très grande qualité de source, malgré qu’ils soient tout de même restés loin de la limite du « lo-fi ». La sonorité est donc grinçante, les aigus crispent légèrement l’oreille de temps à autre. Pour le reste, c’est un superbe travail d’archivage, surtout que le disque est un chef-d’œuvre du genre.

On achète tous les autres disques des rééditions de Pony Canyon si on aime le genre. Dépaysement et découvertes garantis!

2018: Orloge Simard – Beuvez Tousjours, Ne Mourez Jamais

Rock trash funky du Saguenay, sans aucune classe et assumé!

Album : Beuvez Tousjours, Ne Mourez Jamais
Artiste : Orloge Simard

En Test : 2018; Vinyle double en encart (300 copies)

Étiquette : Production indépendante (Distribution Select); BFTLP1662

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Je vais le répéter à chaque fois : j’aime ceux qui s’autoproduisent, j’aime les bibittes étranges et j’aime les produits flyés. C’est pour ça que Orloge Simard entre exactement dans mes cordes. Il faut savoir que Orloge, c’est un personnage fictif : c’est le pendant misogyne, trash, sans aucune classe, parlant de cul, qui dit tout haut et qui sacre comme un charretier de Olivier Simard, preuve que d’aller à l’université en lettres ne t’empêche pas de sortir des textes de la poudrière. Issu d’une union peu recommandable entre Mononc’ Serge et Otarie en trip à trois avec les Horny Bitches et des Cowboy Fringants qui sont découragés en imprésarios, le quintette sort de son bandcamp pour son deuxième album, et persiste et signe sur leur côté trash. Le CD, sorti en 2017, a fait le tour des bars, des cégeps et universités de la province avec des chansons déjantées pour DJ rebelles. Heureux de retrouver ça en vinyle!

Au Cégep, j’étais spectateur à un concours où des jeunes interprètes se donnaient. Un de ces derniers a pris comme chanson Jonquière de Plume Latraverse, il était bien parti avec toute la salle qui chantait avec lui… jusqu’à ce qu’il s’excuse avant de dire « Fou comme une plotte ». Il s’est excusé! Il a perdu toute crédibilité à cet instant. Il n’a absolument pas assumé son choix de chanson. Eh bien, je peux dire avec certitude absolue que jamais ce chanteur-interprète n’aurait pu prendre une seule des chansons de cet album! Voler haut? Si on pose la question, on ne comprend pas le groupe hautement coloré et caricatural. En même temps, c’est bien interprété, mais il ne faut pas chercher la profondeur dans les textes. En fait, si, il faut : c’est une démarche totalement artistique et bien recherchée de la part de Simard, et il faut bien évidemment prendre le tout au second degré, voir la poésie du côté trash assumé et des situations sorties de l’imaginaire collectif du personnage sans classe de son voisinage.

Et côté qualité, on parle de quoi? C’est un bel album double avec tous les ingrédients nécessaires afin de créer un parfait album. Une quinzaine de minutes par face ou moins, un disque lourd, peu de disques pour user la matrice de pressage. Hélas, le groupe Orloge n’a pas su faire un matriçage efficace pour les vinyles. Le tout est maximisé comme sur YouTube, les débuts de chansons à la guitare gardent le même volume que la suite plus rockée. On pense au début avec Crescendo qui n’est pas du tout en crescendo, justement. J’ai tout de même l’impression qu’ils ont utilisé un matriçage légèrement différent que leur CD avec une version de plus haute résolution. La chaleur y est, la précision y est, mais ça aurait pu être mieux. En même temps, comme premier vinyle, c’est un bon départ.

2017: Jeremy Soule – The Elder Scrolls V: Skyrim – Atmospheres

Musique de relaxation de jeu vidéo

Album: The Elder Scrolls V: Skyrim – Atmospheres
Artiste: Jeremy Soule

Jeu Vidéo: 2011 Bethesda (PC, PS3, Xbox 360; 2016/2017: PS4, Xbox One, Switch)

V.O.: 4e CD de 2011 Bethesda

En Test: 2017 Vinyle (RSD 2017)

Étiquette: SpaceLab9SL9-2045-1-4 (Distribué par Sony)

Parfois, il faut des jeux vidéos de combat pour faire ressortir une des plus belles trames sonores d’ambiance et de relaxation. Skyrim est l’un des meilleurs jeux vidéos de la décennie, qui a été réédité pour les dernières consoles de jeux vidéos afin de nous en mettre plein la vue. Le jeu, d’une richesse et d’une profondeur incroyable, comprend une trame sonore à couper le souffle. Non seulement beaucoup des personnages parlent, mais l’atmosphère sonore est parfaitement rendue, et la trame sonore, minimaliste, est présente sans chercher à être constamment à l’avant-plan. Je me limite ici à parler du côté sonore, mais c’est un des jeux que j’ai pris la peine de terminer et que j’ai adoré du début à la fin.

SpaceLab9, une entreprise de fanatiques de culture pop, a décidé de mettre la main sur les droits de la trame sonore de Skyrim en entier pour une gravure vinyle. Bethesda avait sorti la version en boîtier de quatre CD lors de la sortie initiale du jeu en 2011, ce boîtier exigeant aujourd’hui un prix stratosphérique. Récemment, les trois premiers disques vinyle ont été vendus à travers ThinkGeek en tant que boîtier de SpaceLab9, mais hélas, étant discontinué, on atteint ici encore des prix ridicules. Et finalement, ce disque, représentant le quatrième des CD initiaux, a été vendu encore une fois en édition limitée au Record Store Day 2017 et est un peu moins dispendieux à travers les sites de revente.

Et côté gravure, ce disque est une perle. Silencieux comme une tombe, belles fréquences, aucune compression apparente. Ce n’est pas le genre de disque qui va vous exciter, cela dit, ça reste de la musique de relaxation. On fait presque le saut avec les quelques instruments clairs qui parsèment de leur présence les deux faces du disque. Je ne peux pas donner la note maximale parce que ce genre de musique est une torture à table tournante et à gravure, des notes soutenues, des graves sans aigus, des sonorités pour lesquelles le moindre défaut va sauter au visage. Il y a deux endroits où ces fréquences provoquent un défaut de phase sur le disque. Oui, il faut bien chipoter!

N’empêche que ce disque est nettement supérieur à la gravure du coffret de trois disques, ce dernier étant légèrement bruyant et relativement passable, l’étiquette ayant opté pour des faces bien remplies de plus de 25 minutes. On aurait préféré un quatrième disque afin de contenir tout le matériel.

2017/2018: Belle and Sebastian – How To Solve Our Human Problems

Dépression, introspection, souvenirs, joies et futur en trois parties

Artiste: Belle and Sebastian

Album: How To Solve Our Human Problems (Part 1)
En Test: 2017 Vinyle
Étiquette: Matador Records OLE-1194-1

Album: How To Solve Our Human Problems (Part 2)
En Test: 2018 Vinyle
Étiquette: Matador Records OLE-1195-1

Album: How To Solve Our Human Problems (Part 3)
En Test: 2018 Vinyle
Étiquette: Matador Records OLE-1196-1

Acheter la compilation des trois parties en format CD chez Fréquences
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Belle and Sebastian, le groupe écossais de Glasgow, fête ses plus de vingt années de pop indépendante. Toujours d’actualité, le groupe continue de réaliser des succès populaires et de faire boule de neige. Ça serait facile de dire que le groupe a atteint un plateau, mais ce n’est jamais arrivé. Le danger de démarrer avec un premier album tel que Tigermilk en 1996, c’est de ne pas être capable de sortir un meilleur second album, de tomber dans l’oubli. La même année, ils ont sorti leur chef-d’œuvre If You’re Feeling Sinister. La lancée s’est poursuivie avec des disques habituellement excellents, au pire très bons, mais jamais réellement ratés.

Leur dernière épopée musicale, How To Solve Our Human Problems, semble être composée de covers, de chansons empruntées à d’autres. On dirait que c’est un album rempli de succès qu’ils se sont appropriés. Eh non, ce sont toutes des compositions originales! Le groupe est rendu à ce point dans leur vie. Et quelles chansons! Passant de chansons ambiantes à la Air, à des chansons plus disco-rock à la Arcade Fire, au funky à du pop bonbon (mais toujours résolument indépendant dans la sonorité), peut-être un peu d’aller dans des sonorités alternatives rappelant le groupe des années 80 The Smiths. Parfois, on a même l’impression d’avoir le minimalisme d’un The XX.

Et pour la sonorité des trois disques vinyle, Matador Records y est allé avec de l’artillerie lourde: la sonorité de la version numérique tout comme la version vinyle est impeccable. Les disques vinyle ont moins d’une quinzaine de minutes par face et sont parfaitement gravés. Peu de bruit de fond, pas de popcorn apparent, un son chaleureux, beau et naturel. Le volume d’enregistrement est assez faible comparativement aux autres disques modernes, mais c’est afin de conserver le naturel, le peu de compression et de limitation, des mouvements fluides qui se suivent, des passes plus fortes qui nous réveillent. Peu à redire et sans exagérer dans le viscéral (ce qui n’est pas du tout leur style), on a un dépouillement exemplaire sur les disques.

Petite note de fin d’article, pour ceux qui ont écouté les dessins animés du début des années 80, vous avez probablement connu Belle et Sébastien. Le nom du groupe provient de ce dessin animé collaboration Japon-France! Non vous n’êtes pas fous!

Rétrospective Atlantic de Portugal. The Man

Alaska Represent! Le groupe de l’État du Grand Nord compose des offrandes musicales depuis plus de dix années et possède un ensemble impressionnant de disques, tous accessibles en vinyles.

Le groupe rock est d’ailleurs incroyablement consistant dans ses offres, on ne peut pas dire qu’il y a un mauvais disque, tous sont appréciés par les fans. Ce qui change est le style musical, passant de rock expérimental indie à post rock, à de plus en plus psychédélique toujours indie, pour finalement avoir un Woodstock qui est pop-rock psychédélique. L’arrivée plus pop, moins indie et plus psychédélique se fait lors de la signature avec Atlantic Records en 2010.

Ayant pris résidence à Portland, Orégon, le groupe se concentre à réaliser des tournées et des nouveaux albums. Le coup de dés Atlantic les a propulsés dans la stratosphère, leur chanson pop Feel It Still leur a permis de gagner un Grammy pour la meilleure chanson pop (groupe). Ils ont aussi récemment visité leurs fans montréalais lors de leur dernière tournée.

Un dernier fait divers. En 2014, ils sortirent une chanson sur les tigres du Sumatra, dont il ne reste que 400 représentants sur la planète. Ils ont donc réalisé une chanson en voie d’extinction, en 400 vinyles qu’ils ont distribués à des personnalités. Il n’existe aucune copie vendue, aucune copie numérique ou sur ruban. La chanson va disparaître au fil des années, les vinyles vont se dégrader par les écoutes successives. Ils suggèrent d’ailleurs aux fans de bien vouloir copier la chanson afin de la préserver.

Album: In The Mountain In The Cloud
Artiste: Portugal. The Man

En Test: 2011 Vinyle

Étiquette: Atlantic
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L’album de 2011, le plus rock des trois, est un album qui est constant. J’ai beaucoup de difficulté à dire à quel point cet album est bon, mais en même temps est uniforme. Il n’y a pas de sautes d’humeur comme les albums précédents, c’est un tout, presque un album-concept cher au rock progressif. Album produit avec l’aide de John Hill qui donna une cohésion au groupe. Ce dernier continuera d’ailleurs à suivre le groupe de loin, coproduisant Feel It Now sur Woodstock. C’est le genre de disque qu’on peut faire jouer en sourdine et tous vont demander qui est le groupe. Bonnes chansons, bel univers. Du P.TM comme on l’aime!

Côté qualité pour le vinyle, hélas, c’est un peu plat. Le style musical fait penser à du 70’s, mais n’a pas la chaleur et la profondeur de ces derniers. Il manque de basse et les hautes fréquences tombent un peu sur les oreilles. Ça reste une belle écoute, mais quand on met le disque, on n’est pas impressionné. C’est peut-être un disque produit «parce qu’il faut produire un disque vinyle», dans les années un peu plus creuses des disques.

Album: Evil Friends
Artiste: Portugal. The Man

En Test: 2013 Vinyle en encart avec CD

Étiquette: Atlantic
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L’album de 2013, tournant musical pour le groupe, est un album qui est tout sauf constant. Il est de notoriété publique que Portugal. The Man était en plein enregistrement de leur futur album quand ils ont tout effacé afin de se rendre travailler avec Danger Mouse. Ce dernier, plus hip-hop, a sorti le groupe de ses sentiers battus de rock indépendant, les menant dans des styles plus accessibles en rock moderne. Une partie rock, une partie hip-hop, une partie pop, une touche funk.

Pour la qualité du vinyle, c’est beaucoup mieux que In The Mountain In The Cloud, mais ce n’est toujours pas le nirvana. Parfois, on y a approché, et parfois, on retourne dans un univers plus fermé. Je suis cependant vraiment heureux de vouloir grimper le volume à un niveau décent, avec parfois des pointes que je désire descendre hélas. Comme le style musical est plus moderne, je m’attends et ai reçu un matriçage moderne, aucunement teinté des années 70, comme il aurait dû être dans leur album précédent. Très bel achat.

Album: Woodstock
Artiste: Portugal. The Man

En Test: 2017 Vinyle

Étiquette: Atlantic
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Pour la première fois, le groupe prit quatre longues années pour sortir une offrande. Leur style changeant et de moins en moins indépendant est peut-être un indice, que le groupe a été en crise musicale. L’album a été produit deux fois, la première fois avec Mike D, des Beastie Boys. Le disque était musicalement terminé lorsque le groupe décida que ce n’est pas ce qu’ils recherchaient. Introspection, questionnements. Dans un vidéo, le groupe a dit que le déclic s’est fait lorsque le père d’un des membres du groupe leur sortit une anecdote et un billet d’entrée pour le festival Woodstock original. Enregistrant de nouveau toutes les pièces (décidément, ils aiment tout effacer!) et faisant coproduire les pièces par une demie-douzaine de producteurs, ainsi qu’une demie-douzaine d’écrivains, de chanteurs et musiciens supplémentaires, le groupe nous sort ici leur album le moins rock, et le plus pop radiophonique. Chaque chanson possède son style original, chaque chanson est un tout, et malgré certains qui disent que c’est un album rock psychédélique, je mets mon pied à terre et dit que c’est un album pop.

Et pour la qualité du vinyle, on est dans la même veine que Evil Friends: c’est une excellente gravure, mais le disque est franchement inégal. On passe d’un style brouillon pour les deux premières pièces à une clarté pop avec Live In The Moment et Feel It Still, à un jupon numérique qui dépasse franchement sur la très bonne Rich Friends. La version numérique du disque a droit à une passe de compression qui aide à normaliser le tout, ce qui n’est pas disponible sur la version vinyle (merci!) alors les univers restent entiers. Pas du tout parfait, mais ce disque-ci, je l’ai fait jouer à tue-tête!

 

2017: Beck – Colors

Album tout en couleurs!

Album: Colors
Artiste: Beck

En Test: 2017 Vinyle jaune

Étiquette: Fonograf Records, Capitol Records
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Beck est un artiste alternatif américain qui a eu la chance de créer son one-hit wonder avant même d’être signé. La chanson Loser a été envoyée à des radios de façon indépendante, l’engouement qui s’ensuivit le fit signer rapidement avec une grande étiquette. Ce n’était bien évidemment pas sa première offrande, l’artiste ayant travaillé de façon assidue de longues années durant avant que cette chanson ne perce. N’empêche que de sortir un album digne de la chanson Loser est un sale contrat, dont il s’affranchit haut la main avec son premier album Mellow Gold en 1994. Malgré tout, même si l’album est dans les meilleurs albums du genre, peu de chansons eurent un impact. L’idée que Beck ne soit qu’une personne à une chanson a vite été oubliée, ceci dit, avec son second grand album deux années après : Odelay. Plusieurs chansons connues s’y trouvent, et Beck fut consacré un des grands artistes alternatifs des années 90.

Malgré que les gens se soient généralement arrêtés à quelques-uns de ses albums, Beck est un artiste très prolifique, créant album par-dessus album, sans compter les collaborations et les tournées de spectacle. Plusieurs albums ont des chansons connues, mais peu sont réellement exceptionnels comme Mellow Gold et Odelay. N’empêche, bon an mal an, Beck nous sort un nouvel album intéressant, mais honni par les critiques (Midnite Vultures, 1999), un album encensé, mais pas extraordinaire à mon avis (Sea Change, 2002) ou un album totalement champ gauche et différent méritant une écoute attentive (Morning Phase, 2014). 2017 marque un tournant pop pour Beck avec Colors, beaucoup moins rock, beaucoup plus consensuel, joyeux même, coloré. Pour une personne s’étant fait connaître pour la chanson Loser et pour son mouvement Anti-Folk, c’est vraiment bizarre. La chanson Dreams est carrément faite pour la piste de danse, et on ne s’offusquerait pas d’avoir des futures versions des chansons avec des Taylor Swift ou des Ed Sheeran de ce monde!

Pour la musique, c’est un des disques que j’ai été absolument incapable d’écouter en numérique, le disque étant ridiculement fort et clair, c’est un mal de tête instantané et obligatoire après deux chansons. Donc je n’ai pu écouter la musique en numérique, le disque vinyle a été mon baptême pour Colors. Côté gravure, il existe deux versions. La première est une édition limitée en deux disques rouges en 45 tours, avec deux ou trois chansons par face. Maximum de qualité, pour DJ. La deuxième, plus commun est un disque jaune conventionnel en 33 tours. Les deux disques sont enregistrés très fort, compressés au maximum, mais pas d’écrêtage numérique apparent. La musique s’écoute de souche de façon heureuse. Les oreilles n’ont pas trop de répit musical, le tout est maximisé, mais beaucoup moins que la version numérique. Ceci est valable pour les deux versions, que ce soit celle en 33 tours ou celle en 45 tours. D’ailleurs, la version 33 tours est très bien gravée, n’a que peu de bruit de fond, a une bonne qualité, et à la force que la musique est, on n’ira pas chercher beaucoup plus avec une plage dynamique étendue 45 tours. 33 tours pour monsieur et madame Tout-le-Monde, 45 tours pour admirateurs avec le beau livre venant avec (et le prix accru).

On achète si on aime Jeff Buckley, Eels, The National, Broken Bells.

RSD 2017: The Black Angels – Death Song

Psychédélique, même dans le noir

Album: Death Song
Artiste: The Black Angels

En Test: 2017 Vinyle double en encart, vert transparent phosphorescent

Étiquette: Partisan Records
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Mon premier disque phosphorescent! C’est une des exceptions dans le monde des vinyles. Comme le disent bien Pirates Press :

Please note: As cool as they are, Glow-In-The-Dark pigments unfortunately deteriorate the acoustic properties of the recording and do often cause increased surface noise; something which cannot be subject to claims.

Ce n’est donc pas pour les audiophiles. C’est corroboré par de nombreux acheteurs d’ailleurs, et par moi : il y a un bruit de fond récurrent sur le disque, omniprésent. Fort probablement que le vinyle possède des particules d’un matériel plus gros afin d’avoir la propriété de briller dans le noir. Vous êtes avertis!

The Black Angels, non ce n’est pas un groupe de musique hip-hop ou de death métal : il s’agit de rock psychédélique roulant leur bosse depuis plus de 10 ans. Un des rares groupes ayant signé avec Light In The Attic avant qu’ils ne prennent le tournant définitif de réimpression d’ancien matériel, ils ont été connus avec ces derniers, avec de très bons albums (Passover et Directions to See a Ghost). Plus tard, ils ont signé avec Blue Horizon, où les disques vinyles sont plus des ajouts que d’autre chose, mais en bonifiant leur qualité de composition et l’exposition dans dans séries télévisées. Death Song est leur premier album avec Partisan Records. Toujours avec une sonorité aussi underground, toujours avec des excellentes compositions, mais résolument « première partie ».

Pour la qualité du disque, si vous prenez la version phosphorescente, c’est déjà mal parti. Mais aussi, si vous prenez la version normale du disque, vous risquez d’avoir des problèmes de lecture si vous êtes audiophiles : la gravure semble avoir été réalisée avec un saphir légèrement usé, les sillons sont très larges et arrondis, ce qui empêche la bonne écoute avec des aiguilles très fines. Les aigus sont légèrement stridents et les instruments sont indistincts, je ne crois pas que ce soit le meilleur travail de Greg Calbi. Je ne suis donc pas un admirateur de ce disque hélas, peu importe la version vinyle. Mais la version brillant dans le noir est réellement un bel ajout, juste pas assez pour faire tomber les lacunes du produit.

On achète si on aime Dead Meadow, Clinic, 13th Floor Elevators, The Afghan Whigs.

2017: Queens Of The Stone Age – Villains

Trois ans d’attente pour un chef d’œuvre semi-stoner!

Album: Villains
Artiste: Queens Of The Stone Age

En Test: 2017 Vinyle double (trois faces) en encart 140g

Étiquette: Matador
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QOTSA est reconnu pour son Stoner Rock coupé au couteau pop, pour avoir innové avec des chansons fortes, du rock à haute distorsion, un côté hallucinogène propre au Stoner Rock, mais le tout avec une précision et un travail digne d’un Dance Dance Revolution. Ils sont un des piliers du genre, avec des offrandes à travers leurs 20 années bien sonnées de travail assidu et de qualité absolument constante. Leurs meilleurs albums font légion et dépendent plus du moment où vous avez découvert le groupe que d’un changement de qualité. Même leur premier album est une pièce d’anthologie. Leurs meilleurs albums restant quand même Rated R (2000), Songs for the Deaf (2002) et …Like Clockwork (2013, leur précédent album) selon les critiques. C’était une très bonne idée pour Matador que de récupérer ce groupe en 2013 d’Interscope!

Et leur dernier album, Villains, est un retour aux sources. C’est un peu étrange, QOTSA est un groupe équivalent à Radiohead, où chaque album invente et réinvente la sonorité du groupe, construisant sur le passé, mais sans trop. Pas Villains : c’est une apologie de leurs styles passés. Pour une fois, je ne peux pas dire qu’ils ont créé quelque chose de révolutionnaire, ils se sont contentés d’exceller sur des compositions vraiment fantastiques dans leur style « habituel ». On peut penser à The Way You Used To Do, un des deux simples de l’album (à ce jour), qui est simplement une très bonne chanson pop rock. Ça groove et ça rock!

Pour la qualité, c’est un peu plus difficile à cibler. Ils ont créé une édition 180g limitée ainsi qu’une version 140g, cette dernière ayant le même master que l’édition limitée. Il y a cependant deux exemplaires du master, une pour l’Europe et une pour les Amériques. Il semble que le jeu de la roulette soit effectif pour les reproductions des disques américains, certaines étant parfaites et d’autres, moins bonnes. Je suis tombé sur la version moins bonne du disque : disque décentré, bruit de fond et popcorn. Un peu du bruit de fond est attribuable au travail de Chris Bellman au matriçage, ce dernier étant fort stéréo, alors c’est un peu normal lorsqu’on a une guitare électrique omniprésente sur le canal gauche et du silence sur le canal droit que d’avoir plus de difficulté à reproduire les sillons du disque. Côté matriçage, on peut entendre à la fin d’Un -Reborn Again (1B-3) la voix avoir de la distorsion numérique. C’est sans compter la gravure légèrement brouillonne qui n’aide pas au bruit de fond. N’empêche que si vous êtes chanceux, vous allez avoir une très bonne version du disque : basse à profusion, compression contrôlée, version vinyle très satisfaisante, beaucoup plus satisfaisante que le CD, malgré la version imprécise et la source numérique.

On achète si on aime Foo Fighters, Arctic Monkeys, Royal Blood, Pearl Jam, The Black Keys, Audioslave.

[NDLA: Je suis en banc d’essai présentement, alors je me donne 75% des chances d’avoir raison sur la source numérique de l’album, mon système de son étant différent, la sonorité est différente de ce que j’écoute d’habitude – Mea Culpa]