2017/1995: Kenji Kawai – Ghost In The Shell OST

La trame sonore de l’animé original, version vinyle, et pourquoi le film ne m’a pas choqué.

Album: Ghost In The Shell Original Soundtrack
Artiste principal: Kenji Kawai

V.O.: CD; 1995; Sony Music (Japon); BVCR-729

En Test: Vinyle (édition limitée) avec 45t supplémentaire; 2017

Étiquette: WRWTFWW Records;
WRWTFWW017LTD

Vous pouvez commander la version normale chez Fréquences en tout temps. Vous n’avez qu’à nous appeler!

En 2014, Sony Music a finalement sorti une version mise à jour 96 kHz de cette incroyable trame sonore. Avec le sortie en 2017 du film avec de vraies personnes par Rupert Sanders, il n’en fallait pas plus pour que l’étiquette WRWTFWW se décide de mettre la main sur les droits internationaux d’une version vinyle.

Il y a plusieurs animations japonaises qui ont fait école, habituellement issues de bandes dessinées et faisant suite à l’univers de Blade Runner. On peut penser au fantastique Akira, mais aussi au terre-à-terre Ghost in the Shell, qui se pose la question qu’est-ce que l’âme. Dans un univers où les humains peuvent être branchés, être hackés, et dont les souvenirs font partie intégrante de notre expérience, qu’est-ce qui fait la différence entre un humain et un robot avec quelques cellules grises ? En fait, qu’est-ce qui fait la différence entre une entité issue d’ordinateurs sur réseau Internet et un être humain ? Qu’est-ce que la conscience ?

La trame sonore a été conservée avec cette même introspection. Lourde, forte, avec des instruments et voix étranges. Les instruments ne sont pas réellement japonais : on parle de djembé africain, de gamelan indonésien, du gong thaïlandais ou même les tubular bells mise en vedette par Vangelis. Les voix sont basées sur une polyphonie bulgare, mais chantée par un groupe japonais avec des thèmes en vieux japonais. Les violons sont bien évidemment plus européens. Et finalement, la seule « chanson » de l’album a été chantée par Mme Fang Ka Wing en cantonais (on peut entendre la chanson en sourdine dans la scène de poursuite du marché).

En d’autres mots, c’est un album qui se veut tout aussi international que l’animation japonaise ou que la série de bandes dessinées d’origine : avec des personnages aux traits allemands, Ouest américains, chinois, le tout dans un environnement tokyoïte. C’est pour ça que les attaques que le film n’utilisait pas des acteurs strictement japonais me faisaient sourciller : en 1995, tout le monde prenait grand soin de rendre l’histoire la plus internationale possible, dans un univers où toute l’humanité est représentée en chœur avec les cyborgs et les robots.

Et côté qualité de disque, il faut lui donner toute la déférence qu’il se doit. WRWTFWW prend le meilleur des soins afin de créer des disques incroyables. Les percussions sont franches, sont fortes, sont présentes. Le mixage final est fort sur les basses et le disque est à très faible volume à cause de la quantité de ces dernières. Mais chaque instrument vient nous chercher viscéralement. À un seul moment, j’ai senti une piste de ruban être un peu plus incertaine lors d’un des chœurs. Peu de compression apparente, belle définition des instruments, et malgré le faible volume, on y entend peu de bruit de fond.

Ce disque va faire partie de mon nouveau lot de disques-tests.

Merci à Fréquences de m’avoir probablement trouvé le dernier disque version édition limitée disponible sur la planète par des distributeurs habituels. Ça leur a pris six mois, mais le défi a été relevé!

Qualité du vinyle: 9/10

Réédition 1976/2018: 福居良トリオ (Fukui Ryo Trio) – ジーナリィ (Scenery)

La coqueluche jazz modal-bop YouTube sur une nouvelle étiquette vinyle!

Album : Scenery ジーナリィ
Artiste : Fukui Ryo Trio 福居良トリオ

V.O. : 1976; vinyle; Japon; Trio Records; PA-7148

En Test : 2018; vinyle 180g

Étiquette : We Release Jazz; WRJ001LTD

Acheter le disque vinyle chez Fréquences

La musique d’inspiration internationale est un cas spécial au Japon. Depuis la fin du 19e siècle est arrivée l’influence du reste de la planète côté arts. On peut le voir en musique avec l’arrivée progressive du classique, de l’écriture musicale occidentale, et plus tard du jazz dans les années 1930. Avec la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de ces influences de l’Ouest sont devenues illégales, étant la musique de l’Ennemi. Après la guerre, le Japon conserva un certain protectionnisme sain, mais continua de s’ouvrir sur le monde. Beaucoup des pièces musicales dans des styles plus occidentaux se doivent de conserver un certain style japonais. Par exemple, le grand Takeshi « Terry » Terauchi, un des meilleurs guitaristes de style rockabilly surf, emprunte un style de jeu au Koto et lorsque ses chansons, jugées trop occidentales, ne pouvaient plus être enseignées à l’école, il reprit dans son style rock des grandes chansons classiques japonaises.

Il y a eu donc un très grand engouement pour la musique jazz, mais cette dernière n’a jamais été mise à l’avant. Arriva Ryo Fukui (1948-2016) qui aimait ce genre de musique, mais n’avait rien d’un musicien. Autodidacte, il décida d’apprendre à jouer le piano par lui-même, et avec sa passion, devint un des meilleurs pianistes jazz d’improvisation en direct. Ses quelques albums en disent bien peu sur son illustre carrière, assez grande pour qu’il puisse s’ouvrir son propre club jazz, le Slowboat dans sa ville de Sapporo natale. Sa qualité de musicien est telle, tout en restant totalement cachée à la face du monde, qu’un simple vidéo de son premier album apparut sur YouTube en 2015, et depuis, cette copie numérique est rendue à plus de 6 millions d’écoutes au moment de la publication de ce billet.

Avec une telle folie, l’étiquette suisse WRWTFWW (We Release Whatever The Fuck We Want – le meilleur nom d’étiquette!) se dit qu’il était temps de diversifier ses activités et démarra une branche, WRJ (We Release Jazz), dont les deux premières offrandes sont les deux premiers disques de Fukui Ryo. Et quelle version! Autant je vous avais précédemment parlé de rock japonais qui n’avait pas une qualité exemplaire de bande maîtresse, autant celle-ci est tout simplement exceptionnelle! Récupérée des bandes à demi-vitesse, WRJ a mis tous les efforts nécessaires afin d’obtenir la version ultime de ses albums. Le disque pour Scenery est tout simplement parfait! Une superbe qualité sonore, un parfait écrin qui sied un tel bijou de disque.

Si vous aimez le jazz cool, modal et bop, sautez sur les quelques copies restantes de ce disque, vous n’allez pas le regretter!