Réédition 2016: R.L. Burnside – A Ass Pocket Of Whiskey

Du bon vieux gros delta blues sale, version électrique et sale.

Album: A Ass Pocket of Whiskey
Artiste: R.L. Burnside

V.O.: 1996, Matador & Fat Possum Records

En Test: 2016 Réédition 180g

Étiquette: Fat Possum Records
FP1026-1

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Collaboration entre le Jon Spencer Blues Explosion et feu la légende R.L. Burnside, cet album est un album indie de chez Indie. Vous allez m’excuser l’expression, dans ce cas-ci, ça s’applique fort bien: Enregistré sur une gosse. Un après-midi, un studio, un groupe grunge-blues, un grand du Delta Blues. Aucune finition. C’est rough, c’est lourd, ça crie, les chansons démarrent et arrêtent sans préambule, c’est dur et ça sent le whisky jusque dans la pochette du disque (j’exagère mais on l’imagine bien).

C’est aussi un disque pour lequel R.L. Burnside sera connu. Il a surtout produit du delta blues régulier, mais cet album a fait un tabac chez les fanatiques de blues indépendants. Ça se danse, ça se rythme, ça fait plus penser à du Jim Zeller, du Steve Hill, que du delta blues.

Mais surtout, c’est sale. Très sale. Ce n’est pas un album qui est fait ni pensé pour la haute fidélité. De penser ça serait de lui faire honte. C’est surtout une session qui s’est passée dans le temps. Il y a de la basse, il y a de la force, il y a de la compression, il y a des sonorités sourdes, ça crie directement dans le micro, ça déchire le disque à la fin de la face, des chansons sont tronquées. Il n’y a rien du tout de subtil. En aucun lieu. Ne cherchez pas. Est-ce que ça sonne bien? Oh que oui! C’est un très bel album blues. Mais si vous cherchez à plaire à l’audiophile en vous, passez votre tour, vous devez chercher à plaire à votre bête interne, celle qui a calée son 26 onces le matin et est à la recherche de sa caisse de bière pour passer l’après-midi.

On retrouvera de nouveaux disques pour le RSD 2017 d’ailleurs, on les souhaite avec un peu plus de finition! Merci à Will pour la suggestion! J’ai beaucoup apprécié!

Réimpression 2015: Godspeed You Black Emperor! ‎– Slow Riot For New Zero Kanada E.P.

Disque «simple» de deux chansons, Slow Riot a quelque chose de spécial.

Album: Slow Riot For New Zero Kanada E.P.
Artiste: Godspeed You Black Emperor!

V.O.: 1999 Vinyle, Constellation

En Test: (2015?) Vinyle avec insert brun

Étiquette: Constellation
CST006

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GYBE! est un de ces groupes mythiques, tel qu’on les aime au Québec. Collectif plus ou moins stable de musiciens, groupe entrant et sortant en activité comme ils le désirent, groupe de musiciens ayant décidé de rester dans la scène musicale locale et d’investir dans les groupes prometteurs de Montréal. Connus pour leur intérêt avec l’étiquette Constellation, les salles d’enregistrement comme Hotel2Tango, les salles Casa Del Popolo et La Sala Rossa, c’est le genre de groupe qui fait rayonner le tout Montréal avec une attitude totalement bohème du f*ck it let’s do this.

Groupe politisé s’il en est un, on n’a qu’à prendre la face B de Slow Riot avec ses rubans anarchistes pour s’en convaincre. On pourrait aussi ajouter leur texte de remerciements au prix Polaris gagné en 2013, dans lequel ils mentionnent entre autres l’ironie de donner à des musiciens de carrière des péccadilles en pleine crise d’austérité. Ou leur arrestation par le FBI en pleine tournée. Bref: ils ont des opinions et n’ont pas peur de les exprimer.

Disque bien enregistré, comme d’habitude. Je ne devrais pas faire des critiques de GYBE!, après tout, leurs disques sont habituellement très bien enregistrés avec comme source des bandes magnétiques. Leurs vinyles ont tout le dynamisme nécessaire et ils n’en produisent des rééditions que lorsque c’est nécessaire. Bref: ça sonne comme une tonne de brique post-rock. La face A est 45 tours. La face B est 33 tours. Le disque est maximisé côté qualité et c’est tant mieux. Je vais déplorer toutefois la bonne quantité de bruit de fond du disque qui cache les passages plus doux. Je crois que leur disque mère commence à être un peu vieux près de 20 ans après sa première utilisation.

On achète si on aime A Silver Mt. Zion, Glenn Branca, Labradford, Shalabi Effect

Remastering 2013: Vangelis – Blade Runner

Mon film préféré. Et ma trame sonore préférée, sur ma gravure préférée.

Album: Blade Runner
Artiste: Vangelis

V.O.: CD 1994, EarthWest

En Test: Vinyle 2013, Édition numérotée rouge

Étiquette: Audio Fidelity
AFZLP 154

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Il y a un fort marché pour les trames sonores. Auparavant, il y avait les églises qui réalisaient un mécénat auprès des grands compositeurs. Aujourd’hui, c’est surtout les films qui peuvent se permettre de grandes trames sonores. Parfois, on a droit à des trames sonores tirées des succès de l’heure, parfois on a droit à des compositions. Certains vont dire que ce n’est pas de la vraie musique et qu’un jour les gens vont passer à des grands compositeurs classiques. On n’a qu’à penser à John Williams et j’ai mon CQFD. Mais on a droit aussi au goût de l’heure: ce n’est pas pour rien qu’on a du synthé pop exploratoire dans les films des années 70, c’est ce qui était d’avant-garde à ce moment. D’ailleurs, les trames sonores font parfois découvrir des bijoux, comme celles des animations japonaises Macross Plus, par Yoko Kanno. Oui, une femme qui réalise de l’orchestral.

Vangelis fait partie de ce club sélect ayant pu réaliser une si belle trame sonore, sur un film ayant frappé l’imaginaire de toute une génération. On ne peut pas dire que les chansons ont fait un succès commercial individuellement, ça reste des chansons ambiantes. Et les gens aimant Vangelis préfèrent habituellement acheter ses albums, qui sont excellents. Mais ce disque a une place dans le cœur des mélomanes, des audiophiles et des cinéphiles.

Côté qualité, ça part vraiment mal. Disque rouge, 180g, 30 minutes de musique par face. Et à partir de ce moment, tout va incroyablement bien! En fait, c’est un de mes disques qui a la meilleure sonorité, un test de système de son, un test d’aiguille aussi. Malgré sa durée très conséquente par face, la sonorité est hyper définie, il n’y a que peu de bruit de fond … il y en a mais beaucoup moins qu’un tel disque aurait du avoir. Quand il y a du popcorn, reste qu’il est omniprésent à cause du volume plus faible du disque. Une chance que le disque est superbement propre.

Atlantic Records sortent une version avec image sur le disque afin de célébrer le 35e anniversaire. Je me demande s’ils vont utiliser une technique en stencil ou une technique traditionnelle avec disques en plastique transparent afin de graver le disque. Malgré que l’objet va être superbe, une chance sur deux que la qualité y soit!

Réédition 2017: Pierre Fournier – J.S.Bach: Six Suites pour violoncelle seul

Une réédition du grand classique de 1961 de Pierre Fournier.

Compositeur: Johann Sebastian Bach
Pièce: Six Suites pour violoncelle seul, BWV 1007-1012
Artiste: Pierre Fournier

V.O.: 1961 Archiv Produktion, 3 vinyles coffret, Allemagne
14356 /57 /58

En Test: 2017 Archiv Produktion
479 696-3

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Il y a des enregistrements intemporels, des enregistrements frappant l’imaginaire, définissant une pièce de façon si prenante que ça devient le standard de facto. Cette version de Pierre Fournier datant de 1961 est exactement de cet acabit. Pour la même pièce, il y a aussi la version d’Anner Bylsma 20 ans plus tard qui a eu un succès international avec sa version des mêmes Suites de Bach, émule de cette version en sonorité. Il y a d’autres interprétations avec des sonorités différentes, telles que les versions de Rostropovitch et de Yo-Yo Ma qui méritent plus qu’une mention, mais qui mériteraient des articles à eux seuls tellement elles sont différentes et magiques. Mais la version moderne qui a donné les lettres de noblesse aux suites, c’est celle de Fournier. Continue reading “Réédition 2017: Pierre Fournier – J.S.Bach: Six Suites pour violoncelle seul”

Réédition RSD 2015: Herbie Hancock – Maiden Voyage

Un petit retour dans des pantoufles confortables de la musique jazz. Se faire plaisir et apprécier la joie de la des années 60, le tout en vert.

Album: Maiden Voyage
Artiste: Herbie Hancock

V.O.: Vinyle 1965, Blue Note

En Test: Vinyle 2015, Record Store Day Vert

Étiquette: Blue Note
ST-84195

Il existe beaucoup de versions de ce grand succès du jazz modal et hard bop. L’enregistrement original est impeccable, d’une qualité irréprochable et semble avoir été fait pour être bien rendu sur à peu près n’importe quel système de son. À part sur CD avec les excursions dans le volume trop fort du numérique, reste que Blue Note nous offre des extraordinaires vinyles ces jours-ci. Continue reading “Réédition RSD 2015: Herbie Hancock – Maiden Voyage”

2012 et 2016 Post-Zaricot: Duchess Says

Hier, je vous écrivais à propos de la première partie du spectacle, Technical Kidman. Aujourd’hui, c’est le groupe post-punk expérimental principal, Duchess Says.

Comme n’importe quel genre musical un peu louche, Duchess Says n’est certainement pas un groupe avec 12 chansons dans le Billboard. En fait, si vous n’avez aucun intérêt à l’émergent, aux groupes grinçant et aux perruches, vous n’en aurez jamais entendu parler. Mais pourtant, c’est un groupe qui mérite réellement à se faire connaître (ce n’est qu’une question de temps). Et comme le dirait la chanteuse, «hoon, as-tu peur?» parce qu’il ne faut pas avoir froid aux yeux pour s’aventurer avec ce groupe. C’est aussi, pour moi, ce qui représente un des paliers du son de Montréal: quelque chose qui n’existe pas ailleurs, qui est des années lumières en avance sur ce qui se fait ailleurs. Que ce soit du post-rock à la GY!BE, du post-punk à la Duchess Says, du post-pop à la Socalled. Le terme «post» s’applique parfaitement à ce qui se fait ici. Ce n’est pas pour rien qu’on a appris à aimer le disco et le grunge avant tout le monde. Continue reading “2012 et 2016 Post-Zaricot: Duchess Says”

Réédition 2016: Arthur Verocai – Arthur Verocai

Disque brésilien de 1972 réédité par Mr Bongo en 2016. Pourquoi?! Si vous aimez la musique populaire brésilienne et le disco-funk, vous allez me répondre «bien tiens»!

Album: Arthur Verocai
Artiste: Arthur Verocai

V.O.: Vinyle 1972 (Continental, Brésil)

En test: 2016 Vinyle

Étiquette: Mr Bongo
MRBLP133

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Cet artiste n’est pas une vedette internationale. En fait, c’est le premier disque d’Arthur Verocai, et le dernier en plus de 30 ans! Ce disque n’a été produit en version originale qu’au Brésil. Ce disque n’a pas eu de réimpression avant les années 2000… Ce disque n’est pas en anglais. Il y a plein de styles différents sur le disque, allant du big band, du MPB (Musique Populaire du Brésil), ça sent le patchouli et la fumée de cigarettes à plein nez, il y a du funk, du disco, des chansons ont horriblement vieilli et d’autres sont fraîches comme des roses.  Continue reading “Réédition 2016: Arthur Verocai – Arthur Verocai”

Remaster 2016: The Afghan Whigs – Black Love

Est-ce que le groupe alt rock des années 80-90 The Afghan Whigs va recevoir de l’amour de leur vinyle noir?

Album: Black Love
Artiste: The Afghan Whigs

V.O.: Subpop 1996 (Vinyle), Elektra 1996 (CD)

En Test: 2016 Vinyle Record Store Day 20e anniversaire

Étiquette: Sub Pop, Elektra Entertainment, Rhino Records
R1 557151

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Si vous ne connaissez pas le groupe The Afghan Whigs, vous n’êtes pas seuls. Le groupe est relativement méconnu et n’a eu qu’un succès d’estime. Je dis méconnu, mais c’est à part de cet ami, vous le connaissez tous, celui auquel vous allez dire «Hey j’ai acheté l’album 20e anniversaire des Afghan Twigs [sic], Black Love, c’est malade!» et il va vous corriger en disant Whigs, et en vous parlant de tout sur le groupe, qu’il est fan, qu’il est allé les voir à leur ville d’origine de Cincinnati et que le spectacle était ma-la-de, et vous chanter Step Into The Light acapella. En tout cas, lui, cet ami!

Si vous ne connaissez pas Sub Pop, leur étiquette pour cette production, là, ça craint un peu plus. Ils se spécialisent dans le Indie de tout acabit. Habituellement, ce sont des groupes fort obscurs. Mais parfois, ils tombent sur un Nirvana. C’est le genre d’étiquette à surveiller de près, avec des productions très soignées, de haute qualité, mais parfois de matériel louche. Alors Sub Pop ont eus Nirvana, mais malgré l’excellente qualité de rock des Whigs, ces derniers n’ont pas eus réellement de succès. Leur style peut être décrit comme un peu grunge, un peu emo, un peu soul, un peu disco, légèrement étrange et avec des paroles incroyablement noires, meurtre, violence, etc. Ce qui n’est pas mieux que les albums précédents qui parlaient de dépendance à l’alcool entre autres. Ils ont étés encensés par toutes les critiques musicales durant leur relativement longue carrière mais ça s’est plus ou moins arrêté là. Assez connus pour continuer, mais pas assez pour les succès et la gloire.

Et ce disque triple du Record Store Day est excellent. L’objet est beau, il est bien produit avec une présentation en encart soignée. Il a beaucoup de qualité sur l’impression, et le 3e disque est consacré à des démos qui ne sont jamais sortis auparavant. Côté gravure, cependant, il a été produit d’une façon fort étrange. L’album d’origine entrait sur un seul disque, et ils ont sorti le tout en disque double avec fort peu de musique par face (12-15 minutes). Mais j’ai comme l’impression que le travail de production d’origine a été conservée. Il y a une quantité phénoménale de dead wax sur les albums, mais la sonorité ne semble pas compromise, il y a pas beaucoup de bruit de fond et l’album s’écoute d’une façon absolument géniale. À mon humble avis, lorsqu’ils ont envoyé le disque double à la gravure, l’ingénieur a du leur dire «euhhh. Vous savez que vous pourriez entrer le tout en trois faces? Ou au moins mettre les disques en 45 tours et conserver plus de hautes fréquences?». Et la boîte de production a du dire «ok, mais on a déjà tout fait la promo de l’album, alors ça va rester comme ça». Ou non. Ça reste Bob Ludwig qui a fait le matriçage original de l’album, et ce dernier est une légende vivante. Qu’il fasse un travail exceptionnel est presque un acquis. Il a pris ce qu’il avait à prendre comme espace, sans plus, ni moins. Et l’album est tellement bon que les quinzaines de minutes par face passent en moins de deux. On a l’impression que les chansons durent deux minutes.

Encore! On en veut plus!

CORRECTION! Wow! Ma première édition! Je n’avais pas vu que c’est Emily Lazar qui a produit le rematriçage sur trois disques!!! Mon erreur! Alors c’est Bob Ludwig qui avait fait la première version, et c’est Emily Lazar qui a fait cette version! Et je ne dénigre absolument pas son travail ici encore une fois, la preuve que je le compare à M. Ludwig est preuve de sa qualité. Mais je continue de remettre en question d’avoir fait sur quatre faces 33 tours et d’avoir laissé autant d’espace sur le disque!

On achète si on aime Mudhoney, The Lemonheads, Jane’s Addiction, Seaweed.

Réédition 2017: Eluvium – Copia

Un voyage vers le classique ambiant, première édition vinyle célébrant le 10e anniversaire de ce pilier de relaxation.

Eluvium - CopiaAlbum: Copia
Artiste: Eluvium

V.O.: 2007 CD, Temporary Residence Limited
TRR110

En Test: 2017 Vinyle double noir

Étiquette: Temporary Residence Limited
TRR110

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Eluvium est un producteur de musique ambiante, style classique habitant sur la côte Ouest des États-Unis. C’est facile de tomber dans le kitsch ou musique d’ascenseur sur ce style musical tout comme c’est aisé de retomber dans les mêmes sillons que ses contemporains. Surtout que ce n’est pas du tout ce qui manque sur le marché, du classique ambiant. Eluvium a réussi son pari en nous fournissant une qualité de produit assez unique, qui nous porte d’un monde à l’autre. Ce n’est certes pas son premier album, mais cet artiste est passé d’un style plus drone à ce style beaucoup plus classique et introspectif, alors le fait qu’il nous amène ailleurs dans un même album est génial et j’ai l’impression que ça ressemble au personnage en dessous du pseudonyme. Continue reading “Réédition 2017: Eluvium – Copia”

Réédition 2015: Ali Farka Touré with Ry Cooder – Talking Timbuktu

Réédition d’un des albums fous d’un des grands de la musique africaine et du blues du désert. Tout pour se mettre un peu de soleil dans sa vie!

Ali Farka Touré, Ry Cooder - Talking TimbuktuAlbum: Talking Timbuktu
Artiste: Ali Farka Touré et Ry Cooder

V.O.: 1994 Vinyle et CD, World Music

En Test: 2015 Vinyle double 180g

Étiquette: World Circuit
WCV040

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Deux grands de la musique, deux grands guitaristes, deux piliers de leur musique respective avec (dans le temps) plus de 15 ans d’expérience et ils se rencontrent afin de produire un superbe disque. L’album est tout ce qu’on recherche du blues du désert: une part de afrobeat, une part de reggae, une part de blues, de la musique ethnique, de la musique respectueuse et différente, et deux têtes qui s’inspirent un de l’autre afin de produire un disque mémorable.

Je me suis déjà rendu dans un spectacle avec plusieurs légendes, où chacun respectait tellement, était tellement intimidé par les autres que ça n’a jamais levé. C’est la difficulté du pari entre des grands esprits: est-ce que les atomes seront crochus, est-ce que ça va faire lever la pâte, est-ce qu’il va y avoir une réelle cohésion, est-ce que la somme des ingrédients va donner un résultat majestueux ou une bouillie infâme. Ici, cet album, ça lève, et pas juste un peu. Une des raisons, à mon avis, est aussi que Cooder s’est tenu en veilleuse: c’est un album de Touré, avec Cooder qui a aidé, participé, produit, qui ajoute à ce que Touré propose. Comme mon ami musicien Broon me l’a si bien expliqué, en musique, l’accompagnateur a le gros du rôle, c’est lui qui donne les assises pour que l’artiste puisse se livrer en toute confiance, c’est lui qui agit par abnégation et qui travaille pour que la vedette brille. C’est la cas ici. Un grand selon toutes les métriques, Ry Cooder se livre totalement au jeu d’Ali Farka Touré.

Encore plus, cet album a été produit avec toute la qualité nécessaire pour faire briller les artistes. Ils se sont donnés les moyens nécessaires à nous faire tomber sur le charme. Autant c’est minimaliste, autant tout y est. La prise de son est incroyables, les instruments sont incroyables, les voix sont chaudes, les rythmes sont à couper le souffle. Et quand je parle des gens travaillant dans l’ombre, on a des grands ingénieurs à l’enregistrement et au mixage, sans compter au matriçage on a une autre légende avec Bernie Grundman. Ce n’est pas juste une petite version, c’est une grande version.

Donc, c’est la totale? C’est la totale. Ça surprend tellement c’est naturel. Selon votre inspiration, ça donne le goût de danser, d’écouter, de fumer, mais ça donne le goût d’être heureux. Les deux protagonistes ont le sourire sur la pochette, et c’est contagieux. Un très grand disque, une très grande production, une très grande réalisation, une excellente version rééditée.

On achète si on aime Habib Koité. Fatoumata Diawara, Afrocubism, Taj Mahal, Rough Guide to Desert Blues.