Retour aux critiques vinyles – cette critique était prévue il y a quelques semaines déjà mais après avoir pris une petite pause bien méritée, il est l’heure de revenir à ses moutons, tout heureux de critiquer plein d’albums géniaux!
2017 est l’année Beyries. Au début de son parcours musical, l’auteur-compositrice-interprète a, hélas, été visitée par le crabe à deux reprises. Se réfugiant dans la musique, elle se redécouvrit avec le piano familial et commença à écrire. En 2015, après quelques excursions, la chanteuse montréalaise a décidé de tout donner. Trio, un premier album, des compositions qui furent utilisées à la télé, des premières parties, etc. Après avoir signé avec Bonsound, ces derniers lui donnent la visibilité qu’elle mérite et depuis le début de l’été, elle apparait à travers les provinces de l’Est dans de multiples concerts.
Les chansons, sur le thème de la perte, de la solitude et de l’espoir, sont autant de petits bijoux, rappelant beaucoup le style folk de Martha Wainwright, qui d’ailleurs lui donna sa première partie de concert. Intimiste est le mot. Et ensuite, face B et le côté rock aux accents parfois country apparait, plus près de Gogh Van Go.
Pour la qualité, c’est un disque qui surprend de qualité. Bonsound a fait un excellent travail, rappelant un peu le country-folk années 70 pour la qualité. Parfois, ça écrête numériquement un peu, comme la voix qui n’est pas aidée par la sélection de micros sur l’album Soldier. J’ai tendance à en laisser un peu pour les styles intimistes, il y a si peu de jeu entre avoir un album qui est mou, vide et distant versus un album surcomprimé. Là où c’est parfois un peu plus difficile, c’est des chansons comme The Pursuit of Happiness, où la basse compresse avec la chanson, ou la chanson suivante (You Are) avec ses coups de cymbales frappées à main qui compresse toute la musique. Il n’y a aucune raison pour que ça arrive sur un matriçage de disque vinyle. Le volume n’est pas maximisé sur cet album! Vous n’avez qu’à allouer plus d’espace vinyle à ces coups de caisse en utilisant un pas de sillon variable. Encore une fois, c’est des gens produisant une version maîtresse maximisée numériquement sans penser aux avantages que peut procurer le vinyle sur une sonorité. L’album, par ses différents styles, est un cauchemar pour la personne réalisant le matriçage, alors encore une fois j’en laisse un peu. Mais ce n’est pas égal. Parfois, c’est le pied, parfois c’est inadéquat. Somme toute un très bon album.
Sigur Rós est un groupe islandais ayant célébré ses 20 ans bien sonnés et bien travaillés en 2014. Ils n’ont jamais arrêté de jouer, de donner des concerts, de produire des nouveaux disques. D’abord un groupe plutôt rock, de type shoegaze, ils ont fait la légère adaptation vers le post rock assez rapidement et n’ont jamais regardé en arrière. En fait… si… ils ont regardé en arrière fréquemment. Sigur Rós utilise beaucoup de matériel des disques précédents, se ressource sur leurs anciennes compositions; autant de clins d’œil, mais aussi bâtir sur des fondations de plus en plus solides et étoffées.
1994, l’année du post rock! Cette même année, un groupe bien montréalais, Godspeed You! Black Emperor, est aussi apparu sur la planète. Les deux groupes ont plus d’une ressemblance, mais où GY ! BE est plus dans le rythmé, Sigur Rós est dans l’ambiant; GY ! BE est immensément politique quand Sigur Rós y va dans les émotions. Beaucoup vont comparer les deux groupes, exercice futile à mon avis : GY ! BE est un groupe fièrement indépendant, communautaire, marginal quand Sigur Rós est un groupe à la portée plus large, rassembleur, consensuel. C’est comme comparer la chaîne Sunrise Records à Fréquences le disquaire : les deux ont leur place dans l’univers et la où un arrête, l’autre continue.
L’album ﹙﹚ est celui de l’arrivée au succès. Leur premier album, Von, est expérimental et shoegaze. L’album Von est aussi précurseur d’un mouvement où le vide est nécessaire. Une chanson est carrément vide (18 Sekúndur Fyrir Sólarupprás) et une autre démarre avec plus de six minutes de blanc avant de jouer un deux minutes d’une chanson précédente à l’envers. Leur deuxième (Ágætis Byrjun) a été produit à travers le monde et connut un succès entre autres en Grande-Bretagne. Il faut dire que nos amis britanniques avaient déjà Radiohead depuis plus d’une dizaine d’années, groupe pop rock, mais aussi ayant ses influences sur le post rock. Enfin, en 2002, un album dont le seul titre semble être des parenthèses. Aucun texte, aucun titre de chanson, rien. Album en deux parties avec un long silence entre les deux parties (le vide, encore). Une partie plus ambiante, une partie plus rock. Leur premier simple de cet album devint #1, gagna le meilleur vidéo aux MTV EMA, fut sélectionné aux Juno aussi… et avait le titre « Untitled #1 ». Plus tard, le groupe donna des titres officieux afin de s’y retrouver eux-mêmes, mais l’album est résolument dénudé d’indications.
Et côté sonorité ? C’est un peu le problème des groupes avec beaucoup de dynamisme : désirer garder un volume conséquent à travers une chanson, que le début, relativement dynamique, ne soit pas au niveau chuchotement quand l’emportée musicale démarre. Et pourtant, c’est un peu ce que le groupe aurait dû faire à mon avis. C’est le même problème qu’avec le groupe Avec Le Soleil Sortant De Sa Bouche, qui joue du post hard rock à tendance disco. Leur album Pas Pire Pop [I ❤️ You So Much] démarre tellement fort qu’ensuite, après un peu d’augmentation, on a l’impression que le disque devrait jouer plus fort, mais il ne le fait pas. L’envolée reste à plat. La dernière chanson de ﹙﹚, qui est encore utilisée à la fin de leurs spectacles, est une envolée spectaculaire qui reste au même volume tout le long de la chanson, faisant seulement un écrêtement et une limitation progressive. Pourtant, sur tout l’album, on a droit à des faces de 15-20 minutes, ils auraient pu conserver le même volume à travers l’album entier… mais la quatrième face n’a que cette chanson d’une dizaine de minutes. Ils auraient pu démarrer la chanson avec le même volume qu’ailleurs, et briser le mur du son pour la finale de l’album. À la place, on a droit à de plus en plus de distorsion et une perte de fidélité à niveau réduit. Enfin… Choix de production, j’imagine.
On achète si on aime Godspeed You! Black Emperor, Radiohead, Avec Le Soleil Sortant De Sa Bouche, A Silver Mt. Zion.
C’est mon deuxième article sur Lamar en quelques mois. Ce n’est pas pour rien. L’artiste, hyperproductif, se confond en productions, coproductions, disques complets et complexes. Il faut seulement penser à To Pimp a Butterfly, qui est un des disques qui a révolutionné le monde du hip-hop, redonnant ses lettres de noblesse modernes au mélange de jazz et hip-hop. L’année d’après, Untitled Unmastered, un de mes disques favoris, sans aucun style, aucune idée préconçue, juste des pièces musicales fantastiques. Et cette année, Damn, avec des collaborations avec Rihanna et U2 (!).
Il y a une partie de moi qui n’aime pas ce disque. La progression de Lamar l’a fait passer du hip-hop traditionnel à du jazzy hip-hop, à du jazz, et finalement ce dernier disque, qui est plus dans un style conscious, où Lamar tente de nous exposer des problématiques, avec un style presque gangsta. J’ai de la difficulté avec ce changement de style, dans lequel j’aime mieux des groupes tel que Run the Jewels. J’ai l’impression qu’à force de presser le citron de sa notoriété du moment, Lamar s’étiole un peu et ne laisse pas la chance à ses albums de vivre leur vie. Mais ça reste un disque encensé par la critique et le public. Ce n’est juste pas le style que je trouve que Lamar excelle. Premières deux chansons incroyables… ensuite, je suis moins certain.
Mais côté qualité, le disque double? Enfin, un disque de hip-hop qui ne dure pas trois heures avec cinq heures d’extras! Au moins, il a appris à se limiter. Faces de 15 minutes, numériques bien entendu… mais c’est incroyable, très peu de compression apparente! La basse est pleine, complète, les chansons sont dans leur propre univers, les paroles sont ciblées et centrées, les instruments sont numériques, mais superbes. En fait, le disque vinyle est si bon que je n’ai pas à me forcer et je suis capable de voir l’état de la console Protools à chaque instant! Chaque piste est claire, définie, tout est à sa place! Juste donner un exemple simple de compression, je n’en ai entendu qu’une seule fois clairement, et c’est lors de la fin de la pièce Humble, où la voix de Lamar augmente très légèrement lorsque la basse arrête. C’est si subtil!
Vous allez me dire que c’est numérique et compressé à outrance. Oui! Chaque piste est maximisée, il n’y a pas une respiration globale de chaque piste. Mais ça, c’est de bonne guerre, c’est l’équivalent de mettre un compresseur sur une piste de guitare ou un ensemble de batteries, il faut presque le faire, sinon ça sonne ténu. Il y a aussi la sonorité que l’artiste désire obtenir dans tout ça. Ces diverses compressions ne me dérangent pas trop, tant que l’ensemble respire et est conséquent. Ce disque est fantastique à ce sujet! À acheter.
On achète si on aime Badbadnotgood, Killer Mike, Notorious B.I.G.
Dans ma collection, j’ai deux fois les boîtiers de La Belle Époque du Swing 1936-1946, collection du Reader’s Digest de 1972. En fait, j’ai une copie en mono et une copie en stéréo. Le matériel est identique, date de la même année de production, mais une est proposée en mono et l’autre en stéréo.
Y a-t-il vraiment une différence entre les deux? Y a-t-il une différence entre le produit stéréophonique versus monophonique. Et supposons que j’utilise une aiguille 78 tours monophonique, est-ce que j’y gagne?
Dans l’histoire musicale, il faut savoir que le matériel stéréophonique arriva beaucoup plus tard que le matériel mono. L’utilisation des bandes sonores a bien entendu énormément aidé, les premiers disques étant enregistrés directement sur disque de cire. Les premiers enregistrements à deux pistes étaient produits à travers des systèmes de bobines magnétiques ainsi qu’avec du film de cinéma. Ceci arriva bien après la seconde guerre mondiale.
Album: La Belle Époque du Swing, Mono
En Test: Compilation en 7 disques, 1972
Étiquette: Reader’s Digest 619-FM
Le matériel qui nous est présenté est donc, par défaut, mono. La version stéréo a du être produite à l’aide d’artifices. Il est d’ailleurs indiqué «réalisé électroniquement» sur les disques. Quelle est la façon la plus simple de produire un rendu stéréo? Appliquer un filtre de fréquences, envoyer certaines fréquences à gauche et d’autres à droite. C’est ce qu’on a droit ici. À peu de choses près, la basse à droite, les aigus à gauche.
Une des raisons pour lesquelles j’ai pris ce matériel est qu’il est relativement neutre. Les Beatles ont eus droit à une réédition mono et stéréo mais le matériel n’est pas le même. Les fanatiques ont raison de débattre entre une version mono ou stéréo pour chaque album, voire chaque chanson! Tandis qu’ici, c’est la même chose.
Album: La Belle Époque du Swing, Stéréo
En Test: Compilation en 7 disques, 1972
Étiquette: Reader’s Digest 619-FS
Et c’est comment au juste, une version retravaillée? Soyons francs, c’est la même chose, c’est la même musique. Ça reste réalisé à travers la même bande d’origine, la différence, c’est que les instruments vont dans tous les sens. On entend la basse et la grosse caisse à droite, on entend les instruments de solos habituellement à gauche, et à mesure que les musiciens changent de fréquences, les fréquences vont d’un bord à l’autre, comme s’ils étaient en spectacle et qu’ils se déplaçaient lors de leurs solos.
Pour la version mono, pas retravaillée, c’est mieux? Pour mes oreilles, la version mono est définitivement meilleure. Non, on ne possède pas une version nous enveloppant, mais la source unique de musique sied parfaitement au résultat. On peut entendre tous les détails de reproduction, la qualité est là, comme on s’en rappelle avec les vieux 78 tours! Même le kissing du ruban y est! … … minute, il n’y avait pas de kissing de ruban parce qu’il n’y avait pas de rubans entre 1936 et 1946! Alors d’où provient ce kissing?
Remontons donc d’une étape… voyons les générations! Si vous n’êtes pas familiers avec le terme génération, il s’agit du nombre de copies qu’il y a eu avant qu’il n’arrive à votre disque vinyle.
Prenons un exemple typique d’un grand groupe des années 70: Un studio enregistre une chanson sur un ruban (1ère génération), il est mixé sur une bande maîtresse sur un ruban 1po (2e génération). Une personne réalise la version telle qu’on devrait l’entendre sur le disque, s’assurant que chaque face a la bonne quantité de matériel, que les fréquences sont acceptables pour une gravure vinyle, et qu’il y a juste assez de matériel par face (3e génération). Ce ruban est copié à plusieurs reprises afin d’être envoyé aux différents pays pour la réplication dans leurs manufactures respectives (4e génération). Dans chaque manufacture, un ingénieur de gravure prend son temps afin de réussir à réaliser le meilleur enregistrement possible et grave un disque positif sur de la laque très sensible (5e génération). Le disque est ensuite immédiatement moulé à l’aide d’un procédé de galvanoplastie électrique et une version négative maîtresse est produite (6e génération). Cette version négative maîtresse s’appelle le “père” et c’est la première version durable du disque qui est produite. Ensuite, un disque “mère” est créé à l’aide d’un procédé de galvanoplastie similaire (7e génération). Ce disque peut être écouté afin d’y déceler des défectuosités. Si tout est beau, le disque est utilisé afin de produire des stampers, des moules de gravure, encore une fois par galvanoplastie (8e génération). Ce disque négatif, enfin, est utilisé afin de créer votre disque que vous écoutez chez vous (9e génération). Si vous l’enregistrez sur une cassette, vous allez avoir créé une 10e génération.
Chaque génération ajoute son lot d’imperfections. Chaque génération enlève de la qualité à votre produit final. Si on prend le procédé DMM (Direct Metal Mastering), on vient de couper le nombre d’étapes de deux générations, vu que le système utilise des électroaimants beaucoup plus performants, un courant élevé et une pointe beaucoup plus solide afin de graver un disque mère directement.
Si je regarde ce disque, il faut remonter aux 78 tours. Disque de cire (1), galvanoplastie du père (2), galvanoplastie de la mère (3). Probablement que les étiquettes ont pris cette version directement afin de les enregistrer sur une bande maîtresse (4). La bande a été vendue et une personne a fait une seule bobine de ruban magnétique avec tout le matériel en ordre en le recopiant avec des volumes normalisés (5). Un ingénieur à la gravure a ensuite pris le tout et a créé des rubans magnétiques de la bonne longueur par face d’enregistrement (6). Cet enregistrement a été utilisé afin de créer la gravure (7), le père (8), la mère (9), qui a été envoyé aux différents pays afin d’avoir les stampers (10) et enfin le disque (11).
Et si j’écoutais une version originale? Je n’ai hélas pas de swing en version 78 tours chez moi. Le plus près que j’ai dans les mêmes années, c’est du fox-trot, avec Artie Shaw et Billie Holliday.
Album: Any Old Time / Back Bay Shuffle
Artiste: Artie Shaw and his Orchestra (Billie Holliday: Any Old Time)
En Test: 1938, Vinyle 78 tours (gomme-laque)
Étiquette: Bluebird B-7759
Je vais le répéter à chaque fois que je vais vous parler des 78 tours: n’écoutez jamais vos disques 78 tours avec une aiguille moderne! Ils ne sont pas faits pour les disques 78 tours, qui sont beaucoup plus solides que les disques mous modernes. En plus, parfois, ils contenaient de la silice (du sable) afin de s’assurer que votre disque reste en parfait état tandis que votre aiguille, elle, prenne le coup dur. Après tout, une pointe d’aiguille, c’est remplaçable tandis que votre disque est irremplaçable! Alors imaginez si vous utilisez une belle aiguille d’un millier de dollars de quelques microns d’épaisseur qui rencontre par hasard un beau gros grain de sable… Non non, achetez-vous une aiguille 78 tours de qualité, et assumez que vous devrez la remplacer éventuellement.
Eh bien je vais vous dire bien honnêtement, la qualité est environ dix fois meilleure! Oh j’exagère… 20 fois pire parce que mon disque est un peu massacré par la vie. Sinon, sa qualité serait de beaucoup meilleure à ce qu’on a pu me donner dans cette compilation! Si j’y vais avec un filtre RIAA de base, je vais avoir une qualité très correcte. Si vous prenez le temps d’utiliser un filtre 78 tours optimisé pour le disque que vous écoutez, et si en plus votre table tournante permet de modifier la vitesse d’écoute (parce qu’un 78 tours n’était pas toujours 78 tours, il pouvait varier de 60 tours par minute à plus de 88 tours par minute!), vous allez avoir une bien meilleure qualité que n’importe quel disque de compilation… en tenant compte que vous avez le matériel: l’aiguille spécialisée, une table tournante supportant le 78 tours, un disque en parfaite condition, les bons filtres, le temps de tout travailler ça, etc.
En d’autres mots: la compilation a du bon!
Et si par hasard j’écoutais la compilation en 33 tours monophonique sur mon aiguille 78 tours? Tout ce que je vais gagner, c’est une perte de qualité. Mais j’aurai essayé!
Extrait de mon disque avec du vécu (Any Old Time de Artie Shaw avec Billie Holliday)
Extrait de mon disque n’ayant pas de vécu (Summertime de Sam Cooke)
Quelques petits mots pour la fin. Certains disent que le mono est meilleur que le stéréo à cause qu’il n’y a aucun problème de phase. En plus, une technique infiniment simplifiée de gravure et d’écoute qui limite la complexité des appareils. Et bien entendu, comme les enregistrements étaient habituellement en direct, on saute beaucoup de générations d’enregistrements afin d’arriver à l’essentiel. J’avoue que l’idée a du bon. En fait, je vais dire qu’un bon disque mono peut battre à plate couture un disque stéréo, en tenant compte que le matériel a été produit pour mono. Sortez-moi des artifices stéréo et je vais me plaindre. Les exemples d’exercice de style stéréophoniques des années 60, avec les canaux totalement séparés, c’est difficile à écouter. Et d’autres disques, comme ceux de The Art of Noise, ils se doivent d’être en stéréo, sinon ils perdent tout leur sens. N’essayons pas de modifier le passé, laissons-le parler en toute simplicité.
Je crois que je suis un admirateur de l’étiquette Numero Group. Bien entendu, j’ai leur premier disque, mais aussi j’ai des plus grosses pièces, dont leur superbe coffret de White Zombie, fort peu dispendieux et d’une qualité exceptionnelle. Ce ne sont pas les seuls à réaliser des rééditions, chacun a leur propre petit créneau. On peut penser aux compilations funky de Soul Jazz Records, aux collections thématiques et louches de Light In The Attic, aux produits parfaits de Strut, aux produits léchés de Now-Again, les compilations stylistiques de Rough Guide, tout comme les étiquettes à produits spécialisés pleines de passion, comme Tidal Waves, Medical Records etc. Alors de s’attaquer à des rééditions de qualité comme ils le font, ce n’est pas rien. Ce qu’ils nous offrent ici en premier disque met l’eau à la bouche.
L’étiquette Capsoul provient de la capitale du soul : Columbus, Ohio! … Oui, bon, quand on parle du soul, on ne s’attend pas à l’Ohio. Et pourtant! Capsoul nous en a fait la preuve lorsqu’ils ont démarré leur étiquette à la fin des années 60. Ils ont produit beaucoup d’artistes locaux, numéros un. Mais aussi une fermeture quelques années plus tard, rubans détruits, disques dorénavant introuvables, tout y est. Du soul? Oh que oui! Numero Group s’est attaqué à un défi de taille avec Capsoul!
Et cette première version vinyle, c’est quelle sonorité ? C’est clairement du même matériel que la version CD. Il y a une compression des fréquences moderne qui est un anachronisme des années 70. On peut voir par exemple le kick drum de I Want To Be Ready ne pas avoir toute la basse qu’on s’attendrait. Certaines fréquences vont parfois réduire inutilement lors des moments forts. Mais le disque de compilation est heureusement parsemé de moments jouissifs qui font penser qu’un souci du détail a été préservé à travers le disque, la compression semble moins présente que la version présentée en CD.
Et c’est le premier des nombreux disques de Numero! Le meilleur est à venir, quelques centaines de sorties plus tard, ils sont meilleurs que jamais. On leur souhaite longue vie!
Mea Culpa. Ce n’est pas évident de rester du bon côté de la légalité. L’étiquette Bamboo est hélas une étiquette pirate. À ce jour, James Plummer, le propriétaire de Bamboo, a produit des disques de l’étiquette Radioactive, ensuite de l’étiquette Fallout, ensuite Phoenix Records, Erebus Records et finalement Bamboo Records. Les disques dans cette critique sont de Bamboo Records.
Mais pourtant, ce sont des disques de haute qualité! Disques 180 g, colorés, logo du MCPS de Grande-Bretagne pour les droits, numérotés, signés, vendus avec l’aval du Record Store Day. Ce n’est pas rien, ce sont de très beaux disques. La musique qu’ils contiennent est aussi excellente et méconnue. Il s’agit de disques impossibles à trouver, des 500-1000 $ par disque, des items de collection, le tout réimprimé pour le bon plaisir de toutes et tous. Leur dernier disque en règle du RSD 2017, était celui de Ike Reiko : You, Baby. Encore le même principe, les artistes n’auront aucun sou de ces entreprises.
De la légalité à trois niveaux… Je dois avouer que tout personnellement (je n’entre pas Fréquences dans le lot – c’est mon opinion toute personnelle), je suis ambivalent sur l’illégalité des produits.
Lorsqu’un artiste comme Danger Mouse nous commet un The Grey Album qui secoue les fondations musicales; lorsqu’un courant entier musical a comme base un échantillon d’album louche de Michael Viner; lorsque ce même courant musical utilise comme base des échantillons de disques afin de créer de nouvelles chansons; lorsqu’on sait que les droits d’auteurs sont étendus pour plus de 75 ans aux États-Unis, rendant caduque l’idée même de domaine public, c’est certain que ça casse un peu l’idéologie rectiligne.
Aussi, lorsque les possesseurs des droits d’auteur d’œuvres décident de ne rien en faire et les rendent inaccessibles virtuellement et inutilement, je dois dire que la nature va trouver un moyen. Quand ce disque de Reiko se vend aux alentours de 100 $ en V.O., lorsqu’il est quasi impossible trouver les artistes d’origines en V.O., lorsque les disques d’origine se vendent plus de 500 $ parfois, on peut quand même débattre le côté immoral de la loi.
Et en plus, il semble plus facile d’attaquer les individus que les grands ! Pourquoi attaquer une étiquette qui fait des produits illégaux à la chaîne? C’est tellement des procédés légaux incroyablement longs et ardus, avec les droits internationaux par-dessus le marché. Oufff.. Non à la place, on va laisser les alias de Radioactive se faire aller, on va laisser aller l’étiquette SM (Sonmay Recordings de Taiwan) nous fournir des disques qu’on peut acheter tout à fait légalement dans des commerces. Mais on va poursuivre les gens qui ont une collection de musique illégale à la maison. Le plus ridicule : si j’achète tous les disques en Radioactive et en SM, je ne me ferai pas poursuivre… mais si j’ai préféré les obtenir par Internet, ah là, je me fais poursuivre. C’est le monde à l’envers de la criminalité qui a la paix et les citoyens qui en payent le prix!
Un n’empêche pas l’autre, bien entendu, mais présentement, c’est le monde à l’envers.
Par contre, là où je suis intraitable, quand on veut faire de l’argent, c’est qu’il faut au moins essayer d’être légal. Et l’étiquette Bamboo n’essaie même pas. Le disque de Ike Reiko est une copie de la version CD de 2005 (très bonne sonorité, mais ça provient du CD, alors achetez donc ce dernier à la place – à 60$ – si vous aimez la sonorité). Les disques volume 1 à 3 sont des disques copiés d’une copie déjà illégale de 1990 par Planet X. Le disque Sixties est une copie de la version illégale de 1987 par Corumbia (ça ne s’invente pas comme nom!), ce dernier valant d’ailleurs un prix d’or, et les artistes n’ayant pas plus un seul sou de ses profits. Ces quatre derniers n’ayant jamais eus droit à des versions CD, ce ne sont que des vulgaires needle drop. Encore pis, ce sont des needle drop de needle drop parce qu’aucun de ces artistes n’avait même fait affaire avec Planet X ou Corumbia pour leurs produits finaux, alors les sources sont carrément leurs 33 tours d’origine! Alors les quatre disques en photos n’ont pas une qualité si exceptionnelle que ça. C’est passé au declick et au denoise. N’empêche qu’aux premiers abords, les disques ont une assez bonne sonorité, mais lorsqu’on compare à une collection réputée, telle que les Punk 45 de l’étiquette Soul Jazz Records, on voit immédiatement la différence.
NDLA : L’idée que Radioactive et alias, ainsi que SM Records, sont des étiquettes de copies pirate, ce n’est pas mon idée originale. Il s’agit en fait d’une recherche que j’ai réalisé sur l’étiquette que je ne connaissais pas à l’origine. J’ai vu que Numero Group portait des accusations sérieuses sur Radioactive, j’ai aussi vu que même Discogs considère leurs produits comme des copies, au point où ils refusent dorénavant de les vendre à travers leur site (tout comme les produits de SM Records).
Vincent Bélanger fait partie de cette race d’humains passionnée de leur instrument. Conservatoire de Québec, Conservatoire de Montpellier, classes de maître. Et éventuellement, un premier album : « Là », enregistré par l’étiquette Fidelio, qui connut un succès international peu négligeable. Par la suite, piqué par la qualité de reproduction sonore et les albums respectant le matériel, il démarra une campagne de sociofinancement afin de produire l’album que je vous présente ici. Entretemps, il continua bien entendu sa carrière et enregistra entre autres l’album Conversations avec la pianiste Anne Bisson. Prix coup de cœur, numéros un de vente, trames sonores de film, ce n’est pas un deux de pique. En plus, son frère est l’excellent ténor Antoine Bélanger, qui a récemment joué Cassio dans Otello à l’Opéra de Montréal! Bref, si vous ne le connaissez pas, vous devez l’écouter!
Audio Note n’est pas une étiquette de musique. En fait, ils produisent des composantes musicales, telles que des préamplificateurs, des fils, etc. Il s’agit de produits de qualité supérieure, habituellement bien reconnus à travers le milieu des passionnés de la qualité sonore. Et comme bien des manufacturiers, ils commencent à avoir un intérêt à produire leur propre musique. On peut penser à Wilson Audio entre autres, mais il y en a bien d’autres. Ce disque est le premier qui est produit de concert avec Audio Note et on sent que Bélanger s’occupe de Audio Note Music comme de son bébé. On leur souhaite longue vie et une distribution à plus grande échelle!
D’ailleurs, c’est rare que j’aille entrer dans le monde musical audiophile. En règle générale, et permettez-moi d’être méchant, certains convaincus préfèrent mettre l’emphase sur la qualité sonore que sur la qualité de l’interprétation. Il ne sait pas jouer, mais bordel que ça sonne bien! Les transitoires! Raah ! J’exagère bien entendu, certains albums que je possède sont incroyables. On peut penser aux Doug Macleod qui sont enregistrés de main de maître, ses premiers sur AudioQuest étant extraordinaires. On peut penser à plusieurs des Reference Recordings (mais vraiment pas tous!) Et c’est sans compter la très montréalaise étiquette Fidelio de René Laflamme qui nous envoute parfois avec des extraordinaires albums (mais encore une fois pas toujours côté interprétation à mon avis).
Et cet enregistrement, c’est quoi? C’est des pièces plus ou moins connues, des compositions dont on a droit au premier enregistrement, tout comme des pièces plus connues. C’est surtout une atmosphère, il ne s’agit pas de nous en mettre plein la vue ni de nous changer de style de la première face à la dernière, en fait, c’est plus un exercice de nous entrer dans le monde de Bélanger et nous guider à travers quelques-unes de ses pièces. C’est aussi un vernissage du disque au Salon Audio de Montréal 2017.
Dans les bémols potentiels, il faut voir que c’est numérique. Enregistré sur ordinateur à l’aide d’un convertisseur analogique digital de marque Apogee, on n’a pas le droit à un enregistrement directement sur vinyle ou vers un ruban magnétique. Ce n’est pas non plus un appareil d’enregistrement de très haute fidélité de marque audiophile, comme les fichiers enregistrés par 2L sur des gammes de fréquences étendues. N’empêche que chez moi, pour mes besoins minimes, j’ai moi aussi un appareil Apogee. J’avais un appareil 192KHz huit pistes de qualité professionnelle et je l’ai vendu à un de mes amis musiciens afin de m’acheter un petit Duet de cette entreprise. J’aime beaucoup la sonorité qu’il produit, avec une qualité légèrement feutrée et très pure à l’écoute. Ce que j’entends sur ce disque m’emmène donc en terrain connu.
Et côté qualité, est-ce la qualité ultime ? La sonorité est pure, douce, voire soyeuse, forte, mais légère, absolument pas numérique à l’écoute. Les aigus, présentes à travers les pièces, ne sont pas violentes et n’agressent pas numériquement (merci, Apogee), tout en restant présentes. La gravure, en deux disques 45 tours d’une dizaine de minutes par face, est parfaite et aucunement compressée. On a la beauté d’une salle vivante; aucune aseptisation sonore. C’est chaud comme seul un violoncelle peut produire dans une église à sonorité hors pair. C’est vivant. Et ce n’est pas du tout de la musique de feu de foyer une nuit d’hiver : c’est au contraire dynamique et beau avant d’être consensuel. Aucun bruit de fond, compression minime, côté numérique gardé sous tutelle. Bon travail de matriçage, encore une fois par une équipe montréalaise. Très beau travail! J’ai hâte au prochain disque d’Audio Note.
Durant mon enfance, j’écoutais surtout du classique. Jusqu’à 14-15 ans, il y avait le 100.7 FM et beaucoup de disques de classique… Oh et du disco et pop-rock du temps de mes parents, ainsi qu’un peu de musique actuelle – merci Myra Cree, d’avoir bercé mes nuits à écouter de la musique avec « l’Embarquement pour si tard » – le reste ne m’intéressait pas trop. Ceci est le disque qui m’a fait découvrir qu’il existait autre chose! C’est celui qui a fait le lien entre le pop 70’s, la musique électronique et actuelle et les courants modernes. C’est le disque qui m’a fait découvrir que les jeunes de mon âge dansaient sur de la musique qui découlait de Pierre Henry et du rare Kraftwerk fin-70 que j’entendais parfois à 2 h. C’est le chaînon manquant dans ma conception musicale. Si ça s’usait, j’aurais usé à la corde mon CD de ce disque!
En lisant l’histoire du disque, c’est normal ! Flood a travaillé avec le groupe, bien entendu, mais surtout le montage final du disque a été produit par François Kevorkian qui avait collaboré avec Kraftwerk pour Electric Café quelques années auparavant. Il a non seulement fait le matriçage et le montage des pièces et de l’album, mais il a pris un rôle actif en proposant suggestions et idées, donnant une couleur sortant des sentiers battus de Depeche Mode, qui avait des compositions de danse plus touffues et électro.
Et pour cette version ? On a droit à une version légèrement retravaillée du matériel d’origine, avec Mike Marsh aux commandes de la gravure. Une déférence maladive a été appliquée au matériel. C’est exactement comme ma version CD d’origine, je retrouve mes vieilles godasses, rien d’enlevé, juste du bonbon. Des petites différences d’égalisation ça et là, on sent parfois le compresseur se faire légèrement aller (exemple minime, à la fin de Enjoy The Silence, juste avant le fondu vers le silence, les instruments réagissent à une maximisation intempestive), mais c’est si peu. La voix est un peu réduite à certains moments. En écoute comparative, le vinyle gagne partout (sauf pour le popcorn). Au prix où est cette réédition, il n’y a pas de raison de ne pas l’acheter!
Ah si, il y a quelques raisons — selon ma recherche après l’écriture, il semble que certains disques soient décentrés et que d’autres aient un problème de qualité — peut-être que Rhino a réglé le problème sur les copies plus récentes ou peut-être que j’ai été simplement chanceux, mon disque est superbe.
On achète si on aime Erasure, Pet Shop Boys, New Order, Ultravox.
Pour la petite histoire, j’étais chez Fréquences à faire mon pèlerinage hebdomadaire, à chercher la perle rare dans les étals, quand je remarquai un disque qui n’était pas à sa place dans la section Genesis. Vous avouerez que Pierre et le Loup et Genesis, ce n’est pas exactement la même chose. Je demandai à Will et il me dit « ah! non, tu as raison, mais les gens qui cherchent ce disque vont voir dans Genesis parce que Phil Collins y joue alors on le met là. » Ça veut dire qu’il se vend fréquemment? La réponse est oui, c’est un très gros vendeur dans les disques usagés. Alors comme je ne connaissais pas cette version, je l’ajoutai dans mon panier. On en apprend tous les jours!
Et pour l’histoire de ce disque, Jack Lancaster et Robin Lumley ont eu un petit groupe de musique, The Soul Searchers (1972-1974 approx). En 1975, au sommet de la folie rock progressif en Grande-Bretagne, ils sortirent cet album avec tous les grands du moment.
Pierre : Manfred Mann
l’Oiseau : Gary Brooker (Procol Harum)
le Canard : Chris Spedding (Musicien de studio); Gary Moore (Colosseum II, Thin Lizzy)
le Chat : Stéphane Grappelli
le Loup : Brian Eno (Roxy Music)
l’Étang : Keith Tippett (King Crimson; oui j’avoue que j’aimerais pouvoir dire à mes enfants que moi j’ai joué le rôle d’un étang dans un disque de rock)
le Grand-Père : Jack Lancaster
les Chasseurs : Jon Hiseman (Colosseum); Bill Bruford (Yes); Cozy Powell (Rainbow); Phil Collins (Genesis); Alvin Lee (Ten Years After); Robin Lumley; Julie Tippett (Chanteuse à succès); The English Chorale
La version que je possède est la version en français, dont Pierre Clementi se charge des courtes narrations.
Et comment ça sonne ? C’est un disque de studio, inégal de par sa nature, mais avec une sonorité du tonnerre. J’allais écrire qu’ » on aurait dit que c’est un des grands disques de rock progressif du temps », mais c’est un des grands disques de rock progressif du temps! Bref : c’est réussi! Reste que c’est un vieux disque de production de masse, alors on ne peut s’attendre à des miracles non plus, il va y avoir un peu de bruit de fond, un peu de popcorn. Ça fait partie du lot.
Et pour la fin des histoires de loup, il existe aussi une version avec une narration en allemand… je suis certain que les deux versions françaises et allemandes n’auront jamais leur place sur Spotify!
Ed Sheeran est un chanteur pop avec une touche hip-hop qui a atteint son quart de siècle d’existence tout récemment. Aimé par certains, détesté par d’autres, il fait dans la pop accompagné de sa guitare. À cause de sa verve et de son élocution, son inspiration pousse clairement dans le hip-hop aussi. Mais malgré son jeune âge, il ça fait plus d’une douzaine d’années qu’il produit des disques! En 2005, il sortit son premier disque… il est officiellement sur Discogs! Mais il est bien écrit dans les notes qu’il n’en existe que 21 copies, dont 19 appartenant à Ed Sheeran lui-même (et 11 personnes disant qu’ils ont ce disque! Rions un peu!), et il tient absolument à ce que personne d’autre n’ait ce disque!
De toute façon, ses premiers disques ont peu d’intérêt musical. Assez pour voir le potentiel, mais pas assez pour valoir réellement la peine. Démos, essais… et en 2009, à l’âge vénérable de 18 ans, Ed Sheeran commence à avoir du succès, malgré qu’il produise lui-même tous ses CD.
Album : You Need Me EP
Artiste : Ed Sheeran
V.O. : 2009 CD Sheeran Lock
En Test : 2016 Vinyle
Étiquette : Asylum Records 0825646052462 549852-1
Et c’est avec une chanson comme You Need Me, I Don’t Need You que Sheeran a commencé à faire parler de lui. La chanson, critique des gens qui ont commencé à l’approcher afin d’offrir leurs services à la personne qui commençait à être connue, a très bien résonné avec le public, ainsi que les quatre autres chansons acoustiques de l’album.
C’est d’ailleurs dans un environnement en direct que ce mini-album a été enregistré, en duo guitare et voix, d’une façon fort intimiste. Aucun artifice, aucune coupure apparente. Juste la musique et la voix.
Pour la qualité, Asylum a compris que Sheeran préfère avoir des produits de haute qualité. L’album est en 33 tours (bouh!), mais possède une belle présence. C’est un très bel album studio. Ça sent le studio à plein nez, ça sent les techniques modernes, il y a une touche d’emphase des hautes et une compression sporadique qui laisse planer le traitement Protools, mais c’est juste assez ténu pour nous laisser pleinement apprécier la musique.
Suite du programme, Sheeran se fait signer par Island, ensuite par Asylum spécifiquement. Il sort son premier album à succès, + (addition, ou plus en anglais). Cet album, je ne l’ai pas. Raison simple : ce n’est pas à mon avis un album de Sheeran côté qualité. Album vinyle simple, chansons retravaillées, il (et sa maison de production) se cherchait encore côté vinyle à mon avis. Ceci dit, il reste que l’album est très bon et malgré la longueur de l’album, il semble être de qualité adéquate… Et quand je dis que cet album est très bon, même si le vinyle me tente moins, il faut mentionner que la chanson The A Team a fait les choux gras des tops en Grande-Bretagne, au point où Taylor Swift l’a remarqué et qu’ils ont fait une collaboration ensemble, ce qui démarra sa carrière internationale. Avec des numéros un solos, de la visibilité avec Swift et deux chansons en collaboration avec One Direction (dont un numéro un), c’est le succès international!
Album : × (multiplication, ou multiply en anglais)
Artiste : Ed Sheeran
Album à succès international, × est un album incroyable. Chansons simples, encore une fois avec Sheeran à la guitare, mais avec les moyens du succès. Chœurs, rythmes, basse, appareils électroniques, orchestrations, tout y est, mais en même temps, il reste Sheeran avec la simplicité qui a fait sa renommée. L’album en entier s’écoute comme un bonbon, belles chansons intimistes, parfois chansons de danse et de party, même carrément la chanson de l’année pour la danse de type West Coast Swing.
Et Asylum Records a compris ! Ils ont produit cet album avec toute la qualité et toute la profondeur requise d’une telle œuvre! Album double, disques lourds, 45 tours, sonorité à couper le souffle. C’est un des disques avec la meilleure sonorité de ce genre que j’ait entendu. Studio, encore une fois; numérique, encore une fois; on s’en fout c’est incroyable, encore une fois!
S’il y a un album que je vous recommande de chercher en vinyle, c’est bien lui (en tenant compte que vous aimez Sheeran, bien entendu!). Les langues sales vont dire que l’album, avec ses 50 minutes de durée, commençait à chauffer la durée maximale d’un disque de qualité décente, et que tant qu’à avoir des faces d’une douzaine de minutes, on entre dans le sweet spot pour un disque de trente centimètres en 45 tours.
Album : ÷ (division, ou divide en anglais)
Artiste : Ed Sheeran
Fort de ce succès, Ed Sheeran a continué à sortir des chansons à succès et à faire des tournées mondiales. Et il a sorti cette année son dernier album en règle, Divide. Moins de succès, mais une belle progression. Plus pop, presque country à certains moments, moins hip-hop. Paroles plus personnelles, mais moins de textes de trois kilomètres de long. On sent que la conversion du style grime à la pop internationale est à son paroxysme. En même temps, s’il y a une chanson qui risque de rester à travers ses succès, c’est Shape Of You.
Et bien entendu, Asylum a poursuivi sa lancée 45 tours avec un deuxième album double. Album de 46 minutes, ça entre juste bien encore une fois afin de garder la qualité… mais ça, c’est avant qu’il ne se disent qu’ils devraient y ajouter quatre chansons en boni, donnant un album de presque une heure. 15 minutes par face en moyenne, c’est juste un peu trop pour du 45 tours. Ça reste encore bon, mais ce n’est plus parfait comme dans Multiply. Le volume a été baissé, la compression s’est mise de la partie, et si ce n’était que ça…
Et avec la transition pop viennent les surproductions. On peut penser à Castle On The Hill, superbe chanson, mais qui ne respire pas du tout. On peut voir aussi quel procédé Asylum a utilisé pour ses disques : ils ont pris la version telle que sortie du studio, ont normalisé le volume afin de conserver une belle homogénéité, et ils n’ont pas traité les chansons afin de les entrer dans le moule numérique moderne. C’est, à mon avis, la version de chansons qui est la plus près de ce que Sheeran devait entendre à la sortie du studio. Ça inclut les coups de basses tonitruantes dans Dive (qui sont parfaitement visibles en spirale sur le disque), ça inclut la compression à outrance de Castle, ça inclut le rythme de Shape of You. Tout y passe, le beau, le laid.
Je dirais que l’album est bon, mais pas parfait.
On achète si on aime James Blunt, John Mayer, Sam Smith, Jason Mraz.