Réédition 2004/2017: The Secret Machines – Now Here Is Nowhere

Machines secrètes en blanc et rouge

Album: Now Here Is Nowhere
Artiste: The Secret Machines

V.O: 2004 Vinyle double en encart (Europe)
Reprise Records, 679 Recordings
9362 48544-1

En Test: 2017 Vinyle double en encart numéroté

Étiquette: Run Out Groove, Reprise Records, 679 Recordings
ROGV-008

Acheter le disque vinyle double chez Fréquences (attention, il m’en reste qu’un ou deux!!!)

The Secret Machines a eu une vie courte, mais intense. Groupe alternatif indépendant de rock qui a été comparé à trop de grands (Led Zeppelin et cie! Sérieusement?), a eu quelques moments chanceux de publicité et a pu faire des spectacles en première partie de beaucoup de grands. La musique qu’ils produisent est tout aussi intense : du gros rock très sale, avec beaucoup de distorsion, des claviers électroniques, de la guitare et basse à profusion et un batteur jouant avec vraiment trop de verve. C’est un groupe tout-ou-rien.

Arriva Now Here Is Nowhereleur premier disque. Quelques succès d’estime, une chanson utilisée dans un jeu vidéo, et une belle lancée. Ce disque vinyle de 2004 a su exiger un prix prohibitif, se nichant dans la zone grise entre un indépendant ne pouvant sortir trop de copies par manque d’intérêt général et un disque commercial qui n’a pas assez de copies pour plaire à tous les acheteurs potentiels. Merci à cette édition (encore une fois) limitée, on a droit à une nouvelle version un peu plus abordable, respectant en tous points la version originale de 2004.

Et le disque double, justement ? Il est bizarre. La face 1A et 2B n’ont qu’une longue chanson, jouissive de qualité, aucune compression apparente, de la force, de la basse, de l’âme. Et les faces 1B et 2A ont entre 12 et 16 minutes chacune, matériel à volume légèrement réduit et beaucoup plus compressé. C’est donc deux niveaux de bêtes dans le même disque. Est-ce que ça veut dire que la sonorité est affectée? Mmm, un peu! Ça aurait pu être mieux distribué sur les faces, même si je conçois le message que le groupe a voulu passer et que les chansons 2 et 3 (Sad and Lonely et The Leaves Are Gone) devraient être jouées en suite. Mais on y perd un peu. N’empêche, les explosions de puissance du groupe y sont, ainsi que la basse omniprésente. Donc devrais-je réellement me plaindre? Ouf! Quel disque! À jouer à tue-tête!

On achète si on aime Interpol, Broken Social Scene, Malajube, The Stills.

Remaster 2014/1990: Depeche Mode – Violator

Depeche Mode, réédité

Album : Violator
Artiste : Depeche Mode

V.O. : 1990 Vinyle
Mute STUMM 64

En Test : 2014 Vinyle en encart 180g

Étiquette : Rhino Records, Reprise Records, Sire, Mute
WBA1-233980

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Durant mon enfance, j’écoutais surtout du classique. Jusqu’à 14-15 ans, il y avait le 100.7 FM et beaucoup de disques de classique… Oh et du disco et pop-rock du temps de mes parents, ainsi qu’un peu de musique actuelle – merci Myra Cree, d’avoir bercé mes nuits à écouter de la musique avec « l’Embarquement pour si tard » – le reste ne m’intéressait pas trop. Ceci est le disque qui m’a fait découvrir qu’il existait autre chose! C’est celui qui a fait le lien entre le pop 70’s, la musique électronique et actuelle et les courants modernes. C’est le disque qui m’a fait découvrir que les jeunes de mon âge dansaient sur de la musique qui découlait de Pierre Henry et du rare Kraftwerk fin-70 que j’entendais parfois à 2 h. C’est le chaînon manquant dans ma conception musicale. Si ça s’usait, j’aurais usé à la corde mon CD de ce disque!

En lisant l’histoire du disque, c’est normal ! Flood a travaillé avec le groupe, bien entendu, mais surtout le montage final du disque a été produit par François Kevorkian qui avait collaboré avec Kraftwerk pour Electric Café quelques années auparavant. Il a non seulement fait le matriçage et le montage des pièces et de l’album, mais il a pris un rôle actif en proposant suggestions et idées, donnant une couleur sortant des sentiers battus de Depeche Mode, qui avait des compositions de danse plus touffues et électro.

Et pour cette version ? On a droit à une version légèrement retravaillée du matériel d’origine, avec Mike Marsh aux commandes de la gravure. Une déférence maladive a été appliquée au matériel. C’est exactement comme ma version CD d’origine, je retrouve mes vieilles godasses, rien d’enlevé, juste du bonbon. Des petites différences d’égalisation ça et là, on sent parfois le compresseur se faire légèrement aller (exemple minime, à la fin de Enjoy The Silence, juste avant le fondu vers le silence, les instruments réagissent à une maximisation intempestive), mais c’est si peu. La voix est un peu réduite à certains moments. En écoute comparative, le vinyle gagne partout (sauf pour le popcorn). Au prix où est cette réédition, il n’y a pas de raison de ne pas l’acheter!

Ah si, il y a quelques raisons — selon ma recherche après l’écriture, il semble que certains disques soient décentrés et que d’autres aient un problème de qualité — peut-être que Rhino a réglé le problème sur les copies plus récentes ou peut-être que j’ai été simplement chanceux, mon disque est superbe.

On achète si on aime Erasure, Pet Shop Boys, New Order, Ultravox.

Réédition RSD2017 / 1977: Neil Young – Decade

Deuxième légende vivante cette semaine! La première compilation de Neil Young est enfin de retour sur le marché 40 ans après sa sortie!

Album : Decade
Artiste : Neil Young

V.O. : 1976/1977 Vinyles triples en encart
Reprise Records 3RS 2257

En Test : 2017 Vinyles triples en encart (RSD)

Étiquette : Reprise Records
558030-1

Acheter le CD double (2003) chez Fréquences.

En mention spéciale, Reprise Records est supposé sortir de nouveau le disque ce mois-ci sur CD et vinyle, ils nous ont fait une surprise avec une sortie devancée limitée pour le RSD, mais nul besoin de rechercher cette version, attendez simplement la prochaine!

Decade, c’est une compilation célébrant les dix premières années de carrière de Neil Young. Malgré sa quantité de succès, il n’avait jamais fait de compilation auparavant alors les admirateurs ont étés heureux de retrouver finalement tous ses succès sur un seul disque triple. Grosso modo, la première face est surtout consacrée à Buffalo Springfield, son premier groupe. La première face du deuxième disque est surtout pour Neil Young & Crazy Horse et on a aussi droit à deux succès de Crosby, Stills, Nash & Young. Tout le reste est surtout Neil Young dans sa carrière solo, parfois en direct, surtout en studio.

Si vous aimez le folk et que vous ne connaissez pas Neil Young, c’est un guitariste hors pair, c’est un compositeur d’exception, il a touché autant le folk, l’américana, le country, le rock, les styles plus violents, le r&b. On reconnait les influences autochtones (écoutez la superbe compilation Native North America de Light In The Attic [achetez le coffret vinyle chez Fréquences] pour vous en convaincre) et le côté country pur, qui est reflété sur la vie moderne. Depuis bien des années, Young habite sur un ranch en Californie avec sa femme et se bat pour les droits des fermiers.

Et comme réédition? Ce n’est pas trop tôt! Il y a peu ou prou de nouvelles éditions. Elle est brouillonne comme la première version, inégale en qualité entre les différentes chansons. Mais elle reflète très précisément la version d’origine, avec des chansons inédites, ses grands succès, la sonorité parfois 70s, parfois mal enregistrée, parfois bien enregistrée. C’est de très bonne guerre et il n’y a aucune réinvention ici : la version telle que présentée est identique à la version des années 70, seulement avec une réduction de bruit de fond. La basse est toujours omniprésente lorsqu’elle est supposée l’être, aucun rematriçage n’a été effectué. C’est la bonne vieille version, juste avec beaucoup moins de bruit de fond accumulé par les années sur les tablettes.

Neil Young est surtout connu pour sa passion de la très haute fidélité. Je dirais qu’il aurait pu faire légèrement mieux dans cette version et régler quelques problèmes du disque, mais je respecte totalement son choix d’avoir conservé le disque à peu de choses identique. Qui sait, peut-être que la future version qui va sortir bientôt va avoir droit à un remastering plus prononcé et que le but de la version RSD était de sortir une version aussi près de l’original possible. Si c’est le cas, chapeau, mais j’ai des doutes qu’on va avoir exactement la même chose.

Réédition RSD2017: The Allen Toussaint Collection

Un petit disque en retard pour la folie du RSD. Est-ce que ça valait la peine d’attendre?

Album: The Allen Toussaint Collection
Artiste: Allen Toussaint

V.O.: 1991 CD
Reprise Records, Nonesuch, 926549-2

En test: 2017 Vinyle double (3 faces), Record Store Day

Étiquette: Reprise Records, Nonesuch
26549-1

Ce disque n’était disponible qu’en édition limitée au Record Store Day, hélas Fréquences n’en a pas eu des tonnes de copies, et les a reçues en retard. Sautez dessus en vente en-ligne avant qu’il ne soit plus achetable… ou demandez à votre disquaire directement leur opinion sur le sujet.

Si on parle de soul pop, on parle de feu cet artiste incroyable de la Nouvelle-Orélans. Ce n’est pas qu’un artiste, c’est l’artiste soul. Panthéon du Rock & Roll, panthéon des auteurs, carrière à succès habituellement en arrière-plan et en composition avec les plus grands musiciens, carrière à succès avec ses propres disques. C’est un peu le Burt Bacharach du soul américain. Après une longue carrière dans le monde de la musique, il est décédé fin 2015 lors d’une tournée mondiale.

Malgré ses succès, une belle voix, des talents indéniables d’auteur-compositeur-interprète, malgré qu’il ait été producteur des plus grands et de leurs succès, il reste relativement méconnu. En fait, il faut avoir eu une introduction sur Allen Toussaint avant soudainement de se rendre comme à côté de quoi on est passés. Mon introduction a été faite il y a deux ans, en écoutant une compilation et en me posant la question qui chantait une pièce de musique vraiment excellente. Je crois que j’ai passé une semaine au travail à écouter tout ce qui bouge de lui sur Internet. Quand j’ai su qu’il y avait une compilation de ses œuvres qui sortait au RSD, j’ai eu à sauter dessus à pieds joints avec un ooooh maille god!

Et ce disque, contenant ses plus grands succès, est parfaitement enregistré. À la place de tenter de tout entrer un CD surplein sur un seul vinyle, Nonesuch a préféré le séparer en trois faces parfaitement matricées. Une des façons que je peux déterminer que les disques proviennent de bandes magnétiques est la façon que les pistes sont enregistrées sur le disque. On remarquera que les pistes sont très petites sur le disque, malgré son plein volume et leur qualité. Les bandes magnétiques ont en effet le bon goût de reproduire la gamme de fréquences sur lesquelles les disques vinyles sont parfaitement confortables à graver. Le disque peut donc sonner fort aérien, comme une tonne de briques, avoir toute l’émotion de la voix, des cuivres à couper le souffle, des pianos francs, des guitares avec une attaque nette et franches, mais rester campé dans un petit espace sur le disque, merci à la bande maîtresse magnétique. Ce n’est bien entendu pas toujours vrai, mais c’est un très bon indice quand même.

Avec bien évidemment le bruit de fond de ce dernier. Certaines pièces, et le CD d’origine s’en excuse, proviennent de vieilles bandes où le bruit de fond est omniprésent. La première pièce par exemple a beaucoup de bruit de fond, mais c’est évident que ça provient de la source. Pour le reste, le vinyle est très propre, très beau, la gravure de la 4e face est vraiment bien aussi, le disque est simplement in-cro-yable. Une des perles du RSD2017 à mon avis.

On achète si on aime Curtis Mayfield, The Neville Brothers, Eddie Bo, Tina Turner, The Staple Signers, Wilson Pickett, Rufus Thomas, Bill Withers.

2017: Mastodon – Emperor of Sand

Le Mastodon poursuit sa transformation vers le sludge avec leur dernier opus.

Album: Emperor of Sand
Artiste: Mastodon

En Test: 2017 Vinyle

Étiquette: Reprise Records
558742-1

Acheter le disque vinyle double chez Fréquences

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Un des bons groupes métal des années 2000 commet enfin une nouvelle production toujours plus hard. J’ai un respect pour les groupes ne restant pas dans leur même sonorité, qui poursuivent leur aventure musicale en changeant leur modèle, même si ce dernier est apprécié. On n’a qu’à penser à Depeche Mode qui est passé du new wave aux compositions synth-pop avec Violator à carrément du synth rock avec Songs of Faith and Devotion. Ou plus près du but, Iron Maiden avec un style Heavy Metal à travers leur carrière, mais modifiant beaucoup leur sonorité, ce qui fait que le vieux Maiden ne sonne pas du tout comme le nouveau. Mastodon c’est un peu la même chose, passant de stoner-prog à sludge-prog au fur et à mesure de leurs disques. Les fans peuvent détester, ils peuvent perdre le groupe qu’ils aimaient, c’est l’envers de la médaille. Mais on ne peut toutefois jamais dire de ces groupes qu’ils ne sont pas honnêtes artistiquement parlant, ils font la musique là où ils sont rendus et c’est tant mieux comme ça.

Justement, ce disque est presque trois disques en un. Les chansons de la première face sont presque plus traditionnelles heavy metal. Ensuite on a droit à du sludge pour les quatre autres chansons, beaucoup plus hard. Et finalement on a droit à trois chansons avec des collaborations avec la finale, Jaguar God, presque un retour aux sources stoner de Mastodon.

Et est-ce que le disque vinyle est bon? Généralement parlant, le disque a été matricé avec beaucoup d’amour (à la Casa de Amor – je devais la faire – désolé!), l’endroit de prédilection de Mastodon, Pearl Jam et de quelques autres groupes. C’est clair que ce n’est pas la même matrice que la version CD, ils ont pris le temps de faire un master spécial pour le vinyle avec toute la force du vinyle, des basses présentes, des fréquences fortes, une compression adaptée au vinyle. Chapeau pour le travail de qualité. Reste qu’il est très très compressé, ils sont partis du master fait pour le CD par le band lui-même, qui était déjà dans le tapis. Les chansons devenant de plus en plus fortes à mesure que le disque avance, j’ai eu de plus en plus de misère à apprécier le disque. Je dirais que le point où ça a commencé à m’agacer est sur Word To The Wise (1-B2). Et le triste meilleur exemple est Jaguar God où tout est au même volume malgré une progression apparente, où chaque coup de drum fait basser les instruments secondaires, où le tout se termine justement en sludge de sons et non en une belle harmonie destructrice métal. Prenez exemple sur Quadrophenia (The Who) avec des mouvement hyper légers et d’autres incroyablement forts, pas juste le tout normalisé à 100%. Bon, s’écoute bien, mais dommage et aurait pu être mieux.

On achète si on aime Opeth, Slayer, Lamb Of God, Neurosis, Baroness.