Réédition 1991/RSD2018: Florian Fricke – …spielt Mozart

Tout ne peut pas être krautrock!

Album : Florian Fricke spielt Mozart
Artiste : Florian Fricke

V.O. : 1991; CD (Allemagne seulement); Bell Records; BLR 84 901

En Test : 2018 RSD; Vinyle double 45RPM (1000 copies)

Étiquette : One Way Static (distr. Light In The Attic); OWS28

Ce disque n’est hélas plus disponible chez Fréquences

Ce n’est pas rare que des musiciens s’intéressent à tous genres de musique. On peut le voir avec Justin Timberlake et sa passion pour la musique rap, partagée avec joie avec Jimmy Fallon. On peut aussi discerner la joie presque enfantine apparaître aux visages des grands de la pop lorsqu’ils découvrent ou font découvrir des artistes totalement hors champ. On se rappellera aussi la joie d’entendre Marc Hervieux chanter des pièces populaires au karaoké, ou les albums disco d’André Gagnon et les albums de réinterprétations de succès populaires d’Angèle Dubeau. J’aime beaucoup rappeler aux gens que lorsqu’on aime la musique, on aime la musique! Pas seulement un genre! On peut trouver un côté esthète absolument sublime à l’introduction de I’m Like A Bird de Nelly Furtado, voir le côté totalement classique de la guitare de Nothing Else Matters de Metallica. Un musicien est d’abord un amateur de musique. Florian Fricke n’est pas du tout une exception.

Le groupe de musique krautrock Popol Vuh est reconnu à travers le monde pour son apport à la musique dès la fin des années 60 jusqu’à la mort de son créateur, Florian Fricke (1944-2001). On se rappellera entre autres la filmographie de Werner Herzog, qui possède plus d’une trame sonore de ce grand groupe musical. Le groupe a démarré sa vie avec Fricke d’abord aux synthétiseurs Moog, ensuite au piano. Il a d’ailleurs étudié le piano aux conservatoires de Munich et de Freiburg. Ce n’est donc pas inusité d’avoir un disque de musique purement classique avec Fricke au piano. Je me limite beaucoup à son propos, mais je vous invite à explorer son extraordinaire univers musical, parfois liturgique, parfois païen, parfois collaboratif (Amon Düül, Tangerine Dream), parfois carrément disjoncté avec des explorations dans le monde du jazz libre.

Dans cet album, on retrouve deux sonates, un rondo et un adagio de Mozart. Pièces relativement connues du répertoire mozartien, elles sont parfaitement interprétées, peut-être d’une façon un peu monocorde, mais avec la fougue d’un passionné qui peut enfin se permettre de jouer les pièces du monde lyrique préromantique de Mozart qu’il apprécie particulièrement. En fait, avec toute la qualité du monde, sur un disque double à 45 tours, avec un prix dérisoire pour un tel album, c’est un peu le problème lié à l’album : il est monocorde! Beaucoup de la complexité d’amplitude est reléguée aux oubliettes, aux dépens d’un volume un peu trop normalisé pour moi. Ça et quelques débris bien collés sur le disque (tout le monde, à vos appareils à nettoyage) font que ce n’est pas un grand disque. Ça va tout de même rester un très grand disque historiquement parlant, mais j’ai un doute que la source du disque n’a pas permis de rendre justice à la qualité de la musique. Sinon c’est un très beau disque à écouter et à chérir dans sa collection!

Réédition RSD2017: The Allen Toussaint Collection

Un petit disque en retard pour la folie du RSD. Est-ce que ça valait la peine d’attendre?

Album: The Allen Toussaint Collection
Artiste: Allen Toussaint

V.O.: 1991 CD
Reprise Records, Nonesuch, 926549-2

En test: 2017 Vinyle double (3 faces), Record Store Day

Étiquette: Reprise Records, Nonesuch
26549-1

Ce disque n’était disponible qu’en édition limitée au Record Store Day, hélas Fréquences n’en a pas eu des tonnes de copies, et les a reçues en retard. Sautez dessus en vente en-ligne avant qu’il ne soit plus achetable… ou demandez à votre disquaire directement leur opinion sur le sujet.

Si on parle de soul pop, on parle de feu cet artiste incroyable de la Nouvelle-Orélans. Ce n’est pas qu’un artiste, c’est l’artiste soul. Panthéon du Rock & Roll, panthéon des auteurs, carrière à succès habituellement en arrière-plan et en composition avec les plus grands musiciens, carrière à succès avec ses propres disques. C’est un peu le Burt Bacharach du soul américain. Après une longue carrière dans le monde de la musique, il est décédé fin 2015 lors d’une tournée mondiale.

Malgré ses succès, une belle voix, des talents indéniables d’auteur-compositeur-interprète, malgré qu’il ait été producteur des plus grands et de leurs succès, il reste relativement méconnu. En fait, il faut avoir eu une introduction sur Allen Toussaint avant soudainement de se rendre comme à côté de quoi on est passés. Mon introduction a été faite il y a deux ans, en écoutant une compilation et en me posant la question qui chantait une pièce de musique vraiment excellente. Je crois que j’ai passé une semaine au travail à écouter tout ce qui bouge de lui sur Internet. Quand j’ai su qu’il y avait une compilation de ses œuvres qui sortait au RSD, j’ai eu à sauter dessus à pieds joints avec un ooooh maille god!

Et ce disque, contenant ses plus grands succès, est parfaitement enregistré. À la place de tenter de tout entrer un CD surplein sur un seul vinyle, Nonesuch a préféré le séparer en trois faces parfaitement matricées. Une des façons que je peux déterminer que les disques proviennent de bandes magnétiques est la façon que les pistes sont enregistrées sur le disque. On remarquera que les pistes sont très petites sur le disque, malgré son plein volume et leur qualité. Les bandes magnétiques ont en effet le bon goût de reproduire la gamme de fréquences sur lesquelles les disques vinyles sont parfaitement confortables à graver. Le disque peut donc sonner fort aérien, comme une tonne de briques, avoir toute l’émotion de la voix, des cuivres à couper le souffle, des pianos francs, des guitares avec une attaque nette et franches, mais rester campé dans un petit espace sur le disque, merci à la bande maîtresse magnétique. Ce n’est bien entendu pas toujours vrai, mais c’est un très bon indice quand même.

Avec bien évidemment le bruit de fond de ce dernier. Certaines pièces, et le CD d’origine s’en excuse, proviennent de vieilles bandes où le bruit de fond est omniprésent. La première pièce par exemple a beaucoup de bruit de fond, mais c’est évident que ça provient de la source. Pour le reste, le vinyle est très propre, très beau, la gravure de la 4e face est vraiment bien aussi, le disque est simplement in-cro-yable. Une des perles du RSD2017 à mon avis.

On achète si on aime Curtis Mayfield, The Neville Brothers, Eddie Bo, Tina Turner, The Staple Signers, Wilson Pickett, Rufus Thomas, Bill Withers.