Réédition 1982-2018: Haruomi Hosono – Philharmony

Le premier disque du géant de l’électro japonais, réédité pour nous!

Album : Philharmony
Artiste : Haruomi Hosono

V.O. : 1982; Vinyle; Yen Records; YLR-28001

En Test : 2018; Vinyle en encart

Étiquette : Light In The Attic; LITA 170

Les disques de la série de réédition de Haruomi Hosono étant fort volatiles, il est préférable d’appeler Fréquences directement afin de voir s’il est possible d’obtenir ces disques en édition fort limitée.

Haruomi Hosono est un monstre de la musique japonaise. On ne parle pas que d’un simple quidam, on parle de quelqu’un qui a roulé sa bosse depuis le début des années 70 dans différents styles avant du folk à la musique d’ambiance, avant de s’intéresser de plus en plus à la musique électronique. À la fin des années 70, il fonda le groupe Yellow Magic Orchestra, groupe de musique synth-pop ayant eu un très grand succès au Japon. En 1983, ils arrêtèrent temporairement leurs activités avec Hosono qui démarra son propre studio d’enregistrement et son étiquette de disque. Libre de créer, il sortit quelques disques d’expérimentation synth-pop, dont le premier est Philharmony.

OK, il faut avouer que ce n’est pas facile de décrire ce disque. Ce n’est pas du synthé bonbon, mais en même temps, oui. Ce qui est certain, c’est que ce premier disque n’est pas égal du tout. Chaque pièce musicale est son petit univers. Faisons le tour de quelques faits saillants de la première face :

Picnic, qui fait penser à un précurseur d’Opus 4 de The Art of Noise dans son côté naïf. D’ailleurs, Platonic aurait pu être une très bonne pièce de AoN.
Funiculi Funicura, exploration synthé sur le thème classique de Denza.
Luminescent/Hotaru, qui a clairement servi d’inspiration à Geinō Yamashirogumi pour la trame sonore au film d’animation séminal Akira de 1988.

Je pourrais continuer avec la deuxième face, avec des inspirations New Wave, des pièces plus pop, un Living-Dining-Kitchen clin d’œil à Autobahn de Kraftwerk. Bref : soit il y a des inspirations sur des grands courants ou des grands compositeurs, soit le disque d’Haruomi Hosono a servi d’inspiration à une génération de musiciens.

Côté qualité, bref ce que vous voulez savoir, eh bien c’est un Light In The Attic, ils ont tendance à ne pas faire les choses à moitié. Le disque est très propre (à part une petite usure de matrice sur Picnic dans ma version), la qualité est plus que franche, les fréquences sont bonnes et franches, et on sent que lorsque c’est plus sourd, c’est la faute aux rubans d’origine. En même temps, il y a un peu de bruit de fond, mais avec un tel genre musical qui tend à exacerber des fréquences précises dans un univers stéréophonique, c’est très facile pour un disque de perdre ses moyens. Je n’en fais pas rigueur outre mesure, mais ce n’est pas parfait. N’empêche que quand je vois des disques en réédition qui sont des mauvaises copies, avec aucune information supplémentaire dans une pochette faite à la va-vite, quasi photocopiée, je regarde un tel disque, sorti en encart avec les paroles, une belle stylistique, un obi, un livret avec un interview de 10 pouces, une déférence au matériel et une joie de sortir un tel disque, je me dis que c’est pour ça que parfois, j’aime les rééditions.

2018: MGMT – Little Dark Age

Un 4e album en New Wave!

Album: Little Dark Age (LDA)
Artiste: MGMT

En Test: 2018 Vinyle double en encart

Étiquette: Columbia
88985476061

Acheter le disque vinyle double chez Fréquences

Acheter le CD chez Fréquences

The Management sort un quatrième album en dix années. Le Groupe pop-rock du Connecticut a eu une ascension fulgurante après sa signature avec Columbia en 2006 et la sortie de son premier album officiel, Oracular Spectacular en 2008, avec un remix de la part du groupe Justice, des mentions des magazines Spin et Rolling Stones, des Grammy, nommez-en, en voilà! Pour les admirateurs les suivant, ils n’ont pas été de tout repos. Démarrant en synthé-pop avec des accents rock, ils se sont progressivement dirigés vers le rock psychédélique, avant Little Dark Age, où ils retournent à toutes leurs sources, ce que je pourrais décrire comme du New Wave.

Little Dark Age, un bonbon pop rock avec de beaux relents indie, met toujours en vedette les deux instigateurs, Andrew VanWyngarden et Benjamin Goldwasser, ce qui est une joie et une surprise. Les deux albums précédents n’ayant pas eu le succès au guichet qu’ils avaient escompté (malgré qu’ils soient excellents dans leurs styles respectifs), le groupe s’est officieusement séparé, le duo déménageant dans des villes différentes. Après quelque temps, et le climat politique aidant avec l’élection du dernier président des États-Unis, l’inspiration est revenue et le goût de produire un nouvel album s’est fait sentir. Ils travaillèrent à distance quelque temps avant de se rejoindre afin de terminer cet album.

Côté qualité, ils auraient pu choisir de tout graver sur un seul disque vinyle sans aucun problème, avec une vingtaine de minutes par face. Ils ont toutefois décidé d’y aller pour le maximum de qualité, avec deux disques dont la gravure est impeccable. Lorsque Columbia se donne la peine, ils réalisent des disques avec une très bonne gravure. Par exemple, on se rappellera RAM de Daft PunkLDA, de MGMT, est dans la même veine de gravure effectuée avec déférence. Le mandat envoyé à Greg Calbi pour le matriçage est définitivement d’opter pour la qualité, et la gravure de ma copie est parfaite. À noter que la version européenne et la version américaine de la gravure semblent différentes selon Discogs, je ne peux donc me prononcer sur toutes les versions. Seul désavantage d’une telle gravure: il faut changer de face aux deux-trois chansons.

[NDLA, un petit écart de conduite de ma part, je me concentre à faire connaître les groupes, les albums nouveaux et anciens, et surtout la qualité de la gravure du disque vinyle, est-ce que ça vaut la peine d’acheter un disque en vinyle. Je me prononce rarement sur mon opinion envers ce qui est gravé sur le disque, sauf à quelques exceptions, comme ici. Je dois mentionner que malgré que j’aime beaucoup le disque et le groupe en général, je déteste pour mourir l’effet detune, que le groupe utilise sur ce disque, au point d’en gâcher mon écoute. C’est moi, on ne peut plaire à tous!]

Remaster 2014/1990: Depeche Mode – Violator

Depeche Mode, réédité

Album : Violator
Artiste : Depeche Mode

V.O. : 1990 Vinyle
Mute STUMM 64

En Test : 2014 Vinyle en encart 180g

Étiquette : Rhino Records, Reprise Records, Sire, Mute
WBA1-233980

Acheter le disque vinyle chez Fréquences

Acheter le CD chez Fréquences

Durant mon enfance, j’écoutais surtout du classique. Jusqu’à 14-15 ans, il y avait le 100.7 FM et beaucoup de disques de classique… Oh et du disco et pop-rock du temps de mes parents, ainsi qu’un peu de musique actuelle – merci Myra Cree, d’avoir bercé mes nuits à écouter de la musique avec « l’Embarquement pour si tard » – le reste ne m’intéressait pas trop. Ceci est le disque qui m’a fait découvrir qu’il existait autre chose! C’est celui qui a fait le lien entre le pop 70’s, la musique électronique et actuelle et les courants modernes. C’est le disque qui m’a fait découvrir que les jeunes de mon âge dansaient sur de la musique qui découlait de Pierre Henry et du rare Kraftwerk fin-70 que j’entendais parfois à 2 h. C’est le chaînon manquant dans ma conception musicale. Si ça s’usait, j’aurais usé à la corde mon CD de ce disque!

En lisant l’histoire du disque, c’est normal ! Flood a travaillé avec le groupe, bien entendu, mais surtout le montage final du disque a été produit par François Kevorkian qui avait collaboré avec Kraftwerk pour Electric Café quelques années auparavant. Il a non seulement fait le matriçage et le montage des pièces et de l’album, mais il a pris un rôle actif en proposant suggestions et idées, donnant une couleur sortant des sentiers battus de Depeche Mode, qui avait des compositions de danse plus touffues et électro.

Et pour cette version ? On a droit à une version légèrement retravaillée du matériel d’origine, avec Mike Marsh aux commandes de la gravure. Une déférence maladive a été appliquée au matériel. C’est exactement comme ma version CD d’origine, je retrouve mes vieilles godasses, rien d’enlevé, juste du bonbon. Des petites différences d’égalisation ça et là, on sent parfois le compresseur se faire légèrement aller (exemple minime, à la fin de Enjoy The Silence, juste avant le fondu vers le silence, les instruments réagissent à une maximisation intempestive), mais c’est si peu. La voix est un peu réduite à certains moments. En écoute comparative, le vinyle gagne partout (sauf pour le popcorn). Au prix où est cette réédition, il n’y a pas de raison de ne pas l’acheter!

Ah si, il y a quelques raisons — selon ma recherche après l’écriture, il semble que certains disques soient décentrés et que d’autres aient un problème de qualité — peut-être que Rhino a réglé le problème sur les copies plus récentes ou peut-être que j’ai été simplement chanceux, mon disque est superbe.

On achète si on aime Erasure, Pet Shop Boys, New Order, Ultravox.