RSD 2016: Bamboo Records

Le Japon en Punk Rock!

Albums :

  • Sixties Japanese Garage-Psych Sampler (BAMLP7012)
  • Monster A Go-Go Volume One (BAMLP7013)
  • Big Lizard Stomp! Volume Two (BAMLP7015)
  • Slitherama! Volume Three (BAMLP7016)

V.O. : À lire plus bas

En test : Éditions colorées RSD 2016

Étiquette : Bamboo

Mea Culpa. Ce n’est pas évident de rester du bon côté de la légalité. L’étiquette Bamboo est hélas une étiquette pirate. À ce jour, James Plummer, le propriétaire de Bamboo, a produit des disques de l’étiquette Radioactive, ensuite de l’étiquette Fallout, ensuite Phoenix Records, Erebus Records et finalement Bamboo Records. Les disques dans cette critique sont de Bamboo Records.

Mais pourtant, ce sont des disques de haute qualité! Disques 180 g, colorés, logo du MCPS de Grande-Bretagne pour les droits, numérotés, signés, vendus avec l’aval du Record Store Day. Ce n’est pas rien, ce sont de très beaux disques. La musique qu’ils contiennent est aussi excellente et méconnue. Il s’agit de disques impossibles à trouver, des 500-1000 $ par disque, des items de collection, le tout réimprimé pour le bon plaisir de toutes et tous. Leur dernier disque en règle du RSD 2017, était celui de Ike Reiko : You, Baby. Encore le même principe, les artistes n’auront aucun sou de ces entreprises.

De la légalité à trois niveaux… Je dois avouer que tout personnellement (je n’entre pas Fréquences dans le lot – c’est mon opinion toute personnelle), je suis ambivalent sur l’illégalité des produits.

Lorsqu’un artiste comme Danger Mouse nous commet un The Grey Album qui secoue les fondations musicales; lorsqu’un courant entier musical a comme base un échantillon d’album louche de Michael Viner; lorsque ce même courant musical utilise comme base des échantillons de disques afin de créer de nouvelles chansons; lorsqu’on sait que les droits d’auteurs sont étendus pour plus de 75 ans aux États-Unis, rendant caduque l’idée même de domaine public, c’est certain que ça casse un peu l’idéologie rectiligne.

Aussi, lorsque les possesseurs des droits d’auteur d’œuvres décident de ne rien en faire et les rendent inaccessibles virtuellement et inutilement, je dois dire que la nature va trouver un moyen. Quand ce disque de Reiko se vend aux alentours de 100 $ en V.O., lorsqu’il est quasi impossible trouver les artistes d’origines en V.O., lorsque les disques d’origine se vendent plus de 500 $ parfois, on peut quand même débattre le côté immoral de la loi.

Et en plus, il semble plus facile d’attaquer les individus que les grands ! Pourquoi attaquer une étiquette qui fait des produits illégaux à la chaîne? C’est tellement des procédés légaux incroyablement longs et ardus, avec les droits internationaux par-dessus le marché. Oufff.. Non à la place, on va laisser les alias de Radioactive se faire aller, on va laisser aller l’étiquette SM (Sonmay Recordings de Taiwan) nous fournir des disques qu’on peut acheter tout à fait légalement dans des commerces. Mais on va poursuivre les gens qui ont une collection de musique illégale à la maison. Le plus ridicule : si j’achète tous les disques en Radioactive et en SM, je ne me ferai pas poursuivre… mais si j’ai préféré les obtenir par Internet, ah là, je me fais poursuivre. C’est le monde à l’envers de la criminalité qui a la paix et les citoyens qui en payent le prix!

Un n’empêche pas l’autre, bien entendu, mais présentement, c’est le monde à l’envers.

Par contre, là où je suis intraitable, quand on veut faire de l’argent, c’est qu’il faut au moins essayer d’être légal. Et l’étiquette Bamboo n’essaie même pas. Le disque de Ike Reiko est une copie de la version CD de 2005 (très bonne sonorité, mais ça provient du CD, alors achetez donc ce dernier à la place – à 60$ – si vous aimez la sonorité). Les disques volume 1 à 3 sont des disques copiés d’une copie déjà illégale de 1990 par Planet X. Le disque Sixties est une copie de la version illégale de 1987 par Corumbia (ça ne s’invente pas comme nom!), ce dernier valant d’ailleurs un prix d’or, et les artistes n’ayant pas plus un seul sou de ses profits. Ces quatre derniers n’ayant jamais eus droit à des versions CD, ce ne sont que des vulgaires needle drop. Encore pis, ce sont des needle drop de needle drop parce qu’aucun de ces artistes n’avait même fait affaire avec Planet X ou Corumbia pour leurs produits finaux, alors les sources sont carrément leurs 33 tours d’origine! Alors les quatre disques en photos n’ont pas une qualité si exceptionnelle que ça. C’est passé au declick et au denoise. N’empêche qu’aux premiers abords, les disques ont une assez bonne sonorité, mais lorsqu’on compare à une collection réputée, telle que les Punk 45 de l’étiquette Soul Jazz Records, on voit immédiatement la différence.

Je vous invite quand même à aller voir les opinions du Numero Group, étiquette qui font dans les rééditions légales, sur ce sujet il y a près de 10 ans : « A Pimple on the Ass of the Record Business » et « Help us Beat the Bootlegger ».

NDLA : L’idée que Radioactive et alias, ainsi que SM Records, sont des étiquettes de copies pirate, ce n’est pas mon idée originale. Il s’agit en fait d’une recherche que j’ai réalisé sur l’étiquette que je ne connaissais pas à l’origine. J’ai vu que Numero Group portait des accusations sérieuses sur Radioactive, j’ai aussi vu que même Discogs considère leurs produits comme des copies, au point où ils refusent dorénavant de les vendre à travers leur site (tout comme les produits de SM Records).

Rééditions justifiées? Oui. Mais légales!