Le comment du pourquoi: Comparatif Mono ou Stéréo 1972

Dans ma collection, j’ai deux fois les boîtiers de La Belle Époque du Swing 1936-1946, collection du Reader’s Digest de 1972. En fait, j’ai une copie en mono et une copie en stéréo. Le matériel est identique, date de la même année de production, mais une est proposée en mono et l’autre en stéréo.

Y a-t-il vraiment une différence entre les deux? Y a-t-il une différence entre le produit stéréophonique versus monophonique. Et supposons que j’utilise une aiguille 78 tours monophonique, est-ce que j’y gagne?

Dans l’histoire musicale, il faut savoir que le matériel stéréophonique arriva beaucoup plus tard que le matériel mono. L’utilisation des bandes sonores a bien entendu énormément aidé, les premiers disques étant enregistrés directement sur disque de cire. Les premiers enregistrements à deux pistes étaient produits à travers des systèmes de bobines magnétiques ainsi qu’avec du film de cinéma. Ceci arriva bien après la seconde guerre mondiale.

Album: La Belle Époque du Swing, Mono

En Test: Compilation en 7 disques, 1972

Étiquette: Reader’s Digest
619-FM

Le matériel qui nous est présenté est donc, par défaut, mono. La version stéréo a du être produite à l’aide d’artifices. Il est d’ailleurs indiqué «réalisé électroniquement» sur les disques. Quelle est la façon la plus simple de produire un rendu stéréo? Appliquer un filtre de fréquences, envoyer certaines fréquences à gauche et d’autres à droite. C’est ce qu’on a droit ici. À peu de choses près, la basse à droite, les aigus à gauche.

Une des raisons pour lesquelles j’ai pris ce matériel est qu’il est relativement neutre. Les Beatles ont eus droit à une réédition mono et stéréo mais le matériel n’est pas le même. Les fanatiques ont raison de débattre entre une version mono ou stéréo pour chaque album, voire chaque chanson! Tandis qu’ici, c’est la même chose.

Album: La Belle Époque du Swing, Stéréo

En Test: Compilation en 7 disques, 1972

Étiquette: Reader’s Digest
619-FS

Et c’est comment au juste, une version retravaillée? Soyons francs, c’est la même chose, c’est la même musique. Ça reste réalisé à travers la même bande d’origine, la différence, c’est que les instruments vont dans tous les sens. On entend la basse et la grosse caisse à droite, on entend les instruments de solos habituellement à gauche, et à mesure que les musiciens changent de fréquences, les fréquences vont d’un bord à l’autre, comme s’ils étaient en spectacle et qu’ils se déplaçaient lors de leurs solos.

Pour la version mono, pas retravaillée, c’est mieux? Pour mes oreilles, la version mono est définitivement meilleure. Non, on ne possède pas une version nous enveloppant, mais la source unique de musique sied parfaitement au résultat. On peut entendre tous les détails de reproduction, la qualité est là, comme on s’en rappelle avec les vieux 78 tours! Même le kissing du ruban y est! … … minute, il n’y avait pas de kissing de ruban parce qu’il n’y avait pas de rubans entre 1936 et 1946! Alors d’où provient ce kissing?

Remontons donc d’une étape… voyons les générations! Si vous n’êtes pas familiers avec le terme génération, il s’agit du nombre de copies qu’il y a eu avant qu’il n’arrive à votre disque vinyle.

Prenons un exemple typique d’un grand groupe des années 70: Un studio enregistre une chanson sur un ruban (1ère génération), il est mixé sur une bande maîtresse sur un ruban 1po (2e génération). Une personne réalise la version telle qu’on devrait l’entendre sur le disque, s’assurant que chaque face a la bonne quantité de matériel, que les fréquences sont acceptables pour une gravure vinyle, et qu’il y a juste assez de matériel par face (3e génération). Ce ruban est copié à plusieurs reprises afin d’être envoyé aux différents pays pour la réplication dans leurs manufactures respectives (4e génération). Dans chaque manufacture, un ingénieur de gravure prend son temps afin de réussir à réaliser le meilleur enregistrement possible et grave un disque positif sur de la laque très sensible (5e génération). Le disque est ensuite immédiatement moulé à l’aide d’un procédé de galvanoplastie électrique et une version négative maîtresse est produite (6e génération). Cette version négative maîtresse s’appelle le “père” et c’est la première version durable du disque qui est produite. Ensuite, un disque “mère” est créé à l’aide d’un procédé de galvanoplastie similaire (7e génération). Ce disque peut être écouté afin d’y déceler des défectuosités. Si tout est beau, le disque est utilisé afin de produire des stampers, des moules de gravure, encore une fois par galvanoplastie (8e génération). Ce disque négatif, enfin, est utilisé afin de créer votre disque que vous écoutez chez vous (9e génération). Si vous l’enregistrez sur une cassette, vous allez avoir créé une 10e génération.

Chaque génération ajoute son lot d’imperfections. Chaque génération enlève de la qualité à votre produit final. Si on prend le procédé DMM (Direct Metal Mastering), on vient de couper le nombre d’étapes de deux générations, vu que le système utilise des électroaimants beaucoup plus performants, un courant élevé et une pointe beaucoup plus solide afin de graver un disque mère directement.

Si je regarde ce disque, il faut remonter aux 78 tours. Disque de cire (1), galvanoplastie du père (2), galvanoplastie de la mère (3). Probablement que les étiquettes ont pris cette version directement afin de les enregistrer sur une bande maîtresse (4). La bande a été vendue et une personne a fait une seule bobine de ruban magnétique avec tout le matériel en ordre en le recopiant avec des volumes normalisés (5). Un ingénieur à la gravure a ensuite pris le tout et a créé des rubans magnétiques de la bonne longueur par face d’enregistrement (6). Cet enregistrement a été utilisé afin de créer la gravure (7), le père (8), la mère (9), qui a été envoyé aux différents pays afin d’avoir les stampers (10) et enfin le disque (11).

Et si j’écoutais une version originale? Je n’ai hélas pas de swing en version 78 tours chez moi. Le plus près que j’ai dans les mêmes années, c’est du fox-trot, avec Artie Shaw et Billie Holliday.

Album: Any Old Time / Back Bay Shuffle
Artiste: Artie Shaw and his Orchestra (Billie Holliday: Any Old Time)

En Test: 1938, Vinyle 78 tours (gomme-laque)

Étiquette: Bluebird
B-7759

Je vais le répéter à chaque fois que je vais vous parler des 78 tours: n’écoutez jamais vos disques 78 tours avec une aiguille moderne! Ils ne sont pas faits pour les disques 78 tours, qui sont beaucoup plus solides que les disques mous modernes. En plus, parfois, ils contenaient de la silice (du sable) afin de s’assurer que votre disque reste en parfait état tandis que votre aiguille, elle, prenne le coup dur. Après tout, une pointe d’aiguille, c’est remplaçable tandis que votre disque est irremplaçable! Alors imaginez si vous utilisez une belle aiguille d’un millier de dollars de quelques microns d’épaisseur qui rencontre par hasard un beau gros grain de sable… Non non, achetez-vous une aiguille 78 tours de qualité, et assumez que vous devrez la remplacer éventuellement.

Eh bien je vais vous dire bien honnêtement, la qualité est environ dix fois meilleure! Oh j’exagère… 20 fois pire parce que mon disque est un peu massacré par la vie. Sinon, sa qualité serait de beaucoup meilleure à ce qu’on a pu me donner dans cette compilation! Si j’y vais avec un filtre RIAA de base, je vais avoir une qualité très correcte. Si vous prenez le temps d’utiliser un filtre 78 tours optimisé pour le disque que vous écoutez, et si en plus votre table tournante permet de modifier la vitesse d’écoute (parce qu’un 78 tours n’était pas toujours 78 tours, il pouvait varier de 60 tours par minute à plus de 88 tours par minute!), vous allez avoir une bien meilleure qualité que n’importe quel disque de compilation… en tenant compte que vous avez le matériel: l’aiguille spécialisée, une table tournante supportant le 78 tours, un disque en parfaite condition, les bons filtres, le temps de tout travailler ça, etc.

En d’autres mots: la compilation a du bon!

Et si par hasard j’écoutais la compilation en 33 tours monophonique sur mon aiguille 78 tours? Tout ce que je vais gagner, c’est une perte de qualité. Mais j’aurai essayé!

Lien externe: Site donnant une liste de beaucoup des étiquettes et des correctifs de fréquences à appliquer.

Extrait de mon disque avec du vécu (Any Old Time de Artie Shaw avec Billie Holliday)

Extrait de mon disque n’ayant pas de vécu (Summertime de Sam Cooke)

Quelques petits mots pour la fin. Certains disent que le mono est meilleur que le stéréo à cause qu’il n’y a aucun problème de phase. En plus, une technique infiniment simplifiée de gravure et d’écoute qui limite la complexité des appareils.   Et bien entendu, comme les enregistrements étaient habituellement en direct, on saute beaucoup de générations d’enregistrements afin d’arriver à l’essentiel. J’avoue que l’idée a du bon. En fait, je vais dire qu’un bon disque mono peut battre à plate couture un disque stéréo, en tenant compte que le matériel a été produit pour mono. Sortez-moi des artifices stéréo et je vais me plaindre. Les exemples d’exercice de style stéréophoniques des années 60, avec les canaux totalement séparés, c’est difficile à écouter. Et d’autres disques, comme ceux de The Art of Noise, ils se doivent d’être en stéréo, sinon ils perdent tout leur sens. N’essayons pas de modifier le passé, laissons-le parler en toute simplicité.

 

Concept cinq minutes: De la Coloration et des Hommes

J’entre de plain-pied dans l’univers audiophile afin de vous convaincre que le disque vinyle est résolument supérieur (et de beaucoup) au CD; pourquoi c’est une superbe nouvelle que les cassettes audio font leur retour; pourquoi ça vaut la peine de se payer des fils audio à 600 $.

Mesdames et messieurs et ceux entre les deux, je vous présente votre oreille. La meilleure façon que je peux vous parler de votre oreille, c’est de faire comme si cette dernière est en deux parties. Il y a d’abord le micro et ensuite il y a le rack à effets.

Votre microphone, c’est votre tympan. À votre naissance, il débute sa vie habituellement en parfait état, lisant toutes les fréquences parfaitement, d’une 20aine de Hertz à 20KHz. Comme n’importe quel microphone, il est optimisé pour quelques tâches. Habituellement, on pourrait dire communiquer avec les autres. Allons-y Néandertal : chasser, ne pas être chassé, bref pouvoir lire son environnement immédiat. Il a quelques fonctionnalités sympas, dont celle de fonctionner adéquatement dans l’eau.

Vos effets, c’est la gestion du signal qui est fait au préalable dans votre cerveau. On a tout d’abord un système de compresseur-limiteur intégré qui fait qu’on sursaute quand il y a beaucoup de son d’un seul coup, qui nous permet d’écouter des chuchotements à l’oreille (chéri, approche-toi) tout comme des bruits très forts (JE T’AIME!). On a aussi un système d’égalisation multibande qui fait qu’on s’habitue aux fréquences basses, médianes, hautes et va les adapter selon ce que notre oreille va nous donner. Alors même si on devient dur de la feuille à mesure que les années passent, le compresseur va faire son travail et on ne s’en rendra pas (trop) compte. Même si on perd l’usage de certaines fréquences après que votre bébé vous ait pleuré dans l’oreille droite durant une heure, on va s’en rendre compte dès les premiers instants, mais on va s’adapter.

Tout ça pour dire que nos oreilles ne réagissent pas de la même façon pour une personne ou une autre. Ma fiancée a un problème d’audition, porte un appareil auditif, et la meilleure façon que je pourrais décrire son problème est que son égalisateur de fréquences est constamment dans le tapis. Alors dès que des sons trop aigus arrivent, elle a mal aux oreilles bien avant moi qui suis pourtant considéré comme ayant une bonne audition. Pourtant, ça devrait être le contraire, la personne sourde qui n’a pas mal aux oreilles et la personne ayant des oreilles normales qui se fait agresser.

C’est un peu la même chose avec absolument toutes les composantes de votre système de son. Chaque composante va y apporter son lot de filtres, de modifications, de tessitures sonores, de bruits, d’incapacités, de forces. Et la composante la plus pure n’est pas nécessairement la meilleure. Nous vivons dans une belle période de la haute fidélité où nous avons atteint une perfection relative, à un point tel où nous devons décider, afin d’avoir une meilleure sonorité, de réduire dans la qualité. Aujourd’hui, nous arrivons de façon empirique et avec des appareils spécialisés à capter des fréquences de quelques centièmes de hertz, à pouvoir capter près du mégahertz. Pour toutes ces fréquences, nous avons plus d’une centaine de milliers de niveaux de volumes. Nous en sommes au point où nous pouvons déceler les changements de pression acoustique dans une pièce, où un avion qui déchire l’espace (désolé du ver d’oreille) va se faire entendre dans le bruit de fond d’une captation en salle acoustiquement neutre malgré la présence d’un orchestre symphonique entier.

Même chose avec l’enregistrement. On est rendus, avec le format DXD, à des fréquences inouïes qui dépassent largement le seuil de l’écoute des humains. La résolution numérique est à un point de qualité tel qu’il est impossible de déceler sa plus petite composante. Les amplificateurs peuvent dorénavant cracher amplement de signaux pour nous rendre sourds tout en gardant assez de qualité pour faire jouer en toute subtilité quelque chose d’inaudible. Les haut-parleurs scientifiques sont rendus tout aussi incroyables. Le nirvana!

Et pourtant…

Cette captation parfaite est déstabilisante, troublante. Elle réduit la qualité inhérente d’un enregistrement. Les extrêmes graves sont coupés des enregistrements à cause de l’énorme place qu’ils occupent, leur difficulté d’être reproduits adéquatement, le tout pour une fréquence qu’on peut difficilement ressentir. Même chose pour les ultras hautes fréquences, où on débute à empiéter sur les ondes radio, où le microphone spécialisé capte les détecteurs de mouvements des systèmes d’alarme (avec un volume ridiculement fort d’ailleurs). Toutes ces fréquences se font capter au détriment de l’audio, à moins de savoir ce que l’on fait.

Des études en psychoacoustique ont démontré que les gens n’étaient pas capables de déceler la différence entre une source à haute résolution et un équivalent CD (Meyer, Moran, AES 2007; Archimago’s Musings). Elles ont démontré qu’à l’aveugle, une personne normalement n’était pas capable de déceler si une pièce musicale était en MP3 de haute résolution versus une copie parfaite du CD (étude McGill), mais qu’on peut s’entraîner à discerner ces différences. Encore plus drôle : il est plus facile de discerner les fréquences et les mouvements subtils lorsqu’il y a du bruit de fond! Et si vous désirez en savoir plus, cet article en anglais est excellent et décrit bien pourquoi trop de résolution peut être mauvaise (Neil Young – non pas le musicien! Le chercheur!).

Ouais bon OK hey là le scientifique de pacotille. Et toi, tu en penses quoi? Je suis relativement d’accord avec l’article de Young. Je considère qu’il y a beaucoup, mais beaucoup, mais vraiment beaucoup de choses à se préoccuper avant de considérer de la super haute résolution de fou sans perte ni coups sûrs. Un gros caca fumant version haute définition va quand même rester un gros caca fumant. Un producteur qui va te massacrer côté guerre du volume (voir mon premier article en janvier) et un musicien chanteur adepte de l’autotune qui prend des exemples sur Internet sans jamais comprendre ses logiciels enfichables audio, eh bien on risque de réduire d’une façon assez ridicule le besoin de quoi que ce soit de plus qu’un MP3 128Kbps.

Là où je suis moins d’accord, c’est lorsqu’il dit que la haute résolution est effectuée au détriment de la qualité sonore. Si c’est fait de façon bâclée, soit. Même moi je l’ai écrit plus haut! Mais si c’est produit d’une façon exemplaire avec des appareils exemplaires et une technique exemplaire, comme il se doit, je crois sincèrement que ça ne peut pas nuire. On ne pourra peut-être pas entendre mieux, mais on ne pourra jamais entendre pire. Et en cas de doute, en mettre plus! Tout comme on a réussi à bien faire sonner des CD avec une superbe résolution impeccable, on peut certainement passer outre les problématiques inhérentes à l’ultra haute résolution.

Je suis parmi les malchanceux qui ont entraîné leurs oreilles à entendre la compression. Et même moi, je vais être le premier à consommer des flux réseau de piètre qualité. Oui j’ai déjà fait l’encodage de AAC à 96 kilobits et ne pouvait que très difficilement voir la différence avec l’original parce que la source s’y prêtait.

Et tout ça pour vous dire que dans le fond, ce qui importe, ce sont vos oreilles! Retour au début de l’article. La sonorité qui importe, ce n’est pas l’hyper haute résolution folle avec des micros spéciaux ultras neutres dans un environnement ultra neutre. Toute cette neutralité n’est qu’une excuse de toute façon. La vérité en audio n’existe pas, je vous l’ai dit la semaine passée. Ce que tout bon musicien, tout bon producteur, tout bon audiophile recherche, c’est de plaire à ses oreilles. Et une fois qu’on a compris ça, soudainement, notre monde s’ouvre!

À l’intérieur du monde en dessin animé de Roger Rabbit : Les plus grands guitaristes aiment fréquemment les amplificateurs à lampe! Cet objet amélioré lors de la Seconde Guerre mondiale, la lampe, qui sert à amplifier l’électricité dans les vieux ascenseurs, qui servent encore à amplifier à peu près toutes les radios FM. Oui, la lampe qui éclaire encore parfois nos chaumières (en plus évolué quand même!). Mais pourquoi quand on possède un transistor qui réalise mieux avec moins de courant, moins de bruit de fond, plus de précision? Parce que la lampe offre une courbe de reproduction accentuant les sons faibles et compressant les sonorités fortes d’une façon naturelle. La courbe d’amplification en S donne une qualité au son qui sied bien notre oreille. En outre, on y retrouve une certaine chaleur, un bruit de fond et une imprécision très agréable à l’oreille. Très très agréable à l’oreille! Et oui, analytique en même temps; ces fréquences légèrement adaptées nous aide à mieux entendre notre musique de façon organique.

Les mélomanes aiment les vinyles, les bobines et les cassettes! Encore une fois, le vinyle possède une qualité organique indéniable. Même chose pour les bobines et les cassettes qui produisent des sonorités qu’on adore, le côté immédiat, mais feutré, la compression des sonorités fortes, l’aspect nuancé, la proximité du musicien, le léger bruit de fond nous permettant de mieux apprécier les sonorités légères, le côté feu de foyer réconfortant, mais aussi le côté hyper flamboyant et dans notre face. Des extrêmes, des antonymes qui se retrouvent tous dans un produit. Encore une fois : de la coloration! Je peux reconnaître parmi mille les sources provenant d’un ruban magnétique. Je peux reconnaître un vinyle jouant un CD ou une source numérique malgré le fait que cette dernière soit amplement meilleure que le vinyle. Coloration! On peut reconnaître parmi tous les micros quand quelqu’un utilise un Neumann U87 comme micro dans un enregistrement; les guitaristes sont des fanatiques absolus des SM57, micro bas de gamme s’il en est un, mais qui est utilisé dans tous les spectacles, dans tous les enregistrements. Co… lo… ra… tion!

Coloration même à travers votre ampli à transistors, vos écouteurs à 5$, votre lecteur CD, vos courbes de réponses en fréquences de votre décodeur DAC. Mais le moins de coloration possible pour vos moniteurs studio, le moins possible pour votre DAC de musicien, le moins possible pour votre ampli de studio. Ce n’est pas du tout le même but en studio que dans votre salon et le matériel d’un va rarement faire le saut à l’autre.

À l’intérieur de votre monde à vous! Votre système de son! Ce sont vos oreilles. C’est votre style de musique. C’est sur le format que vous préférez (Vinyle, CD, Streaming, MP3, la TV, Youtube, cassette, bobines). Rendu là, le gros questionnement est de savoir comment rendre votre musique avec la coloration que vous recherchez dans vos oreilles à vous. Chaque composante interagit avec d’autres, chaque composante a des forces et des faiblesses et c’est votre travail à vous que d’en trouver les implications. Un ampli à 50 000 dollars peut très bien avoir sa place avec un ensemble de haut parleurs rétro Minimus 7 de Radio Shack. Des haut-parleurs à 12 000 dollars peuvent très bien profiter de fils achetés chez Monoprice. Un système de haut-parleurs pour ordinateur Logitech peut parfaitement se transformer en monstre avec des fils à 600 dollars. Ou peut-être que votre ampli Bryston est ce que vous cherchez et rien ne pourra l’améliorer. Vous seuls détenez la vérité de vos oreilles avec votre style musical! Ne laisser personne vous influencer! Commencez par écouter votre musique objectivement. Posez-vous la question si ce que vous entendez vous plaît. Posez-vous la question selon vous, qu’est-ce qui pourrait améliorer votre qualité de musique. Est-ce que votre source est déficiente? Manque-t-il de basse, y a-t-il trop de présence? Est-ce que l’imagerie stéréo est adéquate? Allez écouter des systèmes de son de fou et faites la comparaison. Déterminez ce que vous aimeriez changer et surtout pourquoiEmpruntez des pièces d’équipement et tentez d’améliorer votre propre chaîne stéréo! Modifiez les positionnements, améliorez votre pièce d’écoute. Attention aux biais positifs, non peut-être que votre nouvelle cartouche de table tournante à un million de dollars n’est pas mieux (pour vous) que votre vieille Shure. Lisez sur le sujet, c’est passionnant! Bref: apprenez à vous connaître ainsi que de connaître votre chaîne et votre musique. C’est un investissement à long terme!

Chez moi, j’ai changé mes fils de connexion de table tournante parce que je les considéraient déficients. Je savais qu’il y avait une faille majeure là. Et le changement a été fort bénéfique. Étais-ce bien avant? Oui. Est-ce mieux aujourd’hui? Selon mon écoute et mon analyse, oui. Je retrouve moins de la basse pompante qui nuisait à mon écoute et j’ai une neutralité accrue sur les mid-hautes. Merci Câbles Luna pour l’excellente mise à jour! La coloration que leurs fils apportent versus celle de mes anciens cables est compatible avec ce que je recherche comme sonorité. Et à l’opposé, il faut aussi avoir la décence de se poser la question si réellement on voit une différence ou si c’est simplement qu’on veut tellement en voir une qu’elle finit par se matérialiser. Il faut aussi avoir la décence de se laisser du temps avec le nouveau produit et enfin revenir à l’ancien, par curiosité, et de redécouvrir avec le même biais positif ce qu’on avait auparavant. Peut-être que ces mêmes fils miraculeux pour moi n’apporteront rien à votre système … ou même être carrément mésadaptés!

Concept lettre ouverte: L’«arnaque» du RSD

J’aimerais prendre quelques minutes pour répondre à l’excellent article d’Anastasia Lévy «Le Record Store Day, ou l’arnaque de la rareté préfabriquée», sur Slate.

Tout d’abord, l’article donne un point de vue très éclairé et très diversifié du Record Store Day, de la part d’une passionnée de l’événement elle-même. On doit réellement passer court le titre-choc. Si vous prenez quelques minutes afin de lire l’article, vous allez vous rendre compte que la personne est une avide fanatique de disques vinyle pour ses propres raisons. Tant mieux! *choc* C’est un excellent article! Oui, moi, qui suis sorti avec 40 disques du RSD dont certains arrachés avec mes dents de mes confrères acheteurs de disques, oui moi qui remis plusieurs disques sur les tablettes pour changer ma sélection, qui ai laissé de bonne grâce deux de mes disques qui m’intéressaient réellement (Buddy Guy et Rush), je dis qu’il y a de l’arnaque et de la rareté préfabriquée!

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Concept cinq minutes: Le futur de la zique

Nous sommes réellement choyés de vivre dans une si incroyable période musicale. D’un côté, on a la joie d’avoir une démocratisation de la production musicale, on a la chance de pouvoir écouter beaucoup de musique gratuitement en-ligne, on découvre plein d’artistes, d’albums et de bijoux one-hit wonder dans le confort de notre salon sans avoir payé un sou (ici, ceux qui pensaient que Fréquences me limitaient dans mes écrits viennent d’en avoir pour leur argent). De l’autre bord, on a la chance de pouvoir écouter la musique produite avec le plus grand des soins sur le média approprié pour notre type de musique préféré, que ce soit sur cassette (si si), vinyle, CD, Blu Ray ou même bandes magnétiques, on a des passionnés de la pire espèce qui tiennent des magasins de disques juste parce qu’ils sont passionnés de musique et aiment disséminer la joie musicale dans les cœurs de tous leurs clients. Continue reading “Concept cinq minutes: Le futur de la zique”

Concept cinq minutes: David vs. Goliath

Aujourd’hui, on divague (vague!) et on ne parle pas de musique. On parle des grosses entreprises versus les petites entreprises. Sujet généraliste avec une tournure sur le monde de la musique.

Certains disent que les grandes entreprises, c’est le mal. Être pris «dans la machine», ne plus avoir contrôle de son propre produit, n’avoir que des royautés, de devoir produire des succès ne nous représentant pas. La réponse est Oui. Certains disent que de se retrouver en vente dans des grandes chaînes veut dire de n’être qu’un numéro, ne pas être mis sur la sellette, ne pas avoir de contrôle sur les prix de vente, ne pas recevoir d’argent pour les ventes, de devoir fournir un gros inventaire et ensuite être pris avec parce que la chaîne a décidée de vous laisser dans des boîtes du backstore. La réponse est encore oui. Être de la chair à saucisse pressée à haute vitesse dans des appareils afin d’être vendu avec les autres saucisses en paquet de douze, toutes identiques avec le gros logo d’entreprise au-dessus de l’étal. Oui, oui, encore oui. Continue reading “Concept cinq minutes: David vs. Goliath”

Concept cinq minutes: Guide de survie du RSD

Parfois, le RSD essaie des choses. Parfois, ça fonctionne. Parfois, ça ne vend pas, même si c’est bien produit. Quelques petites critiques en même temps.

Album: I Need A Man! / La Vie En Rose
Artiste: Grace Jones

V.O.: Vinyles 1977

En test: 2015 Vinyle

Étiquette: Island Records
600753579305

Ce disque n’est plus disponible chez Fréquences. Il s’agit d’une édition limitée Record Store Day 2015. Toutefois, on peut en trouver à très faible prix en-ligne.

Ce n’est pas parce qu’un disque est une édition limitée que ça va fonctionner. Ce n’est pas parce que c’est une grande artiste qui ressort quelques uns de ses grands succès que ça va nécessairement fonctionner aussi. Ce disque, avec deux très bonnes chansons, n’a pas vendu. En fait, on peut toujours en retrouver des neufs à 2$ si on cherche un peu.

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HMV, DEP et l’industrie du disque québécois (Première partie)

Première partie d’un article sur la fermeture de ces géants et de l’industrie du disque. Petit changement de programme sur les concepts cinq minutes. Il faut bien réagir aux grosses nouvelles. Surtout, beaucoup de gens ont des questions et il y a beaucoup de désinformation. Beaucoup s’agitent les bras en l’air en criant à la fin de la musique au Québec.

[Cet article est écrit par Michel, qui n’est pas du tout dans l’industrie du disque mais n’est qu’un simple observateur. La suite proviendra dans les semaines qui suivent de la part de personnes de l’industrie, de communiqués et presse et un follow-up de la part de Jean-François, propriétaire de Fréquences.]

Si vous ne désirez pas lire l’article, en trois mots: Ne Paniquons Pas, ce n’est pas la fin du monde et voyons ce qui s’est réellement passé. Surtout, voyons s’il est possible de déterminer un futur avec ce que nous savons déjà. Continue reading “HMV, DEP et l’industrie du disque québécois (Première partie)”

Concept cinq minutes: Le maillon le plus faible

Bienvenue dans le fabuleux monde de l’audiophilie. J’espère avec ces quelques mots vous emmener dans mon joyeux monde plein de musique de qualité. Je ne suis pas un puriste, je suis tout d’abord scientifique et holistique dans mon approche. Alors je risque de friser bien des oreilles avec cet article.

En premier lieu, il faut réellement comprendre qu’une chaîne stéréo (pour utiliser le terme de mon oncle) est une chaîne de composantes. Si on a le meilleur ampli du monde avec la meilleure table tournante du monde avec la meilleure cartouche du monde mais qu’on a des hauts parleurs payés 10$ sur Saint-Laurent, on risque d’avoir une superbe qualité de m…! Le principe à retenir est donc de déterminer quel est notre maillon le plus faible et de l’améliorer. Nul ne sert d’acheter des câbles d’alimentation à 5 000$ le mètre quand on a un système intégré Logitech conçu pour les ordinateurs. Encore une fois, l’absurde de la situation saute aux yeux. On est bien mieux de changer le système pour quelque chose de meilleure qualité. Continue reading “Concept cinq minutes: Le maillon le plus faible”

Concept cinq minutes: Les écouteurs

Je n’ai qu’à m’acheter un petit lecteur MP3 à 50$ (en rabais à 30$) et je vais avoir des écouteurs-bouton (earbuds) inclus. J’y ajoute plein de musique et voilà! J’écoute des chansons à faible coût. Pourquoi demander plus? Je me suis acheté les derniers écouteurs avec un logo de Star Wars dessus (parce que j’aime Star Wars), je les branche sur mon téléphone, j’ai Spotify qualité mobile normale. Pourquoi demander plus? J’écoute ma musique avec ma TV, il y a 10W d’audio inclus, c’est génial! Pourquoi demander plus? Mon ordinateur portatif a deux bons hauts-parleurs faits par Harman Kardon. Vous voyez le topo.

Alors avant toute chose, j’ai une règle de vie et une demande très importante: SVP, svp, pretty please, avec une cerise sur le dessus, s’il vous plait, je me prosterne devant vous et vous supplie à genoux… baissez le volume ou reculez-vous si vos écouteurs ou n’importe quoi que vous écoutez ont des fréquences qui vous font mal aux oreilles, une fréquence qui vous agresse, quelque chose qui est trop fort, un spectacle, dans un stade, votre travail, la TV, un malaxeur, votre voiture, un enfant qui crie, même vos haut parleurs d’ordinateur portatif à moyen volume, peu importe. Continue reading “Concept cinq minutes: Les écouteurs”

Concept cinq minutes: Ce n’est pas comme ça chez moi

Les vinyles sont des bêtes à part. Deux personnes achetant le même disque peuvent ne pas avoir la même réaction. Mais pourquoi?

La première explication est que tous les disques ne sont pas nés égaux. Dans les derniers articles, j’ai beaucoup parlé des rééditions, des techniques de gravure, des matrices de pressage. Si une étiquette commande des milliers de disques à travers le monde, il va y avoir autant de disques mères que de régions. Il y aura donc au moins une version pour l’Europe, pour l’Amérique du Nord, potentiellement pour le Japon. Ils connaissent bien leur marchés et vont produire des versions potentiellement différentes à travers le monde. Ou ils vont s’inspirer du travail des autres marchés afin de réaliser des correctifs. Continue reading “Concept cinq minutes: Ce n’est pas comme ça chez moi”