RSD2018: Les choix de Michel

Certains me connaissent comme le fou qui réalise des critiques depuis désormais une année. Bientôt, je vais être en file, avec mon café, à parler avec mes collègues maniaques de musique en attendant que ça ouvre. Je vais rencontrer des nouvelles têtes et revoir des amis que je croise dorénavant à toutes les années. Comme à toutes les années, il va y avoir quelques offres dont Fréquences n’aura reçu qu’une seule copie, ou encore dont les trois copies vont s’envoler avec les trois premiers fous qui vont passer. Mais aussi, il y a plein de superbes disques qui vont attendre les fans toute la journée, voire une semaine.

On a tous vus le message Facebook avec les belles boîtes pleines de disques. Je l’ai vu comme vous tous, alors si vous lisez ceci en vous attendant à savoir ce que Fréquences aura réussi à avoir, c’est manqué: je ne suis pas et ne veut pas être dans le “secret des dieux”, et comme à toutes les années, je désire participer activement en récupérant mes disques moi-même. Si je passe à côté d’un, c’est tant pis, je vais être heureux pour mon suivant qui aura réussi à l’attraper. En contrepartie, si je tombe sur un disque auquel je ne m’attendais pas, je vais être infiniment plus heureux!

Note: les seuls disques que je considère absolument incontournables proviennent de groupes québécois. Je ne fais que les mentionner parce que tous les intéressés s’en prendront déjà une copie, et mon petit doigt me dit qu’il n’en manquera pas (maiiiis je peux me tromper! Je n’en sais pas plus que vous!). Tsé… Lhasa, les Colocs, f***ng Voivod, Les Marmottes!

Mes choix en ordre alphabétique:

44,99$ Death Metal / Noise 1995 : Abruptum – Evil Genius (silver / Black Marble Vinyl)

Un des groupes phare du vieux death metal suédois, Evil Genius est une compilation de leurs premiers rubans démo. Sorti en 1995 en CD avec des critiques positives et incluant une lame de rasoir et un message suggérant de se suicider, le disque a eu droit à une version vinyle par Southern Lord en 2007. Black Lodge Records nous propose ici leur version, disponible qu’en 300 copies. Il n’y a pas vraiment de rabais à obtenir les anciennes versions Southern Lord en-ligne, faut ce qu’il faut.

49,99$ Abstrait / Ambiant 1998 : Bass Communion – Bass Communion (2lp)

Le nom de plume ambiant de Steven Wilson, connu pour avoir fondé le groupe Porcupine Tree entre autres, ce premier album de Bass Communion est une première en vinyle, et un des chef d’œuvres de Wilson. Certains surnomment le cycle proposé ici “Drugged”, de par la chanson double du même nom qui débute et termine l’album d’une heure. Prix très raisonnable pour un album double.

16,99$ Soul 1972 : Beginning Of The End, The – Fishman

Simple 12″ d’un 45 tours qui dépasse les centaines de dollars aujourd’hui. Merci à Strut de nous faire plaisir avec ce grande pièce de musique soul!

79,99$ Country 1968 : Cash, Johnny – At Folsom Prison ( 5 LP / Legacy Edition )

Petit prix, les deux concerts en entier avec les autres artistes invités aussi, des extras, il semble y avoir un DVD en surround aussi (mais je peux me tromper, c’est flou sur le site du RSD). C’est pas mal la version ultime de ce très grand concert intime. Ça risque de prendre de la valeur rapidement!

42,99$ Alt Rock 1996 : Chainsaw Kittens – Chainsaw Kittens

Je ne pensais pas réellement avoir un album de Chainsaw Kittens au RSD. Groupe travaillant près de Smashing Pumpkins, ils ont été des personnages très étranges dans la scène musicale. Voix punk, chanteur ouvertement gai, groupe plus près de ce qu’on appelait “alternatif” dans le temps des Nirvana, c’est un groupe vraiment étrange. Trop commercial pour certains, pas assez pour d’autres, ils n’ont pas eus beaucoup de succès, mais leurs disques ont toujours été épatants et très honnêtes. Il était temps que leur disque de 1996 sorte en vinyle!

39,99$ Électro classique 1991 : Fricke, Florian – Spielt Mozart

Une des figures proéminentes du krautrock avec son groupe Popol Vuh, Florian Fricke (1944-2001) nous livre ici sa version synthé de quelques pièces de Mozart. S’il s’agit ici du disque vinyle double en 45 tours qui nous est annoncé, ça va être toute une sortie à un prix absolument dérisoire.

14,99$ Breakbeat / Synthpop 1993 : Jesus Jones – Zeroes + Ones 25th Anniversary Clear Vinyl Edition

Simple de fou de synthpop, mélange de big beat, de rock à la Lacuna Coil, des airs de The Prodigy, de voix pop à la Tears for Fears, de breakbeat et big beat à la Chemical Brothers. Mais attendez … on n’aura pas la chanson originale sur ce disque! En fait, c’est des versions remixées par Aphex Twin et par The Prodigy, ainsi qu’une version instrumentale de la chanson. Encore plus fou! Le tout pour un très petit prix.

17,99$ Pop 1987 : Madonna – You Can Dance (red Vinyl With Poster)

Moins de 20$ pour le disque avec un poster… Pour une bonne compilation, ça se passe de commentaires.

29,99$ Funk Psyché 1972 : Messengers Incorporated – Soulful Proclamation

Si vous avez 500$ ou plus à mettre sur une version originale de 1972, c’est votre choix. Si vous avez 50$ ou plus à mettre sur la réédition 2013, c’est encore votre choix. Mais ce disque, unique sortie de Messengers Inc. sur leur propre étiquette dans le temps, est une bombe.

35,99$ Heavy Metal 1993 : Motörhead – Death Or Glory (aka Bastards) (silver / 180g / Gatefold)

C’est dans les meilleurs disques de Motörhead! Si vous n’avez pas de Heavy Metal ou de Motörhead, c’est un excellent point de départ, très accessible tout en étant sans concession. Il existe beaucoup de versions vinyles de ce disque, habituellement de piètre qualité, alors j’ai hâte de voir comment cette édition va se situer versus les autres.

31,99$/ch IDM, Électro expérimental 1983-1984 : Norton, Doris – Norton Computer For Peace et Personal Computer

Oui, ça se peut des artistes qui ont Apple Computer comme sponsors! Ces albums sont des perles d’expérimentation informatique, dans l’air du temps des Kraftwerk, The Art of Noise et Laurie Anderson.

32,99$ Ambiant cérébral 1999 : Popol Vuh – Messa Di Orfeo

Un des grands albums ambiant du tournant du millénaire, ce disque est un incontournable du genre. Très cérébral et très spirituel.

25,99$ Pop 1982 : Prince – 1999 (180gr)

Il existe une version deluxe en disque double de cet album, avec un matriçage réalisé très correctement par Bernie Grundman. La version originale est en disque double d’ailleurs. Alors pourquoi faire un disque simple? Parce que c’est la version européenne du disque, qui a été sortie en disque simple et qui contient les versions 45 tours “simples” de l’album! Ce n’est pas la même chose.

32,99$ Soul / Funk / Jazz 1973 : Sparks, Melvin – Texas Twister

Un album plus obscur du grand guitariste Melvin Sparks (1946-2011), quand on parle d’un disque génial que seuls les férus du style connaissent, vous savez, votre ami qui vous regarde avec un gros sourire et vous met “le” disque, c’est exactement de ça qu’on parle! Une seule édition vinyle à sa sortie, pas vraiment de version CD (album compilation double), et maintenant, Tidal Waves qui nous ressort cette claque dans le visage! Une bombe méconnue du funk!

36,99$ Drone / No Wave / Post Rock 1996 : Swans – Die Tur Ist Zu (2lp)

C’est réellement un cas de eau maille gode! Ce disque de Swans n’a été disponible qu’en Allemagne, le CD exige des prix ridicules, alors d’avoir ce disque ici enfin, c’est une bénédiction! Pour un disque en trois faces, c’est un prix correct.

32,99 Afro-funk 1976 : Thomas, Pat Introduces Marijata – Pat Thomas Introduces Marijata

Mr Bongo nous gate avec un groupe du Ghana, un des rares exemples de musique Highlife originale.

Les albums de Fire Records

Ils ont un peu pressé la sauce avec tous ces bons disques d’un coup, ils auraient pu espacer un peu à mon avis! Enfin, voici mes recommendations pour cet étiquette, en vrac, et les autres qu’ils proposent ne sont pas mauvais et à considérer.

42,99$ Punk Rock 1977 : Boys – The Boys (coloured Vinyl)

39,99$ Punk Ruck 1983 : Esg – Come Away With Esg

42,99$ Indie Rock 1989 : Television Personalities – Privilege (Aussi considérer leur album double Closer To God, très bon)

Et bien plus!

Il y a des incontournables, comme les Soul Jazz Records, la compilation Electroconvulsive de Medical Records, la compilation Sun annuelle. Je n’en parle pas parce que les habitués savent qu’il vont y être et ils vont sauter dessus si c’est dans leurs choix.

Il y a des surprises, beaucoup de disques que je n’ai pas pris le temps d’étudier, des disques qui sont sortis autour du RSD mais qui ne font pas partie de la sélection officielle, le catalogue de disques de Fréquences, pour lequel je vais avoir la chance de faire un tour complet des rayons et de voir ce qui peut être intéressant.

Probablement que je ne prendrai pas tous ces disques, et probablement que je vais en prendre beaucoup d’autres! J’ai hâte!

Et vous? Quelque chose vous allume?

1980: Chant grégorien par le Choeur des Moines de l’Abbaye Saint-Benoit-du-Lac

La grandeur d’âme, version québécoise!

Album: Chant grégorien par …
Artiste: Chœur des Moines de l’Abbaye Saint-Benoît-du-Lac

En test: 1980; Vinyle

Étiquette: Radio-Québec; SBL 0880

Nous avons la chance d’avoir une grande abbaye au Québec: Saint-Benoît-du-Lac est un endroit de pèlerinage et de retraite dans laquelle beaucoup se rendent afin de se déconnecter de la vie moderne, se reconnecter à eux-mêmes et au sacré, à ce qu’il y a d’important. Les moines bénédictins de l’abbaye y vivent selon la règle monastique de Saint-Benoit depuis désormais plus de cent années, ce qui ne les empêche pas d’être accueillants. Auberge, fromages, mais surtout pour nous, musique!

À chaque dizaine d’années, un groupe s’intéresse à la mouture du moment du Chœur. Dans les années 70, c’était Radio Canada International. Dans les années 80, c’était l’émission Chant grégorien et orgue de Radio-Québec, dans les années 90, l’étiquette Analekta, en 2000, ATMA Classique. Entrecoupé dans tout ça, le Chœur s’est produit, réalisant des albums depuis les années 60 ou même avant, pour le plus grand bonheur de leurs visiteurs.

Cet album est un des rares qui est produit par Radio-Québec. Ces derniers ne sont pas reconnus pour leurs albums. En fait, ils ont prêté leur nom et le financement afin de produire leur émission, mais le disque est bel et bien enregistré par l’Abbaye, on le remarque d’ailleurs avec l’identification SBL du disque.

Côté enregistrement, c’est bien fait, avec un orgue et un chœur en belle communion, mais une sonorité légèrement métallique, qui n’a pas beaucoup d’espace, de staging et un microphone probablement légèrement mésadapté. La coupure des pistes a aussi été faite à la va-vite, on entend l’atmosphère changer entre plusieurs des pistes, faute d’avoir attendu assez longtemps pour nous laisser respirer avec les chanteurs et d’avoir fait un fondu enchaîné. Et le disque lui-même est gravé avec une technique un peu simpliste. Ça hume la compilation réalisée en plusieurs séances.

Mais pour tous ces problèmes, il y a un côté naïf à la gravure du disque qui donne un résultat qui n’est pas à négliger. L’utilisation d’un ruban simple sans technique de réduction de bruit; l’utilisation d’un disque gravé simplement, sans extras; l’utilisation de la musique sans technique moderne de traitement; la simplicité de la prise de son, la simplicité de l’offre musicale, ça donne un côté accessible, beau et chaleureux, et ça n’a rien à envier à beaucoup de nos albums modernes qui sont au contraire surproduits. Le dynamisme, discret étant donné le style musical, est néanmoins bien présent, et même en abondance si on y porte attention. Un superbe disque! Suggestion: Cherchez-en une copie absolument parfaite, sinon vous allez regretter l’omniprésence des bruits de surface!

2018: First Aid Kit – Ruins

Le cœur en ruine des sœurs Söderberg!

Album: Ruins
Artiste: First Aid Kit

En Test: 2018 Vinyle simple en encart

Étiquette: Columbia / Sony
88985493661

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Une autre exportation de notre chère Suède, le groupe First Aid Kit est composé des sœurs Klara et Johanna Söderberg aux différents rôles du groupe. Le groupe a été démarré par quelques publications sur le groupe social MySpace il y a une dizaine d’années. Ils ont ensuite démarré quelques années avec une étiquette indépendante avant d’être signés par Columbia en 2014 et leur superbe disque Stay Gold. C’est aussi le moment de leur épanouissement mondial, avec une nomination aux Brit Awards pour meilleur groupe international en 2015. Le groupe, d’abord légèrement rock, s’est concentré assez rapidement sur sa stylistique folk indépendante avec une touche country surprenante pour un groupe suédois.

Pour Ruins, on a eu à attendre quatre longues années. Durant ces années, le groupe a fait des tournées, mais surtout, Klara a pris un repos forcé de la musique, en retraite avec son fiancé du moment à Manchester, pendant que Johanna est demeurée à Stockholm. Ce repos musical a continué jusqu’à la rupture de Klara, son retour en Suède et l’écriture de ses états d’âme avec cet album. On a droit à un album beaucoup plus introspectif, plus triste et beaucoup moins rock, mais avec toujours cette belle verve qu’on connaît de First Aid Kit. L’album est composé de petits tableaux de styles différents, le tout nous faisant découvrir un album fort complet, qui sait nous emporter à travers cette exposition musicale virtuelle. On passe de l’introspectif au grandiose, du country au folk, des chansons sur les ruptures, comme des chansons pour le futur.

Et côté sonorité, l’album en numérique est réellement froid. En fait, l’album en vinyle est tout aussi réellement froid, mais moins. L’écoute de la version numérique est dérangeante à haut volume et malgré sa sonorité très numérique et très travaillée sur le disque vinyle, la présence musicale est excellente, on a l’impression d’explorer les fresques musicales, et non de les subir. Cet effet est encore plus présent avec la finale en queue de poisson sur la finalité des choses, que j’ai été incapable d’écouter en numérique mais qui coule de souche sur la version vinyle. Surtout pour ce style folk, le vinyle ajoute une coloration des années 70 qui sied à cette sonorité intemporelle.

On achète si on aime Emmylou Harris, Laura Marling, Elisapie Isaac, Brandi Carlile, She & Him.

2016 – Roberto Musci: Tower of Silence

Enregistrements de terrain, version ambiante

Artiste: Roberto Musci
Album: Tower of Silence

En Test: 2016 Vinyle double en encart

Étiquette: Music From Memory; MFM014

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Le monde de la musique d’enregistrement de terrain (field recording) est assez spécial. Technique résolument moderne, les pionniers sont les passionnés de traitement sur bande magnétique des années 1960, on pense au BBC Radiophonic Workshop – dont l’excellente Delia Derbyshire qui a composée le thème de Dr Who. On peut même reculer plus loin avec, dans les années 50, la composition musicale avec traitement sur film; on pense à l’ONF avec l’extraordinaire Norman McLaren qui fait figure de précurseur du genre. On peut reculer encore avec les tous débuts, peu après l’arrivée de la bande magnétique avec son invention allemande, le style provenant d’explorations sur la musique concrète trouvent leur initiateur avec Pierre Schaeffer en France peu après la Seconde Guerre mondiale. Depuis, le style a été surtout perçu comme étant rébarbatif et cérébral, et ce n’est pas les incroyables Variations pour une Porte et un Soupir de Pierre Henry qui vont changer cette vision (c’est une de mes pièces préférées). Les quelques rares percées commerciales se faisant lors de l’époque du Peace and Love, avec des essais musicaux, dont la fameuse Messe pour le Temps présent de Pierre Henry et Michel Colombier, utilisée récemment pour le thème de l’émission Futurama. Plus près de nous, il y a René Lussier qui composa en 1989 son chef-d’œuvre Le Trésor de la Langue, film auditif dans lequel on suit les protagonistes cherchant s’il est important de parler le français au Québec. La démocratisation de ce style musical s’est faite avec l’arrivée des synthétiseurs Fairlight CMI, permettant de faire jouer des échantillons musicaux de tous genres. Des groupes comme The Art of Noise et Yello en ont fait leur gagne-pain. Aujourd’hui, on se demande bien ce qu’il peut y avoir de difficile à prendre son téléphone portable, enregistrer quelque chose dehors, revenir chez soi, ouvrir Garage Band, ajouter quelques filtres et superposer le tout avec quelques instruments. C’est ici qu’arrive tout le génie exploratoire: on peut penser à l’album de musique de danse Supermodified d’Amon Tobin, composé à l’aide d’échantillonnages musicaux traités au point de ne plus en reconnaître l’origine, mais qui demeure avec un aspect commercial certain. On peut aussi penser, récemment, à Automatisme qui compose avec en base des échantillons de la vie urbaine de tous les jours captés sur le vif, traités au point où ils sont intégrés entièrement à la musique.

Mais si on revient à de la musique où l’on reconnaît parfaitement les échantillons, arrive Roberto Musci, compositeur milanais ayant une affection pour la sonorité de l’Afrique et de l’Asie, plus particulièrement l’Inde. Le compositeur a voyagé à travers ces continents durant une dizaine d’années dans les années 70 et 80, et a utilisé ses acquis afin de composer ainsi que de produire des émissions radiophoniques de musique expérimentale et indigène jusqu’à la fin des années 90. Depuis 1983, le musicien a aussi enregistré plusieurs albums forts de ces sonorités uniques. C’est une compilation de ces explorations musicales qui nous est offerte ici sur disque vinyle. Le disque offre en quinconce des pièces de 1983 jusqu’à 2015, le tout, avec une belle progression musicale. Le style est introspectif, ambiant, exploratoire, doux tout en restant présent, électronique sans nécessairement le faire paraître aux premiers abords.

Pour la qualité de l’enregistrement, le disque vinyle double est très bien enregistré, la qualité du disque est apparente dès les premiers instants (même s’il y a des commentaires Internet au sujet d’un manque de rigueur lors de la gravure) et la sonorité est superbe. Là où il manque quelque chose, toutefois, c’est que le disque est très précisément monocorde côté volume. Ça sent la limitation numérique à plein nez et il n’y a tellement pas de surprises que ça en devienne maladif. À haut volume, on entend le compresseur se faire aller sur chaque petite note. Évidemment, on ne peut pas non plus s’attendre à avoir une sonorité audiophile sur des enregistrements faits avec un enregistreur portatif dans les années 70, mais ce n’est que rarement un problème, la «pire» des pièces à ce niveau est probablement la toute première de l’album. Non, le problème est que l’album est beaucoup trop limité. Pour le reste, ça s’écoute comme un bon vin: lentement, solennellement, avec déférence, et avec la petite pointe de curiosité que peut nous procurer un album-compilation d’un artiste absolument unique.

2018: Calexico – The Thread That Keeps Us

Le dernier Calexico, un de leurs plus solides albums!

Album: The Thread That Keeps Us
Artiste: Calexico

En Test: 2018 Vinyle

Étiquette: Anti-; 87573-1

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Montée de lait. C’est l’heure de sortir les gros mots, je vous avertis tout de suite. Mais *** de ****, qui a fait un tel traitement horrible à cet incroyable album de Calexico, le groupe de Joey Burns et de John Convertino, qui roule sa bosse depuis plus de 20 ans? Je suis un admirateur absolument fini de ce groupe, je suis allé les voir en spectacle. J’ai beaucoup de leurs albums en vinyle, y compris leur extraordinaire coffret Road Atlas qui regroupe en vinyle beaucoup de leurs spectacles. Ce coffret est d’ailleurs superbe, génial, de qualité irréprochable (et trop dispendieux pour la vie si vous désirez l’acheter présentement). Et c’est totalement l’opposé de leur dernier album!

C’est à se poser la question si Calexico a décidé de se lancer dans le lo-fi. La version numérique est sourde, compressée, ses instruments numériques à la va-vite; écrêtage numérique dans les voix, m***, même les cuivres, qui font quand même partie de la marque de commerce de Calexico, sonnent sourds et distants, comme si elles sortaient d’une boîte de conserve.

Et la version vinyle est encore pire! Anti-, l’étiquette qui a sorti le disque en Amérique du Nord, a décidé de tout entrer sur un seul disque. On parle de plus de 25 minutes par face (presque 28 sur la première face), du bruit de fond omniprésent, de la statique. Si vous vous lancez et importez la version européenne City Slang sur deux disques, vous allez avoir l’équivalent de la version numérique: quelque chose qui ne sonne tout simplement pas comme ça devrait, mais au moins vous allez en profiter.

Sans blague… C’est tellement dommage parce que l’album est fou. Mais je suis à peine capable de discerner les instruments les uns des autres avec de bons écouteurs sur les dernières pistes des faces. Oui, c’est à ce point! Et je suis réellement déçu.

Réédition 2007/2016: Atreyu – The Best Of…

Un peu de metalcore pour se faire plaisir!

Album: The Best Of…
Artiste: Atreyu

V.O.: 2007 CD; Victory Records; VR345

En Test: 2016 Vinyle double trois faces (RSD 2016)

Étiquette: Victory Records; VR345

Atreyu est un bizarre de groupe. Trop métal pour être réellement Emo, mais trop Emo pour être un groupe typique Metalcore, trop mélodique pour les hardcore, mais d’inspiration définitivement hardcore pour être uniquement heavy métal classique; influences punk, influences country, même! Ayant eu un certain succès dans les années 2000, le groupe a néanmoins fait école et a activement contribué au mouvement metalcore-heavy-emo, de concert avec des groupes comme Bullet For My Valentine.

Il est un peu inadéquat de nommer cet album le meilleur d’Atreyu, surtout que le disque est sorti en 2007 et que le groupe est encore légèrement actif aujourd’hui. En fait, c’est le meilleur d’Atreyu dans leur période chez Victory Records. Ce n’est toutefois pas si faux, leurs plus grands succès provenant des trois disques qui ont été enregistrés pour cette étiquette. Et c’est encore moins faux en sachant que cette compilation est probablement leur meilleur disque, s’il y en a un à avoir, c’est celui-ci!

Il faut d’abord faire mention d’honneur sur la présentation. Le disque est dans une pochette s’ouvrant au centre, avec un feuillet pleine taille à l’intérieur. Le deuxième disque, à trois faces, possède une gravure du logotype du groupe sur la quatrième face. Il y a définitivement eu une attention portée aux détails de la présentation de cette offre.

Pour la gravure … ouf… D’abord, il y a la quantité de musique par face. Plus de vingt minutes par face, pour du gros métal, il faut que ça compresse quelque part. Le premier disque ayant été enregistré de façon analogique, la compression s’adapte mieux à une version vinyle. Les sept premières pistes de l’anthologie sont donc très adéquates. Les pistes des deux autres disques, malgré qu’ils aient aussi été disponibles en vinyle, proviennent d’une source numérique. Ça s’entend sur beaucoup d’instruments. D’ailleurs, l’anthologie entière semble avoir été créée plus ou moins avec les sources du CD, sans y avoir apporté un travail majeur. Quand j’entends un petit crépitement de distorsion numérique dans des moments forts (limité à 100% numériquement), ou quand justement les moments doux sont aussi forts que les moments forts, ou encore pire, la fin de Demonology and Heartache qui est supposé continuer avec My Sanity On The Funeral Pyre, mais dont les deux pièces sont coupées entre la face B et C, ça rend la sortie absolument passable. Finalement, et un dernier clou dans un cercueil que je n’aurais pas aimé clouer, mon disque est légèrement décentré dans sa coupe et dans la pose de son étiquette, et les disques sont remplis de morceaux de papier (à nettoyer minutieusement avant écoute, et changez les pochettes papier!).

Ce n’est pas le best of du Best of…! On attendra la version où la musique aura autant eu d’attention que la présentation graphique.

On achète si on aime Avenged Sevenfold, Bullet For My Valentine, Scars of Tomorrow, Shadows Fall, As I Lay Dying.

2017: Jeremy Soule – The Elder Scrolls V: Skyrim – Atmospheres

Musique de relaxation de jeu vidéo

Album: The Elder Scrolls V: Skyrim – Atmospheres
Artiste: Jeremy Soule

Jeu Vidéo: 2011 Bethesda (PC, PS3, Xbox 360; 2016/2017: PS4, Xbox One, Switch)

V.O.: 4e CD de 2011 Bethesda

En Test: 2017 Vinyle (RSD 2017)

Étiquette: SpaceLab9SL9-2045-1-4 (Distribué par Sony)

Parfois, il faut des jeux vidéos de combat pour faire ressortir une des plus belles trames sonores d’ambiance et de relaxation. Skyrim est l’un des meilleurs jeux vidéos de la décennie, qui a été réédité pour les dernières consoles de jeux vidéos afin de nous en mettre plein la vue. Le jeu, d’une richesse et d’une profondeur incroyable, comprend une trame sonore à couper le souffle. Non seulement beaucoup des personnages parlent, mais l’atmosphère sonore est parfaitement rendue, et la trame sonore, minimaliste, est présente sans chercher à être constamment à l’avant-plan. Je me limite ici à parler du côté sonore, mais c’est un des jeux que j’ai pris la peine de terminer et que j’ai adoré du début à la fin.

SpaceLab9, une entreprise de fanatiques de culture pop, a décidé de mettre la main sur les droits de la trame sonore de Skyrim en entier pour une gravure vinyle. Bethesda avait sorti la version en boîtier de quatre CD lors de la sortie initiale du jeu en 2011, ce boîtier exigeant aujourd’hui un prix stratosphérique. Récemment, les trois premiers disques vinyle ont été vendus à travers ThinkGeek en tant que boîtier de SpaceLab9, mais hélas, étant discontinué, on atteint ici encore des prix ridicules. Et finalement, ce disque, représentant le quatrième des CD initiaux, a été vendu encore une fois en édition limitée au Record Store Day 2017 et est un peu moins dispendieux à travers les sites de revente.

Et côté gravure, ce disque est une perle. Silencieux comme une tombe, belles fréquences, aucune compression apparente. Ce n’est pas le genre de disque qui va vous exciter, cela dit, ça reste de la musique de relaxation. On fait presque le saut avec les quelques instruments clairs qui parsèment de leur présence les deux faces du disque. Je ne peux pas donner la note maximale parce que ce genre de musique est une torture à table tournante et à gravure, des notes soutenues, des graves sans aigus, des sonorités pour lesquelles le moindre défaut va sauter au visage. Il y a deux endroits où ces fréquences provoquent un défaut de phase sur le disque. Oui, il faut bien chipoter!

N’empêche que ce disque est nettement supérieur à la gravure du coffret de trois disques, ce dernier étant légèrement bruyant et relativement passable, l’étiquette ayant opté pour des faces bien remplies de plus de 25 minutes. On aurait préféré un quatrième disque afin de contenir tout le matériel.

Réédition 2004/2018: Les Cowboys Fringants – La Grand-Messe

La Grand-Messe en 500 vinyles!

Album: La Grand-Messe
Artiste: Les Cowboys Fringants

V.O.: 2004 CD; La Tribu TRICD-7233

En Test: 2018 Vinyle double (trois faces) en encart

Étiquette: La Tribu
TRILP-7233

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Il y a des albums dont on discute encore près de 15 ans après leur sortie. La Grand-Messe des Cowboys Fringants est un de ces albums. Le groupe a eu sa période de grands succès avec cet album, ainsi que Break Syndical, les deux disques ayant été réédités en 500 copies vinyles par leur étiquette La Tribu.

On ne peut pas dire que le disque possède énormément de succès, comme Break Syndical peut l’avoir, succès qui jouent encore à la radio. En fait, là où La Grand-Messe brille, c’est dans la qualité continue de l’offre, les chansons étant toutes meilleures les unes que les autres. On peut penser à Plus Rien et La Reine. Uniquement pour ces deux chansons, le disque mérite d’être acheté, et les autres chansons ne sont pas dans l’ombre des premières.

Côté qualité, la gravure du disque est excellente, la qualité est impeccable de A à Z. Là où ça se corse légèrement, c’est le matriçage dont la base date de 2004, qui parfois fait mal. Je vais parler justement du crescendo de Plus Rien, qui démarre avec un volume relativement élevé, et pour lequel on entend de plus en plus la compression arriver «au hasard», la voix perdre de plus en plus sa basse. Ce type de compression est valable pour le numérique, mais n’a aucune raison d’être sur un vinyle. Encore plus, si le disque utilise une technologie de sillons à taille variable. Le disque aurait pu avoir plus de dynamisme, garder plus de naturel, et avoir des crescendos tonitruants avec des moments introspectifs d’une grande douceur.

N’empêche que je suis extrêmement heureux d’avoir ce disque dans ma collection, et que je vais l’écouter avec plaisir. Un de nos grands albums québécois qui a enfin sa version vinyle!

2018: MGMT – Little Dark Age

Un 4e album en New Wave!

Album: Little Dark Age (LDA)
Artiste: MGMT

En Test: 2018 Vinyle double en encart

Étiquette: Columbia
88985476061

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The Management sort un quatrième album en dix années. Le Groupe pop-rock du Connecticut a eu une ascension fulgurante après sa signature avec Columbia en 2006 et la sortie de son premier album officiel, Oracular Spectacular en 2008, avec un remix de la part du groupe Justice, des mentions des magazines Spin et Rolling Stones, des Grammy, nommez-en, en voilà! Pour les admirateurs les suivant, ils n’ont pas été de tout repos. Démarrant en synthé-pop avec des accents rock, ils se sont progressivement dirigés vers le rock psychédélique, avant Little Dark Age, où ils retournent à toutes leurs sources, ce que je pourrais décrire comme du New Wave.

Little Dark Age, un bonbon pop rock avec de beaux relents indie, met toujours en vedette les deux instigateurs, Andrew VanWyngarden et Benjamin Goldwasser, ce qui est une joie et une surprise. Les deux albums précédents n’ayant pas eu le succès au guichet qu’ils avaient escompté (malgré qu’ils soient excellents dans leurs styles respectifs), le groupe s’est officieusement séparé, le duo déménageant dans des villes différentes. Après quelque temps, et le climat politique aidant avec l’élection du dernier président des États-Unis, l’inspiration est revenue et le goût de produire un nouvel album s’est fait sentir. Ils travaillèrent à distance quelque temps avant de se rejoindre afin de terminer cet album.

Côté qualité, ils auraient pu choisir de tout graver sur un seul disque vinyle sans aucun problème, avec une vingtaine de minutes par face. Ils ont toutefois décidé d’y aller pour le maximum de qualité, avec deux disques dont la gravure est impeccable. Lorsque Columbia se donne la peine, ils réalisent des disques avec une très bonne gravure. Par exemple, on se rappellera RAM de Daft PunkLDA, de MGMT, est dans la même veine de gravure effectuée avec déférence. Le mandat envoyé à Greg Calbi pour le matriçage est définitivement d’opter pour la qualité, et la gravure de ma copie est parfaite. À noter que la version européenne et la version américaine de la gravure semblent différentes selon Discogs, je ne peux donc me prononcer sur toutes les versions. Seul désavantage d’une telle gravure: il faut changer de face aux deux-trois chansons.

[NDLA, un petit écart de conduite de ma part, je me concentre à faire connaître les groupes, les albums nouveaux et anciens, et surtout la qualité de la gravure du disque vinyle, est-ce que ça vaut la peine d’acheter un disque en vinyle. Je me prononce rarement sur mon opinion envers ce qui est gravé sur le disque, sauf à quelques exceptions, comme ici. Je dois mentionner que malgré que j’aime beaucoup le disque et le groupe en général, je déteste pour mourir l’effet detune, que le groupe utilise sur ce disque, au point d’en gâcher mon écoute. C’est moi, on ne peut plaire à tous!]

2018: Jimi Hendrix – Both Sides of the Sky

Le dernier Hendrix studio, 47 ans après sa mort!

Artiste: Jimi Hendrix
Album: Both Sides of the Sky

En Test: 2018 Vinyle double en encart, 180g, Nº3742

Étiquette: Legacy (Sony Music), Experience Hendrix; 19075814201

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Eddie Kramer a une histoire d’amour avec Jimi Hendrix. Ayant travaillé sur les deux derniers albums studio de Hendrix dans les années 60, depuis dix ans, il repasse à travers les bandes sonores des enregistrements studio du musicien de feu. Ce travail de moine nous a donné un trio d’albums posthumes: d’abord Valleys Of Neptune en 2010, ensuite People, Hell and Angels en 2013, et finalement Both Sides of the Sky en Mars 2018, avec du matériel provenant surtout de 1968 à 1970.

C’est d’ailleurs un peu le problème avec la mort prématurée de Hendrix, son dernier album studio datant de 1968, on ne possède aucun album studio de ses deux dernières années de vie, là où il s’est séparé du carcan de son groupe the Jimi Hendrix Experience. Ces années représentent le moment de liberté et d’expérimentation de Hendrix.

Bien évidemment, ces albums posthumes ne sont pas composés de chansons terminées, mais bien d’essais et d’erreurs, de tentatives et de rubans studio préservés. C’est clairement visible sur les deux premiers albums, avec un arrière-goût de pièces musicales incomplètes et de copier-coller d’accompagnement. N’empêche que certaines des pièces sont devenues des incontournables du répertoire. Beaucoup des pièces ont tourné dans le cercle des copies pirates (bootlegs) d’une façon incomplète, et il était temps, plus de 45 ans après sa mort, que ces pièces aient droit à un traitement digne du géant.

Ce troisième et dernier opus des albums studio posthume est un point d’orgue très blues du répertoire de Hendrix. Avec cinq années de travail et d’étude du matériel, il y a eu un recul à mon avis nécessaire face aux dernières productions en brouillon du guitariste prodige. Ce dernier album studio a eu droit à un battage médiatique plus imposant que les deux autres et avec raison: pour la plupart des cas, on a l’impression d’un vrai album de Hendrix, les quelques chansons qui ne sont pas terminées (comme Jungle) ayant un cachet unique expliquant pourquoi on les retrouve sur l’album. C’est aussi beaucoup moins un album pour les collectionneurs que les deux précédents même s’il est fortement suggéré d’acheter d’abord ses trois albums studio enregistrés de son vivant (Are You Experienced, Axis: Bold as Love et Electric Ladyland) ainsi que la trame sonore de Woodstock.

Le disque vinyle double est matricé par Bernie Grundman et il a fait un travail exemplaire. Reste que la version numérique est tout aussi bonne, les deux versions ayant été produites avec déférence. Le format numérique ayant eu droit à un peu plus de compression afin de faire plaisir à un auditoire écoutant les albums avec des écouteurs-boutons, je vais donc privilégier le disque vinyle, qui est impeccablement gravé. Même les pochettes intérieures sont de qualité audiophile. Pour le prix (moins de 40$), c’est difficile à battre.