Réédition 2000/2016: Trame sonore de Requiem for a Dream

Joyeux Halloween en drame psychologique!

Album: Requiem For A Dream
Artiste principal: Clint Mansell featuring Kronos Quartet

V.O.: 2000 CD
Nonesuch
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En Test: 2016 Vinyle double en encart (Édition RSD 2016)

Étiquette: Nonesuch
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Ce n’est pas un secret que je ne suis pas un admirateur de trames sonores. Les vinyles des trames sonores sont habituellement des ramassis de chansons disparates, de qualités différentes, parfois avec une trame narrative qui nous est imposée. Il y a bien évidemment des exceptions avec des trames sonores d’exception, mais je préfère habituellement aller chercher les albums complets des artistes m’intéressant. L’exception majeure à la règle est lorsque la trame sonore est composée pour le film en particulier. Blade Runner par Vangelis est un parfait exemple; Koyaanisqatsi de Phillip Glass en est un autre. Tout ce qui est fait par Williams (allant d’Indiana Jones à Star Wars) est exceptionnel bien évidemment.

Requiem For A Dream est un drame psychologique presque d’horreur absolument incroyable, l’atmosphère est à couper au couteau et est aidée de main de maître par le quatuor Kronos Quartet; les compositions électroniques de Clint Mansell (qui travailla beaucoup avec Nine Inch Nails) sont parfaitement à point. Est-ce que toutes les petites pièces de deux secondes méritent d’y être? Pas vraiment… ça donne un album décousu qui est difficile à écouter en tant qu’œuvre. Mais ça reste passionnant et les quatre faces du disque double nous donnent des univers totalement différents à chaque fois, mais avec toujours le même thème.

Et côté qualité ? Le disque double est une très belle gravure, un peu brouillonne parfois, mais de très belle qualité. Ma face 1B, par exemple, possède du bruit de fond à revendre. La quantité de musique par face est adéquate, mais appréciable, surtout en tenant compte des espacements entre chaque pièce. Il y a un peu de bruit de fond, mais sans trop, il y a beaucoup pire dans la vie. Non, sans blague, la qualité de la gravure du vinyle est excellente! Là où c’est plus difficile, c’est l’amont avec le MOTU de l’an 2000. Simplicité de production et montage du temps, aucun fondu d’entrée ou de sortie dans les pistes, les univers apparaissent et disparaissent avec chaque montage. Dans les exemples, la chanson Fall : Ghosts-Falling où on entend le quatuor apparaître soudainement et jouer en boucle est troublant. Mais ça, ce n’est pas une question de gravure, c’est une question de moyens de production du temps. Ça reste aussi un film dont la trame sonore, même si importante, a été finalisée à la va-vite, avec une attitude « good enough » et ça reste donc une des raisons pour lesquelles je n’aime pas les trames sonores.

2017: Pierre Kwenders – Makanda

La force du dépaysement local

Album: Makanda at the end of space, the beginning of time
Artiste: Pierre Kwenders

En Test: 2017 Vinyle rose

Étiquette: Bonsound
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Pierre Kwenders en est à son deuxième disque. Son premier disque, Le dernier empereur bantou, est un chef d’œuvre de musicalité électro-africaine, à découvrir et à redécouvrir hélas uniquement sur CD. Mais ce disque a propulsé en stratosphère le charismatique Kwenders, il est dorénavant en demande internationale et c’est un de nos grands artistes qui sait rayonner la joie montréalaise. Parce que oui, depuis son adolescence, Pierre Kwenders est québécois d’adoption, et ce qui est passionnant dans son cas musical est que ses cultures s’entremêlent au point où on ne sait pas si c’est de la musique de Seattle, du grand Montréal, du Congo ou d’ailleurs : c’est un amalgame improbable, unique et passionnant. Ce n’est pas pour rien qu’il fait partie des grandes nouveautés à découvrir tant aux États-Unis, à Paris qu’ici et ailleurs.

Avec Makanda (« La force » en tshiluba, langue de la République Démocratique du Congo), Pierre Kwenders arrête d’être accessible et y va avec un dépaysement total! On y reconnaît bien la musique africaine, les relents d’afrobeat (post-afrobeat?), mais on doit y ajouter aussi le dub, une touche de Lamar avec son hip-hop jazzé, de l’expérimental et on y retrouve aussi des influences montréalaises de Poirier et de Moffat. Mais surtout, influences de Shabazz Palaces de Seattle avec leur hip-hop expérimental. Inaccessible? Absolument pas! Après le dépaysement, on entre dans une musique chaude à faire fondre les hivers, à danser à 40 degrés légèrement vêtus, sourire et joie au visage et au corps.

Et cet album, sonorité du tonnerre ou…? D’emblée, le vinyle est presque le même prix que le CD : sautez dessus. Sans blague. Peu importe si la sonorité est mauvaise ou non, c’est une excellente occasion! Pour moins qu’un petit café, vous avez la version vinyle. Et je vous rassure immédiatement, le vinyle est fantastique! La prémisse est un vinyle rose avec plus d’une vingtaine de minutes par face, avec une quantité impressionnante de basses, donc ça augure mal. Mais il n’y a presque pas de bruit de fond, la sonorité est pure et belle, enregistrée à Seattle avec passion dans le studio de Shabazz Palaces justement avec leur ingénieur de matriçage à Portland, Orégon. L’album a été enregistré sur rubans et ces derniers confèrent toute la chaleur nécessaire à virer complètement fous sur la piste de danse. Oubliez la version numérique, allez-y avec le vinyle! Twasakidilà wa bunyi!

 

2015: Socalled – Peoplewatching

La bibitte montréalaise pour nous faire danser sur un album rap, et plus si affinités.

Socalled - PeoplewatchingAlbum : Peoplewatching
Artiste : Socalled

En test : 2015 Vinyle
Étiquette : Dare To Care Records
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J’aime les passionnés, j’aime ceux qui ne font rien comme les autres! C’est simple, je n’aime pas la normalité et Socalled est loin d’être normal. J’aime le décrire comme étant un vrai montréalais, un pure laine (né à Ottawa, mais chut!). Un juif anglophone plein de talent qui parle français, aime ses racines et se fout de faire comme les autres. Un gars fier des autres montréalais, de son quartier, de sa rue. Le genre de personne avec qui tu désires prendre un verre et argumenter sur tel ou tel sujet, juste parce que…

Ce dernier disque est rempli de collaborations et d’échantillonnages, on y retrouve avec plaisir Katie Moore, mais aussi Pierre Perpall et l’incroyable Fred Wesley. On a même droit à Oliver Jones! Et Yves Lambert! – Oui oui la bottine y est! C’est d’ailleurs un thème, si vous n’aimez qu’un seul style de musique, vous êtes bien mal barrés avec Socalled. Il faut le voir et l’écouter pour le croire, mais on passe du rap au piano seul au reel québécois au disco, du sympa au trash. Si vous aimez ce disque, je vous recommande d’aller voir ses spectacles, ça déménage!

Bien entendu, ce n’est pas le dernier disque… Il a un disque d’opéra, un disque de vieux succès yiddish et même une comédie musicale avec Tales From Odessa qui vient de sortir. Ce sont des projets aussi fous que le personnage qui est à découvrir. Vous n’avez qu’à plonger dans son univers loufoque.

Et côté qualité, c’est beau, amusant, sans prétention. Le disque suit le personnage : on aime l’écouter, on aime voir où il nous amène, mais ce n’est pas le disque le plus flamboyant du lot. On n’a pas le droit à la précision d’un Dead Obies, on n’a pas la perfection des grands artistes américains, on n’a même pas droit à la trame narrative d’un album conventionnel : c’est comme marcher sur Parc, bifurquer sur Fairmount, aller se chercher des bagels, revenir sur Hutchison (où il habite réellement en passant) et arrêter dans un bar gai pour la finale disco Curried Soul 2.0.

Je recommande le vinyle aussi parce que Socalled est aussi un collectionneur invétéré de vinyles… c’est inutile de l’avoir en vinyles, mais on s’amuse à le mettre à l’ancienne, on le joue avec plaisir, et on a un objet encore plus représentatif de l’artiste.

J’achète si j’aime Random Recipe, Jimmy Hunt, Bernard Adamus, Gigi French et voguer sur les styles différents.

2017: Pierre Lapointe – La Science du Cœur

Lapointe, rien de moins!

Album: La Science du Coeur
Artiste: Pierre Lapointe

En Test: 2017 Vinyle rose

Étiquette: Audiogram, Sony Music
889854758912

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Je vais bien être honnête avec vous, je ne suis pas du tout un admirateur de Pierre Lapointe. Son style ne me plaît pas, il n’est pas du tout mon genre, côté musical. Ouf! Je l’ai sorti de mon cœur! Et vous savez quoi? Plus il s’affine, plus il sort des disques, plus les ressemblances avec les styles des chansonniers français de la belle époque des Piaf, Brel, Brassens et Vian sont frappantes. Chaque disque qu’il sort, il prend du gallon, il est plus qu’un simple émule, mais il démontre à quel point son style de nouvelle scène française est réel, à quel point il est vrai dans cette expérience. Ce n’est pas qu’un style, c’est vraiment sa personne entière. Le côté populaire obligé a été déjà écarté par Audiogram; les incertitudes en tant qu’artiste qui veut trop sont passées. Et ce disque… ouf! Quel disque! On voyait la progression depuis quelques années. D’abord un Punkt pour se briser des Sentiments Humains, un Les Callas fou en progression logique, un album Paris Tristesse au piano, et finalement : ça!

C’est quoi ça ? Adieu les synthétiseurs omniprésents et le yéyé pop clinquant, on a droit à un vrai orchestre à cordes, de réels instruments, des pianos, des cuivres, de la percussion. On a droit à une entrée en matière à la Vian, un crescendo stylistique. Et la finale : un chœur! Je peux décrire cet album incroyable selon ces termes : c’est lui, enfin, et rien de moins. Je ne m’attends pas à ce qu’il garde ce style ou ces moyens pour le reste de sa vie, mais il était plus que temps qu’il sorte ce chapeau de son sac. Ça ne veut pas dire qu’il reste dans l’ancien temps, on a des Alphabet anachronisme de l’album à rythme électronique. Mais justement, ce disque est assumé.

Et la qualité du disque ? … C’est un Pierre Lapointe, c’est du Audiogram, come on, on descend un peu ses attentes. C’est magique ! Quel disque! Le mixage de Stéphane Reichart est divin, parfaitement appuyé par le matriçage de Greg Calbi du mythique Sterling Sound de NYC. Ce dernier a des grands disques, mais aussi des citrons alors ce n’est pas une référence, mais ne suffit que dire qu’il roule sa bosse depuis plus de 40 ans et qu’il sort encore aujourd’hui un disque par semaine au bas mot. Sa façon de procéder est de donner exactement ce que la production exige de lui, alors si c’est pour avoir le volume le plus fort, il va le faire. Mais si on exige de lui une production impeccable, il va le faire aussi! À avoir! Que ce soit pour les quelques coups d’extrêmes-graves électroniques d’Un Cœur, les sforzando de Comme un Soleil, la progression de La Science du Cœur, la simplicité pianistique, l’électro d’Alphabet ou la calme finale d’Une Lettre, c’est juste beau!

Ça y est, j’appréciais avec Punkt, j’ai aimé avec Les Callas, et là, je suis fan! Merde.

On achète si on aime Louis-Jean Cormier, Damien Robitaille, Daniel Bélanger. Sans compter les Alain Souchon, Nino Ferrer, Jacques Brel, Charles Aznavour, enfin vous voyez le topo.

Réédition 2004/2017: The Secret Machines – Now Here Is Nowhere

Machines secrètes en blanc et rouge

Album: Now Here Is Nowhere
Artiste: The Secret Machines

V.O: 2004 Vinyle double en encart (Europe)
Reprise Records, 679 Recordings
9362 48544-1

En Test: 2017 Vinyle double en encart numéroté

Étiquette: Run Out Groove, Reprise Records, 679 Recordings
ROGV-008

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The Secret Machines a eu une vie courte, mais intense. Groupe alternatif indépendant de rock qui a été comparé à trop de grands (Led Zeppelin et cie! Sérieusement?), a eu quelques moments chanceux de publicité et a pu faire des spectacles en première partie de beaucoup de grands. La musique qu’ils produisent est tout aussi intense : du gros rock très sale, avec beaucoup de distorsion, des claviers électroniques, de la guitare et basse à profusion et un batteur jouant avec vraiment trop de verve. C’est un groupe tout-ou-rien.

Arriva Now Here Is Nowhereleur premier disque. Quelques succès d’estime, une chanson utilisée dans un jeu vidéo, et une belle lancée. Ce disque vinyle de 2004 a su exiger un prix prohibitif, se nichant dans la zone grise entre un indépendant ne pouvant sortir trop de copies par manque d’intérêt général et un disque commercial qui n’a pas assez de copies pour plaire à tous les acheteurs potentiels. Merci à cette édition (encore une fois) limitée, on a droit à une nouvelle version un peu plus abordable, respectant en tous points la version originale de 2004.

Et le disque double, justement ? Il est bizarre. La face 1A et 2B n’ont qu’une longue chanson, jouissive de qualité, aucune compression apparente, de la force, de la basse, de l’âme. Et les faces 1B et 2A ont entre 12 et 16 minutes chacune, matériel à volume légèrement réduit et beaucoup plus compressé. C’est donc deux niveaux de bêtes dans le même disque. Est-ce que ça veut dire que la sonorité est affectée? Mmm, un peu! Ça aurait pu être mieux distribué sur les faces, même si je conçois le message que le groupe a voulu passer et que les chansons 2 et 3 (Sad and Lonely et The Leaves Are Gone) devraient être jouées en suite. Mais on y perd un peu. N’empêche, les explosions de puissance du groupe y sont, ainsi que la basse omniprésente. Donc devrais-je réellement me plaindre? Ouf! Quel disque! À jouer à tue-tête!

On achète si on aime Interpol, Broken Social Scene, Malajube, The Stills.

2017: P!nk – Beautiful Trauma

Traumatisme Pop

Album: Beautiful Trauma
Artiste: P!nk

En Test: 2017 Vinyle double en encart

Étiquette: RCA, Sony Music
8985-47469-1

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P!nk est de retour cinq années après son dernier disque, The Truth About Love, qui a été un succès autant commercial que de critiques. Beautiful Trauma est un peu un entre-deux, plus personnel, mais plus commercial; plus commercial, mais moins radiophonique et explicite à souhait; plus explicite et edgy, mais beaucoup plus pop et moins rock. C’est drôle comme progression, P!nk a tout brisé ses premiers contrats et son style qui l’envoyait vers de la pop-bonbon, ses deux disques Try This et I’m Not Dead étant beaucoup plus rock, les disques suivants allant dans une progression oldies et style alternatif. Mais ici, c’est un retour vers de la pop avec très peu de rock. Et ça suit la vogue des disques à histoires personnelles comme Lemonade de Beyoncé.

Et c’est d’ailleurs, peut-être, le problème avec P!nk : son côté rebelle est obnubilé par sa pop. Problème? Ou plus grande force? On le sait avec ses spectacles, elle en met plein la vue, elle est très physique, elle n’a pas de filtre et elle s’amuse. En même temps, elle réussit à sortir des disques adorés par ses admirateurs et même par la population en général. La preuve, le 23 mars 2018, elle va être au Centre Bell et j’ai eu au moins une vingtaine d’amis et amies de tout acabit qui vont aller la voir. D’ailleurs, si je me fie à ses spectacles précédents, ça risque d’être fou! Il faudrait qu’elle passe au Zaricot à Saint-Hyacinthe, ça, ça serait un bon spectacle!

Mais ok, trêve de plaisanteries, son disque, il est comment? C’est un disque double avec très peu de musique par face. Mais il possède son lot de bruit de fond et la face 1A est décentrée sur mon disque (matrice de pressage mal installée). Par contre, le disque a été produit par et pour du vinyle. Dave Kutch, l’ingénieur de pressage le plus sexy de l’industrie, a fait un travail exceptionnel de matriçage. Les chansons ont tout l’espace pour se déplier et montrer de quel bois elles chauffent. On n’a qu’à voir la chanson Where We Go, qui prend toute sa place en basse, en aigus. On entend aussi la voix de P!nk qui utilise des micros différents et on entend toute la différence que ces derniers procurent à sa voix. C’est la preuve d’une exceptionnelle gravure! Dommage pour le bruit de fond et le décentrage.

On achète si on aime Beyoncé, Gwen Stefani, Sia, John Legend.

1970, 2003: The Beatles – Let It Be & Let It Be… Naked

Sur la nudité des Beatles…

En 1968, les Beatles prenaient une tangente beaucoup plus complexe dans leurs compositions. Tout chaud de leur Album Blanc, en préparation pour Yellow Submarine, et en composition de Abbey Road, certains des membres rêvaient des chansons simples de leurs premiers albums. Un clin d’œil à ce qui a créé leur gloire. Ce projet a été relégué plus ou moins aux oubliettes, n’ayant que des sessions disparates pour y travailler. Encore plus, lorsqu’ils ont désiré finaliser quelque chose digne des Beatles, les guerres intestines avec le mécontentement des membres, le duo Lennon-Ono, la tournure mystique de Harrison, plus rien ne faisait. Les sessions ont malgré tout été terminées avec une centaine de chansons à moitié enregistrées, mais aucun produit réel. En 1969, ils enregistrèrent leur dernier album réel, Abbey Road. Restait cette pile de chansons sans aucun fil conducteur, de qualité différente.

Arriva Phil Spector, en sauveur de ce projet. Après avoir passé des mois de travail, de réécriture, de remixage, ajouté sa saveur locale, dont des orchestrations supplémentaires, des échantillons de discussions en studio, etc., il arriva à un album avec un fil conducteur. Beaucoup vont dire que ce n’est pas un vrai album des Beatles, vu que George Martin n’y est pas producteur, mais je doute qu’on ait eu un album sans Spector. On peut être contre Spector suite à sa condamnation, mais on ne peut être contre son génie.

Album : Let It Be
Artiste : The Beatles

En Test : 1970 Vinyle (Canada)

Étiquette : Apple Records
SOAL 6351

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Vous pouvez aussi bien entendu trouver des versions originales 1970 de moins haute qualité au gré des arrivages de disque usagés, comme celle que j’ai en critique ici.

You’re damned if you do… Cet album est totalement différent de tous les autres albums des Beatles. Tout d’abord, on y entend des séquences de voix enregistrées en studio démontrant une bonhommie entre les différents Beatles. On a aussi beaucoup de différents styles, allant de rock doux représentatif de McCartney avec Get Back, du rock plus fort avec Dig A Pony, des chansons plus spirituelles à la Across The Universe, la chanson Let It Be représentative de Lennon, ainsi que des chansons-gag à la Maggie Mae. Le tout se termine avec une petite pièce d’anthologie, les dernières paroles de leur dernier spectacle sur le toit de Apple Corps : « I’d like to say “thank you” on behalf of the group and ourselves, and I hope we passed the audition. ».

Bien entendu, les critiques ont été mitigées. On a droit à des chansons avec une stylistique ancienne, avec le traitement in your face de Spector, aucun fil conducteur, des gags de studio, un air démontrant un manque de finition des pièces, des gags, de la bonhommie, un laisser-aller, et des chansons orchestrales. Il était de notoriété publique que Paul McCartney n’était pas heureux du résultat, que George Martin s’était fait tasser, bref : est-ce réellement un bon album des Beatles? Les critiques se sont entre-déchirées sur le sujet. En rétrospective, McCartney a dit un peu plus tard que malgré ses divergences, Spector a tout de même réussi un tour de force avec cet album, qui mérite sa place dans les albums des Beatles. De mon bord, je peux donner deux raisons pour lesquelles je me suis intéressé à l’univers de l’enregistrement musical : les bobines de mon père avec son Revox A77 et de m’avoir fait jouer avec ces dernières… et cet album, pour lesquelles les petits bouts de paroles en studio m’ont fasciné dès mon plus jeune âge. Je ne savais pas c’était quoi, mais je savais que j’en voulais dans ma vie.

Et côté qualité sonore, c’est un album des Beatles moderne. Multiples pistes, sessions à peu près en direct, exercices de style. Les anciennes versions ont plus de popcorn, leur âge paraît, et c’est habituellement des gravures de masse. Ça n’empêche pas une bonne écoute, mais ce n’est pas un disque de très haute qualité. La version est uniquement disponible en stéréo, toutefois, si vous désirez avoir une version mono originale, vous pouvez aller chercher le ruban mono, introuvable à des prix adéquats. D’ailleurs, je dirais que les meilleures versions de n’importe quel disque des Beatles sont les rubans d’origine. Toutefois, leurs prix sont prohibitifs pour des copies de qualité adéquates… quand ce ne sont pas des faux. De toute façon, la version mono d’Abbey Road et de Let It Be ne peut être considérée une version originale, ces deux albums ayant été prévus en stéréo dès le début. Ils ne sont pas disponibles dans le Mono Box, d’ailleurs.

Les versions 180g? Si le popcorn est quelque chose qui vous horripile et si vous préférez ne pas avoir à payer 50 $ ou plus pour une copie d’origine de qualité, la nouvelle édition est parfaitement valable. La copie ultime, à mon avis, reste le ruban… mais sinon, c’est la deuxième meilleure version disponible. La troisième serait la version en boîtier, vu qu’elle est ancienne et d’édition très limitée, et a probablement été bien entretenue par ses possesseurs. Il y a plus de chances que l’enregistrement ait été bien fait sur le disque.

Album : Let It Be… Naked
Artiste : The Beatles

En Test : 2003 Vinyle

Étiquette : Parlophone
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You’re damned if you don’t… McCartney a tout de même eu sa chance de refaire le disque. À peu près les mêmes pistes, mais on enlève les ficelles du studio, on enlève les gags, on ne garde que les chansons valant la peine, on en ajoute qui n’ont pas été sélectionnées, et surtout, on enlève les orchestrations et la surproduction de Spector. Bien évidemment, les critiques ont été mitigées encore une fois : exit le plaisir apparent de l’album, ce qui ne reste, c’est des chansons avec un fil conducteur mitigé. Parfois, aussi, Spector a bien réussi des versions, et de vouloir modifier la chanson sans aucune raison valable est juste du révisionnisme. Bref : ces satanées critiques ne seront jamais contentes!

Mon opinion est que la version originale a sa place, et est une des raisons pour lesquelles cet album a fonctionné. Je ne crois pas que la version Naked… aurait eu un si grand succès. Toutefois, les versions qui nous sont proposées sont vraiment meilleures musicalement parlant. Au prix du disque, je ne suis pas certain… mais autant l’objet, le livre, le petit disque supplémentaire que la musique du disque principal sont autant d’attentions à produire un bel objet que les collectionneurs seront heureux de posséder.

Côté sonorité, c’est un travail d’amour. La sonorité est aussi bonne qu’elle puisse l’être. C’est non seulement un beau moment pour redécouvrir cet album, mais c’est aussi quelque chose qui s’écoute aussi bien (sinon mieux, dépendant de votre système) que la version 180 g.

1976: Carol Douglas – Midnight Love Affair

Succès disco-funk 1976 à redécouvrir

Album : Midnight Love Affair
Artiste: Carol Douglas

En Test : 1976 Vinyle (Canada)

Étiquette : Midland International
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Le milieu des années 70 était l’ère des chansons à grand déploiement. On peut penser aux Love To Love You Baby; Try Me, I Know We Can Make It; MacArthur Park, aux Star Wars Theme and Other Galactic Funk; Disco Inferno; Don’t Let Me Be Misunderstood, etc. En fait, à défaut d’avoir des outils pour DJ disponibles et des versions vinyles pour DJ avec sections permettant de faire des mixes, et tous ces autres outils, c’était la mode de faire des versions partiellement mixées et des longues chansons. Et quelle suite à son premier (et plus grand) succès Doctor’s Orders! Midnight Love Affair a fait les choux gras des discothèques malgré le fait que Mme Douglas est restée dans un anonymat relatif. Il ne faut d’ailleurs pas la confondre avec monsieur Kung-Fu Fighting, Carl Douglas. Qui sait, peut-être que leurs noms similaires leur a donné une petite gloire similaire. D’ailleurs, même si elle n’est pas si connue que ça, elle l’était assez pour qu’on voie son nom en lettres de feu sur la marquise de la piste de danse dans le film Saturday Night Fever.

Dans les styles disco nord-américains, la chanson Midnight Love Affair est un très bon succès à avoir, toute la patine et le côté boule disco sont omniprésents. Pour me lancer dans la synesthésie, j’aime quand la musique disco semble briller, offre des fondus flous, avec des sourires au visage. Le reste de la face A s’écoute bien, d’ailleurs. Et la face B, eh bien, c’est de la face B. Ce n’est pas excellent, mais ça s’écoute bien aussi.

Et côté qualité de gravure, c’est certain que pour un disque de plus de 40 ans, il ne faut jamais s’attendre à des miracles, surtout pour des copies à quelques dollars. Mais l’enregistrement n’a rien à pâlir des autres grands de la musique disco. On reconnaît d’ailleurs sur ce disque les fondus coupés réalisés sur une bande magnétique : la chanson Midnight Love Affair est prévue en 45 tours, une partie chanson principale et une partie étendue pour la face B. Alors pour passer du premier 4 minutes aux deux dernières minutes de la chanson, on entend très bien la session musicale changer pour les extras. On retrouve aussi ce genre de coupure à quelques reprises sur le disque. On est très loin du Protools des années 2000! Et pour revenir à l’enregistrement, mon disque est parfait, peu ou pas de bruit de fond, aucune usure prématurée. C’est pour ça qu’il faut acheter des vieux disques parfois!

2017: Mogwai – Every Country’s Sun

Post-rock sauce Écossaise

Album : Every Country’s Sun
Artiste : Mogwai

En Test : 2017 Vinyle transparent double en encart

Étiquette : Temporary Residence Limited
TRR291LP-C1

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Mogwai est un des anciens du post-rock, beaucoup plus consensuel et moins politisé que nos Godspeed You! Black Emperor, beaucoup plus planant et en accords de do, beaucoup moins de surprises. Convenu aujourd’hui. Mais qui peut les blâmer quand on est un peu dans les groupes-phares du post-rock. Présentement, Mogwai est en train de lire cette critique et ils sont en train de me détester, parce que ces derniers ne se sont jamais considérés comme étant Post-Rock. Pour eux, et cet album le prouve bien, ils sont plus pop-rock planant, cosmique, beaucoup moins ce qu’on peut appeler post-rock. Donc le côté consensuel est absolument assumé vu que pop, et le côté rock et shoegaze est beaucoup moins assumé, et plus un incident de parcours qu’autre chose. Hormis leur premier album, on peut aussi considérer qu’ils sont instrumentaux, même s’ils ont utilisé les paroles à diverses reprises.

Et qu’est-ce qui peut ressembler plus à un album de Mogwai qu’un autre album de Mogwai? Ils sont très rigoureux dans leur approche, ils ont toujours sorti une même sauce assumée, parfois plus pop, parfois plus expérimentale à la Seefeel, parfois plus disco à la M83, parfois plus post-rock à la GY!BE, mais c’est immanquablement du Mogwai. D’ailleurs, on ne peut pas réellement sortir un album du lot et dire que cet album est la bombe et s’en servir comme base de comparatif, ils sont tous excellents, ou tous Mogwai. Le seul qui ressort réellement du lot est leur tout premier album, Young Team, pour leur côté beaucoup plus expérimental. Mais est-ce réellement du Mogwai? Cet album, Every Country’s Sun, a des chansons légèrement pop, mais ce qu’on retient, c’est qu’il est un retour vers le post-rock cosmique : ça plane, ça shoegaze et ça nous emmène dans des beaux environnements sonores, très consensuels encore une fois.

Côté qualité, ça ressemble à quoi ce vinyle ? Comme d’habitude, malgré les aléas d’une étiquette à un autre (ils ont entre autres endisqué pour Matador, ensuite pour Sub Pop, et ici, c’est leur premier disque sur Temporary Residence), ils sortent une superbe qualité de produit. Beau disque, belle pochette, on m’a dit beaucoup de bien du 3e disque du coffret (mais je ne l’ai pas alors c’est des oui-dires). Tenez, c’est le temps d’ajouter un petit « je travaille comment? » : lorsque je perçois un problème sur ma copie de disque, je vais aller me faire influencer par les commentaires sur les différents réseaux (Discogs, Allmusic, les autres critiques), juste pour voir si c’est ma copie ou si c’est généralisé. La face B de mon disque est légèrement décentrée et avec des chansons planantes où les accords restent de longues minutes, c’est facile d’entendre le disque changer de vitesse… et hélas, ce n’est pas juste moi qui suis malchanceux, la personne qui a réalisé l’impression du disque l’a fait à la va-vite et le disque est imprimé décentré.

C’est d’ailleurs un des problèmes avec les vinyles modernes : les entreprises réalisant les gravures n’ont plus d’équipes dédiées à écouter les disques à chaque lot d’impression. Dorénavant, les disques sont envoyés en fichiers numériques, sont gravés sur un disque maître, sont (si on est chanceux) écoutés une fois et ensuite, ils sont imprimés et envoyés aux magasins de disque. Auparavant, il y avait une équipe dédiée à l’écoute des lots et s’il y avait un problème, les disques étaient détruits et réimprimés. Vu que c’est dorénavant un marché de niche, les vinyles ne sont plus détruits à moins d’une très grave erreur. Un décentrement? Pas grave. Une pause numérique de 0.5sec entre deux pièces qui auraient du jouer une à la suite de l’autre? Ça coûterait trop cher de les réimprimer alors pas grave.

Alors voilà, le disque de Mogwai, face B, pour beaucoup de copies, est décentré légèrement. Grave? Non. Manque d’attention? Bah, oui. Est-ce que ça empêche réellement de réaliser une bonne écoute? Légèrement si on chipote, mais pas vraiment. Pour le reste, le disque est vraiment bon et une valeur sûre à acheter. C’est un des bons Mogwai et c’est un bel endroit où commencer sa découverte de ce groupe si vous ne les connaissez pas!

 

2017: Ensiferum – Two Paths

Les Vikings sont de retour!

Album : Two Paths
Artiste : Ensiferum

En Test : 2017 Vinyle bleu-gris marbré (#103/250)

Étiquette : Metal Blade
3984-15529-1

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Ensiferum est un groupe autoproclamé de métal folklorique mélodique roulant sa bosse depuis plus de 20 bonnes années. En fait, du groupe original, il n’y a plus que Markus Toivonen, guitariste, cofondateur et chanteur mélodique du groupe. Avec les musiciens et les années, ils ont aussi agrandi leurs horizons et n’ont plus cherché à faire plaisir aux gens, ils se font plaisir d’abord. Leur style musical s’est affiné, ils ne tentent plus de faire comme les autres afin de bien vendre, ils font dans leur propre style.

Mélange de métal et de chanson de taverne, l’album Two Paths poursuit la veine démarrée avec leur album précédent, One Man Army, en ayant autant des chansons métal vikings que des chansons folkloriques dansantes, l’équivalent viking et métal noir des Dropkick Murphys, on pourrait dire. L’album Two Paths est d’ailleurs séparé presque à l’épée entre la face A plus combattive et la face B plus de party. Et pour la première fois, l’album comprend leur nouvelle garde féminine, Netta Skog, accordéoniste! Est-ce traditionnel? Non… Est-ce différent? Oui… Doit-on s’habituer? Je dirais que oui, mais moi j’aime bien et ça s’adapte parfaitement à leur dichotomie métal-folk.

Côté sonorité, métal, gros beuh? Et un album qui a de la présence et du mordant à profusion! Ce n’est pas qu’un petit album qui sonne mal : la sonorité est à couper au couteau, les instruments sont clairs et précis. Le volume est beaucoup plus bas que les autres albums de métal, mais en contrepartie, si vous augmentez le volume au même que les autres, vous allez avoir toute une expérience. Comparativement aux autres albums métal, la basse est réservée, probablement afin de ne pas faire exploser le disque à cause de la quantité de musique par face (25 minutes pour la face B) tout en gardant une qualité sonore exemplaire, ce qui n’empêche pas que la basse soit présente assez pour faire vibrer mon plancher, ce qui est rare avec mes écoutes. Je suis prêt à vivre avec ça. Compressés et limités avec expertise, enregistrés avec des vrais instruments, sur bande magnétique, avec des appareils de filtres analogiques, ils y sont allés pour une sonorité en direct et ça paye amplement.

Une petite note sur les versions éditions limitées. Certains producteurs vont réaliser des versions limitées pour les fins et pour les fous. Metal Blade va produire 200 copies d’une version, 500 copies d’une autre, 100 d’une autre, 500 vinyles noirs, 500 vinyles avec un motif, 250 avec un autre motif et une affiche, bref, oui il s’agit d’une édition limitée à 250 exemplaires dans le monde, mais non ce disque n’est pas limité qu’à 250 exemplaires, il y en a des milliers de gravés, juste pas avec le même média. Et je vous recommande bien entendu de laisser tomber la version imprimée picture disc, la qualité s’en ressent toujours.

On achète si on aime Amon Amarth, Children Of Bodom, Moonsorrow et par extension, Flogging Molly et Dropkick Murphys.

On écoute leur Making Of…