2017: Mogwai – Every Country’s Sun

Post-rock sauce Écossaise

Album : Every Country’s Sun
Artiste : Mogwai

En Test : 2017 Vinyle transparent double en encart

Étiquette : Temporary Residence Limited
TRR291LP-C1

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Mogwai est un des anciens du post-rock, beaucoup plus consensuel et moins politisé que nos Godspeed You! Black Emperor, beaucoup plus planant et en accords de do, beaucoup moins de surprises. Convenu aujourd’hui. Mais qui peut les blâmer quand on est un peu dans les groupes-phares du post-rock. Présentement, Mogwai est en train de lire cette critique et ils sont en train de me détester, parce que ces derniers ne se sont jamais considérés comme étant Post-Rock. Pour eux, et cet album le prouve bien, ils sont plus pop-rock planant, cosmique, beaucoup moins ce qu’on peut appeler post-rock. Donc le côté consensuel est absolument assumé vu que pop, et le côté rock et shoegaze est beaucoup moins assumé, et plus un incident de parcours qu’autre chose. Hormis leur premier album, on peut aussi considérer qu’ils sont instrumentaux, même s’ils ont utilisé les paroles à diverses reprises.

Et qu’est-ce qui peut ressembler plus à un album de Mogwai qu’un autre album de Mogwai? Ils sont très rigoureux dans leur approche, ils ont toujours sorti une même sauce assumée, parfois plus pop, parfois plus expérimentale à la Seefeel, parfois plus disco à la M83, parfois plus post-rock à la GY!BE, mais c’est immanquablement du Mogwai. D’ailleurs, on ne peut pas réellement sortir un album du lot et dire que cet album est la bombe et s’en servir comme base de comparatif, ils sont tous excellents, ou tous Mogwai. Le seul qui ressort réellement du lot est leur tout premier album, Young Team, pour leur côté beaucoup plus expérimental. Mais est-ce réellement du Mogwai? Cet album, Every Country’s Sun, a des chansons légèrement pop, mais ce qu’on retient, c’est qu’il est un retour vers le post-rock cosmique : ça plane, ça shoegaze et ça nous emmène dans des beaux environnements sonores, très consensuels encore une fois.

Côté qualité, ça ressemble à quoi ce vinyle ? Comme d’habitude, malgré les aléas d’une étiquette à un autre (ils ont entre autres endisqué pour Matador, ensuite pour Sub Pop, et ici, c’est leur premier disque sur Temporary Residence), ils sortent une superbe qualité de produit. Beau disque, belle pochette, on m’a dit beaucoup de bien du 3e disque du coffret (mais je ne l’ai pas alors c’est des oui-dires). Tenez, c’est le temps d’ajouter un petit « je travaille comment? » : lorsque je perçois un problème sur ma copie de disque, je vais aller me faire influencer par les commentaires sur les différents réseaux (Discogs, Allmusic, les autres critiques), juste pour voir si c’est ma copie ou si c’est généralisé. La face B de mon disque est légèrement décentrée et avec des chansons planantes où les accords restent de longues minutes, c’est facile d’entendre le disque changer de vitesse… et hélas, ce n’est pas juste moi qui suis malchanceux, la personne qui a réalisé l’impression du disque l’a fait à la va-vite et le disque est imprimé décentré.

C’est d’ailleurs un des problèmes avec les vinyles modernes : les entreprises réalisant les gravures n’ont plus d’équipes dédiées à écouter les disques à chaque lot d’impression. Dorénavant, les disques sont envoyés en fichiers numériques, sont gravés sur un disque maître, sont (si on est chanceux) écoutés une fois et ensuite, ils sont imprimés et envoyés aux magasins de disque. Auparavant, il y avait une équipe dédiée à l’écoute des lots et s’il y avait un problème, les disques étaient détruits et réimprimés. Vu que c’est dorénavant un marché de niche, les vinyles ne sont plus détruits à moins d’une très grave erreur. Un décentrement? Pas grave. Une pause numérique de 0.5sec entre deux pièces qui auraient du jouer une à la suite de l’autre? Ça coûterait trop cher de les réimprimer alors pas grave.

Alors voilà, le disque de Mogwai, face B, pour beaucoup de copies, est décentré légèrement. Grave? Non. Manque d’attention? Bah, oui. Est-ce que ça empêche réellement de réaliser une bonne écoute? Légèrement si on chipote, mais pas vraiment. Pour le reste, le disque est vraiment bon et une valeur sûre à acheter. C’est un des bons Mogwai et c’est un bel endroit où commencer sa découverte de ce groupe si vous ne les connaissez pas!

 

2017: Ensiferum – Two Paths

Les Vikings sont de retour!

Album : Two Paths
Artiste : Ensiferum

En Test : 2017 Vinyle bleu-gris marbré (#103/250)

Étiquette : Metal Blade
3984-15529-1

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Ensiferum est un groupe autoproclamé de métal folklorique mélodique roulant sa bosse depuis plus de 20 bonnes années. En fait, du groupe original, il n’y a plus que Markus Toivonen, guitariste, cofondateur et chanteur mélodique du groupe. Avec les musiciens et les années, ils ont aussi agrandi leurs horizons et n’ont plus cherché à faire plaisir aux gens, ils se font plaisir d’abord. Leur style musical s’est affiné, ils ne tentent plus de faire comme les autres afin de bien vendre, ils font dans leur propre style.

Mélange de métal et de chanson de taverne, l’album Two Paths poursuit la veine démarrée avec leur album précédent, One Man Army, en ayant autant des chansons métal vikings que des chansons folkloriques dansantes, l’équivalent viking et métal noir des Dropkick Murphys, on pourrait dire. L’album Two Paths est d’ailleurs séparé presque à l’épée entre la face A plus combattive et la face B plus de party. Et pour la première fois, l’album comprend leur nouvelle garde féminine, Netta Skog, accordéoniste! Est-ce traditionnel? Non… Est-ce différent? Oui… Doit-on s’habituer? Je dirais que oui, mais moi j’aime bien et ça s’adapte parfaitement à leur dichotomie métal-folk.

Côté sonorité, métal, gros beuh? Et un album qui a de la présence et du mordant à profusion! Ce n’est pas qu’un petit album qui sonne mal : la sonorité est à couper au couteau, les instruments sont clairs et précis. Le volume est beaucoup plus bas que les autres albums de métal, mais en contrepartie, si vous augmentez le volume au même que les autres, vous allez avoir toute une expérience. Comparativement aux autres albums métal, la basse est réservée, probablement afin de ne pas faire exploser le disque à cause de la quantité de musique par face (25 minutes pour la face B) tout en gardant une qualité sonore exemplaire, ce qui n’empêche pas que la basse soit présente assez pour faire vibrer mon plancher, ce qui est rare avec mes écoutes. Je suis prêt à vivre avec ça. Compressés et limités avec expertise, enregistrés avec des vrais instruments, sur bande magnétique, avec des appareils de filtres analogiques, ils y sont allés pour une sonorité en direct et ça paye amplement.

Une petite note sur les versions éditions limitées. Certains producteurs vont réaliser des versions limitées pour les fins et pour les fous. Metal Blade va produire 200 copies d’une version, 500 copies d’une autre, 100 d’une autre, 500 vinyles noirs, 500 vinyles avec un motif, 250 avec un autre motif et une affiche, bref, oui il s’agit d’une édition limitée à 250 exemplaires dans le monde, mais non ce disque n’est pas limité qu’à 250 exemplaires, il y en a des milliers de gravés, juste pas avec le même média. Et je vous recommande bien entendu de laisser tomber la version imprimée picture disc, la qualité s’en ressent toujours.

On achète si on aime Amon Amarth, Children Of Bodom, Moonsorrow et par extension, Flogging Molly et Dropkick Murphys.

On écoute leur Making Of…

 

2017: Arcade Fire – Everything Now

Disco alt-corporative

Album : Everything Now
Artiste : Arcade Fire

En Test : 2017 Vinyle en encart (Nuit, Anglais)

Étiquette : Sonovox Records
88985453551

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Ils sont rendus là. Arcade Fire, notre groupe internationalement reconnu d’Alt-Rock est rendu en Pop sur cet album. Les critiques s’entre-déchirent entre le génie et l’horreur, la superbe et l’ignominie. Le concept de l’album sur l’emprise corporative et des marques sur nos vies est omniprésent alors d’aucuns vont dire que leur message politique est passé avant la musique, d’autres vont dire que leur musique a été guidée par ce thème.

On en est rendu là. Se déchirer sur le message d’un album versus sa musique. Moi, je vous le dis bien franchement, je ne m’arrête pas du tout aux paroles. Je peux vous dire que c’est du Arcade Fire du début à la fin. Et en tant qu’album Arcade Fire, je ne suis pas déçu. Est-ce que c’est des chansons incroyables? Pas toutes… Mais il y en a beaucoup de bien sympa, d’autres excellentes, quelques très bon simples, et d’autres qui ont fumé un peu trop de Sgt. Pepper’s. Collaborations à travers le monde avec des grands, incluant une moitié de Daft Punk, producteur de Pulp, DJ en vogue, producteur à succès, etc. Mon avis (que personne ne demande) est qu’il leur faudrait une personne qui soit capable de leur dire « sérieux? » et avoir de l’honnêteté avec eux.

C’est la progression logique de la chanson Afterlife.

 

Côté sonorité ? C’est différent par chanson, je ne peux pas dire que l’album vinyle soit mauvais en tant que tel, ce n’est pas trop compressé, c’est bien réussi, mais c’est totalement inégal. Certaines chansons à la Everything Now sont du pur et dur Arcade Fire pop (et Thomas Bangalter), épurées et de qualité, léchée à l’extrême. D’autres ont un côté croustillant et numérique un peu moins plaisant, surtravaillé dans le mauvais sens du terme. Ça, c’est mon côté chipoteux. En moyenne, l’album vinyle est parfaitement réussi et s’écoute très bien du début à la fin. On a parfois des hauts et des bas, mais c’est un superbe album, dans le haut de la pile côté qualitatif moderne pour vinyles.

Et côté sonorité du simple ? On peut obtenir le simple à peu de frais, reste qu’il ne s’agit que d’une seule chanson. Version DJ, 33 tours (bouh!) de très haute qualité, 10x meilleur que la version album et meilleur que la version numérique. Parfait pour DJ. J’ai lu des commentaires sur Internet que certains disaient que les chansons étaient inécoutables tellement le disque avait de la distorsion; je n’ai pas ce problème.

 

On achète si on aime Arctic Monkeys, Alt-J, Bon Iver, Vampire Weekend.

 

2017: Tire Le Coyote – Désherbage

Désherber avant l’hiver

Album : Désherbage
Artiste : Tire Le Coyote

En Test : 2017 Vinyle en encart

Étiquette : La Tribu
TRILP-7378

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Après le Panorama de 2015, il était grand temps que Tire le Coyote nous sorte un nouvel album… et quel album! Folk parfaitement assumé dans son côté mélancolique, une petite touche de fuzz dans la guitare, ça, c’est une suite, mes amis! Lors du Agrirock, on a eu droit à une belle prestation en direct chez Fréquences (que l’auteur de ces lignes a manqué à son grand dam – gros rhume inopportun) qui, il paraît, était géniale. Si c’était un tiers génial comme cet album, ça devait être fou!

Mais c’est qui ça Tire le Coyote? C’est une suite dans la vogue folk populaire québécois assumé, paroles sans filtre français international, poésie de l’endroit. Simplicité guitare-voix de fausset vibrante, un petit accompagnement orchestre rock simple sur l’album. Je ne crois pas que l’artiste désire même faire quelque chose de grandiose et intemporel, je crois qu’il cherche à faire quelque chose d’honnête, de beau et s’écoutant bien, mais pas d’idées de grandeur. C’est un peu ce qui est génial dans cet album. On sent que ça pourrait être un album Jaune de Ferland, mais qu’il n’y a aucun intérêt à se rendre dans ce registre, même s’il y a tout pour le style.

Et la sonorité, eh bien c’est numérique, c’est travaillé sans avoir une connaissance innée du médium vinyle. Par exemple, la Chanson d’eau douce va user du compresseur sur tous les instruments lorsque certains instruments font leurs crescendo, quand il est totalement inutile de compresser la majeure partie des instruments qui usent d’une case de fréquences différente (par exemple la basse). La chanson Désherbage va aussi écrêter numériquement parfois. C’est mon côté que je n’aime pas. Mais pour le reste, ouf, quel enregistrement! La face A est parfaite, belle à écouter, intimiste et encadrant parfaitement la voix incongrue de Benoit Pinette. La face B, un peu plus rock, a un peu plus de difficulté à se démarquer sur le vinyle, mais s’en tire parfaitement quand même.

On achète si on aime Galaxie, Philémon Cimon, Bernard Adamus, Mara Tremblay (qui sort son nouvel album Cassiopée d’ailleurs!).

2017: Beyries – Landing

La sensation folk rock en vinyle!

Retour aux critiques vinyles – cette critique était prévue il y a quelques semaines déjà mais après avoir pris une petite pause bien méritée, il est l’heure de revenir à ses moutons, tout heureux de critiquer plein d’albums géniaux!

Album : Landing
Artiste : Beyries

En Test : 2017 Vinyle

Étiquette : Bonsound
BONAL052-LP

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2017 est l’année Beyries. Au début de son parcours musical, l’auteur-compositrice-interprète a, hélas, été visitée par le crabe à deux reprises. Se réfugiant dans la musique, elle se redécouvrit avec le piano familial et commença à écrire. En 2015, après quelques excursions, la chanteuse montréalaise a décidé de tout donner. Trio, un premier album, des compositions qui furent utilisées à la télé, des premières parties, etc. Après avoir signé avec Bonsound, ces derniers lui donnent la visibilité qu’elle mérite et depuis le début de l’été, elle apparait à travers les provinces de l’Est dans de multiples concerts.

Les chansons, sur le thème de la perte, de la solitude et de l’espoir, sont autant de petits bijoux, rappelant beaucoup le style folk de Martha Wainwright, qui d’ailleurs lui donna sa première partie de concert. Intimiste est le mot. Et ensuite, face B et le côté rock aux accents parfois country apparait, plus près de Gogh Van Go.

Pour la qualité, c’est un disque qui surprend de qualité. Bonsound a fait un excellent travail, rappelant un peu le country-folk années 70 pour la qualité. Parfois, ça écrête numériquement un peu, comme la voix qui n’est pas aidée par la sélection de micros sur l’album Soldier. J’ai tendance à en laisser un peu pour les styles intimistes, il y a si peu de jeu entre avoir un album qui est mou, vide et distant versus un album surcomprimé. Là où c’est parfois un peu plus difficile, c’est des chansons comme The Pursuit of Happiness, où la basse compresse avec la chanson, ou la chanson suivante (You Are) avec ses coups de cymbales frappées à main qui compresse toute la musique. Il n’y a aucune raison pour que ça arrive sur un matriçage de disque vinyle. Le volume n’est pas maximisé sur cet album! Vous n’avez qu’à allouer plus d’espace vinyle à ces coups de caisse en utilisant un pas de sillon variable. Encore une fois, c’est des gens produisant une version maîtresse maximisée numériquement sans penser aux avantages que peut procurer le vinyle sur une sonorité. L’album, par ses différents styles, est un cauchemar pour la personne réalisant le matriçage, alors encore une fois j’en laisse un peu. Mais ce n’est pas égal. Parfois, c’est le pied, parfois c’est inadéquat. Somme toute un très bon album.

Réédition 2016/2002: Sigur Rós -( )

Entre parenthèses…

Album : ﹙﹚
Artiste : Sigur Rós

V.O. : 2002 Vinyle
FatCat Records, [PIAS] Recordings
fatlp22, piasv122dlp

En Test : 2016 Vinyle double 140 g en encart

Étiquette : Krúnk
krunk10blp

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Sigur Rós est un groupe islandais ayant célébré ses 20 ans bien sonnés et bien travaillés en 2014. Ils n’ont jamais arrêté de jouer, de donner des concerts, de produire des nouveaux disques. D’abord un groupe plutôt rock, de type shoegaze, ils ont fait la légère adaptation vers le post rock assez rapidement et n’ont jamais regardé en arrière. En fait… si… ils ont regardé en arrière fréquemment. Sigur Rós utilise beaucoup de matériel des disques précédents, se ressource sur leurs anciennes compositions; autant de clins d’œil, mais aussi bâtir sur des fondations de plus en plus solides et étoffées.

1994, l’année du post rock! Cette même année, un groupe bien montréalais, Godspeed You! Black Emperor, est aussi apparu sur la planète. Les deux groupes ont plus d’une ressemblance, mais où GY ! BE est plus dans le rythmé, Sigur Rós est dans l’ambiant; GY ! BE est immensément politique quand Sigur Rós y va dans les émotions. Beaucoup vont comparer les deux groupes, exercice futile à mon avis : GY ! BE est un groupe fièrement indépendant, communautaire, marginal quand Sigur Rós est un groupe à la portée plus large, rassembleur, consensuel. C’est comme comparer la chaîne Sunrise Records à Fréquences le disquaire : les deux ont leur place dans l’univers et la où un arrête, l’autre continue.

L’album ﹙﹚ est celui de l’arrivée au succès. Leur premier album, Von, est expérimental et shoegaze. L’album Von est aussi précurseur d’un mouvement où le vide est nécessaire. Une chanson est carrément vide (18 Sekúndur Fyrir Sólarupprás) et une autre démarre avec plus de six minutes de blanc avant de jouer un deux minutes d’une chanson précédente à l’envers. Leur deuxième (Ágætis Byrjun) a été produit à travers le monde et connut un succès entre autres en Grande-Bretagne. Il faut dire que nos amis britanniques avaient déjà Radiohead depuis plus d’une dizaine d’années, groupe pop rock, mais aussi ayant ses influences sur le post rock. Enfin, en 2002, un album dont le seul titre semble être des parenthèses. Aucun texte, aucun titre de chanson, rien. Album en deux parties avec un long silence entre les deux parties (le vide, encore). Une partie plus ambiante, une partie plus rock. Leur premier simple de cet album devint #1, gagna le meilleur vidéo aux MTV EMA, fut sélectionné aux Juno aussi… et avait le titre « Untitled #1 ». Plus tard, le groupe donna des titres officieux afin de s’y retrouver eux-mêmes, mais l’album est résolument dénudé d’indications.

Et côté sonorité ? C’est un peu le problème des groupes avec beaucoup de dynamisme : désirer garder un volume conséquent à travers une chanson, que le début, relativement dynamique, ne soit pas au niveau chuchotement quand l’emportée musicale démarre. Et pourtant, c’est un peu ce que le groupe aurait dû faire à mon avis. C’est le même problème qu’avec le groupe Avec Le Soleil Sortant De Sa Bouche, qui joue du post hard rock à tendance disco. Leur album Pas Pire Pop  [I ❤️ You So Much] démarre tellement fort qu’ensuite, après un peu d’augmentation, on a l’impression que le disque devrait jouer plus fort, mais il ne le fait pas. L’envolée reste à plat. La dernière chanson de ﹙﹚, qui est encore utilisée à la fin de leurs spectacles, est une envolée spectaculaire qui reste au même volume tout le long de la chanson, faisant seulement un écrêtement et une limitation progressive. Pourtant, sur tout l’album, on a droit à des faces de 15-20 minutes, ils auraient pu conserver le même volume à travers l’album entier… mais la quatrième face n’a que cette chanson d’une dizaine de minutes. Ils auraient pu démarrer la chanson avec le même volume qu’ailleurs, et briser le mur du son pour la finale de l’album. À la place, on a droit à de plus en plus de distorsion et une perte de fidélité à niveau réduit. Enfin… Choix de production, j’imagine.

On achète si on aime Godspeed You! Black Emperor, Radiohead, Avec Le Soleil Sortant De Sa Bouche, A Silver Mt. Zion.

2017: Kendrick Lamar – Damn

Lamar, version hard

Album : DAMN.
Artiste : Kendrick Lamar

En test : 2017 Vinyle double

Étiquette : Top Dog Entertainment
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C’est mon deuxième article sur Lamar en quelques mois. Ce n’est pas pour rien. L’artiste, hyperproductif, se confond en productions, coproductions, disques complets et complexes. Il faut seulement penser à To Pimp a Butterfly, qui est un des disques qui a révolutionné le monde du hip-hop, redonnant ses lettres de noblesse modernes au mélange de jazz et hip-hop. L’année d’après, Untitled Unmastered, un de mes disques favoris, sans aucun style, aucune idée préconçue, juste des pièces musicales fantastiques. Et cette année, Damn, avec des collaborations avec Rihanna et U2 (!).

Il y a une partie de moi qui n’aime pas ce disque. La progression de Lamar l’a fait passer du hip-hop traditionnel à du jazzy hip-hop, à du jazz, et finalement ce dernier disque, qui est plus dans un style conscious, où Lamar tente de nous exposer des problématiques, avec un style presque gangsta. J’ai de la difficulté avec ce changement de style, dans lequel j’aime mieux des groupes tel que Run the Jewels. J’ai l’impression qu’à force de presser le citron de sa notoriété du moment, Lamar s’étiole un peu et ne laisse pas la chance à ses albums de vivre leur vie. Mais ça reste un disque encensé par la critique et le public. Ce n’est juste pas le style que je trouve que Lamar excelle. Premières deux chansons incroyables… ensuite, je suis moins certain.

Mais côté qualité, le disque double? Enfin, un disque de hip-hop qui ne dure pas trois heures avec cinq heures d’extras! Au moins, il a appris à se limiter. Faces de 15 minutes, numériques bien entendu… mais c’est incroyable, très peu de compression apparente! La basse est pleine, complète, les chansons sont dans leur propre univers, les paroles sont ciblées et centrées, les instruments sont numériques, mais superbes. En fait, le disque vinyle est si bon que je n’ai pas à me forcer et je suis capable de voir l’état de la console Protools à chaque instant! Chaque piste est claire, définie, tout est à sa place! Juste donner un exemple simple de compression, je n’en ai entendu qu’une seule fois clairement, et c’est lors de la fin de la pièce Humble, où la voix de Lamar augmente très légèrement lorsque la basse arrête. C’est si subtil!

Vous allez me dire que c’est numérique et compressé à outrance. Oui! Chaque piste est maximisée, il n’y a pas une respiration globale de chaque piste. Mais ça, c’est de bonne guerre, c’est l’équivalent de mettre un compresseur sur une piste de guitare ou un ensemble de batteries, il faut presque le faire, sinon ça sonne ténu. Il y a aussi la sonorité que l’artiste désire obtenir dans tout ça. Ces diverses compressions ne me dérangent pas trop, tant que l’ensemble respire et est conséquent. Ce disque est fantastique à ce sujet! À acheter.

On achète si on aime Badbadnotgood, Killer Mike, Notorious B.I.G.

Le comment du pourquoi: Comparatif Mono ou Stéréo 1972

Dans ma collection, j’ai deux fois les boîtiers de La Belle Époque du Swing 1936-1946, collection du Reader’s Digest de 1972. En fait, j’ai une copie en mono et une copie en stéréo. Le matériel est identique, date de la même année de production, mais une est proposée en mono et l’autre en stéréo.

Y a-t-il vraiment une différence entre les deux? Y a-t-il une différence entre le produit stéréophonique versus monophonique. Et supposons que j’utilise une aiguille 78 tours monophonique, est-ce que j’y gagne?

Dans l’histoire musicale, il faut savoir que le matériel stéréophonique arriva beaucoup plus tard que le matériel mono. L’utilisation des bandes sonores a bien entendu énormément aidé, les premiers disques étant enregistrés directement sur disque de cire. Les premiers enregistrements à deux pistes étaient produits à travers des systèmes de bobines magnétiques ainsi qu’avec du film de cinéma. Ceci arriva bien après la seconde guerre mondiale.

Album: La Belle Époque du Swing, Mono

En Test: Compilation en 7 disques, 1972

Étiquette: Reader’s Digest
619-FM

Le matériel qui nous est présenté est donc, par défaut, mono. La version stéréo a du être produite à l’aide d’artifices. Il est d’ailleurs indiqué «réalisé électroniquement» sur les disques. Quelle est la façon la plus simple de produire un rendu stéréo? Appliquer un filtre de fréquences, envoyer certaines fréquences à gauche et d’autres à droite. C’est ce qu’on a droit ici. À peu de choses près, la basse à droite, les aigus à gauche.

Une des raisons pour lesquelles j’ai pris ce matériel est qu’il est relativement neutre. Les Beatles ont eus droit à une réédition mono et stéréo mais le matériel n’est pas le même. Les fanatiques ont raison de débattre entre une version mono ou stéréo pour chaque album, voire chaque chanson! Tandis qu’ici, c’est la même chose.

Album: La Belle Époque du Swing, Stéréo

En Test: Compilation en 7 disques, 1972

Étiquette: Reader’s Digest
619-FS

Et c’est comment au juste, une version retravaillée? Soyons francs, c’est la même chose, c’est la même musique. Ça reste réalisé à travers la même bande d’origine, la différence, c’est que les instruments vont dans tous les sens. On entend la basse et la grosse caisse à droite, on entend les instruments de solos habituellement à gauche, et à mesure que les musiciens changent de fréquences, les fréquences vont d’un bord à l’autre, comme s’ils étaient en spectacle et qu’ils se déplaçaient lors de leurs solos.

Pour la version mono, pas retravaillée, c’est mieux? Pour mes oreilles, la version mono est définitivement meilleure. Non, on ne possède pas une version nous enveloppant, mais la source unique de musique sied parfaitement au résultat. On peut entendre tous les détails de reproduction, la qualité est là, comme on s’en rappelle avec les vieux 78 tours! Même le kissing du ruban y est! … … minute, il n’y avait pas de kissing de ruban parce qu’il n’y avait pas de rubans entre 1936 et 1946! Alors d’où provient ce kissing?

Remontons donc d’une étape… voyons les générations! Si vous n’êtes pas familiers avec le terme génération, il s’agit du nombre de copies qu’il y a eu avant qu’il n’arrive à votre disque vinyle.

Prenons un exemple typique d’un grand groupe des années 70: Un studio enregistre une chanson sur un ruban (1ère génération), il est mixé sur une bande maîtresse sur un ruban 1po (2e génération). Une personne réalise la version telle qu’on devrait l’entendre sur le disque, s’assurant que chaque face a la bonne quantité de matériel, que les fréquences sont acceptables pour une gravure vinyle, et qu’il y a juste assez de matériel par face (3e génération). Ce ruban est copié à plusieurs reprises afin d’être envoyé aux différents pays pour la réplication dans leurs manufactures respectives (4e génération). Dans chaque manufacture, un ingénieur de gravure prend son temps afin de réussir à réaliser le meilleur enregistrement possible et grave un disque positif sur de la laque très sensible (5e génération). Le disque est ensuite immédiatement moulé à l’aide d’un procédé de galvanoplastie électrique et une version négative maîtresse est produite (6e génération). Cette version négative maîtresse s’appelle le “père” et c’est la première version durable du disque qui est produite. Ensuite, un disque “mère” est créé à l’aide d’un procédé de galvanoplastie similaire (7e génération). Ce disque peut être écouté afin d’y déceler des défectuosités. Si tout est beau, le disque est utilisé afin de produire des stampers, des moules de gravure, encore une fois par galvanoplastie (8e génération). Ce disque négatif, enfin, est utilisé afin de créer votre disque que vous écoutez chez vous (9e génération). Si vous l’enregistrez sur une cassette, vous allez avoir créé une 10e génération.

Chaque génération ajoute son lot d’imperfections. Chaque génération enlève de la qualité à votre produit final. Si on prend le procédé DMM (Direct Metal Mastering), on vient de couper le nombre d’étapes de deux générations, vu que le système utilise des électroaimants beaucoup plus performants, un courant élevé et une pointe beaucoup plus solide afin de graver un disque mère directement.

Si je regarde ce disque, il faut remonter aux 78 tours. Disque de cire (1), galvanoplastie du père (2), galvanoplastie de la mère (3). Probablement que les étiquettes ont pris cette version directement afin de les enregistrer sur une bande maîtresse (4). La bande a été vendue et une personne a fait une seule bobine de ruban magnétique avec tout le matériel en ordre en le recopiant avec des volumes normalisés (5). Un ingénieur à la gravure a ensuite pris le tout et a créé des rubans magnétiques de la bonne longueur par face d’enregistrement (6). Cet enregistrement a été utilisé afin de créer la gravure (7), le père (8), la mère (9), qui a été envoyé aux différents pays afin d’avoir les stampers (10) et enfin le disque (11).

Et si j’écoutais une version originale? Je n’ai hélas pas de swing en version 78 tours chez moi. Le plus près que j’ai dans les mêmes années, c’est du fox-trot, avec Artie Shaw et Billie Holliday.

Album: Any Old Time / Back Bay Shuffle
Artiste: Artie Shaw and his Orchestra (Billie Holliday: Any Old Time)

En Test: 1938, Vinyle 78 tours (gomme-laque)

Étiquette: Bluebird
B-7759

Je vais le répéter à chaque fois que je vais vous parler des 78 tours: n’écoutez jamais vos disques 78 tours avec une aiguille moderne! Ils ne sont pas faits pour les disques 78 tours, qui sont beaucoup plus solides que les disques mous modernes. En plus, parfois, ils contenaient de la silice (du sable) afin de s’assurer que votre disque reste en parfait état tandis que votre aiguille, elle, prenne le coup dur. Après tout, une pointe d’aiguille, c’est remplaçable tandis que votre disque est irremplaçable! Alors imaginez si vous utilisez une belle aiguille d’un millier de dollars de quelques microns d’épaisseur qui rencontre par hasard un beau gros grain de sable… Non non, achetez-vous une aiguille 78 tours de qualité, et assumez que vous devrez la remplacer éventuellement.

Eh bien je vais vous dire bien honnêtement, la qualité est environ dix fois meilleure! Oh j’exagère… 20 fois pire parce que mon disque est un peu massacré par la vie. Sinon, sa qualité serait de beaucoup meilleure à ce qu’on a pu me donner dans cette compilation! Si j’y vais avec un filtre RIAA de base, je vais avoir une qualité très correcte. Si vous prenez le temps d’utiliser un filtre 78 tours optimisé pour le disque que vous écoutez, et si en plus votre table tournante permet de modifier la vitesse d’écoute (parce qu’un 78 tours n’était pas toujours 78 tours, il pouvait varier de 60 tours par minute à plus de 88 tours par minute!), vous allez avoir une bien meilleure qualité que n’importe quel disque de compilation… en tenant compte que vous avez le matériel: l’aiguille spécialisée, une table tournante supportant le 78 tours, un disque en parfaite condition, les bons filtres, le temps de tout travailler ça, etc.

En d’autres mots: la compilation a du bon!

Et si par hasard j’écoutais la compilation en 33 tours monophonique sur mon aiguille 78 tours? Tout ce que je vais gagner, c’est une perte de qualité. Mais j’aurai essayé!

Lien externe: Site donnant une liste de beaucoup des étiquettes et des correctifs de fréquences à appliquer.

Extrait de mon disque avec du vécu (Any Old Time de Artie Shaw avec Billie Holliday)

Extrait de mon disque n’ayant pas de vécu (Summertime de Sam Cooke)

Quelques petits mots pour la fin. Certains disent que le mono est meilleur que le stéréo à cause qu’il n’y a aucun problème de phase. En plus, une technique infiniment simplifiée de gravure et d’écoute qui limite la complexité des appareils.   Et bien entendu, comme les enregistrements étaient habituellement en direct, on saute beaucoup de générations d’enregistrements afin d’arriver à l’essentiel. J’avoue que l’idée a du bon. En fait, je vais dire qu’un bon disque mono peut battre à plate couture un disque stéréo, en tenant compte que le matériel a été produit pour mono. Sortez-moi des artifices stéréo et je vais me plaindre. Les exemples d’exercice de style stéréophoniques des années 60, avec les canaux totalement séparés, c’est difficile à écouter. Et d’autres disques, comme ceux de The Art of Noise, ils se doivent d’être en stéréo, sinon ils perdent tout leur sens. N’essayons pas de modifier le passé, laissons-le parler en toute simplicité.

 

Compilation 2008 (Nb 001): Eccentric Soul: The Capsoul Label

Les rééditions, bien faites!

Album : Eccentric Soul: The Capsoul Label

V.O. : 2004 CD, Numero Group, NUM001

En Test : 2008 Vinyle double

Étiquette : Numero Group
NUM001

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Je crois que je suis un admirateur de l’étiquette Numero Group. Bien entendu, j’ai leur premier disque, mais aussi j’ai des plus grosses pièces, dont leur superbe coffret de White Zombie, fort peu dispendieux et d’une qualité exceptionnelle. Ce ne sont pas les seuls à réaliser des rééditions, chacun a leur propre petit créneau. On peut penser aux compilations funky de Soul Jazz Records, aux collections thématiques et louches de Light In The Attic, aux produits parfaits de Strut, aux produits léchés de Now-Again, les compilations stylistiques de Rough Guide, tout comme les étiquettes à produits spécialisés pleines de passion, comme Tidal Waves, Medical Records etc. Alors de s’attaquer à des rééditions de qualité comme ils le font, ce n’est pas rien. Ce qu’ils nous offrent ici en premier disque met l’eau à la bouche.

L’étiquette Capsoul provient de la capitale du soul : Columbus, Ohio! … Oui, bon, quand on parle du soul, on ne s’attend pas à l’Ohio. Et pourtant! Capsoul nous en a fait la preuve lorsqu’ils ont démarré leur étiquette à la fin des années 60. Ils ont produit beaucoup d’artistes locaux, numéros un. Mais aussi une fermeture quelques années plus tard, rubans détruits, disques dorénavant introuvables, tout y est. Du soul? Oh que oui! Numero Group s’est attaqué à un défi de taille avec Capsoul!

Et cette première version vinyle, c’est quelle sonorité ? C’est clairement du même matériel que la version CD. Il y a une compression des fréquences moderne qui est un anachronisme des années 70. On peut voir par exemple le kick drum de I Want To Be Ready ne pas avoir toute la basse qu’on s’attendrait. Certaines fréquences vont parfois réduire inutilement lors des moments forts. Mais le disque de compilation est heureusement parsemé de moments jouissifs qui font penser qu’un souci du détail a été préservé à travers le disque, la compression semble moins présente que la version présentée en CD.

Et c’est le premier des nombreux disques de Numero! Le meilleur est à venir, quelques centaines de sorties plus tard, ils sont meilleurs que jamais. On leur souhaite longue vie!

2017: Vincent Bélanger – Pure Cello

Violoncelle, version audiophile

Album : Pure Cello
Artiste : Vincent Bélanger

En Test : 2017 Vinyle double 45 RPM

Étiquette : Audio Note Music
ANM1601LP

Vincent Bélanger fait partie de cette race d’humains passionnée de leur instrument. Conservatoire de Québec, Conservatoire de Montpellier, classes de maître. Et éventuellement, un premier album : « Là », enregistré par l’étiquette Fidelio, qui connut un succès international peu négligeable. Par la suite, piqué par la qualité de reproduction sonore et les albums respectant le matériel, il démarra une campagne de sociofinancement afin de produire l’album que je vous présente ici. Entretemps, il continua bien entendu sa carrière et enregistra entre autres l’album Conversations avec la pianiste Anne Bisson. Prix coup de cœur, numéros un de vente, trames sonores de film, ce n’est pas un deux de pique. En plus, son frère est l’excellent ténor Antoine Bélanger, qui a récemment joué Cassio dans Otello à l’Opéra de Montréal! Bref, si vous ne le connaissez pas, vous devez l’écouter!

Audio Note n’est pas une étiquette de musique. En fait, ils produisent des composantes musicales, telles que des préamplificateurs, des fils, etc. Il s’agit de produits de qualité supérieure, habituellement bien reconnus à travers le milieu des passionnés de la qualité sonore. Et comme bien des manufacturiers, ils commencent à avoir un intérêt à produire leur propre musique. On peut penser à Wilson Audio entre autres, mais il y en a bien d’autres. Ce disque est le premier qui est produit de concert avec Audio Note et on sent que Bélanger s’occupe de Audio Note Music comme de son bébé. On leur souhaite longue vie et une distribution à plus grande échelle!

D’ailleurs, c’est rare que j’aille entrer dans le monde musical audiophile. En règle générale, et permettez-moi d’être méchant, certains convaincus préfèrent mettre l’emphase sur la qualité sonore que sur la qualité de l’interprétation. Il ne sait pas jouer, mais bordel que ça sonne bien! Les transitoires! Raah ! J’exagère bien entendu, certains albums que je possède sont incroyables. On peut penser aux Doug Macleod qui sont enregistrés de main de maître, ses premiers sur AudioQuest étant extraordinaires. On peut penser à plusieurs des Reference Recordings (mais vraiment pas tous!) Et c’est sans compter la très montréalaise étiquette Fidelio de René Laflamme qui nous envoute parfois avec des extraordinaires albums (mais encore une fois pas toujours côté interprétation à mon avis).

Et cet enregistrement, c’est quoi? C’est des pièces plus ou moins connues, des compositions dont on a droit au premier enregistrement, tout comme des pièces plus connues. C’est surtout une atmosphère, il ne s’agit pas de nous en mettre plein la vue ni de nous changer de style de la première face à la dernière, en fait, c’est plus un exercice de nous entrer dans le monde de Bélanger et nous guider à travers quelques-unes de ses pièces. C’est aussi un vernissage du disque au Salon Audio de Montréal 2017.

Dans les bémols potentiels, il faut voir que c’est numérique. Enregistré sur ordinateur à l’aide d’un convertisseur analogique digital de marque Apogee, on n’a pas le droit à un enregistrement directement sur vinyle ou vers un ruban magnétique. Ce n’est pas non plus un appareil d’enregistrement de très haute fidélité de marque audiophile, comme les fichiers enregistrés par 2L sur des gammes de fréquences étendues. N’empêche que chez moi, pour mes besoins minimes, j’ai moi aussi un appareil Apogee. J’avais un appareil 192KHz huit pistes de qualité professionnelle et je l’ai vendu à un de mes amis musiciens afin de m’acheter un petit Duet de cette entreprise. J’aime beaucoup la sonorité qu’il produit, avec une qualité légèrement feutrée et très pure à l’écoute. Ce que j’entends sur ce disque m’emmène donc en terrain connu.

Et côté qualité, est-ce la qualité ultime ? La sonorité est pure, douce, voire soyeuse, forte, mais légère, absolument pas numérique à l’écoute. Les aigus, présentes à travers les pièces, ne sont pas violentes et n’agressent pas numériquement (merci, Apogee), tout en restant présentes. La gravure, en deux disques 45 tours d’une dizaine de minutes par face, est parfaite et aucunement compressée. On a la beauté d’une salle vivante; aucune aseptisation sonore. C’est chaud comme seul un violoncelle peut produire dans une église à sonorité hors pair. C’est vivant. Et ce n’est pas du tout de la musique de feu de foyer une nuit d’hiver : c’est au contraire dynamique et beau avant d’être consensuel. Aucun bruit de fond, compression minime, côté numérique gardé sous tutelle. Bon travail de matriçage, encore une fois par une équipe montréalaise. Très beau travail! J’ai hâte au prochain disque d’Audio Note.