1970, 2003: The Beatles – Let It Be & Let It Be… Naked

Sur la nudité des Beatles…

En 1968, les Beatles prenaient une tangente beaucoup plus complexe dans leurs compositions. Tout chaud de leur Album Blanc, en préparation pour Yellow Submarine, et en composition de Abbey Road, certains des membres rêvaient des chansons simples de leurs premiers albums. Un clin d’œil à ce qui a créé leur gloire. Ce projet a été relégué plus ou moins aux oubliettes, n’ayant que des sessions disparates pour y travailler. Encore plus, lorsqu’ils ont désiré finaliser quelque chose digne des Beatles, les guerres intestines avec le mécontentement des membres, le duo Lennon-Ono, la tournure mystique de Harrison, plus rien ne faisait. Les sessions ont malgré tout été terminées avec une centaine de chansons à moitié enregistrées, mais aucun produit réel. En 1969, ils enregistrèrent leur dernier album réel, Abbey Road. Restait cette pile de chansons sans aucun fil conducteur, de qualité différente.

Arriva Phil Spector, en sauveur de ce projet. Après avoir passé des mois de travail, de réécriture, de remixage, ajouté sa saveur locale, dont des orchestrations supplémentaires, des échantillons de discussions en studio, etc., il arriva à un album avec un fil conducteur. Beaucoup vont dire que ce n’est pas un vrai album des Beatles, vu que George Martin n’y est pas producteur, mais je doute qu’on ait eu un album sans Spector. On peut être contre Spector suite à sa condamnation, mais on ne peut être contre son génie.

Album : Let It Be
Artiste : The Beatles

En Test : 1970 Vinyle (Canada)

Étiquette : Apple Records
SOAL 6351

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Vous pouvez aussi bien entendu trouver des versions originales 1970 de moins haute qualité au gré des arrivages de disque usagés, comme celle que j’ai en critique ici.

You’re damned if you do… Cet album est totalement différent de tous les autres albums des Beatles. Tout d’abord, on y entend des séquences de voix enregistrées en studio démontrant une bonhommie entre les différents Beatles. On a aussi beaucoup de différents styles, allant de rock doux représentatif de McCartney avec Get Back, du rock plus fort avec Dig A Pony, des chansons plus spirituelles à la Across The Universe, la chanson Let It Be représentative de Lennon, ainsi que des chansons-gag à la Maggie Mae. Le tout se termine avec une petite pièce d’anthologie, les dernières paroles de leur dernier spectacle sur le toit de Apple Corps : « I’d like to say “thank you” on behalf of the group and ourselves, and I hope we passed the audition. ».

Bien entendu, les critiques ont été mitigées. On a droit à des chansons avec une stylistique ancienne, avec le traitement in your face de Spector, aucun fil conducteur, des gags de studio, un air démontrant un manque de finition des pièces, des gags, de la bonhommie, un laisser-aller, et des chansons orchestrales. Il était de notoriété publique que Paul McCartney n’était pas heureux du résultat, que George Martin s’était fait tasser, bref : est-ce réellement un bon album des Beatles? Les critiques se sont entre-déchirées sur le sujet. En rétrospective, McCartney a dit un peu plus tard que malgré ses divergences, Spector a tout de même réussi un tour de force avec cet album, qui mérite sa place dans les albums des Beatles. De mon bord, je peux donner deux raisons pour lesquelles je me suis intéressé à l’univers de l’enregistrement musical : les bobines de mon père avec son Revox A77 et de m’avoir fait jouer avec ces dernières… et cet album, pour lesquelles les petits bouts de paroles en studio m’ont fasciné dès mon plus jeune âge. Je ne savais pas c’était quoi, mais je savais que j’en voulais dans ma vie.

Et côté qualité sonore, c’est un album des Beatles moderne. Multiples pistes, sessions à peu près en direct, exercices de style. Les anciennes versions ont plus de popcorn, leur âge paraît, et c’est habituellement des gravures de masse. Ça n’empêche pas une bonne écoute, mais ce n’est pas un disque de très haute qualité. La version est uniquement disponible en stéréo, toutefois, si vous désirez avoir une version mono originale, vous pouvez aller chercher le ruban mono, introuvable à des prix adéquats. D’ailleurs, je dirais que les meilleures versions de n’importe quel disque des Beatles sont les rubans d’origine. Toutefois, leurs prix sont prohibitifs pour des copies de qualité adéquates… quand ce ne sont pas des faux. De toute façon, la version mono d’Abbey Road et de Let It Be ne peut être considérée une version originale, ces deux albums ayant été prévus en stéréo dès le début. Ils ne sont pas disponibles dans le Mono Box, d’ailleurs.

Les versions 180g? Si le popcorn est quelque chose qui vous horripile et si vous préférez ne pas avoir à payer 50 $ ou plus pour une copie d’origine de qualité, la nouvelle édition est parfaitement valable. La copie ultime, à mon avis, reste le ruban… mais sinon, c’est la deuxième meilleure version disponible. La troisième serait la version en boîtier, vu qu’elle est ancienne et d’édition très limitée, et a probablement été bien entretenue par ses possesseurs. Il y a plus de chances que l’enregistrement ait été bien fait sur le disque.

Album : Let It Be… Naked
Artiste : The Beatles

En Test : 2003 Vinyle

Étiquette : Parlophone
07243 595438 0 2

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You’re damned if you don’t… McCartney a tout de même eu sa chance de refaire le disque. À peu près les mêmes pistes, mais on enlève les ficelles du studio, on enlève les gags, on ne garde que les chansons valant la peine, on en ajoute qui n’ont pas été sélectionnées, et surtout, on enlève les orchestrations et la surproduction de Spector. Bien évidemment, les critiques ont été mitigées encore une fois : exit le plaisir apparent de l’album, ce qui ne reste, c’est des chansons avec un fil conducteur mitigé. Parfois, aussi, Spector a bien réussi des versions, et de vouloir modifier la chanson sans aucune raison valable est juste du révisionnisme. Bref : ces satanées critiques ne seront jamais contentes!

Mon opinion est que la version originale a sa place, et est une des raisons pour lesquelles cet album a fonctionné. Je ne crois pas que la version Naked… aurait eu un si grand succès. Toutefois, les versions qui nous sont proposées sont vraiment meilleures musicalement parlant. Au prix du disque, je ne suis pas certain… mais autant l’objet, le livre, le petit disque supplémentaire que la musique du disque principal sont autant d’attentions à produire un bel objet que les collectionneurs seront heureux de posséder.

Côté sonorité, c’est un travail d’amour. La sonorité est aussi bonne qu’elle puisse l’être. C’est non seulement un beau moment pour redécouvrir cet album, mais c’est aussi quelque chose qui s’écoute aussi bien (sinon mieux, dépendant de votre système) que la version 180 g.

Compilation 2008 (Nb 001): Eccentric Soul: The Capsoul Label

Les rééditions, bien faites!

Album : Eccentric Soul: The Capsoul Label

V.O. : 2004 CD, Numero Group, NUM001

En Test : 2008 Vinyle double

Étiquette : Numero Group
NUM001

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Je crois que je suis un admirateur de l’étiquette Numero Group. Bien entendu, j’ai leur premier disque, mais aussi j’ai des plus grosses pièces, dont leur superbe coffret de White Zombie, fort peu dispendieux et d’une qualité exceptionnelle. Ce ne sont pas les seuls à réaliser des rééditions, chacun a leur propre petit créneau. On peut penser aux compilations funky de Soul Jazz Records, aux collections thématiques et louches de Light In The Attic, aux produits parfaits de Strut, aux produits léchés de Now-Again, les compilations stylistiques de Rough Guide, tout comme les étiquettes à produits spécialisés pleines de passion, comme Tidal Waves, Medical Records etc. Alors de s’attaquer à des rééditions de qualité comme ils le font, ce n’est pas rien. Ce qu’ils nous offrent ici en premier disque met l’eau à la bouche.

L’étiquette Capsoul provient de la capitale du soul : Columbus, Ohio! … Oui, bon, quand on parle du soul, on ne s’attend pas à l’Ohio. Et pourtant! Capsoul nous en a fait la preuve lorsqu’ils ont démarré leur étiquette à la fin des années 60. Ils ont produit beaucoup d’artistes locaux, numéros un. Mais aussi une fermeture quelques années plus tard, rubans détruits, disques dorénavant introuvables, tout y est. Du soul? Oh que oui! Numero Group s’est attaqué à un défi de taille avec Capsoul!

Et cette première version vinyle, c’est quelle sonorité ? C’est clairement du même matériel que la version CD. Il y a une compression des fréquences moderne qui est un anachronisme des années 70. On peut voir par exemple le kick drum de I Want To Be Ready ne pas avoir toute la basse qu’on s’attendrait. Certaines fréquences vont parfois réduire inutilement lors des moments forts. Mais le disque de compilation est heureusement parsemé de moments jouissifs qui font penser qu’un souci du détail a été préservé à travers le disque, la compression semble moins présente que la version présentée en CD.

Et c’est le premier des nombreux disques de Numero! Le meilleur est à venir, quelques centaines de sorties plus tard, ils sont meilleurs que jamais. On leur souhaite longue vie!

1975: Lancaster/Lumley: Pierre et le Loup (V.F.)

Classique prog rock méconnu

Album : Pierre et le Loup

En Test : 1975 Vinyle, version française

Étiquette : RSO
RSO 2479 168

Pour la petite histoire, j’étais chez Fréquences à faire mon pèlerinage hebdomadaire, à chercher la perle rare dans les étals, quand je remarquai un disque qui n’était pas à sa place dans la section Genesis. Vous avouerez que Pierre et le Loup et Genesis, ce n’est pas exactement la même chose. Je demandai à Will et il me dit « ah! non, tu as raison, mais les gens qui cherchent ce disque vont voir dans Genesis parce que Phil Collins y joue alors on le met là. » Ça veut dire qu’il se vend fréquemment? La réponse est oui, c’est un très gros vendeur dans les disques usagés. Alors comme je ne connaissais pas cette version, je l’ajoutai dans mon panier. On en apprend tous les jours!

Et pour l’histoire de ce disque, Jack Lancaster et Robin Lumley ont eu un petit groupe de musique, The Soul Searchers (1972-1974 approx). En 1975, au sommet de la folie rock progressif en Grande-Bretagne, ils sortirent cet album avec tous les grands du moment.

  • Pierre : Manfred Mann
  • l’Oiseau : Gary Brooker (Procol Harum)
  • le Canard : Chris Spedding (Musicien de studio); Gary Moore (Colosseum II, Thin Lizzy)
  • le Chat : Stéphane Grappelli
  • le Loup : Brian Eno (Roxy Music)
  • l’Étang : Keith Tippett (King Crimson; oui j’avoue que j’aimerais pouvoir dire à mes enfants que moi j’ai joué le rôle d’un étang dans un disque de rock)
  • le Grand-Père : Jack Lancaster
  • les Chasseurs : Jon Hiseman (Colosseum); Bill Bruford (Yes); Cozy Powell (Rainbow); Phil Collins (Genesis); Alvin Lee (Ten Years After); Robin Lumley; Julie Tippett (Chanteuse à succès); The English Chorale

La version que je possède est la version en français, dont Pierre Clementi se charge des courtes narrations.

Et comment ça sonne ? C’est un disque de studio, inégal de par sa nature, mais avec une sonorité du tonnerre. J’allais écrire qu’ » on aurait dit que c’est un des grands disques de rock progressif du temps », mais c’est un des grands disques de rock progressif du temps! Bref : c’est réussi! Reste que c’est un vieux disque de production de masse, alors on ne peut s’attendre à des miracles non plus, il va y avoir un peu de bruit de fond, un peu de popcorn. Ça fait partie du lot.

Et pour la fin des histoires de loup, il existe aussi une version avec une narration en allemand… je suis certain que les deux versions françaises et allemandes n’auront jamais leur place sur Spotify!

RSD2012: Lee Hazlewood – The LHI Years (1968-1971)

Un des plus grands, en face B, avec nudité!

Album : The LHI Years: Singles, Nudes & Backsides (1968-71)
Artiste : Lee Hazlewood

En Test : 2012 Vinyle RSD double en encart avec nus louches

Étiquette : Light In The Attic
LITA 084

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Light In The Attic, je vais le répéter à chacun de mes articles parlant de leurs disques, c’est mes chouchous! Ils vont juste pousser la barre un peu trop loin à chaque fois, juste parce que c’est amusant. La pochette de ce disque est un consommé de malaise, avec Lee plus geek que jamais, entouré de filles torse nu le regardant. Juste pour la pochette, c’est trop beau. Mais on ne parle même pas de l’album lui-même!

Lee Hazlewood, c’est un chanteur country-pop des années 50-70 qui a roulé sa bosse la moitié d’un siècle en continuant de produire de gauche à droite. C’est un compositeur hors pair, dont les chansons sont jouées partout, du classique au punk rock au métal. C’est aussi un producteur de génie, qui a travaillé avec Duane Eddy et Nancy Sinatra, cette dernière lui laissant beaucoup du crédit pour sa sonorité country-pop-bonbon. On peut comparer Lee Hazlewood avec Lou Reed et Leonard Cohen : les trois sont des superbes compositeurs, ont des voix reconnaissables parmi mille, font dans les chansons dites marginales. Mais où Reed faisait dans New York, Cohen dans l’amour, Hazlewood faisait dans le Country. On lui a collé une étiquette de « saccharine underground » qui lui sied parfaitement bien.

Ok Michel tu exagères, on ne connait pas Lee Hazlewood ! Je donne deux simples exemples : avec Nancy Sinatra : c’est lui qui a composé et produit These Boots Are Made For Walkin »; et si je parle de Duane Eddy, il a coécrit et produit Peter Gunn. Pas encore convaincus? Ce n’est pas Phil Spector qui lui a donné un contrat de disques, c’est Hazlewood qui a donné un contrat de disques à Spector!

Et ce disque ? C’est plein de chansons solos, de duos, chansons interprétées par Lee Hazlewood lui-même pendant la période qu’il possédait sa propre étiquette de disques. C’est des chansons jouant autant sur les radios AM de country du temps que de musique pop commerciale. Ce ne sont pas des chansons flamboyantes, ce sont des chansons relax, sympas, à texte. C’est des chansons qui ont ses adeptes et convertis, qui donnent le goût de découvrir encore plus le sympathique, talentueux et ergomane personnage. Ça donne le goût de vouloir écouter toute sa discographie et ses collaborations.

Pour la qualité ? Un peu de bruit de fond, parfois de l’écrêtage numérique, un peu de compression, comme LITA le fait habituellement. Mais une déférence presque maladive envers le matériel source. On a l’impression que Lee Hazlewood ne pourrait sonner mieux de sa vie, peu importe la qualité de disque qu’on récupère. C’est la compilation qui a servie de point de départ à la douzaine d’offrandes que LITA a réalisée sur Hazlewood, toutes méticuleusement traitées pour notre plus grand plaisir et ceux des admirateurs.

Et pour la postérité. Il y a dix ans en ce jour, le 4 aout 2007, Lee Hazlewood est décédé des suites d’un cancer du rein, après une longue carrière et une belle vie mouvementée, comme il l’aimait. Il a pu apprécier en fin de vie le renouveau de sa carrière, d’être devenu un phénomène et d’avoir des admirateurs lui vouant un culte à lui et à sa musique. Merci, M. Hazlewood! Merci pour tout!

Rétrospective David Bowie en or!

Pendant les vacances de Fréquences, je me fais plaisir! Premier article sur David Bowie, version en or

Album : Hunky Dory
Artiste : David Bowie

V.O. : 1971 Vinyle (UK)
RCA SF 8244

En Test : 2017 Vinyle Or 180g

Étiquette : Parlophone
DB 69733

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S’il faut suivre le guide, à la suite de la mort de Ziggy au début 2016, il faut bien évidemment s’attendre à ce que les maisons de production ressortent tout ce qui bouge de cet exceptionnel artiste. Deux albums de couleur dorée pour célébrer le 45e anniversaire de la sortie de ces albums… c’est avec de tels anniversaires qu’on voit à quel point ils désirent presser le citron et suivre la folie Blackstar. Et petite mention : c’est seulement pour vous faire attendre quelques instants parce qu’ils ressortent tous les albums en un énorme coffret plus tard.

Vous pouvez voir à quel point je suis sceptique de ce genre de sorties, qui n’ont aucune raison d’être. Mais en même temps, il s’agit d’un superbe album. C’est dans les incontournables de folk rock sur la planète. Tout près d’être dans le top 100 des meilleurs albums rock du Rolling Stones, c’est un incontournable, ne fût-ce que pour la première chanson, Changes.

Et côté qualité, c’est hélas exactement ce que je m’attendais. En 2012, ils ont fait un rematriçage numérique, et c’est ce qu’ils nous servent. L’album est propre côté sonorité (malgré que ma face A soit brouillonne – et il paraît que je ne suis pas le seul à avoir du bruit de fond) et a une belle sonorité, mais il n’y a aucune chaleur et j’ai presque enlevé le disque rendu à « Life On Mars? » tellement la chanson était compressée. C’est beau à écouter et j’aurais aimé dire que la qualité de pressing était exemplaire. Dommage! Trouvez-vous une version à 30 $ usagée et vous allez avoir quelque chose de vraiment mieux. Suivant!

Album : The Rise and Fall Of Ziggy Stardust and the Spiders From Mars
Artiste : David Bowie

V.O. : 1972 Vinyle (UK)
RCA SF 8287

En Test : 2017 Vinyle Or 180g

Étiquette : Parlophone
DB69734

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Même rematriçage 2012… même sortie double… même qualité! Passons!

Wô minute! Ok, d’abord le disque est vraiment la suite logique du changement du style de Bowie. Autant je peux classifier le disque précédent comme un album plus Folk que Glam, autant celui-ci est le disque flamboyant qu’on peut s’attendre. Effets spéciaux, traitements spéciaux, de la force, du rythme, presque du punk.

Bon ok, mais la qualité ? C’est encore numérique. On ne s’en sortira bien évidemment pas. On le remarque d’emblée avec la toute première chanson Five Years qui nous montre du crépitement dans les aigus, suivi de Soul Love qui a tendance à donner de la fatigue auditive. On mentionnera Suffragette City qui est la version UK et non US (merci!). L’album a une bien meilleure sonorité que Hunky Dory, compressée uniquement lorsque nécessaire, mais ça reste compressé. S’écoute très bien, juste pas « at maximum volume » tel qu’indiqué sur la pochette. Pour ça, encore une fois, une excellente version UK ou Japonaise (pas US ou Canadienne) donne de bien meilleurs résultats. Mais cette fois-ci, c’est beaucoup moins pire.

Et pour se faire un peu plaisir, un original!

Album : Let’s Dance
Artiste : David Bowie

En Test : 1983 Vinyle (Canada)

Étiquette : EMI America
SO-17093

Cette fois-ci, c’est un aller simple vers le Bowie New Wave, avec Nile Rodgers en coproduction, le Nile Rodgers, guitariste de Chic, celui qui a coproduit Get Lucky de Daft Punk. Un autre disque montant dans les hautes strates de la qualité musicale. On peut dire que les années 80 n’auront pas été tendres avec beaucoup de musiciens et artistes, on peut aussi penser aux jeans ajustés, aux excès du fluo, à la mode de la forme à tout prix et de l’androgynie, on pense à la danse, aux rythmes électroniques. C’est une décennie où le no future côtoie la vie à outrance.

Mais quand on s’appelle Bowie, on définit la décennie ! Loin d’être oublié, cet album montre tous ces excès et y plonge pieds et poings liés. La première face de cet album n’est composée que de succès. C’est toujours du bon vieux Bowie, mais version New York, version studio. C’est un excès de China Girl, chanson bonbon à paroles crooner potentiellement à propos de cocaïne; c’est une chanson-thème de plus de 7 minutes. Et c’est aussi d’une certaine façon son dernier disque d’importance en bien des années. Pour un artiste ayant défini les années 70 au fer rouge, c’est quand même quelque chose que de pouvoir signer sa révérence avec un tel album, tout de go dans les années 80. Révérence, c’est sans compter le film Labyrinth et sa superbe trame sonore. C’est sans compter qu’il est resté dans le paysage musical dans les années 90, 2000 et 2010. C’est aussi sans compter ses collaborations, dont son travail de matriçage avec Raw Power d’Iggy Pop, album totalement punk. Mais ça, c’est pour une deuxième (et troisième, et quatrième) partie, un jour!

Et la qualité ? Ça s’appelle se rincer les oreilles. C’est un disque de production, absolument pas 180 g, absolument pas audiophile. C’est fait en studio, il y a un arbre de Noël qui brille de tous ses feux d’effets, de compresseurs, de multiples pistes, des synthétiseurs, c’est de la new wave, c’est anti-audiophile et c’est une tonne de briques dans ton visage, des sonorités franches, des musiciens de très grande qualité, des atmosphères fantastiques. C’est beau, vraiment beau. Un de mes meilleurs vinyles de ce genre, en compétition avec Daft Punk.

2012: Kid Koala – 12 bit Blues; 2017: Music To Draw To: satellite

Blues en échantillonnage? You bet! Ambiance en turntablism: encore mieux!

Album : 12 bit Blues
Artiste : Kid Koala

En Test : 2012 Vinyle double en encart (sans les extras)

Étiquette : Ninja Tune
ZEN190

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Je me fais plaisir avec un programme double de turntablism avec un des meilleurs disques de scratch et d’échantillonnage soit l’avant-dernière offrande de Kid Koala : 12 bit Blues. Kid Koala est un génie de Vancouver, qui a habité à Montréal, reconnu à travers le monde pour la qualité de ses productions. Il a commencé à composer et à faire du scratch dans les années 90, a signé avec Ninja Tunes en 95, et depuis l’an 2000, il produit des disques toujours plus épatants les uns que les autres.

Mais cékwaça? C’est un disque de blues tout ce qu’il y a de plus traditionnel, lent, triste, mais aussi refait et réinventé à la sauce scratch. Chaque composante a été tirée d’un autre univers musical et intégré, en boucle ou retravaillé, à l’aide d’une table tournante ou d’un synthé, mais la sonorité n’est pas pure. Le travail du turntablist est de prendre une pièce musicale, d’en extraire l’essence et de nous le présenter d’une façon où nous pouvons comprendre ce qu’il recherche et ressent avec cet extrait. C’est tout ce travail de recherche, de découverte et de présentation qui nous est montré ici, sous sa plus simple expression.

Et en tant que turntablist, il faut s’entendre, la seule et unique façon d’écouter ce genre de disque, c’est en vinyle! Ce qu’il produit est fait pour être remixé et être utilisé, mais aussi c’est fait pour être écouté. Alors pour ce disque, chaque face possède 8-12 minutes de matériel, pleine qualité, de la basse à profusion, des fréquences pures, du très beau travail. C’est un disque fantastique à écouter! Il n’y a aucune comparaison entre le vinyle et la version numérique, le vinyle l’emporte haut la main et à plate couture. Le vinyle laisse haletant.

Album: Music To Draw To: Satellite
Artistes: Kid Koala feat. Emilíana Torrini

En Test: 2017 Vinyle double

Étiquette: Arts & Crafts
A&C 129

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Comme ils diraient chez les Monties, And now, for something completely different! Comme on l’a vu avec 12 bit blues, Kid Koala n’a pas que des platines de disques qui jouent. Il y a de la composition, de l’échantillonnage, de la création. Ce disque avec Emilíana Torrini est de la musique purement ambiante, des ambiances sonores encore une fois. Même la voix de Torrini est apaisante, n’est pas là pour déranger. Mélange de musique de relaxation et musique active où on se fait légèrement solliciter d’une façon contrôlée, l’album est parfait afin de le garder en sourdine lorsqu’on désire se concentrer sur une autre tâche, tel que le dessin. Mais c’est aussi une musique sur laquelle on peut laisser se porter et lâcher prise sur les paroles et ce qui nous est proposé en tant que contenu musical.

Pour le disque vinyle, il est un peu moins bon que le Ninja Tune. On remarque dès les quelques premières paroles dans Adrift que la voix de Torrini a tendance à écrêter numériquement dans les moments plus forts. Le disque est un peu plus bruyant malgré le fait que ce soit un disque double et que le volume aurait pu être au rendez-vous. Ça sent le master numérique envoyé à GZ directement avec mention de le graver sur un disque double. Reste que le disque est parfaitement beau à l’écoute, est doux, généreux, consensuel, comme il doit l’être pour ce genre de musique. Mais je vais plus opter pour la version numérique de ce disque, surtout qu’on doit changer de face régulièrement, ce qui brise l’envie de travailler. Oh … et dernier détail de crime de lèse-majesté: avoir tout l’espace du monde (12po) pour réaliser un superbe livret dans un encart et préférer mettre le livret du CD inséré sans déférence dans la pochette du vinyle.

On achète si on aime Cut Chemist (et Coldcut bien sûr), DJ Kentaro, Peanut Butter Wolf, Deltron 3030, Danger Mouse.

2016: Les Goules – Coma; 2006/2017: Avec pas d’casque – Trois Chaudières de Sang

Écris écris tape tape, j’enverrai pas d’article à soir, j’m’en va aux courses!

Bonne St-Jean!

Album : Coma
Artiste : Les Goules

En Test : 2016 Vinyle jaune

Étiquette : Duprince
DUPR004

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L’an passé, Keith Kouna nous a lâché une de ces bombes à retardement! Le retour du groupe punk rock Les Goules après 6 ans de pause. Durant cette pause, Kouna a sorti un premier album rock, un deuxième album pop rock qui a gagné prix et reconnaissance, et finalement un troisième album chansons vs classique absolument incroyable. Là, ça va faire!, il retourne à ses anciennes amours du punk rock avec des paroles crues, de la grosse guitare et une batterie bien sentie.

Et si vous pensez que Schubert et Punk Rock vont bien ensemble, vous n’avez pas trop tort. Son album Le Voyage d’Hiver, toujours pas disponible en vinyle, est un hommage à Die Winterreise, travaillé avec le fantastique et fort actuel René Lussier. Très introspectif, très déférent, beau. Et après… Coma! Punk rock. Violence! Et un superbe vinyle, de très bonne qualité. Bon, c’est compressé, c’est certain, c’est du punk rock. Mais la qualité sonore est absolument exemplaire pour le style. La gravure est propre, la sonorité est forte, met en valeur tous les instruments et la voix unique de Kouna (dont la chanson Piranhas fait penser à Ça Plane Pour Moi de Plastic Bertrand, autant en stylistique qu’en voix), ça paraît réellement qu’il a pris du poil de la bête pour la qualité sonore. Bref : si vous aimez le punk queb, c’est le disque à avoir. Malade!

On achète si on aime … faites vous donc plaisir et allez écouter un groupe punk rock underground, ce n’est pas ça qui manque au Québec, on aime le genre et il y a plein d’artistes qui ne demandent que ça de faire des spectacles et vous vendre leurs disques.

Mais ok… mettons que j’aime pas ça moé la musique «de vomi»?

Album : Trois Chaudières De Sang
Artiste : Avec pas d’casque

V.O. : 2006 CD; Dare To Care Records; DTC024

En Test : 2017 Vinyle

Étiquette : Dare To Care Records
DTC024-LP

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Groupe lo fi folk minimaliste, Avec pas d’casque est un groupe qui ne se prend pas au sérieux depuis plus d’une douzaine d’années, bon an mal an, avec des succès tous plus obscurs les uns que les autres, comme Loup-garou, La journée qui s’en vient est flambant neuve, Derviche tourneurs ou Dans les bras de la femme bionique. Mais n’empêche qu’ils roulent leur bosse et jouent sur des radios commerciales à gauche ou à droite. Leur style [ah ouan, je dois décrire ça moi] minimaliste, country folk commercialo-alternatif, leur joual assumé en font un style assez unique dans notre univers musical québécois.

Et pour leur disque, c’est ridicule, mais le disque tonne comme une tonne de briques! En fait, ce disque est une réédition de leur premier disque «commercial», produit par Dare To Care Records, qui fait déjà affaire avec des fous à la Socalled, et ils sont connus pour réaliser plein de disques de qualité incroyables. Ce disque est tout ce qui est plus authentique, il est de production hyper simplifiée, est parfaitement naturel, est simple dans ses instruments, dans ses voix, et le disque a été sorti enfin en vinyle il y a quelques mois avec toute la [lol!] déférence nécessaire à ce premier disque de nos piliers de folie folk queb.

On achète si on aime Bernard Adamus, Tricot Machine, Lisa LeBlanc, Mara Tremblay.

[ndla: ouf! le correcteur orthographique et grammatical n’est pas convaincu de mes passages au langage familier]

2014: Tony Bennett & Lady Gaga – Cheek To Cheek

Il y a des rapprochements improbables dans la vie. Run DMC et Aerosmith; Johnny Cash qui reprend Nine Inch Nails; Lady Gaga et Tony Bennett qui font un album ensemble.

Album : Cheek To Cheek
Artistes : Tony Bennett et Lady Gaga

En Test : 2014 Vinyle en encart

Étiquette : Streamline Records
B0021493-01

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C’est le genre d’album qui a eu un succès critique et de ventes. C’est totalement improbable comme succès! Après tout, l’admirateur de Lady Gaga se pose bien la question ce que la Lady peut bien faire à chanter des chansons swing avec un crooner du temps de ses grands-parents. Le fan de Tony Bennett, lui, se pose la question existentielle à savoir pourquoi diantre aller chercher une personne imbue d’elle-même chantant de façon robotique de la pop. Pour casser ce moule, ça prend une personne qui va te dire non NON… tu dois l’acheter, c’est un album fou! Si vous avez des doutes, Lady Gaga possède toute une voix et une musicalité ridicule. Si vous avez toujours des doutes, Bennett est égal à lui-même : incroyable. C’est sans compter la recrudescence swing qu’on vit depuis quelques années.

Ils avaient collaboré brièvement sur l’album Duets II, connu entre autres pour ce superbe duo de Bennett avec feu Amy Winehouse. Le déclic s’est produit entre les deux. Mais bien peu d’encre a coulé au sujet de la confection de cet album, jusqu’à ce que Lady Gaga arrive pendant le spectacle de Tony Bennett au Festival de Jazz de Montréal lors d’un mythique 1er juillet et qu’ils chantent ensemble quelques duos qu’on retrouve ici en version studio. Et quelle version studio! Orchestre complet, superbe présence, toute la chaleur qu’on s’attend. Et pour sa réputation de chanteur de pomme, Lady Gaga lui remet bien la monnaie de sa pièce et ils se font ouvertement la cour. C’est juste beau.

Mais le vinyle? L’enregistrement sent les techniques modernes à plein nez, le Protools. N’empêche que l’album a été produit selon les normes, comme un véritable album de Bennett : son piano Steinway, son micro Neumann pour sa voix et Sennheiser pour le reste, mais surtout son fils, Dae Bennett, à l’enregistrement et au matriçage. Je ne peux pas dire que le disque est parfait côté sonorité, il est trop numérique et moderne pour moi, il sent le délit d’anachronisme à quelques reprises. J’ai de la difficulté à faire une spatialisation des instruments, la sonorité est maximisée sur l’album et respire peu. Mais quand j’écoute l’album, je ne peux que m’imaginer mon oncle s’esclaffer d’une si belle sonorité et de toute l’émotion qui passe à travers cet enregistrement. Et je souris.

On achète si on aime Bing Crosby, Dean Martin, Frank Sinatra, Michael Bublé.

2009: Portico Quartet – Isla

Du jazz moderne à la pop dance, il n’y a qu’un pas!

Album : Isla
Artiste : Portico Quartet

En Test : 2009 Vinyle 180g

Étiquette : Real World Records
LPRW174

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Un peu de jazz en dessous du portique (en italien), le quatuor britannique de jazz moderne a gagné un prix Mercury en 2009 pour leur premier disque. Ils ont aussi la chance d’enregistrer aux mythiques studios Abbey Road. Et ils font de la musique avec un idiophone, un Hang! Moi, je ne connaissais pas ça! Le groupe, au fil des ans, a changé de style. Toujours avec une petite touche moderne, ils réinventent des styles qui ne sont pas du tout jazz, ils ajoutent des effets dans leur musique, ils jouent avec les sonorités, ils jouent avec les intonations et ils jouent du Hang. Sax, basse, percussion, batterie, Hang et électroniques pour le quatuor, le tout sur des compositions originales.

Ce disque est leur second disque sur une étiquette reconnue. Ils ont eu un premier jet autoproduit; leur premier disque Knee-Deep In The North Sea, dont le long jeu vinyle a été réédité en 2011; un disque enregistré lors des sessions B&W (ces derniers faisant la promotion de leurs produits pour audiophiles à travers des sessions enregistrées exclusivement pour eux); et finalement, Isla, cet album. Et quel disque! Ce n’est pas pour les amoureux de jazz conventionnel, c’est certain. Il y a un mélange d’un peu de tout, de la saveur pop du mois, au côté jamaïcain apporté par le Hang, des arrangements à la Phillip Glass, au côté moderne de l’électronique et des réalisations, au côté purement jazz jouissif d’un quatuor classique sax-piano-basse-batterie. Bref : c’est toute une aventure que d’écouter ce disque. Portez vos habits de protection d’escalade, votre tube respiratoire de plongée et des bottes de neige, vous allez en avoir besoin!

Pour la qualité du disque, je ne peux être plus heureux. Quand on parle des studios Abbey Road, ce n’est pas rien, ce ne sont pas des deux de piques. Mixé par le monstre de l’industrie John Leckie, matricé par Steve Rooke connu pour ses gravures de disques surtout pop, mais aussi rock, jazz et classique, c’est une bombe de musique, de qualité, de beauté, de belles fréquences, le tout sur un disque avec une absence de bruit de fond et une belle profondeur. Et ce, malgré le fait que le disque ait près de 25 minutes sur la première face. C’est réellement un disque à découvrir et à avoir, si vous êtes capables de supporter le style (on aime ou on déteste!)

On achète si on aime Moullinex, Todd Terje, Hayden James, The Cinematic Orchestra.

2014: The Neil Cowley Trio – Touch And Flee

Jazz? Check. Audiophile? Check. Pochette louche? Check!

Album: Touch And Flee
Artiste: The Neil Cowley Trio

En Test: 2014 Vinyle

Étiquette: Naim Jazz
NAIMLP207

La petite histoire de Neil Cowley: pianiste avec un certain following, mais surtout un pianiste de session pour d’autres artistes. Entre autres, Emeli Sandé et Adèle (pour ses albums 19 et 21).

La petite histoire du trio: Trois amis. Cowley avec Evan Jenkins (pas le politicien, le batteur) et Rex Horan, bassiste. Tous trois musiciens de studio. Et trois fanatiques de jazz contemporain.

Et la petite histoire de Naim Records: Naim Audio est la marque britannique fort reconnue de systèmes de son, achetés il y a quelques années par Focal. On les reconnait à leur interface minimaliste et leur bouton parfois unique. Comme quoi Apple n’a pas inventé la simplicité. Projet de captation et de disques haute fidélité, Naim Records sort un peu de tous les styles avec fort peu de modifications et post-traitement. Les erreurs sont laissées, l’idée d’un disque presque en direct est conservé.

En d’autres mots, c’est un disque vraiment extraordinaire! Il faut aimer le jazz contemporain bien entendu et aimer les trios fort simples de piano, basse et batterie. C’est difficile d’arriver plus à la simplicité. Le disque n’est vraiment pas long, c’est presque un EP, mais il respire et transcende pleinement la philosophie de Naim Records.

Est-ce épatant? … c’est de belles chansons, ce n’est peut-être pas le trio qui va révolutionner le jazz … mais c’est beau, c’est bien, c’est cool à écouter et ça donne le goût de les écouter encore plus au Gesù le 4 juillet 2017!