Réédition 1987/RSD2018: Voïvod – Too Scared To Scream / Cockroaches

Réédition de notre groupe mythique de thrash!

Album : Too Scared To Scream / Cockroaches
Artiste : Voïvod

V.O. : 1987; vinyle (Picture Disc 12″); Noise International; R 0085; Allemagne

En Test : 2018 Record Store Day; Vinyle (Picture Disc 12″ 45RPM)

Étiquette : Noise International, BMG; NOISET050

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À l’aide de la pochette de disque passant le plus inaperçue du RSD, on a droit à une réédition d’un simple qui avait été produit à petite échelle en 1987. Je dois l’avouer, j’ai eu à le demander à l’équipe afin de trouver le disque. Sur la pochette, on voit le logo de Noise International, et c’est à peu près tout. Les deux logos Voïvod sont presque cachés par la bordure en carton. Et malgré le prix prohibitif (plus de 20 $ pour un simple de deux chansons de quatre minutes), je me devais simplement de l’avoir.

Pour les intéressés, je suis un fan fini de Voïvod. Ils ont d’ailleurs le prix prestigieux du vinyle le plus dispendieux que j’ai eu à acheter, avec une copie parfaite encore scellée de Nothingface, il y a quelques années. Alors de savoir qu’ils ont une offre internationale, je me devais de sauter dessus.

Maiscékiça Voïvod? C’est un groupe de Jonquière, fondé au début des années 80 par Piggy (Denis D’Amour, 1959-2005), guitariste. Ils font dans la musique surnommée thrash, qui est un mélange de métal, de punk rock et de hardcore, bref, tout dans la subtilité. Mais justement, ce groupe fait dans la subtilité. Il n’y a pas seulement du gros bœuf qui joue à s’en déchirer les tympans, il y a aussi des albums appréciés des amateurs de rock progressif, des albums fort lyriques, avec beaucoup de détails et subtilités. Ça reste du très gros rock, bien évidemment, mais c’est de la musique tout aussi cérébrale que de la musique à se lancer sur son voisin dans le mosh pit. Surtout, nul n’est prophète dans son pays : ils sont adorés en Europe et aux États-Unis, mais peu connus ici. Ils se produisent avec les plus grands à travers les années, on peut penser à Celtic FrostPossessedFaith No MoreRushSoundgarden et Deathrow. Si vous allez faire votre tour sur AllMusic, vous allez y retrouver une discographie étoffée avec moult commentaires et critiques. Les métalleux préféreront bien évidemment aller visiter leur article sur l’Encyclopaedia Metallum.

Je vais tout de même mettre mon chapeau éditorialiste et vais dire que ce disque n’est pas un disque nécessaire, et c’est un brin bâclé hélas. C’est un simple, trop dispendieux, d’une version qu’on peut obtenir à 30-40 $ en original de 1987. C’est un album qui n’avait pas droit à l’étiquette Record Store Day alors il est passé inaperçu. D’autant plus qu’il n’a aucune description sur la pochette. Si le but était de ressortir un chef d’œuvre thrash, ce disque réellement excellent, mais ce n’est pas nécessairement un chef d’œuvre. Si le but est de rappeler à la planète que Voïvod existe encore, eh bien, oui, le groupe roule encore sa bosse, produit encore d’excellents albums et se produit encore en spectacles méritant le détour. Mais ce n’est pas utile. Et surtout, le disque est un picture disc qui a bien sa place dans le palmarès du bruit de fond de disques. Non, je dois dire, pour un Record Store Day, ce n’est pas utile comme sortie, ils auraient pu trouver mieux, preuve est que le disque est dorénavant disponible à plus faible coût que la journée de sa sortie. Néanmoins, le disque possède sa place dans une collection complète de Voïvod, et leur étiquette est en train de passer à travers tous leurs disques depuis le tout premier, et ils les rééditent en 180 grammes lors des trentième anniversaires, y compris ce disque simple. Petite note qualité : ma face A est excellente, ma face B possède beaucoup de bruit de fond. C’est un picture disc, je m’attendais à pire, c’est relativement correct.

Réédition 1991/RSD2018: Florian Fricke – …spielt Mozart

Tout ne peut pas être krautrock!

Album : Florian Fricke spielt Mozart
Artiste : Florian Fricke

V.O. : 1991; CD (Allemagne seulement); Bell Records; BLR 84 901

En Test : 2018 RSD; Vinyle double 45RPM (1000 copies)

Étiquette : One Way Static (distr. Light In The Attic); OWS28

Ce disque n’est hélas plus disponible chez Fréquences

Ce n’est pas rare que des musiciens s’intéressent à tous genres de musique. On peut le voir avec Justin Timberlake et sa passion pour la musique rap, partagée avec joie avec Jimmy Fallon. On peut aussi discerner la joie presque enfantine apparaître aux visages des grands de la pop lorsqu’ils découvrent ou font découvrir des artistes totalement hors champ. On se rappellera aussi la joie d’entendre Marc Hervieux chanter des pièces populaires au karaoké, ou les albums disco d’André Gagnon et les albums de réinterprétations de succès populaires d’Angèle Dubeau. J’aime beaucoup rappeler aux gens que lorsqu’on aime la musique, on aime la musique! Pas seulement un genre! On peut trouver un côté esthète absolument sublime à l’introduction de I’m Like A Bird de Nelly Furtado, voir le côté totalement classique de la guitare de Nothing Else Matters de Metallica. Un musicien est d’abord un amateur de musique. Florian Fricke n’est pas du tout une exception.

Le groupe de musique krautrock Popol Vuh est reconnu à travers le monde pour son apport à la musique dès la fin des années 60 jusqu’à la mort de son créateur, Florian Fricke (1944-2001). On se rappellera entre autres la filmographie de Werner Herzog, qui possède plus d’une trame sonore de ce grand groupe musical. Le groupe a démarré sa vie avec Fricke d’abord aux synthétiseurs Moog, ensuite au piano. Il a d’ailleurs étudié le piano aux conservatoires de Munich et de Freiburg. Ce n’est donc pas inusité d’avoir un disque de musique purement classique avec Fricke au piano. Je me limite beaucoup à son propos, mais je vous invite à explorer son extraordinaire univers musical, parfois liturgique, parfois païen, parfois collaboratif (Amon Düül, Tangerine Dream), parfois carrément disjoncté avec des explorations dans le monde du jazz libre.

Dans cet album, on retrouve deux sonates, un rondo et un adagio de Mozart. Pièces relativement connues du répertoire mozartien, elles sont parfaitement interprétées, peut-être d’une façon un peu monocorde, mais avec la fougue d’un passionné qui peut enfin se permettre de jouer les pièces du monde lyrique préromantique de Mozart qu’il apprécie particulièrement. En fait, avec toute la qualité du monde, sur un disque double à 45 tours, avec un prix dérisoire pour un tel album, c’est un peu le problème lié à l’album : il est monocorde! Beaucoup de la complexité d’amplitude est reléguée aux oubliettes, aux dépens d’un volume un peu trop normalisé pour moi. Ça et quelques débris bien collés sur le disque (tout le monde, à vos appareils à nettoyage) font que ce n’est pas un grand disque. Ça va tout de même rester un très grand disque historiquement parlant, mais j’ai un doute que la source du disque n’a pas permis de rendre justice à la qualité de la musique. Sinon c’est un très beau disque à écouter et à chérir dans sa collection!

Réédition 1967/RSD2018: Pink Floyd – The Piper At the Gates Of Dawn

Syd Barrett, point.

Album : The Piper At The Gates Of Dawn
Artiste : Pink Floyd

V.O. : 1967; vinyle; Capitol; SX 6242; Mono

Version stéréo en test : 1983; vinyle; Capitol/EMI (Canada); ST 6242; Stéréo

En Test : RSD2018; vinyle 180g; Mono

Étiquette : Pink Floyd Records, Columbia; PFRLP26

Ce disque mono n’est hélas plus disponible

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Il fallait bien trois étudiants en architecture (Waters, Wright, Mason) et un étudiant en art (Barrett) pour créer un tel groupe musical. Pink Floyd est aussi improbable qu’imposant dans la sphère musicale, avec une sonorité d’abord psychédélique, ensuite progressive, à couper le souffle. Un peu comme pour les thèmes de James Bond, on peut retrouver un concentré de tout ce qui fait Pink Floyd sur la toute première chanson, Astronomy Dominé. Cette dernière, avec sa progression d’accords étranges (Mi maj., Mi♭ maj, Sol maj et La maj), a servi de précurseur stylistique à une majorité des albums subséquents. Le style s’est affiné : les agencements classiques, les albums concepts, une approche plus ambiante, mais surtout une poussée vers le monde plus progressif, et moins psychédélique. Le côté fou s’est éteint après ce premier album : Syd Barrett, élément artistique fou de ce premier album, s’est fait montrer la porte une année après sa sortie.

Disque original canadien en stéréo avec nouvelle version en arrière-plan

Ce premier album est en quelque sorte un disque unique dans la discographie de Pink Floyd, avec non seulement l’exubérance et le talent sans retenue qu’on retrouve dans les premières offrandes des groupes musicaux, mais aussi comme seul disque ayant Syd Barrett comme auteur-compositeur-guitariste-chanteur principal. Beaucoup disent qu’il y a l’avant et le après. Un peu comme pour Genesis avec et sans Peter Gabriel. Les autres albums, commençant avec A Saucerful Of Secrets, tentent de poursuivre sur une veine similaire, mais on sent que le côté architecture devient omniprésent : on a droit à des constructions de plus en plus étoffées, des paysages où les thèmes sont savamment annoncés. Le rock progressif ne sera plus jamais le même! Il faut toutefois se rappeler cette folie avant-gardiste qui est au cœur du groupe. Et il faut se rappeler aussi que même si le groupe désirait plus ou moins tuer Barrett tellement il devenait impossible de travailler avec lui, ils savaient fort bien à quel point ils laissaient partir un génie musical. On le voit avec la finale de A Saucerful…, qui a été laissée à ce dernier avec Jugband Blues.

Et cet album mono? La première version de l’album a été sortie tout d’abord en mono, et quelques mois plus tard en stéréo à travers le monde. Si je compare la version stéréo originale (Canada) versus la version mono retravaillée par James Guthrie, Joel Plante et Bernie Grundman, le côté stéréo ajoute le psychédélisme ambiant de 1967… mais la musique n’en a pas toujours besoin, certains des effets stéréo étant carrément un peu faits à la va-vite avec trop de drogue fumée. Si je prends Interstellar Overdrive, chef d’œuvre hard rock psychédélique, on n’a définitivement pas besoin de stéréo. Mais d’autres chansons un peu plus posées, telles que The Gnome, en bénéficient. C’est donc comme pour les albums des Beatles, parfois, le Mono est génial, parfois, c’est les Stéréo. Mais peu importe ce que vous préférez avoir, l’album mono a été retravaillé en main de maître : la présence, la force, la qualité, les détails, la stylistique, tout y est pour se retrouver dans les années « 60, mais avec des techniques modernes. On sent que le ruban a eu quelques pertes parfois, mais c’est très peu présent. C’est une extraordinaire version!

[NDLA: Merci à un fidèle lecteur d’avoir fait une correction selon l’image de mon disque de 1983. J’avais indiqué que la version stéréo était un disque de 1967, mais c’était bien la version canadienne de 1983 – on ne peut pas en passer de petites vites!]

Réédition 1998/RSD2018: Bass Communion – Bass Communion

Le grand projet ambiant de Porcupine Tree!

Album : Bass Communion (1er album)
Artiste : Bass Communion

V.O. : 1998; CD; 3rd Stone; STONE036CD

En Test : 2018 RSD; Vinyle double 180g en encart

Étiquette : Hidden Arthi-art9lp

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Steven Wilson est un des grands musiciens de la scène progressive de notre temps. Figure de proue du groupe Porcupine Tree, en tant que compositeur, chanteur et multi-instrumentiste, il est aussi présent sur une douzaine de sous-projets, incluant entre autres No-Man, son premier duo trip-hop, et collaborateur avec le groupe black métal Opeth. Mais un de ces projets de longue date qui retient le plus l’attention est un groupe solo, Bass Communion, où Steven Wilson passe ses états d’âme d’ambiance, de drone et de musique du monde.

On est loin d’une musique ambiante où, selon la formule de François Pérusse, le musicien est endormi sur le clavier et se tourne une fois de temps à autre. Les albums de Bass Communion sont des compositions complexes, où la musique prend le temps d’apparaître et disparaître en mouvements inspirés de la musique drone. Ce premier album, réédité pour la première fois en vinyle pour le Record Store Day, est un de ses chefs-d’œuvre. On a droit à une ambiance complexe, débutant d’une façon presque actuelle, difficile, improvisée pour la première face, avant de commencer à se laisser submerger. C’est d’ailleurs drôle de penser pour un groupe se nommant Bass Communion que le premier disque est presque dépourvu de basse, la chanson Orphan Coal de la face C ayant son seul mouvement où cette dernière est présente dans une section de quelques minutes faisant penser à du Bill Laswell. Pour cette édition spéciale RSD, on a droit à une formule étendue avec la chanson No News Is Good News, ajoutée avant la finale. Chanson composée en 2000 et ayant comme point central une composition jouée sur un oud.

Côté qualité, je me posais la question comment ils allaient faire pour entrer le disque sur vinyle sans tomber dans une qualité approximative pour la finale, à vingt-cinq minutes, avec une bonne quantité de basses et d’aigus en sostenuto. Passons rapidement les trois premières faces, avec une excellente qualité, une gravure impeccable sans aucun bruit de fond (en fait, le seul bruit de fond apparent est sur Shopping, l’introduction, et elle est voulue!) Et pour la quatrième face de vingt-cinq minutes, il y a une coupure des très hautes fréquences par vagues, ce qui permet de conserver la qualité au maximum tout au long de la pièce musicale, au détriment de certains harmoniques. Somme toute, je suis vraiment heureux de la qualité de l’album double, qui va se retrouver dans ma rotation habituelle. Une très belle édition qui s’écoute avec plaisir renouvelé!

On achète si on aime Magic LanternCarbon Based LifeformsPhilip GlassArvo Pärt.

Réédition 1993/RSD2018: Jesus Jones – Zeroes + Ones

Traitement royal pour une excellente chanson breakbeat!

Album: 00+11×25 [Zeroes + Ones 25th Anniversary]

Artiste: Jesus Jones
Remix de: Aphex Twin, The Prodigy

V.O.: 1993 Vinyle; FOOD, EMI; 12FOOD44

En Test: 2018 Vinyle transparent 45RPM, édition RSD limitée à 1000 exemplaires

Étiquette: Razor & Tie; RZR00373

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Pour un one-hit wonder sur une autre chanson, c’est tout un traitement! Le groupe a été connu surtout pour sa superbe chanson Right Here, Right Now, qui a été un succès international instantané. Ils ont aussi eus quelques autres succès plus locaux. Mais ce qui fait fait mal, c’est la chanson Zeroes + Ones! Mélange de breakbeat, électro-clash violent, IDM avant son temps, synthés à profusion, avec une voix suave à la Tears for Fears, c’est tout un mélange. Cette chanson a fait ses heures dans tous les clubs alternatifs de la planète. Jugez par vous-même.

Et ce disque, c’est la version à avoir à cause des remix. Les deux chansons ambiantes, planantes, de Aphex Twin, qui n’ont plus rien à voir avec la version originale, sont des chef d’œuvres du genre. Et sur l’autre face, que dire de la version de The Prodigy, à faire jouer à tue-tête (attention à vos haut parleurs et caissons d’extrême graves, si vous désirez vous rendre avec assez de volume pour les aigus, vous allez devoir y aller avec des millier de watts de déscelleurs de fondation de maison)? Finalement, la dernière piste est quelque chose de spécial: c’est la chanson originale, mais sans paroles! C’est la version envoyée en démo de la chanson, qui n’a jamais été sortie grand public auparavant. Donc, vous n’aurez pas la chanson Zeroes And Ones sur la sortie 25e anniversaire de Zeroes And Ones!

Côté qualité, c’est à planer pour le Aphex Twin, c’est avec une basse tonitruante pour le Prodigy (peut-être un peu sourd, je me serais laissé une petite gène et aurais mis la pédale légèrement plus douce à ce niveau), et c’est avec une très belle balance qui ne fait pas crisper des oreilles pour l’instrumental, mais qui déchire amplement. Tout ce qu’on pourrait demander!

Réédition 1993/RSD2018: Les Colocs + Retour RSD

Le premier disque à écouter après un tel RSD, c’est bien évidemment l’album «des Colocs»! Mais avant, un petit retour sur la dernière mouture du Record Store Day.

Quelle belle journée, un peu fraîche à l’attente devant le magasin, mais avec plein de gens passionnés qui y tient des conversations toutes plus intéressantes les unes que les autres, les sourires au visage, la joie de revoir les amis des années précédentes ! Surtout, quelle belle quantité de matériel, quels bons disques et tellement de beaux disques, des éditions pour tout le monde ! Plusieurs n’ont eu aucun disque en commun avec moi, d’autres, quelques un. La majeure partie des gens sont repartis avec beaucoup de ce qu’ils recherchaient, ce qui est génial.

Avertissement: ceci est écrit par Michel, je ne suis pas employé par Fréquences, j’écris pour le compte de Fréquences avec une liberté littéraire absolue. Je peux démolir un album tout comme l’encenser, je peux parler de ce que je désire (dans des limites respectables) et personne de chez Fréquences ne sait que je vais écrire cet article. Je ne suis dans aucun secret des Dieux, et ne paye pas mes bills avec de tels articles. C’est juste normal pour moi de l’écrire. Peut-être que JF va me dire que j’y suis allé un peu fort, peut-être que je suis dans le champ, peut-être qu’il va être heureux, peut-être qu’il va devoir faire affaire à Mirador. Prenez donc le tout avec le grain de sel nécessaire.

C’est l’heure de rafraîchir les pendules par rapport à beaucoup de points sur le Record Store Day. Depuis 2 ans, on a droit à un barrage de gens qui sont fièrement hors de cet événement mercantile s’il en est un. C’est bien correct, et je peux concevoir, sur les plus gros magasins, que le Record Store Day semble être mercantile, avec des files d’attente parsemées de scalpers à partir de minuit, dont eux et leurs familles se séparent les rangées et ramassent tout ce qui peut être légèrement rare. Parfois, des magasins avec une seule copie de Pink Floyd, ou avec une pile de disques minables qui ne méritent aucune réédition vinyle, disques qui se retrouvent dans le bac à un dollar quelques mois après leur sortie.

C’est vrai qu’il y a plusieurs années, le RSD était synonyme de qualité, et les disquaires tentaient de mettre la main sur tout ce qu’ils pouvaient de cet événement. Une de ces années, il y a eu beaucoup plus de disques, et les gens ont tout acheté. L’année d’après, il y en a eu encore beaucoup plus, les disquaires se sont montés des bills de plusieurs dizaines de milliers de dollars, et les gens ont compris que ce n’était pas seulement des disques en or… alors les disquaires sont restés avec leur stock. Le hic, et ce qu’il faut comprendre, c’est que les disques vinyle ne peuvent que rarement être retournés aux distributeurs, surtout quand c’est pour le Record Store Day. C’est vente ferme pour les disquaires! Pris avec des dettes et un lot de matériel dont même Discogs ne voulait pas, quelques-uns ont hélas fermé leurs portes. Et hélas, l’année d’après, les gens ont eu les sarcasmes dans le tapis, avec des disquaires qui ont refusé de supporter l’événement, avec des gens qui ne voient que des versions à cinquante dollars de disques qu’ils peuvent trouver dans une boîte à un dollar, version originale, en parfait état. Vous savez, la journée qu’ils vont ressortir Guilty de Barbra Streisand, que je dois avoir en douze exemplaires chez moi (et je ne suis pas disquaire! Imaginez ces derniers!), je vais vraiment crier en chœur moi aussi!

Et vous savez quoi? Ça va arriver un jour [sacres]! Et je suis content de ça! Pourquoi?

Parce que depuis ce jour, les disquaires qui sont restés de mèche avec le Record Store Day, ils ont compris qu’ils devaient faire leur travail de disquaire! Si vous avez un gros magasin, vous désirez probablement ratisser large, faire plaisir aux revendeurs avec leurs disques qu’ils vont pouvoir revendre avec profit sur Discogs, ensuite d’avoir amplement de copies de ce que leurs clients risquent désirer avoir, et quelques disques spéciaux pour se faire plaisir. Si vous avez un disque spécialisé en musique électro, vous allez probablement récupérer quelques sorties électro pour leurs admirateurs, ainsi que quelques valeurs sûres, juste parce que. Et si vous avez un magasin de région comme Fréquences, vous allez surtout y aller avec votre expérience, et votre connaissance de vos clients, de leurs goûts. Au diable les revendeurs, qu’ils viennent et qu’ils se rendent compte eux-mêmes qu’ils n’y trouveront pas leurs disques. En d’autres mots, que le disquaire fasse son travail de nettoyage des listes de vente, qu’ils n’aillent pas chercher cinquante copies du simple de Grace Jones qui se retrouvera en revente à 1$ quelques mois après, mais qu’ils en aient une copie pour moi parce que moi je l’aime.

Et vous savez quoi? Les clients ont depuis décidé de faire leur travail de clients! Ce n’est pas parce qu’il y a une copie ultra-belle d’un disque rare Deutsche qu’il faut nécessairement l’acheter à 70$ pour un disque simple. C’est parfaitement correct de ne pas acheter le dernier Madonna parce qu’on en a déjà une copie d’origine. Ou même si j’adore Tom Waits, j’ai déjà le coffret Bastards, alors que d’en acheter une copie colorée, je peux passer à côté, même si c’est foule plusse de bon meilleur que le coffret [sic]. Je peux même passer à côté d’un Pink Floyd Mono juste parce que pourquoi? Ce n’est pas parce qu’on croît qu’un disque va valoir des sous qu’on devrait l’acheter: ça s’appelle de la spéculation, et à moins que ce ne soit votre travail, vous devriez laisser faire cette idée. C’est un peu comme les monnaies crypto, les Bitcoins, Litecoins, Ripple et alias à la mode présentement: mettez-y des sous si vous le désirez, mais c’est de la spéculation pure et dure à propos d’un objet qui ne sert à rien et ne vaut rien par défaut! Peut-être que vous allez payer votre maison et plus, peut-être (probablement) que vous allez tout perdre. Même chose pour la bourse. Même chose pour les vinyles. Ça peut valoir beaucoup ou non. Moi je crois que le coffret de Johnny Cash est très peu dispendieux, et qu’il va valoir beaucoup de sous à terme, tant qu’ils n’en sortent pas une autre copie illimitée. C’est une méchante offre spéciale! Mais c’est de la spéculation, et ce n’est pas mon travail. Ça peut valoir 20$ dans quelques mois, comme ça peut valoir 2000$. Ce que je sais, c’est que je n’ai pas pu avoir le coffret, j’aurais aimé l’avoir, parce que j’aime le Country et que je trouve que c’est une sale belle offre! Ça, ce n’est pas de la spéculation!

Bref: je suis heureux de mes disques, beaucoup avaient le gros sourire, c’était un beau happening et je suis tout aussi heureux pour ceux qui s’y sont rendus et qui n’ont acheté absolument rien du RSD, c’est génial aussi! C’est votre choix après tout. Mais je ne jetterai pas le bébé avec l’eau du bain, simplement parce que certains se sont fait flouer et ont laissé de côté leur sens critique pour quelques instants et en ont gros sur le cœur.

Sur ce…

Album: Les Colocs
Artiste: Les Colocs

V.O.: 1993 CD; BMG Musique; 74321-10557-2

En Test: 2018 Vinyle Translucide (RSD)

Étiquette: BMG Musique Canada, Sony; 74321 10557 1

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Alors il y a 1500 copies du tout premier album des Colocs en vinyle! Quand on parle de la raison d’être du Record Store Day, c’est exactement ça. Un disque de 1993, qui a toujours été un bon vendeur, qui, après 25 ans, a droit à une très belle sortie vinyle. Je vais passer très rapidement sur le disque, c’est le premier du groupe Les Colocs, c’est la première fois qu’on les a vus arriver dans le paysage médiatique, et quelle impression ils ont faits! Qui ne connaît pas quelques paroles d’une des chansons de cet album?

Non, je vais surtout me concentrer sur une des réalités des disques du Record Store Day: je suis chanceux, mon disque est impeccable. Mais selon ce que j’ai lu sur les médias sociaux, je suis chanceux, certains ayant des faces du disque qui ne sont pas dignes de mention. En fait, un des coins de ma pochette intérieure était plié, c’est l’étendue de mes dommages. Problèmes de gravure, problèmes de manutention, problèmes de montage des disques (à la main) en usine? Avec des carnets de commandes bondées et prévues des mois à l’avance pour préparer le RSD, il faut s’attendre à avoir des ratés de production hélas. Ça arrive. Et ça dénote un petit manque de vérification de qualité aussi chez les étiquettes de disque.

Sinon, le plastique d’un disque transparent va tendre à être un peu plus dur que le plastique des disques noirs, donc il va conserver beaucoup plus de poussière et de résidus de pressage. Je recommande toujours de consciencieusement nettoyer les nouveaux disques avec votre procédé préféré (eau, aspirateur, spinclean, ultrasons, colle si vous voulez; traitement Last même si vous voulez) avant une première écoute. Vous allez voir votre niveau de bruit de fond descendre de façon notable, et en plus, vous risquez de protéger votre aiguille préférée des gros morceaux de plastique coupant qui peuvent être restés pris dans les sillons.

Et pour moi, avec l’écoute, c’était le nirvana! Quelle belle gravure! Pas parfaite, mais vraiment excellente! Si vous avez un beau disque, c’est réellement le pied, on se retrouve plongés dans les années 90 et les larmes ressurgissent avec les souvenirs. À partir de là, est-ce que ça pourrait être mieux? Peut-être … mais ça serait difficile!

2018: First Aid Kit – Ruins

Le cœur en ruine des sœurs Söderberg!

Album: Ruins
Artiste: First Aid Kit

En Test: 2018 Vinyle simple en encart

Étiquette: Columbia / Sony
88985493661

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Une autre exportation de notre chère Suède, le groupe First Aid Kit est composé des sœurs Klara et Johanna Söderberg aux différents rôles du groupe. Le groupe a été démarré par quelques publications sur le groupe social MySpace il y a une dizaine d’années. Ils ont ensuite démarré quelques années avec une étiquette indépendante avant d’être signés par Columbia en 2014 et leur superbe disque Stay Gold. C’est aussi le moment de leur épanouissement mondial, avec une nomination aux Brit Awards pour meilleur groupe international en 2015. Le groupe, d’abord légèrement rock, s’est concentré assez rapidement sur sa stylistique folk indépendante avec une touche country surprenante pour un groupe suédois.

Pour Ruins, on a eu à attendre quatre longues années. Durant ces années, le groupe a fait des tournées, mais surtout, Klara a pris un repos forcé de la musique, en retraite avec son fiancé du moment à Manchester, pendant que Johanna est demeurée à Stockholm. Ce repos musical a continué jusqu’à la rupture de Klara, son retour en Suède et l’écriture de ses états d’âme avec cet album. On a droit à un album beaucoup plus introspectif, plus triste et beaucoup moins rock, mais avec toujours cette belle verve qu’on connaît de First Aid Kit. L’album est composé de petits tableaux de styles différents, le tout nous faisant découvrir un album fort complet, qui sait nous emporter à travers cette exposition musicale virtuelle. On passe de l’introspectif au grandiose, du country au folk, des chansons sur les ruptures, comme des chansons pour le futur.

Et côté sonorité, l’album en numérique est réellement froid. En fait, l’album en vinyle est tout aussi réellement froid, mais moins. L’écoute de la version numérique est dérangeante à haut volume et malgré sa sonorité très numérique et très travaillée sur le disque vinyle, la présence musicale est excellente, on a l’impression d’explorer les fresques musicales, et non de les subir. Cet effet est encore plus présent avec la finale en queue de poisson sur la finalité des choses, que j’ai été incapable d’écouter en numérique mais qui coule de souche sur la version vinyle. Surtout pour ce style folk, le vinyle ajoute une coloration des années 70 qui sied à cette sonorité intemporelle.

On achète si on aime Emmylou Harris, Laura Marling, Elisapie Isaac, Brandi Carlile, She & Him.

2018: Calexico – The Thread That Keeps Us

Le dernier Calexico, un de leurs plus solides albums!

Album: The Thread That Keeps Us
Artiste: Calexico

En Test: 2018 Vinyle

Étiquette: Anti-; 87573-1

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Montée de lait. C’est l’heure de sortir les gros mots, je vous avertis tout de suite. Mais *** de ****, qui a fait un tel traitement horrible à cet incroyable album de Calexico, le groupe de Joey Burns et de John Convertino, qui roule sa bosse depuis plus de 20 ans? Je suis un admirateur absolument fini de ce groupe, je suis allé les voir en spectacle. J’ai beaucoup de leurs albums en vinyle, y compris leur extraordinaire coffret Road Atlas qui regroupe en vinyle beaucoup de leurs spectacles. Ce coffret est d’ailleurs superbe, génial, de qualité irréprochable (et trop dispendieux pour la vie si vous désirez l’acheter présentement). Et c’est totalement l’opposé de leur dernier album!

C’est à se poser la question si Calexico a décidé de se lancer dans le lo-fi. La version numérique est sourde, compressée, ses instruments numériques à la va-vite; écrêtage numérique dans les voix, m***, même les cuivres, qui font quand même partie de la marque de commerce de Calexico, sonnent sourds et distants, comme si elles sortaient d’une boîte de conserve.

Et la version vinyle est encore pire! Anti-, l’étiquette qui a sorti le disque en Amérique du Nord, a décidé de tout entrer sur un seul disque. On parle de plus de 25 minutes par face (presque 28 sur la première face), du bruit de fond omniprésent, de la statique. Si vous vous lancez et importez la version européenne City Slang sur deux disques, vous allez avoir l’équivalent de la version numérique: quelque chose qui ne sonne tout simplement pas comme ça devrait, mais au moins vous allez en profiter.

Sans blague… C’est tellement dommage parce que l’album est fou. Mais je suis à peine capable de discerner les instruments les uns des autres avec de bons écouteurs sur les dernières pistes des faces. Oui, c’est à ce point! Et je suis réellement déçu.

Réédition 2004/2018: Les Cowboys Fringants – La Grand-Messe

La Grand-Messe en 500 vinyles!

Album: La Grand-Messe
Artiste: Les Cowboys Fringants

V.O.: 2004 CD; La Tribu TRICD-7233

En Test: 2018 Vinyle double (trois faces) en encart

Étiquette: La Tribu
TRILP-7233

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Il y a des albums dont on discute encore près de 15 ans après leur sortie. La Grand-Messe des Cowboys Fringants est un de ces albums. Le groupe a eu sa période de grands succès avec cet album, ainsi que Break Syndical, les deux disques ayant été réédités en 500 copies vinyles par leur étiquette La Tribu.

On ne peut pas dire que le disque possède énormément de succès, comme Break Syndical peut l’avoir, succès qui jouent encore à la radio. En fait, là où La Grand-Messe brille, c’est dans la qualité continue de l’offre, les chansons étant toutes meilleures les unes que les autres. On peut penser à Plus Rien et La Reine. Uniquement pour ces deux chansons, le disque mérite d’être acheté, et les autres chansons ne sont pas dans l’ombre des premières.

Côté qualité, la gravure du disque est excellente, la qualité est impeccable de A à Z. Là où ça se corse légèrement, c’est le matriçage dont la base date de 2004, qui parfois fait mal. Je vais parler justement du crescendo de Plus Rien, qui démarre avec un volume relativement élevé, et pour lequel on entend de plus en plus la compression arriver «au hasard», la voix perdre de plus en plus sa basse. Ce type de compression est valable pour le numérique, mais n’a aucune raison d’être sur un vinyle. Encore plus, si le disque utilise une technologie de sillons à taille variable. Le disque aurait pu avoir plus de dynamisme, garder plus de naturel, et avoir des crescendos tonitruants avec des moments introspectifs d’une grande douceur.

N’empêche que je suis extrêmement heureux d’avoir ce disque dans ma collection, et que je vais l’écouter avec plaisir. Un de nos grands albums québécois qui a enfin sa version vinyle!

2018: MGMT – Little Dark Age

Un 4e album en New Wave!

Album: Little Dark Age (LDA)
Artiste: MGMT

En Test: 2018 Vinyle double en encart

Étiquette: Columbia
88985476061

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The Management sort un quatrième album en dix années. Le Groupe pop-rock du Connecticut a eu une ascension fulgurante après sa signature avec Columbia en 2006 et la sortie de son premier album officiel, Oracular Spectacular en 2008, avec un remix de la part du groupe Justice, des mentions des magazines Spin et Rolling Stones, des Grammy, nommez-en, en voilà! Pour les admirateurs les suivant, ils n’ont pas été de tout repos. Démarrant en synthé-pop avec des accents rock, ils se sont progressivement dirigés vers le rock psychédélique, avant Little Dark Age, où ils retournent à toutes leurs sources, ce que je pourrais décrire comme du New Wave.

Little Dark Age, un bonbon pop rock avec de beaux relents indie, met toujours en vedette les deux instigateurs, Andrew VanWyngarden et Benjamin Goldwasser, ce qui est une joie et une surprise. Les deux albums précédents n’ayant pas eu le succès au guichet qu’ils avaient escompté (malgré qu’ils soient excellents dans leurs styles respectifs), le groupe s’est officieusement séparé, le duo déménageant dans des villes différentes. Après quelque temps, et le climat politique aidant avec l’élection du dernier président des États-Unis, l’inspiration est revenue et le goût de produire un nouvel album s’est fait sentir. Ils travaillèrent à distance quelque temps avant de se rejoindre afin de terminer cet album.

Côté qualité, ils auraient pu choisir de tout graver sur un seul disque vinyle sans aucun problème, avec une vingtaine de minutes par face. Ils ont toutefois décidé d’y aller pour le maximum de qualité, avec deux disques dont la gravure est impeccable. Lorsque Columbia se donne la peine, ils réalisent des disques avec une très bonne gravure. Par exemple, on se rappellera RAM de Daft PunkLDA, de MGMT, est dans la même veine de gravure effectuée avec déférence. Le mandat envoyé à Greg Calbi pour le matriçage est définitivement d’opter pour la qualité, et la gravure de ma copie est parfaite. À noter que la version européenne et la version américaine de la gravure semblent différentes selon Discogs, je ne peux donc me prononcer sur toutes les versions. Seul désavantage d’une telle gravure: il faut changer de face aux deux-trois chansons.

[NDLA, un petit écart de conduite de ma part, je me concentre à faire connaître les groupes, les albums nouveaux et anciens, et surtout la qualité de la gravure du disque vinyle, est-ce que ça vaut la peine d’acheter un disque en vinyle. Je me prononce rarement sur mon opinion envers ce qui est gravé sur le disque, sauf à quelques exceptions, comme ici. Je dois mentionner que malgré que j’aime beaucoup le disque et le groupe en général, je déteste pour mourir l’effet detune, que le groupe utilise sur ce disque, au point d’en gâcher mon écoute. C’est moi, on ne peut plaire à tous!]