Rétrospective RSD 2018

Beaucoup de très bons (et beaucoup de moins bons) disques sont sortis en 2018. Cette année, c’est fou! Dans quelques jours, la folie arrive!

Vous voulez savoir si ça vaut la peine d’acheter au RSD? Eh bien la réponse est « noui » : certains disques sont des belles trouvailles, certains sont des disques pour admirateurs d’un groupe en particulier, certains ont été produits de façon mercantile, et quelques petits bijoux n’ont juste pas assez d’exemplaires afin de pallier à la demander. Bref : achetez ce que vous considérez bon, et laissez aux spéculateurs leur lubie de réaliser quelques sous avec leurs achats.

Pour vous convaincre qu’il y a des bonnes trouvailles, voici, en rafale, une série de beaux disques sortis lors des différentes éditions du RSD 2018. Je reste quand même relativement conséquent avec mes choix que je désirais obtenir. Dans tous ces choix, il y en a quelques uns que je n’ai pas pu acheter hélas, et je me suis laissé tenter par bien d’autres. Vous allez remarquer qu’il y a beaucoup de rééditions ici, et c’est quelque chose que j’ai vraiment déploré. Je suis heureux de dire que cette année, plusieurs nouveaux disques sortent. Le RSD s’améliore donc d’année en année.

Voici mes précédentes critiques de ces choix en particulier :

Et j’ajoute…

Doris Norton – Nortoncomputerforpeace & Personal Computer

Artiste : Doris Norton
Albums : Nortoncomputerforpeace (1983) et Personal Computer (1984)

En test : Vinyle; 2018; Mannequin; MNQ 116 et MNQ 120

Exemple parfait de la raison d’être du RSD : rendre accessibles une autre fois des disques rares et obscurs. Doris Norton est une compositrice-interprète italienne qui a la distinction d’avoir été la seule à recevoir un sponsorship de la part d’Apple. Aujourd’hui, on le tient pour acquis, mais Apple Computer s’est fait poursuivre à maintes reprises par Apple Corps (l’étiquette des Beatles) afin qu’ils ne touchent à quoi que ce soit de multimédia. Ils ont même eu à payer des frais à ces derniers à cause qu’ils avaient une prise haut-parleurs et micro sur leurs ordinateurs! Alors que d’avoir leur logo de pomme sur un disque, imaginez!

Les disques de Doris Norton sont autant de styles disparates, allant de l’électro-minimaliste à la Kraftwerk et The Art of Noise, à une recherche plus poussée et in, voire à de la heavy techno rock pour certains de ses albums des années 90. Bref : une grande pionnière de la musique électronique! Et ces exemplaires, gracieuseté de Mannequin, sont très bien gravés! Très bonne écoute!

 

Motörhead – Death or Glory

Artiste : Motörhead
Album : Death or Glory (Bastards en 1993)

En Test : Vinyle; 2018; Vinyl Passion; VP 90052

Motörhead a toujours fait parler d’eux, un groupe précurseur au style heavy metal, des années avant que le style n’existe vraiment. Mais avec le décès des Lemmy, on assiste à un revival de la passion des admirateurs du groupe. C’était un peu naturel qu’une étiquette se décide de sortir une nouvelle version de l’album Bastards de 1993. Cet album est un retour aux sources du groupe Motörhead, avec un style qui est reconnu comme étant classique pour eux. C’est aussi une deuxième période charnière côté membres, dans les derniers albums avec Michael « Würzel » Burston, et le deuxième avec le batteur Mikkey Dee.

Le disque n’a pas connu une très grande distribution, restant plus ou moins en Allemagne, malgré le fait que le groupe considère encore ce disque comme un de leurs meilleurs. Ceci dit, l’internationalisation des distributions fait qu’il y a eu plusieurs bonnes rééditions en vinyle. Alors que d’en avoir une autre, ce n’était peut-être pas si nécessaire que ça. En même temps, la version qui a été proposée en 2018 est très honnête, possède une assez bonne sonorité et est géniale à écouter. Le rematriçage est adéquatement produit, pas excellent mais très bien.

 

Popol Vuh – Messa Di Orfeo

Artiste : Popol Vuh
Album : Messa Di Orfeo (1999)

En Test : Vinyle; 2018; One Way Static Records; OWS 21

Ce n’est pas la première fois que j’écris indirectement à propos de Popol Vuh. J’avais aussi réalisé la critique de l’excellent album d’interprétation de musique classique de Florian Fricke qui est sorti ce même RSD. Si vous vous attendez à du krautrock, vous allez tomber sur un nœud : ce disque est assez purement ambiant et possède une facture chantée très près de la musique classique. C’est un très grand chef d’œuvre, une voltige de composition impeccable, le tout gravé sur un disque vinyle de très grande qualité.

Encore une fois, une bonne raison de rechercher les éditions sur RSD : c’est la première fois qu’on peut entendre ce disque en vinyle, et la composition s’adapte parfaitement à ce médium.

 

Lhasa – Live in Reykjavik

Artiste : Lhasa
Album : Live in Reykjavik (2009/2017)

En Test : Vinyle double; 2018; Audiogram; 19075805381

Dans les éditions qu’il fallait sauter dessus lorsqu’on y avait accès, il y a les rééditions RSD de Lhasa de Sela. Cette superbe édition de son spectacle enregistré en 2009 a finalement été sortie en CD en 2017 par Audiogram, et ils en ont profité pour faire une copie en vinyle double absolument impeccable. Payée moins de 30 $ (pour un disque double 180g) lors de sa sortie, on ne s’en sort hélas plus en bas d’une centaine de dollars afin d’obtenir le même disque. Et à date, Audiogram ne semble pas pressé de faire comme pour l’excellent La Llorona et faire une réimpression. Bref : il fallait y être! Pressing qualité audiophile, pour une captation de spectacle. En même temps, ce ton de voix, cette chaleur, ces instruments, le vinyle est le parfait médium pour faire jouer une telle musique!

Abruptum – Evil Genius

Artiste : Abruptum
Album : Evil Genius (1995)

En Test : Vinyle en encart; 2018; Black Lodge Records; BLOD027LP01

Dans un tout autre ordre d’idée, le groupe de musique black metal Abruptum en a profité pour sortir son excellente compilation Evil Genius une autre fois en vinyle. Il y a dix ans, Southern Lord (l’étiquette de Sunn O))) ) avait réalisé une excellente édition limitée de ce vinyle. Nécessaire d’en avoir une autre copie? Non. Mais pas déplaisant aussi. On déplorera que ces 300 copies limitées de couleur n’aient pas conservé la belle touche du CD initial d’avoir un message nous proposant de se tuer avec la lame de rasoir fournie. Très bonne gravure de la part de Black Lodge. Belle présentation! Et une belle entrée en matière pour la musique black metal.

 

Mais ce n’est pas fini! Prenez une gorgée de café avec moi, et on continue!

Marijata – Pat Thomas introduces…

Artiste : Marijata
Album : Pat Thomas introduces Marijata

En Test : Vinyle; 2018; Mr Bongo; MRBLP158

Extraordinaire disque de protodisco funk ghanéen de 1976, c’est le genre de disque dont l’original se vend à un prix ridiculement élevé (dans les 300 $ pour une minable copie). À ce prix-là, je vais prendre un billet d’avion pour le Ghana et aller acheter les bandes maîtresses originales.

Il y a trois ans, une réédition a été effectuée avec un succès adéquat. Mais ici, on parle de Mr Bongo. Et cette étiquette n’y va jamais de main morte. Quelle belle réédition avec une sonorité somme toute bien honnête ! On a de tout ici : on entend la boule disco dans la sonorité, des belles guitares, des horns, un rythme légèrement afrobeat, les voix en ensemble, le black power et la fierté africaine, l’anti-religion. Je ne crois pas qu’il fallait s’attendre à des miracles, les rubans sources ne doivent pas être réellement de bonne qualité, mais malgré tout, ça s’écoute avec joie à haut volume.

La bonne nouvelle est que le disque a été tellement scalpé qu’il est disponible à un prix très abordable sur les Internets.

Spectrum – Highs, Lows And Heavenly Blows

Artiste : Spectrum
Album : Highs, Lows and Heavenly Blows (1994)

En Test : Vinyle; 2018; Medical Records; MR-079

Après beaucoup de styles différents, c’est l’heure de sortir la pipe à patchouli! Pete « Sonic Boom » Kember, connu surtout pour son précédent groupe Spacemen 3, nous lance dans le post space rock, pieds et poings liés. Un des meilleurs albums de Spectrum, il ne faut surtout pas prendre avec des pincettes le disque Highs, Lows and Heavenly Blows. C’est une atmosphère faisant penser à un très heureux mariage entre GY ! BEGiorgio Moroder et Steve Wilson, avec Peter Kruder comme maître de cérémonie. Avoir su qu’un tel groupe existait lors de mes années de cégep, ma vie aurait été différente!

Selon ce que j’ai entendu parler, le disque original de 1994 n’avait pas une gravure si excellente que ça. Eh bien, Medical Records s’est chargé de réaliser l’impossible, comme d’habitude! On a le goût de mettre ce disque à tue-tête et de se laisser emporter par cette si belle atmosphère.

Electroconvulsive Therapy vol 4 – The Art of Survival…

Artistes variés
Album : Electroconvulsive Therapy vol 4 – The Art of Survival…

En Test : Vinyle; 2018; Medical Records; MR-077

Comme chaque année, Medical Records nous fournit sa compilation de pièces toutes plus obscures les unes que les autres. Parfois, ce sont des pièces incroyables et parfois, c’est un peu bizarre. Je dirais que c’est la première année que je dirais que les pièces ne sont pas extraordinairement loufoques. On a droit à un style un peu plus « convenu », soit du minimalisme, du synthé-pop, et des pièces qui ne décoiffent pas tant que ça, comparés aux années précédentes. Comme je suis fou du synthé-pop, ce n’est pas un problème pour moi, mais pour une première année, ce n’était pas le premier disque que je désirais ouvrir.

N’empêche, la gravure est excellente, l’édition est géniale, ça s’écoute vraiment bien et j’aurais définitivement préféré avoir beaucoup plus de notes sur les artistes que j’écoute : comme toute bonne compilation K-tel de ce nom, on n’a que le nom du groupe et le nom de la pièce de musique. Ce n’est pas un objet de collection digne de Medical Records.

Suite du programme: mes recommendations 2019!

2018: Les Beaux Sans-Cœur – Ton corps est déjà froid

Pierre Lapointe, version rock!

Album : Ton corps est déjà froid
Artiste : Les beaux sans-cœur

En test : 2018; Vinyle; Album en encart

Étiquette : Audiogram; ADCD 10413

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Notre chansonnier déjanté est de retour avec un autre bel album de ballades doucereuses avec une touche yéyé, des paroles d’amour qui donnent le goût de chanter la pomme à sa douce. Ah… tiens… non! Cette fois-ci, c’est du gros rock très sale, violent, des chansons grivoises. Un tout petit exemple de parole : 1-2-3-4 j’aimerais te prendre à quatre pattes ! Mais ça vous donne une idée : il y a bien la voix de Lapointe, mais ça s’arrête ici! C’est un anachronisme a A à Z, en fait, ça serait un anachronisme si ce n’était de ce qu’on connaît de Pierre Lapointe : il faut s’attendre à se faire décoiffer par ce dernier. Et pour ça, c’est réussi!

On a la sonorité du tapis en shag dans le sous-sol de ses parents avec le bar en bois; on a les petites chansons style punk rock aux paroles sorties de son adolescence; on a la porte de garage ouverte parce que ça joue trop fort et qu’on désire que les voisins l’entendent de toute façon; on a le gros spazz de neuf minutes du décompte avec solos en prime. C’est l’alter ego du yéyé propret des sous-sols d’église de ses autres albums. C’est un gros bonbon de plaisir.

Et côté sonorité, récemment, Pierre Lapointe nous a habitués à des albums parfaitement enregistrés avec une sonorité impeccable. C’est totalement l’opposé ici : si le yéyé est propre, le rock de garage est sale, lourd, tape fort, n’est pas clair du tout. C’est de la grosse déchire. En fait, je dirais en comparatifs que le disque vinyle est presque identique à la version numérique, avec un peu moins de compression sur les kick drums, mais avec un assourdissement d’un disque qui a été saturé. Le vinyle ne respire pas, est moins stéréo, manque de définition. C’est comme s’ils avaient pris la même matrice numérique pour le vinyle et pour le CD, et qu’ils l’avaient aplati pour le faire entrer sur deux faces. Et pourtant, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’espace. Bref : je ne sais pas, je ne comprends pas, ça aurait pu fesser dans le dash tellement plus fort que ça. Mais non. On adore l’objet, on ira sur le CD pour le moment!

PS : je me suis concentré sur le chanteur ici, mais les musiciens de ce groupe sont en feu, ce sont tous, individuellement, des bombes! Et je ne désire pas passer sous silence la contribution du grand, Philippe Brault. Ces deux-là, ensemble, sont fous!

RSD2018: Matt Holubowski – Epilogue

EP Québ pop folk en deux ambiances!

Album : Epilogue
Artiste : Matt Holubowski

En Test : 2018; vinyle 10po.; 2018 RSD

Étiquette : Audiogram; 190758060415

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La preuve que La Voix peut parfois mener loin, j’écris bien ici à propos de l’artiste montréalais bilingue qui a été dans l’équipe de Pierre Lapointe en 2014-2015, se rendant jusqu’en finale. Matt Holubowski, ayant clairement touché une corde sensible avec les personnes le découvrant, a été signé peu de temps après la saison par Audiogram. C’était une formalité pour ces derniers, le premier disque de 2014 d’Holubowski, « Ogen, Old Man » s’est écoulé à environ 15 000 exemplaires, tous assemblés à la main par l’artiste lui-même.

Plus tard en 2016, Matt Holubowski sortit un premier album avec Audiogram, « Solitudes ». Il est d’ailleurs toujours en tournée avec le matériel de ce dernier. Mais deux années, c’est long. Alors il a tout de même pensé à nous et a produit un beau petit disque étendu, une première face avec deux chansons avec une plus grande orchestration, et une deuxième face avec des chansons plus simples, avec voix, guitare et très peu d’orchestrations.

Pour la qualité, le disque est impeccablement enregistré, très simple, très efficace. En même temps, le médium du disque vinyle a été plus ou moins créé pour ce genre de pièces, ajoutant juste la bonne quantité de chaleur nécessaire à bien rendre cet artiste bien de chez nous. Malgré une dizaine de minutes par face, le disque de dix pouces s’en sort parfaitement bien, la musique étant très disparate, permettant de bien moduler la gravure et de maximiser l’espace utilisé. Le disque n’est donc pas compressé outre mesure, il n’a pas de bruit de fond, ni une coupure forte sur les hautes fréquences. Très bon travail de Marc Thériault au matriçage, lui qui a été sollicité entre autres par Marie-MaiSafia NolinSteve Hill ainsi que par Ariane Moffatt, et ce, cette année uniquement. [Je ne m’étends que rarement sur l’équipe technique, mais je dois mentionner qu’il a effectué le matriçage de l’excellent CD classique New Worlds d’Ana Sokolovic distribué par Analekta — sautez dessus!] De retour sur notre disque après ce petit aparté, en d’autres mots, par design, ce genre de disque est fait pour les disques vinyle, et à moins de travailler très fort pour massacrer le produit final (ce que beaucoup réussissent hélas – d’où l’utilité de ma chronique), le résultat va être excellent. Hâte de voir le prochain disque!

1990/2016, 2015: Jean Leloup – L’amour est sans pitié, À Paradis City

Petite rétrospective vinyle Jean Leloup.

Un de nos grands, passionné, nerd musical, capoté de composition, Jean Leloup nous a habitués à une qualité de produit. Fort de sa participation au Festival International de la Chanson de Granby et à Starmania, il signa avec Audiogram dès son premier album, qui est accessible en vinyle, mais qui est une « erreur de jeunesse ». Très rapidement, ses vraies couleurs apparaissent avec L’amour est sans pitié.

Album : L’amour est sans pitié
Artiste : Jean Leloup

V.O. : 1993 CD
Audiogram
ADCD 10036

En test : 2016 Vinyle RSD

Étiquette : Audiogram, Sony Music
AD 10036

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Il existe trois écoles de pensées : une qui considère que L’amour est sans pitié est son meilleur album, l’autre, Le Dôme et un dernier qui considère que Les Fourmis est le summum. Encore aujourd’hui, on connaît un bon tiers des chansons de L’amour par cœur, on reconnaît les chansons aux premières notes, il y a un côté sale affaire dans tous ces albums, aucun filtre, paroles limite subversives à haut débit, des compositions à couper à la machette rouillée, et à faire passer la douleur au vin rouge qui tache et aux dattes fraîches.

Et on est chanceux, fort de la sortie vinyle de À Paradis City par Dare To Care, Audiogram en association avec Sony Music sortent enfin L’amour est sans pitié ainsi que Le Dôme en vinyle, ce dernier vinyle double! Ne va rester que nos Fourmis nationales et on va être comblés!

Et ont-ils fait un bon travail ? Oui, c’est un album édition limitée 1000 exemplaires sortis pour le Record Store Day 2016, ils sont rendus très rares. C’est une version 180g, les matrices n’ont pas eu le temps de s’user sur le disque, il est impeccable côté qualité. Pour le contenu musical le disque est très beau, Audiogram a pris le temps de réaliser une belle version pour son 23e anniversaire, autant la guitare électrique est forte et grinçante, autant la guitare acoustique est naturelle et belle, le rythme est fort et bon, la voix en a vu d’autres comme il se doit avec The Wolf. Il y a un côté de ma personne qui aurait préféré un rematriçage avec un côté plus moderne à la compression, le disque étant très similaire au CD et son côté ’90s date légèrement. Mais en même temps, quelle belle écoute ! Si vous pouvez vous le procurer, c’est un univers différent que ce qu’on peut retrouver sur CD, et c’est définitivement une meilleure sonorité que la version en streaming.

Et pour Le Dôme ? Six longues années après l’énorme succès de L’amour, John The Wolf nous revient avec un autre énorme succès. Cet album tombe dans un entre-deux entre avoir vraiment peu de musique par face ou d’avoir une qualité réduite. Ils ont préféré conserver toute la qualité et nous obliger à avoir quatre faces. Je vote pour ça aussi! Après un très bon La Vallée des Réputations (pas encore disponible en vinyle), Jean Leloup quitte le milieu musical avec Exit, son « dernier spectacle », mais revient après deux petites années en tant que Jean Leclerc (son vrai nom de famille) avec Mexico, comme premier disque d’une nouvelle étiquette, La Grosse Boîte, gérée par Dare To Care records. À partir de ce moment, nous avons droit à tous les disques en vinyle! Son suivant, Mille Excuses Milady est aussi disponible en vinyle double… et après six longues années de hiatus pour la deuxième fois…

Album : À Paradis City
Artiste : Jean Leloup

En Test : 2015 Vinyle

Étiquette : La Grosse Boîte, Dare To Care Records
BOITE-45-LP, DTCLP-4445

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Ce disque a connu un succès retentissant, devenant à sa sortie le #1 des ventes au Canada! Le tout, malgré son style musical, plus posé et moins de party que les disques susmentionnés. C’est un disque avec une sonorité simili en direct, avec un style beaucoup plus sous-sol empoussiéré, bar louche. La musique suit les paroles, enfin! Et Dare To Care n’a pas fait dans la propreté côté sonorité non plus, c’est un peu l’équivalent de Blue And Lonesome des Rolling Stones, c’est crasseux jusqu’aux replis des cordes de guitare. C’est le disque à découvrir! À mon avis, on va se rappeler de ces derniers disques comme des grands vins, des disques à écouter en entier un peu comme ceux des Colocs, tandis qu’on va se rappeler des anciens disques comme des succès individuels.

C’est en faisant les comparatifs qu’on va voir le côté numérique et propre des premiers disques d’Audiogram, et de voir le naturel violent et crasse de Jean Leloup ressortir sur les disques de La Grosse Boîte. Je ne peux officiellement dire que c’est mieux, Audiogram, c’est tous les succès, toutes les chansons qu’on connaît par cœur, et le sacrilège d’y toucher. Tandis que ceux de La Grosse Boîte sont des disques à écouter du début à la fin. Et ce dernier disque est d’une sonorité à couper le souffle, ne vous méprenez pas, j’ai pesé mes mots avant de sortir les Stones en analogie. Prenez quelques maigres dollars de plus et achetez la version vinyle, vous ne le regretterez pas!

2017: Pierre Lapointe – La Science du Cœur

Lapointe, rien de moins!

Album: La Science du Coeur
Artiste: Pierre Lapointe

En Test: 2017 Vinyle rose

Étiquette: Audiogram, Sony Music
889854758912

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Je vais bien être honnête avec vous, je ne suis pas du tout un admirateur de Pierre Lapointe. Son style ne me plaît pas, il n’est pas du tout mon genre, côté musical. Ouf! Je l’ai sorti de mon cœur! Et vous savez quoi? Plus il s’affine, plus il sort des disques, plus les ressemblances avec les styles des chansonniers français de la belle époque des Piaf, Brel, Brassens et Vian sont frappantes. Chaque disque qu’il sort, il prend du gallon, il est plus qu’un simple émule, mais il démontre à quel point son style de nouvelle scène française est réel, à quel point il est vrai dans cette expérience. Ce n’est pas qu’un style, c’est vraiment sa personne entière. Le côté populaire obligé a été déjà écarté par Audiogram; les incertitudes en tant qu’artiste qui veut trop sont passées. Et ce disque… ouf! Quel disque! On voyait la progression depuis quelques années. D’abord un Punkt pour se briser des Sentiments Humains, un Les Callas fou en progression logique, un album Paris Tristesse au piano, et finalement : ça!

C’est quoi ça ? Adieu les synthétiseurs omniprésents et le yéyé pop clinquant, on a droit à un vrai orchestre à cordes, de réels instruments, des pianos, des cuivres, de la percussion. On a droit à une entrée en matière à la Vian, un crescendo stylistique. Et la finale : un chœur! Je peux décrire cet album incroyable selon ces termes : c’est lui, enfin, et rien de moins. Je ne m’attends pas à ce qu’il garde ce style ou ces moyens pour le reste de sa vie, mais il était plus que temps qu’il sorte ce chapeau de son sac. Ça ne veut pas dire qu’il reste dans l’ancien temps, on a des Alphabet anachronisme de l’album à rythme électronique. Mais justement, ce disque est assumé.

Et la qualité du disque ? … C’est un Pierre Lapointe, c’est du Audiogram, come on, on descend un peu ses attentes. C’est magique ! Quel disque! Le mixage de Stéphane Reichart est divin, parfaitement appuyé par le matriçage de Greg Calbi du mythique Sterling Sound de NYC. Ce dernier a des grands disques, mais aussi des citrons alors ce n’est pas une référence, mais ne suffit que dire qu’il roule sa bosse depuis plus de 40 ans et qu’il sort encore aujourd’hui un disque par semaine au bas mot. Sa façon de procéder est de donner exactement ce que la production exige de lui, alors si c’est pour avoir le volume le plus fort, il va le faire. Mais si on exige de lui une production impeccable, il va le faire aussi! À avoir! Que ce soit pour les quelques coups d’extrêmes-graves électroniques d’Un Cœur, les sforzando de Comme un Soleil, la progression de La Science du Cœur, la simplicité pianistique, l’électro d’Alphabet ou la calme finale d’Une Lettre, c’est juste beau!

Ça y est, j’appréciais avec Punkt, j’ai aimé avec Les Callas, et là, je suis fan! Merde.

On achète si on aime Louis-Jean Cormier, Damien Robitaille, Daniel Bélanger. Sans compter les Alain Souchon, Nino Ferrer, Jacques Brel, Charles Aznavour, enfin vous voyez le topo.

2017: Isabelle Boulay – En Vérité

Après plus de 20 ans de carrière, Isabelle Boulay est prête à nous parler en toute vérité.

Album : En Vérité
Artiste : Isabelle Boulay

En Test : 2017 Vinyles doubles

Étiquette : Audiogram, Sony Music
88985423721

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Ça faisait déjà trois longues années que Isabelle Boulay ne nous avait pas sorti un opus. Son dernier disque, Merci Serge Reggiani, était le premier disque de Boulay qui était produit en vinyle, mais c’était aussi un hommage à Reggiani, alors ce n’était que des chansons reprises de ce dernier. Si on désire avoir du matériel original, il faut reculer encore plus loin, 6 longues années sans aucune chanson originale. C’est long. Et aucune chanson originale en vinyle! Baptême de Boulay sur le format pour ses propres chansons! Il faut dire que cette dernière a été fort occupée sur plusieurs autres projets, dont La Voix qui occupe beaucoup de temps.

Comme mon but n’est pas de vous dire si j’ai aimé l’album ou non, je ne m’y étendrai pas particulièrement. Il s’agit d’un disque de Boulay! Si vous aimez cette dernière, vous allez l’adorer. Si vous ne l’aimez pas, c’est votre problème et je ne tenterai pas de vous convaincre du bien-fondé de cette extraordinaire artiste gaspésienne. Suffit de dire que les chansons de ce disque proviennent de tous les horizons, de Julien Clerc à Cœur de Pirate. Ce ne sont pas des chansonnettes.

Mais côté qualité? Ah, ça, par contre, c’est précisément mon but : vous faire découvrir des disques et vous dire si vous devriez acheter le disque vinyle. D’abord, la sonorité Boulay, ce ne sont pas avec de vrais instruments. C’est surtout du synthétiseur et ça paraît. Ce n’est pas nouveau avec elle, mais sur les pistes Protools se fait ajouter des instruments midi. Ça paraît. Mais dans le lot, les guitares sont souvent franches, les voix sont belles et surtout ça m’a sauté à la figure dès la première chanson du disque : de vraies cordes et un vrai orchestre! Wouah! Et la qualité du disque vinyle double, matricé avec soin par Marc Thériault, est vraiment excellente, assez afin de savoir quand une piste apparaît ou disparaît sur Protools, assez afin de savoir que cet instrument est un logiciel enfichable quand cette autre piste est fort naturelle. Un peu de bruit de fond sporadique sur le vinyle, mais je n’ai rien d’autre à redire sur cette gravure somme toute vraiment honnête. La sonorité qu’on a désiré y donner est la même que les disques des grands des années 80, par exemple des vieux Patricia Kaas. C’est une sonorité éprouvée pour la balade, formant le répertoire de Boulay, et c’est un plaisir à écouter sur vinyle. Grand disque vinyle? Non. Audiophile? Non. Numérique? Oui. Beau, sonore, efficace et s’écoutant avec plaisir : Définitivement!

On achète si on aime Laurence Jalbert, Lynda Lemay, Maurane, Natasha St-Pier.

Réédition RSD2017: Lhasa – La Llorona

20 ans après la sortie de ce premier album choc de la part de Lhasa de Sela, Audiogram nous le ressort en vinyle édition limitée pour le RSD.

Album: La Llorona
Artiste: Lhasa

V.O.: 1997 CD; Tôt ou Tard / Audiogram

En Test: 2017 Vinyle #250

Étiquette: Audiogram
88985418291

Achetez la version CD chez Fréquences. Bonne chance pour le vinyle!

Avant le RSD, beaucoup de gens disaient qu’ils boycottaient ce dernier parce qu’ils n’allaient y retrouver que des versions mercantiles, des trucs bizarres et louches, des face B qui ne méritent pas qu’on s’y arrête. Et l’album La Llorona sort justement pour le Record Store Day, version extrêmement limitée, 500 copies pour un album séminal, le premier opus d’une grande montréalaise d’adoption, happée par un cancer du sein à l’aube de 2010. Depuis, c’est l’opposé, pourquoi avoir fait des versions en édition limitée d’un tel disque, on ne peut le retrouver qu’à des prix ridicules sur Discogs, c’est de la m…, c’est horrible, quelle honte. Mon avis tout personnel est que c’est justement le but du Record Store Day. C’est d’offrir de très grandes œuvres en édition limitée afin de remercier autant les magasins que les clients d’un magasin de se déplacer. Le but, c’est de récompenser les acheteurs du premier rang en leur offrant quelque chose d’unique et de spécial. Et si vous désirez ne pas vous déplacer cette journée-là, ou si vous n’êtes pas chanceux, vous risquez d’avoir à payer 100$ sur Discogs. Justement, le prix descend constamment sur Discogs jusqu’à ce qu’une personne folle ne l’achète. Passant de 250$ (sérieusement?!) à 100$, personne n’a encore mordu à l’hameçon. Et peut-être que Audiogram, fort de ce succès, va sortir une version qui n’est pas limitée éventuellement. Qui sait. Ce que je sais, c’est que je n’irai pas pleurer sur les pots cassés par rapport au RSD ou aux malchanceux qui n’ont pu se le procurer. Il y en avait beaucoup de copies de ce disque le matin du RSD. Elles se sont envolées comme des petits pains chauds. Voilà. Merci à Audiogram de penser à nous, merci aux disquaires de tenir le fort, merci aux clients de se déplacer afin d’obtenir des disques d’exception. Merci au RSD de permettre une telle vitrine.

Bon, assez de politique! Ce disque, il est comment! Et cékiça Lhasa? Lhasa de Sela est une montréalaise d’adoption qui chantait en espagnol, en français et en anglais (sa langue maternelle). Représentant parfaitement le multilinguisme montréalais, représentant une vision folk très intime et très passionnée, elle a conquis le cœur de la planète avec des ventes de plus de 500K d’exemplaires de son premier album, La Llorona (la pleureuse).

Hélas, Lhasa est décédée le 1er janvier 2010 des suites d’une longue bataille avec le cancer du sein. Elle a tellement marquée au fer rouge son Mile-End d’adoption que les citoyens ont fait pression afin que la ville renomme le parc Clark où elle se rendait fréquemment, vœu qui s’est exhaussé en 2014.

Le parc Lhasa-De Sela à Montréal. Photo : Radio-Canada/Nadine Viel

Et ce premier disque, en première version vinyle limitée… Il est bruyant, ma copie a une petite ligne de poussière sur toute la longueur. C’est le seul défaut que je puisse y trouver. C’est un excellent album, bien réalisé, bien enregistré et bien reproduit ici. Beaucoup de soin afin de rendre respect à cette œuvre incroyable.

On achète si on aime Cesária Évora, Souad Massi, Mercedes Sosa,

2010: Karkwa – Les Chemins De Verre

En mars 2010, on nous sortait un des albums résolument unique de la scène musicale québécoise.

Album: Les Chemins De Verre
Artiste: Karkwa

En test: 2010 Vinyle 45t

Étiquette: Audiogram
ADCD10270 (!)

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Ça faisait déjà bien des années que Karkwa roulait sa bosse. C’est aussi le 3e album studio sorti par l’étiquette Audiogram. Et très étrangement, malgré son succès, c’est le dernier album studio du groupe. C’est aussi un disque vinyle qui est sorti en même temps que le CD, dans des années où le renouveau des vinyles n’était qu’une idée folle dans la tête de quelques illuminés.

Le disque est un disque de passion, c’est le premier disque qui a percé la carapace ’70s de beaucoup de passionnés de musique prog rock. C’est un disque qui a de la musique à revendre, qui nous a fait découvrir tout le talent de Louis-Jean Cormier avant qu’il ne soit chouchou des passionnés de musique avec sa carrière solo. Et que dire de François Lafontaine qui en a toujours à redire en tant que pianiste et plus, le tout à l’ombre de nos grands.

Et ça tombe bien, il reste encore des copies de l’édition originale. Il n’y en a plus beaucoup, ça s’épuise mais c’est un disque qu’on peut toujours acheter.

Et que dire de la qualité du disque? Encore une fois, alerte au buzzwords! 180g. Disque enregistré en 45 tours. Et alerte à la version 2010! Je dirais que la sonorité est un peu sourde, elle est un peu brouillonne, on a beaucoup moins la précision du groupe. Je doute que l’idée d’avoir sorti un disque en 45 tours était bonne. Et la sonorité semble compressée numériquement. Je ne dirais pas que c’est un disque qui est réussi… du moins, ma copie. J’ai un petit doute que le 180g a usé les plaques d’impression beaucoup plus rapidement que prévues, et que je suis simplement tombé sur un disque de moins bonne qualité… d’une façon ou d’une autre, la production a manqué une étape en quelque part. Mon disque ne respire pas, j’ai hâte à une vraie belle réédition avec une qualité superbe en vinyle. Le matériel le mérite. À l’inverse, l’album Le Treizième Étage de Cormier solo est beaucoup plus réussi en vinyle.

Attention de sauter aux conclusions toutefois. Le groupe Karkwa est louche de A à Z. Même quand on a de la musique acoustique douce, on a du glitch et du bruit vinyle sur la version numérique. Même quand on a des voix propres, on a une réverbération ’70s. Et quand on a de la guitare électrique, ce n’est pas qu’un peu, c’est avec tout l’écho du monde. Donc, de dire que le disque vinyle n’est pas super est une chose, de dire qu’il ne fait pas passer l’émotion et toute la beauté des arrangements est un pas infranchissable. Ce disque est un disque qu’il faut avoir, écouter, il faut en profiter, il faut l’écouter avec un verre de bière à la main et en parlant avec des amis, il faut le vivre, se laisser déconcentrer par la musique.

2014: Bernhari – Bernhari

Le premier album longue durée éponyme de Bernhari a-t-il survécu au transfert vinyle?

Bernhari - BernhariAlbum: Bernhari
Artiste: Bernhari

En Test: 2014 Vinyle

Étiquette: Audiogram
AD10350

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Bernhari est un de nos bons artistes en vogue dans les dernières années. Au début de sa carrière en 2014, il nous a fait plaisir et s’est fait connaître avec un premier simple en 12″ 45 tours et peu après, il nous a sorti son premier album longue durée en format CD et vinyle. Son dernier album de 2016, Île Jésus, s’est fait récemment récompenser comme album indie rock de l’année par la Gamiq. Félicitations et bonne continuation! Son style fluctue légèrement, son album éponyme (en test ici) est un peu plus près du synth-rock planant, quand son dernier est plus synth-pop. [Pub copinage: il sera aussi en spectacle au Centre des Arts de St-Hyacinthe le 2 mars 2017] Continue reading “2014: Bernhari – Bernhari”