Réédition 2005/2014: The Prodigy – Their Law: The Singles 1990-2005

Les originaux du Big Beat Hardcore, sur vinyle!

Artiste: The Prodigy
Album: Their Law: The Singles 1990-2005

V.O.: 2005 CD double, XL Recordings XLCD 190

En Test: 2014 Vinyle double en encart

Étiquette: XL Recordings
XLLP190

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De dire que The Prodigy a été une influence est un euphémisme. Cette sonorité incroyable provenant de Grande-Bretagne a dépoussiéré une génération entière. Le côté plus crasse de The Prodigy faisant contrepartie au côté plus propre de The Chemical Brothers, plus artistique-expérimental de Future Sounds Of London. Auparavant, dans les années 80, la sonorité européenne était plutôt reconnue comme ayant peu de basses, dont ces dernières étaient représentées par des clics dans les aigus (pour reprendre la phrase de Moroder «but I knew I needed a click, so we put the click»). Non contents de cet état de fait, les groupes de Breakbeat y mettent toute la gomme dès 1989 et créent le Big Beat. De la basse, vous en voulez? The Prodigy en ajoute une couche avec ses paroles violentes, des vidéoclips décoiffant et faisant polémique, un style carrément sale.

Ici, à part pour les fanatiques du style, on a surtout connu ces groupes à travers le jeu wipEout XL, version Nord-Américaine de wipEout 2097, nous faisant découvrir des premières pistes de Future Sound of London, Fluke, The Chemical Brothers, Underworld, Daft Punk, Orbital, Leftfield et bien entendu The Prodigy, le tout en version instrumentale. La trame sonore est encore une référence en la matière aujourd’hui. Le disque de compilation Their Law, sortie en 2005, est sorti lors du creux où peu de disques vinyle se faisaient produire. C’est un peu normal qu’on eût uniquement accès à une version CD, et il était temps que XL Recordings y remédie. On avait en effet droit à plusieurs des disques de The Prodigy en vinyle. Surtout que le style se prête parfaitement au vinyle!

D’ailleurs, pour la qualité, si je compare avec The Fat Of The Land, on a des versions des chansons légèrement plus compressées et respirant moins. Il faut dire que, compilation oblige, ils ont mis environ 20 minutes de musique par face, ce qui est énorme pour ce style musical. Le disque, superbe d’ailleurs, a un peu trop de bruit de fond, mais ce n’est pas trop problématique, on l’oublie bien vite quand la musique démarre, à tue-tête, avec tout ce qu’on s’attendrait d’avoir comme basse tonitruante et déchaussante son caisson d’extrêmes-graves, au grand malheur de ses voisins, qui peuvent bien sonner ou frapper du balai, on ne les entendra juste pas, ni les policiers qui vont passer pour demander de baisser le volume. Comme je disais, il y a de la compression, mais elle n’est pas du tout déplacée, les moments doux sont contrebalancés par l’extrême pression de la défonce qui les suit. Les boums de basse ne modifiant pas le niveau des aigus. Si on compare la version vinyle et la version numérique, on ne revient plus au numérique tellement cette dernière est compressée en comparaison!

Sur ce, je dois aller mettre de la glace sur mes oreilles! Et XL, la prochaine fois, faites une compilation en quatre disques et mettez-y tous les succès du CD double, pas uniquement le premier disque!

Réédition 1994/2018: Soul Jazz Records Brasil

Une des premières compilations de Soul Jazz Records, rééditée juste pour nos oreilles!

Album: Brasil

V.O.: 1994 CD
Soul Jazz Records SJR CD22

1998 Vinyle
Soul Jazz Records SJR LP 022

En Test: 2018 Vinyle en encart; Rematricé

Étiquette: Soul Jazz Records
SJR LP405

Soul Jazz Records possède une réputation de qualité incroyable. L’étiquette de Grande-Bretagne, encore une autre spécialisée dans la réédition de succès, prennent le temps de faire une recherche exemplaire et de pousser vers le maximum de qualité. Rares sont leurs erreurs lors de la production de leurs disques. On peut penser à leurs séries Disco et Punk 45, avec grands livres en prime. Mais Soul Jazz Records, au début, faisait aussi parfois ses enregistrements.

Brasil est un de ces albums où ils ont réalisé l’enregistrement, non content d’avoir des artistes locaux à réimprimer dans une compilation. Il s’agit d’un de leurs premiers disques de compilation d’ailleurs, leurs disques précédents étant composés principalement de simples. On a droit sur ce disque à un éventail de styles musicaux courant à Rio de Janeiro, styles passant de la bossanova à la MPB (Musique Populaire du Brésil). Ce disque est un des précurseurs de la vague de découverte de musique brésilienne dans les pays européens. On comptera entre autres dans les grands disques subséquents poussant vers un style similaire l’excellente compilation Bossa Très… Jazz de l’étiquette Yellow Productions avec de la musique électro, brésilienne et japonaise. N’empêche que Brasil est tout un numéro. Peut-être ont-ils forcé un peu la note sur la pseudo-authenticité avec instruments de percussions locales, mais on leur pardonnera.

Et pour l’enregistrement, on a tout un enregistrement! Le matriçage du disque de 2018 n’a rien à envier de personne, la qualité est simplement impressionnante, les basses sont présentes sans trop, les instruments sont francs et naturels, le dynamisme est parfait. Si tous les disques étaient comme ça, je n’aurais aucun travail à faire! Un peu de numérique dans la sonorité, mais c’est si peu qu’il faut vraiment chercher les problèmes pour le remarquer.

2017/2018: Belle and Sebastian – How To Solve Our Human Problems

Dépression, introspection, souvenirs, joies et futur en trois parties

Artiste: Belle and Sebastian

Album: How To Solve Our Human Problems (Part 1)
En Test: 2017 Vinyle
Étiquette: Matador Records OLE-1194-1

Album: How To Solve Our Human Problems (Part 2)
En Test: 2018 Vinyle
Étiquette: Matador Records OLE-1195-1

Album: How To Solve Our Human Problems (Part 3)
En Test: 2018 Vinyle
Étiquette: Matador Records OLE-1196-1

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Belle and Sebastian, le groupe écossais de Glasgow, fête ses plus de vingt années de pop indépendante. Toujours d’actualité, le groupe continue de réaliser des succès populaires et de faire boule de neige. Ça serait facile de dire que le groupe a atteint un plateau, mais ce n’est jamais arrivé. Le danger de démarrer avec un premier album tel que Tigermilk en 1996, c’est de ne pas être capable de sortir un meilleur second album, de tomber dans l’oubli. La même année, ils ont sorti leur chef-d’œuvre If You’re Feeling Sinister. La lancée s’est poursuivie avec des disques habituellement excellents, au pire très bons, mais jamais réellement ratés.

Leur dernière épopée musicale, How To Solve Our Human Problems, semble être composée de covers, de chansons empruntées à d’autres. On dirait que c’est un album rempli de succès qu’ils se sont appropriés. Eh non, ce sont toutes des compositions originales! Le groupe est rendu à ce point dans leur vie. Et quelles chansons! Passant de chansons ambiantes à la Air, à des chansons plus disco-rock à la Arcade Fire, au funky à du pop bonbon (mais toujours résolument indépendant dans la sonorité), peut-être un peu d’aller dans des sonorités alternatives rappelant le groupe des années 80 The Smiths. Parfois, on a même l’impression d’avoir le minimalisme d’un The XX.

Et pour la sonorité des trois disques vinyle, Matador Records y est allé avec de l’artillerie lourde: la sonorité de la version numérique tout comme la version vinyle est impeccable. Les disques vinyle ont moins d’une quinzaine de minutes par face et sont parfaitement gravés. Peu de bruit de fond, pas de popcorn apparent, un son chaleureux, beau et naturel. Le volume d’enregistrement est assez faible comparativement aux autres disques modernes, mais c’est afin de conserver le naturel, le peu de compression et de limitation, des mouvements fluides qui se suivent, des passes plus fortes qui nous réveillent. Peu à redire et sans exagérer dans le viscéral (ce qui n’est pas du tout leur style), on a un dépouillement exemplaire sur les disques.

Petite note de fin d’article, pour ceux qui ont écouté les dessins animés du début des années 80, vous avez probablement connu Belle et Sébastien. Le nom du groupe provient de ce dessin animé collaboration Japon-France! Non vous n’êtes pas fous!

2018: Justin Timberlake – Man Of The Woods

Le retour du chanteur sexy de *NSYNC, mouture 2018!

Album: Man of the Woods
Artiste: Justin Timberlake

En Test: 2018 Vinyle double en encart

Étiquette: RCA
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On ne peut pas dire que Justin Timberlake soit prolifique. Il ne sort que très peu d’albums. À partir de son album Justified en 2003, qu’on peut considérer comme une suite de *NSYNC, il sortit son superbe album Futuresex/Lovesounds en 2006, album de plus de 70 minutes enchaînant succès sur succès. En 2013, on a droit à une expérience de composition avec TimbalandThe 20/20 Experience, album double (quadruple en vinyle) sorti en deux parties séparées de six mois, encensé par le public, avec plusieurs très bons succès. Les albums totalisant plus de 140 minutes restent relativement au plat ceci dit. Michel Gondry a été cité pour dire «J’ai eu à choisir entre la qualité et la quantité. J’ai choisi la quantité parce que la qualité passe, mais la quantité reste.» C’est exactement ça pour l’expérience: beaucoup de chansons sans se concerner sur la qualité en général. Et surtout, on va passer pour réinventer la roue. On est dans du terrain connu. Même chose pour Man Of The Woods; l’album ne réinvente pas la roue, on écoute du Justin Timberlake, on a droit à des superbes succès, des chansons qui passent beaucoup plus que cassent, de la pop bonbon entremêlée de hip-hop. C’est exactement au visage de l’homme: il aime s’amuser, produit des excellents succès, ses admirateurs sont heureux et pour nous faire patienter, il entrecoupe ses longues périodes de compositions de simples disparates.

Cet album est aussi joyeux que l’homme puisse l’être: des compositions pop plus ou moins bonbon, plus ou moins sexuelles, des touches de hip-hop dans lequel on sent les sourires. La légère tension d’un Supplies est immédiatement réduite à néant avec un Morning Light en collaboration avec Alicia Keys, ce n’est pas un album d’introspection, c’est un album de party.

Et le disque vinyle double (encore une fois un très long album de plus de 65 minutes) est enregistré et reproduit avec toute la qualité qu’on peut espérer d’un monstre de la pop: un album fort, de qualité, matricé avec déférence, tout y est. On ne peut exiger plus ou moins. Nécessaire en vinyle? Peut-être pas, mais le disque a sa place dans une bonne collection et vous ne trouverez pas de meilleure qualité en numérique.

Rétrospective Atlantic de Portugal. The Man

Alaska Represent! Le groupe de l’État du Grand Nord compose des offrandes musicales depuis plus de dix années et possède un ensemble impressionnant de disques, tous accessibles en vinyles.

Le groupe rock est d’ailleurs incroyablement consistant dans ses offres, on ne peut pas dire qu’il y a un mauvais disque, tous sont appréciés par les fans. Ce qui change est le style musical, passant de rock expérimental indie à post rock, à de plus en plus psychédélique toujours indie, pour finalement avoir un Woodstock qui est pop-rock psychédélique. L’arrivée plus pop, moins indie et plus psychédélique se fait lors de la signature avec Atlantic Records en 2010.

Ayant pris résidence à Portland, Orégon, le groupe se concentre à réaliser des tournées et des nouveaux albums. Le coup de dés Atlantic les a propulsés dans la stratosphère, leur chanson pop Feel It Still leur a permis de gagner un Grammy pour la meilleure chanson pop (groupe). Ils ont aussi récemment visité leurs fans montréalais lors de leur dernière tournée.

Un dernier fait divers. En 2014, ils sortirent une chanson sur les tigres du Sumatra, dont il ne reste que 400 représentants sur la planète. Ils ont donc réalisé une chanson en voie d’extinction, en 400 vinyles qu’ils ont distribués à des personnalités. Il n’existe aucune copie vendue, aucune copie numérique ou sur ruban. La chanson va disparaître au fil des années, les vinyles vont se dégrader par les écoutes successives. Ils suggèrent d’ailleurs aux fans de bien vouloir copier la chanson afin de la préserver.

Album: In The Mountain In The Cloud
Artiste: Portugal. The Man

En Test: 2011 Vinyle

Étiquette: Atlantic
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L’album de 2011, le plus rock des trois, est un album qui est constant. J’ai beaucoup de difficulté à dire à quel point cet album est bon, mais en même temps est uniforme. Il n’y a pas de sautes d’humeur comme les albums précédents, c’est un tout, presque un album-concept cher au rock progressif. Album produit avec l’aide de John Hill qui donna une cohésion au groupe. Ce dernier continuera d’ailleurs à suivre le groupe de loin, coproduisant Feel It Now sur Woodstock. C’est le genre de disque qu’on peut faire jouer en sourdine et tous vont demander qui est le groupe. Bonnes chansons, bel univers. Du P.TM comme on l’aime!

Côté qualité pour le vinyle, hélas, c’est un peu plat. Le style musical fait penser à du 70’s, mais n’a pas la chaleur et la profondeur de ces derniers. Il manque de basse et les hautes fréquences tombent un peu sur les oreilles. Ça reste une belle écoute, mais quand on met le disque, on n’est pas impressionné. C’est peut-être un disque produit «parce qu’il faut produire un disque vinyle», dans les années un peu plus creuses des disques.

Album: Evil Friends
Artiste: Portugal. The Man

En Test: 2013 Vinyle en encart avec CD

Étiquette: Atlantic
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L’album de 2013, tournant musical pour le groupe, est un album qui est tout sauf constant. Il est de notoriété publique que Portugal. The Man était en plein enregistrement de leur futur album quand ils ont tout effacé afin de se rendre travailler avec Danger Mouse. Ce dernier, plus hip-hop, a sorti le groupe de ses sentiers battus de rock indépendant, les menant dans des styles plus accessibles en rock moderne. Une partie rock, une partie hip-hop, une partie pop, une touche funk.

Pour la qualité du vinyle, c’est beaucoup mieux que In The Mountain In The Cloud, mais ce n’est toujours pas le nirvana. Parfois, on y a approché, et parfois, on retourne dans un univers plus fermé. Je suis cependant vraiment heureux de vouloir grimper le volume à un niveau décent, avec parfois des pointes que je désire descendre hélas. Comme le style musical est plus moderne, je m’attends et ai reçu un matriçage moderne, aucunement teinté des années 70, comme il aurait dû être dans leur album précédent. Très bel achat.

Album: Woodstock
Artiste: Portugal. The Man

En Test: 2017 Vinyle

Étiquette: Atlantic
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Pour la première fois, le groupe prit quatre longues années pour sortir une offrande. Leur style changeant et de moins en moins indépendant est peut-être un indice, que le groupe a été en crise musicale. L’album a été produit deux fois, la première fois avec Mike D, des Beastie Boys. Le disque était musicalement terminé lorsque le groupe décida que ce n’est pas ce qu’ils recherchaient. Introspection, questionnements. Dans un vidéo, le groupe a dit que le déclic s’est fait lorsque le père d’un des membres du groupe leur sortit une anecdote et un billet d’entrée pour le festival Woodstock original. Enregistrant de nouveau toutes les pièces (décidément, ils aiment tout effacer!) et faisant coproduire les pièces par une demie-douzaine de producteurs, ainsi qu’une demie-douzaine d’écrivains, de chanteurs et musiciens supplémentaires, le groupe nous sort ici leur album le moins rock, et le plus pop radiophonique. Chaque chanson possède son style original, chaque chanson est un tout, et malgré certains qui disent que c’est un album rock psychédélique, je mets mon pied à terre et dit que c’est un album pop.

Et pour la qualité du vinyle, on est dans la même veine que Evil Friends: c’est une excellente gravure, mais le disque est franchement inégal. On passe d’un style brouillon pour les deux premières pièces à une clarté pop avec Live In The Moment et Feel It Still, à un jupon numérique qui dépasse franchement sur la très bonne Rich Friends. La version numérique du disque a droit à une passe de compression qui aide à normaliser le tout, ce qui n’est pas disponible sur la version vinyle (merci!) alors les univers restent entiers. Pas du tout parfait, mais ce disque-ci, je l’ai fait jouer à tue-tête!

 

2016: Jain – Zanaka

Un premier album rythmé pour Jain

Artiste: Jain
Album: Zanaka

En Test: 2016 Vinyle double (45t)

Étiquette: Sony Music
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Il y a parfois des albums qui donnent le goût de recommencer à faire des critiques. L’album Zanaka de Jain est un tel album. La chanteuse toulousaine d’expression anglophone sort Zanaka, son premier album, à la fin 2015 et son disque est consacré platine en France une année après.

Ce premier album est de style pop rafraîchissant, un peu reggae, un peu Manu Chao, parfois chansons naïves, comme Hope, parfois acoustiques comme All My Days, voix légèrement nasillarde avec accent français avec une touche jamaïcaine appropriée aux chansons reggae, instruments acoustiques ou électros. Les chansons se suivent et ne se ressemblent pas et représentent bien les facettes de la chanteuse.

Pour la qualité, le disque vinyle double, 45 tours, avec moins de dix minutes par face, est impeccable, et peut être utilisé par un DJ sans problèmes. La gravure est fantastique, amplement de basses, des aigües convaincantes sans être trop fortes. En fait, la gravure est tellement bonne qu’on entend carrément les différentes sessions d’enregistrement, on entend les pistes numériques se faire répéter, arrêter, redémarrer. On entend aussi les compresseurs (relativement subtils pour le style) changer de registre avec les parties plus fortes et plus légères de l’album. Pour la gravure, même la partie glissée avec le filtre passe-bas de la chanson Makeba, habituellement un tueur de disques vinyle, où tout le popcorn réapparaît, reste absolument de glace. Seul défaut: disques un peu en bol à soupe.

On achète si on aime Sofi Tukker, Selah Sue, Miriam Makeba.

NDLA: content de revenir aux critiques, la vie de nouveau papa, ce n’est pas de tout repos!

2017: Beck – Colors

Album tout en couleurs!

Album: Colors
Artiste: Beck

En Test: 2017 Vinyle jaune

Étiquette: Fonograf Records, Capitol Records
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Beck est un artiste alternatif américain qui a eu la chance de créer son one-hit wonder avant même d’être signé. La chanson Loser a été envoyée à des radios de façon indépendante, l’engouement qui s’ensuivit le fit signer rapidement avec une grande étiquette. Ce n’était bien évidemment pas sa première offrande, l’artiste ayant travaillé de façon assidue de longues années durant avant que cette chanson ne perce. N’empêche que de sortir un album digne de la chanson Loser est un sale contrat, dont il s’affranchit haut la main avec son premier album Mellow Gold en 1994. Malgré tout, même si l’album est dans les meilleurs albums du genre, peu de chansons eurent un impact. L’idée que Beck ne soit qu’une personne à une chanson a vite été oubliée, ceci dit, avec son second grand album deux années après : Odelay. Plusieurs chansons connues s’y trouvent, et Beck fut consacré un des grands artistes alternatifs des années 90.

Malgré que les gens se soient généralement arrêtés à quelques-uns de ses albums, Beck est un artiste très prolifique, créant album par-dessus album, sans compter les collaborations et les tournées de spectacle. Plusieurs albums ont des chansons connues, mais peu sont réellement exceptionnels comme Mellow Gold et Odelay. N’empêche, bon an mal an, Beck nous sort un nouvel album intéressant, mais honni par les critiques (Midnite Vultures, 1999), un album encensé, mais pas extraordinaire à mon avis (Sea Change, 2002) ou un album totalement champ gauche et différent méritant une écoute attentive (Morning Phase, 2014). 2017 marque un tournant pop pour Beck avec Colors, beaucoup moins rock, beaucoup plus consensuel, joyeux même, coloré. Pour une personne s’étant fait connaître pour la chanson Loser et pour son mouvement Anti-Folk, c’est vraiment bizarre. La chanson Dreams est carrément faite pour la piste de danse, et on ne s’offusquerait pas d’avoir des futures versions des chansons avec des Taylor Swift ou des Ed Sheeran de ce monde!

Pour la musique, c’est un des disques que j’ai été absolument incapable d’écouter en numérique, le disque étant ridiculement fort et clair, c’est un mal de tête instantané et obligatoire après deux chansons. Donc je n’ai pu écouter la musique en numérique, le disque vinyle a été mon baptême pour Colors. Côté gravure, il existe deux versions. La première est une édition limitée en deux disques rouges en 45 tours, avec deux ou trois chansons par face. Maximum de qualité, pour DJ. La deuxième, plus commun est un disque jaune conventionnel en 33 tours. Les deux disques sont enregistrés très fort, compressés au maximum, mais pas d’écrêtage numérique apparent. La musique s’écoute de souche de façon heureuse. Les oreilles n’ont pas trop de répit musical, le tout est maximisé, mais beaucoup moins que la version numérique. Ceci est valable pour les deux versions, que ce soit celle en 33 tours ou celle en 45 tours. D’ailleurs, la version 33 tours est très bien gravée, n’a que peu de bruit de fond, a une bonne qualité, et à la force que la musique est, on n’ira pas chercher beaucoup plus avec une plage dynamique étendue 45 tours. 33 tours pour monsieur et madame Tout-le-Monde, 45 tours pour admirateurs avec le beau livre venant avec (et le prix accru).

On achète si on aime Jeff Buckley, Eels, The National, Broken Bells.

RSD 2017: The Black Angels – Death Song

Psychédélique, même dans le noir

Album: Death Song
Artiste: The Black Angels

En Test: 2017 Vinyle double en encart, vert transparent phosphorescent

Étiquette: Partisan Records
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Mon premier disque phosphorescent! C’est une des exceptions dans le monde des vinyles. Comme le disent bien Pirates Press :

Please note: As cool as they are, Glow-In-The-Dark pigments unfortunately deteriorate the acoustic properties of the recording and do often cause increased surface noise; something which cannot be subject to claims.

Ce n’est donc pas pour les audiophiles. C’est corroboré par de nombreux acheteurs d’ailleurs, et par moi : il y a un bruit de fond récurrent sur le disque, omniprésent. Fort probablement que le vinyle possède des particules d’un matériel plus gros afin d’avoir la propriété de briller dans le noir. Vous êtes avertis!

The Black Angels, non ce n’est pas un groupe de musique hip-hop ou de death métal : il s’agit de rock psychédélique roulant leur bosse depuis plus de 10 ans. Un des rares groupes ayant signé avec Light In The Attic avant qu’ils ne prennent le tournant définitif de réimpression d’ancien matériel, ils ont été connus avec ces derniers, avec de très bons albums (Passover et Directions to See a Ghost). Plus tard, ils ont signé avec Blue Horizon, où les disques vinyles sont plus des ajouts que d’autre chose, mais en bonifiant leur qualité de composition et l’exposition dans dans séries télévisées. Death Song est leur premier album avec Partisan Records. Toujours avec une sonorité aussi underground, toujours avec des excellentes compositions, mais résolument « première partie ».

Pour la qualité du disque, si vous prenez la version phosphorescente, c’est déjà mal parti. Mais aussi, si vous prenez la version normale du disque, vous risquez d’avoir des problèmes de lecture si vous êtes audiophiles : la gravure semble avoir été réalisée avec un saphir légèrement usé, les sillons sont très larges et arrondis, ce qui empêche la bonne écoute avec des aiguilles très fines. Les aigus sont légèrement stridents et les instruments sont indistincts, je ne crois pas que ce soit le meilleur travail de Greg Calbi. Je ne suis donc pas un admirateur de ce disque hélas, peu importe la version vinyle. Mais la version brillant dans le noir est réellement un bel ajout, juste pas assez pour faire tomber les lacunes du produit.

On achète si on aime Dead Meadow, Clinic, 13th Floor Elevators, The Afghan Whigs.

2017: Queens Of The Stone Age – Villains

Trois ans d’attente pour un chef d’œuvre semi-stoner!

Album: Villains
Artiste: Queens Of The Stone Age

En Test: 2017 Vinyle double (trois faces) en encart 140g

Étiquette: Matador
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QOTSA est reconnu pour son Stoner Rock coupé au couteau pop, pour avoir innové avec des chansons fortes, du rock à haute distorsion, un côté hallucinogène propre au Stoner Rock, mais le tout avec une précision et un travail digne d’un Dance Dance Revolution. Ils sont un des piliers du genre, avec des offrandes à travers leurs 20 années bien sonnées de travail assidu et de qualité absolument constante. Leurs meilleurs albums font légion et dépendent plus du moment où vous avez découvert le groupe que d’un changement de qualité. Même leur premier album est une pièce d’anthologie. Leurs meilleurs albums restant quand même Rated R (2000), Songs for the Deaf (2002) et …Like Clockwork (2013, leur précédent album) selon les critiques. C’était une très bonne idée pour Matador que de récupérer ce groupe en 2013 d’Interscope!

Et leur dernier album, Villains, est un retour aux sources. C’est un peu étrange, QOTSA est un groupe équivalent à Radiohead, où chaque album invente et réinvente la sonorité du groupe, construisant sur le passé, mais sans trop. Pas Villains : c’est une apologie de leurs styles passés. Pour une fois, je ne peux pas dire qu’ils ont créé quelque chose de révolutionnaire, ils se sont contentés d’exceller sur des compositions vraiment fantastiques dans leur style « habituel ». On peut penser à The Way You Used To Do, un des deux simples de l’album (à ce jour), qui est simplement une très bonne chanson pop rock. Ça groove et ça rock!

Pour la qualité, c’est un peu plus difficile à cibler. Ils ont créé une édition 180g limitée ainsi qu’une version 140g, cette dernière ayant le même master que l’édition limitée. Il y a cependant deux exemplaires du master, une pour l’Europe et une pour les Amériques. Il semble que le jeu de la roulette soit effectif pour les reproductions des disques américains, certaines étant parfaites et d’autres, moins bonnes. Je suis tombé sur la version moins bonne du disque : disque décentré, bruit de fond et popcorn. Un peu du bruit de fond est attribuable au travail de Chris Bellman au matriçage, ce dernier étant fort stéréo, alors c’est un peu normal lorsqu’on a une guitare électrique omniprésente sur le canal gauche et du silence sur le canal droit que d’avoir plus de difficulté à reproduire les sillons du disque. Côté matriçage, on peut entendre à la fin d’Un -Reborn Again (1B-3) la voix avoir de la distorsion numérique. C’est sans compter la gravure légèrement brouillonne qui n’aide pas au bruit de fond. N’empêche que si vous êtes chanceux, vous allez avoir une très bonne version du disque : basse à profusion, compression contrôlée, version vinyle très satisfaisante, beaucoup plus satisfaisante que le CD, malgré la version imprécise et la source numérique.

On achète si on aime Foo Fighters, Arctic Monkeys, Royal Blood, Pearl Jam, The Black Keys, Audioslave.

[NDLA: Je suis en banc d’essai présentement, alors je me donne 75% des chances d’avoir raison sur la source numérique de l’album, mon système de son étant différent, la sonorité est différente de ce que j’écoute d’habitude – Mea Culpa]

2017: LCD Soundsystem – American Dream

Après les adieux, le retour espéré!

Album: American Dream
Artiste: LCD Soundsystem

En test: 2017 Vinyle double (RSD Black Friday)

Étiquette: DFA et Columbia / Sony
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Nos amis de LCD Soundsystem sont de retour avec un nouvel album sur ce projet. Il faut se rappeler qu’en 2014, ils nous ont servi The Long Goodbye, un spectacle où ils ont joué toutes leurs chansons et ont servi de point d’orgue à leur carrière, leur dernier album réel datant de 2011. Alors pendant même qu’ils sont en tournée internationale d’adieux, de se faire servir un nouvel album entier dont le matériel date de 2015 et 2017, je trouve ça limite prendre les gens pour des gourdes. Oui, on quitte, on ne fait rien d’autre entretemps, mais on revient une année après notre finale pour un simple, et on revient deux années plus tard avec un album. Je comprends James Murphy (l’instigateur et chanteur du groupe) : le groupe, marginal à souhait, reste extrêmement prisé du public malgré son aspect champ gauche assumé.

Et ce nouvel album est du pur et dur LCD! Rythme assumé, guitares dissonantes (l’exemple clair est la chanson Change Yr Mind, face 1B), voix toujours approximative de Murphy comme on l’aime. C’est fait pour danser et s’amuser! Et eux aussi se sont amusés, ça paraît. Locked grooves (la dernière note de la face est soutenue sur la piste infinie de la fin du disque), des percussions, des chansons prenant tout leur temps pour se développer, des atmosphères différentes à chaque piste, c’est tout ce qu’on aime d’eux!

Et côté sonorité, LCD nous ont habitué à de la qualité. Leur spectacle The Long Goodbye a été mixé analogique pour la version vinyle et numérique pour la version CD. Leurs albums sont enregistrés de façon impeccable pour vinyle ainsi que pour CD. L’album n’est pas trop une exception, il n’est pas parfait, mais il est vraiment excellent quand même. Bob Weston, qui a réalisé leur gravure vinyle, a fait un très bon travail de conserver beaucoup de dynamisme tout en compressant les excédents. Je ne suis pas d’accord sur certains traitements (dont How Do You Sleep? qui compresse de plus en plus à mesure que la chanson avance), mais l’album entier est un bonbon à écouter.

On achète si on aime Arcade Fire, Tame Impala, Franz Ferdinand, The Decemberists, Sufjan Stevens.