2017: Pierre Lapointe – La Science du Cœur

Lapointe, rien de moins!

Album: La Science du Coeur
Artiste: Pierre Lapointe

En Test: 2017 Vinyle rose

Étiquette: Audiogram, Sony Music
889854758912

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Je vais bien être honnête avec vous, je ne suis pas du tout un admirateur de Pierre Lapointe. Son style ne me plaît pas, il n’est pas du tout mon genre, côté musical. Ouf! Je l’ai sorti de mon cœur! Et vous savez quoi? Plus il s’affine, plus il sort des disques, plus les ressemblances avec les styles des chansonniers français de la belle époque des Piaf, Brel, Brassens et Vian sont frappantes. Chaque disque qu’il sort, il prend du gallon, il est plus qu’un simple émule, mais il démontre à quel point son style de nouvelle scène française est réel, à quel point il est vrai dans cette expérience. Ce n’est pas qu’un style, c’est vraiment sa personne entière. Le côté populaire obligé a été déjà écarté par Audiogram; les incertitudes en tant qu’artiste qui veut trop sont passées. Et ce disque… ouf! Quel disque! On voyait la progression depuis quelques années. D’abord un Punkt pour se briser des Sentiments Humains, un Les Callas fou en progression logique, un album Paris Tristesse au piano, et finalement : ça!

C’est quoi ça ? Adieu les synthétiseurs omniprésents et le yéyé pop clinquant, on a droit à un vrai orchestre à cordes, de réels instruments, des pianos, des cuivres, de la percussion. On a droit à une entrée en matière à la Vian, un crescendo stylistique. Et la finale : un chœur! Je peux décrire cet album incroyable selon ces termes : c’est lui, enfin, et rien de moins. Je ne m’attends pas à ce qu’il garde ce style ou ces moyens pour le reste de sa vie, mais il était plus que temps qu’il sorte ce chapeau de son sac. Ça ne veut pas dire qu’il reste dans l’ancien temps, on a des Alphabet anachronisme de l’album à rythme électronique. Mais justement, ce disque est assumé.

Et la qualité du disque ? … C’est un Pierre Lapointe, c’est du Audiogram, come on, on descend un peu ses attentes. C’est magique ! Quel disque! Le mixage de Stéphane Reichart est divin, parfaitement appuyé par le matriçage de Greg Calbi du mythique Sterling Sound de NYC. Ce dernier a des grands disques, mais aussi des citrons alors ce n’est pas une référence, mais ne suffit que dire qu’il roule sa bosse depuis plus de 40 ans et qu’il sort encore aujourd’hui un disque par semaine au bas mot. Sa façon de procéder est de donner exactement ce que la production exige de lui, alors si c’est pour avoir le volume le plus fort, il va le faire. Mais si on exige de lui une production impeccable, il va le faire aussi! À avoir! Que ce soit pour les quelques coups d’extrêmes-graves électroniques d’Un Cœur, les sforzando de Comme un Soleil, la progression de La Science du Cœur, la simplicité pianistique, l’électro d’Alphabet ou la calme finale d’Une Lettre, c’est juste beau!

Ça y est, j’appréciais avec Punkt, j’ai aimé avec Les Callas, et là, je suis fan! Merde.

On achète si on aime Louis-Jean Cormier, Damien Robitaille, Daniel Bélanger. Sans compter les Alain Souchon, Nino Ferrer, Jacques Brel, Charles Aznavour, enfin vous voyez le topo.

2017: P!nk – Beautiful Trauma

Traumatisme Pop

Album: Beautiful Trauma
Artiste: P!nk

En Test: 2017 Vinyle double en encart

Étiquette: RCA, Sony Music
8985-47469-1

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P!nk est de retour cinq années après son dernier disque, The Truth About Love, qui a été un succès autant commercial que de critiques. Beautiful Trauma est un peu un entre-deux, plus personnel, mais plus commercial; plus commercial, mais moins radiophonique et explicite à souhait; plus explicite et edgy, mais beaucoup plus pop et moins rock. C’est drôle comme progression, P!nk a tout brisé ses premiers contrats et son style qui l’envoyait vers de la pop-bonbon, ses deux disques Try This et I’m Not Dead étant beaucoup plus rock, les disques suivants allant dans une progression oldies et style alternatif. Mais ici, c’est un retour vers de la pop avec très peu de rock. Et ça suit la vogue des disques à histoires personnelles comme Lemonade de Beyoncé.

Et c’est d’ailleurs, peut-être, le problème avec P!nk : son côté rebelle est obnubilé par sa pop. Problème? Ou plus grande force? On le sait avec ses spectacles, elle en met plein la vue, elle est très physique, elle n’a pas de filtre et elle s’amuse. En même temps, elle réussit à sortir des disques adorés par ses admirateurs et même par la population en général. La preuve, le 23 mars 2018, elle va être au Centre Bell et j’ai eu au moins une vingtaine d’amis et amies de tout acabit qui vont aller la voir. D’ailleurs, si je me fie à ses spectacles précédents, ça risque d’être fou! Il faudrait qu’elle passe au Zaricot à Saint-Hyacinthe, ça, ça serait un bon spectacle!

Mais ok, trêve de plaisanteries, son disque, il est comment? C’est un disque double avec très peu de musique par face. Mais il possède son lot de bruit de fond et la face 1A est décentrée sur mon disque (matrice de pressage mal installée). Par contre, le disque a été produit par et pour du vinyle. Dave Kutch, l’ingénieur de pressage le plus sexy de l’industrie, a fait un travail exceptionnel de matriçage. Les chansons ont tout l’espace pour se déplier et montrer de quel bois elles chauffent. On n’a qu’à voir la chanson Where We Go, qui prend toute sa place en basse, en aigus. On entend aussi la voix de P!nk qui utilise des micros différents et on entend toute la différence que ces derniers procurent à sa voix. C’est la preuve d’une exceptionnelle gravure! Dommage pour le bruit de fond et le décentrage.

On achète si on aime Beyoncé, Gwen Stefani, Sia, John Legend.

2017: Mogwai – Every Country’s Sun

Post-rock sauce Écossaise

Album : Every Country’s Sun
Artiste : Mogwai

En Test : 2017 Vinyle transparent double en encart

Étiquette : Temporary Residence Limited
TRR291LP-C1

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Mogwai est un des anciens du post-rock, beaucoup plus consensuel et moins politisé que nos Godspeed You! Black Emperor, beaucoup plus planant et en accords de do, beaucoup moins de surprises. Convenu aujourd’hui. Mais qui peut les blâmer quand on est un peu dans les groupes-phares du post-rock. Présentement, Mogwai est en train de lire cette critique et ils sont en train de me détester, parce que ces derniers ne se sont jamais considérés comme étant Post-Rock. Pour eux, et cet album le prouve bien, ils sont plus pop-rock planant, cosmique, beaucoup moins ce qu’on peut appeler post-rock. Donc le côté consensuel est absolument assumé vu que pop, et le côté rock et shoegaze est beaucoup moins assumé, et plus un incident de parcours qu’autre chose. Hormis leur premier album, on peut aussi considérer qu’ils sont instrumentaux, même s’ils ont utilisé les paroles à diverses reprises.

Et qu’est-ce qui peut ressembler plus à un album de Mogwai qu’un autre album de Mogwai? Ils sont très rigoureux dans leur approche, ils ont toujours sorti une même sauce assumée, parfois plus pop, parfois plus expérimentale à la Seefeel, parfois plus disco à la M83, parfois plus post-rock à la GY!BE, mais c’est immanquablement du Mogwai. D’ailleurs, on ne peut pas réellement sortir un album du lot et dire que cet album est la bombe et s’en servir comme base de comparatif, ils sont tous excellents, ou tous Mogwai. Le seul qui ressort réellement du lot est leur tout premier album, Young Team, pour leur côté beaucoup plus expérimental. Mais est-ce réellement du Mogwai? Cet album, Every Country’s Sun, a des chansons légèrement pop, mais ce qu’on retient, c’est qu’il est un retour vers le post-rock cosmique : ça plane, ça shoegaze et ça nous emmène dans des beaux environnements sonores, très consensuels encore une fois.

Côté qualité, ça ressemble à quoi ce vinyle ? Comme d’habitude, malgré les aléas d’une étiquette à un autre (ils ont entre autres endisqué pour Matador, ensuite pour Sub Pop, et ici, c’est leur premier disque sur Temporary Residence), ils sortent une superbe qualité de produit. Beau disque, belle pochette, on m’a dit beaucoup de bien du 3e disque du coffret (mais je ne l’ai pas alors c’est des oui-dires). Tenez, c’est le temps d’ajouter un petit « je travaille comment? » : lorsque je perçois un problème sur ma copie de disque, je vais aller me faire influencer par les commentaires sur les différents réseaux (Discogs, Allmusic, les autres critiques), juste pour voir si c’est ma copie ou si c’est généralisé. La face B de mon disque est légèrement décentrée et avec des chansons planantes où les accords restent de longues minutes, c’est facile d’entendre le disque changer de vitesse… et hélas, ce n’est pas juste moi qui suis malchanceux, la personne qui a réalisé l’impression du disque l’a fait à la va-vite et le disque est imprimé décentré.

C’est d’ailleurs un des problèmes avec les vinyles modernes : les entreprises réalisant les gravures n’ont plus d’équipes dédiées à écouter les disques à chaque lot d’impression. Dorénavant, les disques sont envoyés en fichiers numériques, sont gravés sur un disque maître, sont (si on est chanceux) écoutés une fois et ensuite, ils sont imprimés et envoyés aux magasins de disque. Auparavant, il y avait une équipe dédiée à l’écoute des lots et s’il y avait un problème, les disques étaient détruits et réimprimés. Vu que c’est dorénavant un marché de niche, les vinyles ne sont plus détruits à moins d’une très grave erreur. Un décentrement? Pas grave. Une pause numérique de 0.5sec entre deux pièces qui auraient du jouer une à la suite de l’autre? Ça coûterait trop cher de les réimprimer alors pas grave.

Alors voilà, le disque de Mogwai, face B, pour beaucoup de copies, est décentré légèrement. Grave? Non. Manque d’attention? Bah, oui. Est-ce que ça empêche réellement de réaliser une bonne écoute? Légèrement si on chipote, mais pas vraiment. Pour le reste, le disque est vraiment bon et une valeur sûre à acheter. C’est un des bons Mogwai et c’est un bel endroit où commencer sa découverte de ce groupe si vous ne les connaissez pas!

 

2017: Ensiferum – Two Paths

Les Vikings sont de retour!

Album : Two Paths
Artiste : Ensiferum

En Test : 2017 Vinyle bleu-gris marbré (#103/250)

Étiquette : Metal Blade
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Ensiferum est un groupe autoproclamé de métal folklorique mélodique roulant sa bosse depuis plus de 20 bonnes années. En fait, du groupe original, il n’y a plus que Markus Toivonen, guitariste, cofondateur et chanteur mélodique du groupe. Avec les musiciens et les années, ils ont aussi agrandi leurs horizons et n’ont plus cherché à faire plaisir aux gens, ils se font plaisir d’abord. Leur style musical s’est affiné, ils ne tentent plus de faire comme les autres afin de bien vendre, ils font dans leur propre style.

Mélange de métal et de chanson de taverne, l’album Two Paths poursuit la veine démarrée avec leur album précédent, One Man Army, en ayant autant des chansons métal vikings que des chansons folkloriques dansantes, l’équivalent viking et métal noir des Dropkick Murphys, on pourrait dire. L’album Two Paths est d’ailleurs séparé presque à l’épée entre la face A plus combattive et la face B plus de party. Et pour la première fois, l’album comprend leur nouvelle garde féminine, Netta Skog, accordéoniste! Est-ce traditionnel? Non… Est-ce différent? Oui… Doit-on s’habituer? Je dirais que oui, mais moi j’aime bien et ça s’adapte parfaitement à leur dichotomie métal-folk.

Côté sonorité, métal, gros beuh? Et un album qui a de la présence et du mordant à profusion! Ce n’est pas qu’un petit album qui sonne mal : la sonorité est à couper au couteau, les instruments sont clairs et précis. Le volume est beaucoup plus bas que les autres albums de métal, mais en contrepartie, si vous augmentez le volume au même que les autres, vous allez avoir toute une expérience. Comparativement aux autres albums métal, la basse est réservée, probablement afin de ne pas faire exploser le disque à cause de la quantité de musique par face (25 minutes pour la face B) tout en gardant une qualité sonore exemplaire, ce qui n’empêche pas que la basse soit présente assez pour faire vibrer mon plancher, ce qui est rare avec mes écoutes. Je suis prêt à vivre avec ça. Compressés et limités avec expertise, enregistrés avec des vrais instruments, sur bande magnétique, avec des appareils de filtres analogiques, ils y sont allés pour une sonorité en direct et ça paye amplement.

Une petite note sur les versions éditions limitées. Certains producteurs vont réaliser des versions limitées pour les fins et pour les fous. Metal Blade va produire 200 copies d’une version, 500 copies d’une autre, 100 d’une autre, 500 vinyles noirs, 500 vinyles avec un motif, 250 avec un autre motif et une affiche, bref, oui il s’agit d’une édition limitée à 250 exemplaires dans le monde, mais non ce disque n’est pas limité qu’à 250 exemplaires, il y en a des milliers de gravés, juste pas avec le même média. Et je vous recommande bien entendu de laisser tomber la version imprimée picture disc, la qualité s’en ressent toujours.

On achète si on aime Amon Amarth, Children Of Bodom, Moonsorrow et par extension, Flogging Molly et Dropkick Murphys.

On écoute leur Making Of…

 

2017: Arcade Fire – Everything Now

Disco alt-corporative

Album : Everything Now
Artiste : Arcade Fire

En Test : 2017 Vinyle en encart (Nuit, Anglais)

Étiquette : Sonovox Records
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Ils sont rendus là. Arcade Fire, notre groupe internationalement reconnu d’Alt-Rock est rendu en Pop sur cet album. Les critiques s’entre-déchirent entre le génie et l’horreur, la superbe et l’ignominie. Le concept de l’album sur l’emprise corporative et des marques sur nos vies est omniprésent alors d’aucuns vont dire que leur message politique est passé avant la musique, d’autres vont dire que leur musique a été guidée par ce thème.

On en est rendu là. Se déchirer sur le message d’un album versus sa musique. Moi, je vous le dis bien franchement, je ne m’arrête pas du tout aux paroles. Je peux vous dire que c’est du Arcade Fire du début à la fin. Et en tant qu’album Arcade Fire, je ne suis pas déçu. Est-ce que c’est des chansons incroyables? Pas toutes… Mais il y en a beaucoup de bien sympa, d’autres excellentes, quelques très bon simples, et d’autres qui ont fumé un peu trop de Sgt. Pepper’s. Collaborations à travers le monde avec des grands, incluant une moitié de Daft Punk, producteur de Pulp, DJ en vogue, producteur à succès, etc. Mon avis (que personne ne demande) est qu’il leur faudrait une personne qui soit capable de leur dire « sérieux? » et avoir de l’honnêteté avec eux.

C’est la progression logique de la chanson Afterlife.

 

Côté sonorité ? C’est différent par chanson, je ne peux pas dire que l’album vinyle soit mauvais en tant que tel, ce n’est pas trop compressé, c’est bien réussi, mais c’est totalement inégal. Certaines chansons à la Everything Now sont du pur et dur Arcade Fire pop (et Thomas Bangalter), épurées et de qualité, léchée à l’extrême. D’autres ont un côté croustillant et numérique un peu moins plaisant, surtravaillé dans le mauvais sens du terme. Ça, c’est mon côté chipoteux. En moyenne, l’album vinyle est parfaitement réussi et s’écoute très bien du début à la fin. On a parfois des hauts et des bas, mais c’est un superbe album, dans le haut de la pile côté qualitatif moderne pour vinyles.

Et côté sonorité du simple ? On peut obtenir le simple à peu de frais, reste qu’il ne s’agit que d’une seule chanson. Version DJ, 33 tours (bouh!) de très haute qualité, 10x meilleur que la version album et meilleur que la version numérique. Parfait pour DJ. J’ai lu des commentaires sur Internet que certains disaient que les chansons étaient inécoutables tellement le disque avait de la distorsion; je n’ai pas ce problème.

 

On achète si on aime Arctic Monkeys, Alt-J, Bon Iver, Vampire Weekend.

 

2017: Tire Le Coyote – Désherbage

Désherber avant l’hiver

Album : Désherbage
Artiste : Tire Le Coyote

En Test : 2017 Vinyle en encart

Étiquette : La Tribu
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Après le Panorama de 2015, il était grand temps que Tire le Coyote nous sorte un nouvel album… et quel album! Folk parfaitement assumé dans son côté mélancolique, une petite touche de fuzz dans la guitare, ça, c’est une suite, mes amis! Lors du Agrirock, on a eu droit à une belle prestation en direct chez Fréquences (que l’auteur de ces lignes a manqué à son grand dam – gros rhume inopportun) qui, il paraît, était géniale. Si c’était un tiers génial comme cet album, ça devait être fou!

Mais c’est qui ça Tire le Coyote? C’est une suite dans la vogue folk populaire québécois assumé, paroles sans filtre français international, poésie de l’endroit. Simplicité guitare-voix de fausset vibrante, un petit accompagnement orchestre rock simple sur l’album. Je ne crois pas que l’artiste désire même faire quelque chose de grandiose et intemporel, je crois qu’il cherche à faire quelque chose d’honnête, de beau et s’écoutant bien, mais pas d’idées de grandeur. C’est un peu ce qui est génial dans cet album. On sent que ça pourrait être un album Jaune de Ferland, mais qu’il n’y a aucun intérêt à se rendre dans ce registre, même s’il y a tout pour le style.

Et la sonorité, eh bien c’est numérique, c’est travaillé sans avoir une connaissance innée du médium vinyle. Par exemple, la Chanson d’eau douce va user du compresseur sur tous les instruments lorsque certains instruments font leurs crescendo, quand il est totalement inutile de compresser la majeure partie des instruments qui usent d’une case de fréquences différente (par exemple la basse). La chanson Désherbage va aussi écrêter numériquement parfois. C’est mon côté que je n’aime pas. Mais pour le reste, ouf, quel enregistrement! La face A est parfaite, belle à écouter, intimiste et encadrant parfaitement la voix incongrue de Benoit Pinette. La face B, un peu plus rock, a un peu plus de difficulté à se démarquer sur le vinyle, mais s’en tire parfaitement quand même.

On achète si on aime Galaxie, Philémon Cimon, Bernard Adamus, Mara Tremblay (qui sort son nouvel album Cassiopée d’ailleurs!).

2017: Beyries – Landing

La sensation folk rock en vinyle!

Retour aux critiques vinyles – cette critique était prévue il y a quelques semaines déjà mais après avoir pris une petite pause bien méritée, il est l’heure de revenir à ses moutons, tout heureux de critiquer plein d’albums géniaux!

Album : Landing
Artiste : Beyries

En Test : 2017 Vinyle

Étiquette : Bonsound
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2017 est l’année Beyries. Au début de son parcours musical, l’auteur-compositrice-interprète a, hélas, été visitée par le crabe à deux reprises. Se réfugiant dans la musique, elle se redécouvrit avec le piano familial et commença à écrire. En 2015, après quelques excursions, la chanteuse montréalaise a décidé de tout donner. Trio, un premier album, des compositions qui furent utilisées à la télé, des premières parties, etc. Après avoir signé avec Bonsound, ces derniers lui donnent la visibilité qu’elle mérite et depuis le début de l’été, elle apparait à travers les provinces de l’Est dans de multiples concerts.

Les chansons, sur le thème de la perte, de la solitude et de l’espoir, sont autant de petits bijoux, rappelant beaucoup le style folk de Martha Wainwright, qui d’ailleurs lui donna sa première partie de concert. Intimiste est le mot. Et ensuite, face B et le côté rock aux accents parfois country apparait, plus près de Gogh Van Go.

Pour la qualité, c’est un disque qui surprend de qualité. Bonsound a fait un excellent travail, rappelant un peu le country-folk années 70 pour la qualité. Parfois, ça écrête numériquement un peu, comme la voix qui n’est pas aidée par la sélection de micros sur l’album Soldier. J’ai tendance à en laisser un peu pour les styles intimistes, il y a si peu de jeu entre avoir un album qui est mou, vide et distant versus un album surcomprimé. Là où c’est parfois un peu plus difficile, c’est des chansons comme The Pursuit of Happiness, où la basse compresse avec la chanson, ou la chanson suivante (You Are) avec ses coups de cymbales frappées à main qui compresse toute la musique. Il n’y a aucune raison pour que ça arrive sur un matriçage de disque vinyle. Le volume n’est pas maximisé sur cet album! Vous n’avez qu’à allouer plus d’espace vinyle à ces coups de caisse en utilisant un pas de sillon variable. Encore une fois, c’est des gens produisant une version maîtresse maximisée numériquement sans penser aux avantages que peut procurer le vinyle sur une sonorité. L’album, par ses différents styles, est un cauchemar pour la personne réalisant le matriçage, alors encore une fois j’en laisse un peu. Mais ce n’est pas égal. Parfois, c’est le pied, parfois c’est inadéquat. Somme toute un très bon album.

2017: Kendrick Lamar – Damn

Lamar, version hard

Album : DAMN.
Artiste : Kendrick Lamar

En test : 2017 Vinyle double

Étiquette : Top Dog Entertainment
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C’est mon deuxième article sur Lamar en quelques mois. Ce n’est pas pour rien. L’artiste, hyperproductif, se confond en productions, coproductions, disques complets et complexes. Il faut seulement penser à To Pimp a Butterfly, qui est un des disques qui a révolutionné le monde du hip-hop, redonnant ses lettres de noblesse modernes au mélange de jazz et hip-hop. L’année d’après, Untitled Unmastered, un de mes disques favoris, sans aucun style, aucune idée préconçue, juste des pièces musicales fantastiques. Et cette année, Damn, avec des collaborations avec Rihanna et U2 (!).

Il y a une partie de moi qui n’aime pas ce disque. La progression de Lamar l’a fait passer du hip-hop traditionnel à du jazzy hip-hop, à du jazz, et finalement ce dernier disque, qui est plus dans un style conscious, où Lamar tente de nous exposer des problématiques, avec un style presque gangsta. J’ai de la difficulté avec ce changement de style, dans lequel j’aime mieux des groupes tel que Run the Jewels. J’ai l’impression qu’à force de presser le citron de sa notoriété du moment, Lamar s’étiole un peu et ne laisse pas la chance à ses albums de vivre leur vie. Mais ça reste un disque encensé par la critique et le public. Ce n’est juste pas le style que je trouve que Lamar excelle. Premières deux chansons incroyables… ensuite, je suis moins certain.

Mais côté qualité, le disque double? Enfin, un disque de hip-hop qui ne dure pas trois heures avec cinq heures d’extras! Au moins, il a appris à se limiter. Faces de 15 minutes, numériques bien entendu… mais c’est incroyable, très peu de compression apparente! La basse est pleine, complète, les chansons sont dans leur propre univers, les paroles sont ciblées et centrées, les instruments sont numériques, mais superbes. En fait, le disque vinyle est si bon que je n’ai pas à me forcer et je suis capable de voir l’état de la console Protools à chaque instant! Chaque piste est claire, définie, tout est à sa place! Juste donner un exemple simple de compression, je n’en ai entendu qu’une seule fois clairement, et c’est lors de la fin de la pièce Humble, où la voix de Lamar augmente très légèrement lorsque la basse arrête. C’est si subtil!

Vous allez me dire que c’est numérique et compressé à outrance. Oui! Chaque piste est maximisée, il n’y a pas une respiration globale de chaque piste. Mais ça, c’est de bonne guerre, c’est l’équivalent de mettre un compresseur sur une piste de guitare ou un ensemble de batteries, il faut presque le faire, sinon ça sonne ténu. Il y a aussi la sonorité que l’artiste désire obtenir dans tout ça. Ces diverses compressions ne me dérangent pas trop, tant que l’ensemble respire et est conséquent. Ce disque est fantastique à ce sujet! À acheter.

On achète si on aime Badbadnotgood, Killer Mike, Notorious B.I.G.

2017: Vincent Bélanger – Pure Cello

Violoncelle, version audiophile

Album : Pure Cello
Artiste : Vincent Bélanger

En Test : 2017 Vinyle double 45 RPM

Étiquette : Audio Note Music
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Vincent Bélanger fait partie de cette race d’humains passionnée de leur instrument. Conservatoire de Québec, Conservatoire de Montpellier, classes de maître. Et éventuellement, un premier album : « Là », enregistré par l’étiquette Fidelio, qui connut un succès international peu négligeable. Par la suite, piqué par la qualité de reproduction sonore et les albums respectant le matériel, il démarra une campagne de sociofinancement afin de produire l’album que je vous présente ici. Entretemps, il continua bien entendu sa carrière et enregistra entre autres l’album Conversations avec la pianiste Anne Bisson. Prix coup de cœur, numéros un de vente, trames sonores de film, ce n’est pas un deux de pique. En plus, son frère est l’excellent ténor Antoine Bélanger, qui a récemment joué Cassio dans Otello à l’Opéra de Montréal! Bref, si vous ne le connaissez pas, vous devez l’écouter!

Audio Note n’est pas une étiquette de musique. En fait, ils produisent des composantes musicales, telles que des préamplificateurs, des fils, etc. Il s’agit de produits de qualité supérieure, habituellement bien reconnus à travers le milieu des passionnés de la qualité sonore. Et comme bien des manufacturiers, ils commencent à avoir un intérêt à produire leur propre musique. On peut penser à Wilson Audio entre autres, mais il y en a bien d’autres. Ce disque est le premier qui est produit de concert avec Audio Note et on sent que Bélanger s’occupe de Audio Note Music comme de son bébé. On leur souhaite longue vie et une distribution à plus grande échelle!

D’ailleurs, c’est rare que j’aille entrer dans le monde musical audiophile. En règle générale, et permettez-moi d’être méchant, certains convaincus préfèrent mettre l’emphase sur la qualité sonore que sur la qualité de l’interprétation. Il ne sait pas jouer, mais bordel que ça sonne bien! Les transitoires! Raah ! J’exagère bien entendu, certains albums que je possède sont incroyables. On peut penser aux Doug Macleod qui sont enregistrés de main de maître, ses premiers sur AudioQuest étant extraordinaires. On peut penser à plusieurs des Reference Recordings (mais vraiment pas tous!) Et c’est sans compter la très montréalaise étiquette Fidelio de René Laflamme qui nous envoute parfois avec des extraordinaires albums (mais encore une fois pas toujours côté interprétation à mon avis).

Et cet enregistrement, c’est quoi? C’est des pièces plus ou moins connues, des compositions dont on a droit au premier enregistrement, tout comme des pièces plus connues. C’est surtout une atmosphère, il ne s’agit pas de nous en mettre plein la vue ni de nous changer de style de la première face à la dernière, en fait, c’est plus un exercice de nous entrer dans le monde de Bélanger et nous guider à travers quelques-unes de ses pièces. C’est aussi un vernissage du disque au Salon Audio de Montréal 2017.

Dans les bémols potentiels, il faut voir que c’est numérique. Enregistré sur ordinateur à l’aide d’un convertisseur analogique digital de marque Apogee, on n’a pas le droit à un enregistrement directement sur vinyle ou vers un ruban magnétique. Ce n’est pas non plus un appareil d’enregistrement de très haute fidélité de marque audiophile, comme les fichiers enregistrés par 2L sur des gammes de fréquences étendues. N’empêche que chez moi, pour mes besoins minimes, j’ai moi aussi un appareil Apogee. J’avais un appareil 192KHz huit pistes de qualité professionnelle et je l’ai vendu à un de mes amis musiciens afin de m’acheter un petit Duet de cette entreprise. J’aime beaucoup la sonorité qu’il produit, avec une qualité légèrement feutrée et très pure à l’écoute. Ce que j’entends sur ce disque m’emmène donc en terrain connu.

Et côté qualité, est-ce la qualité ultime ? La sonorité est pure, douce, voire soyeuse, forte, mais légère, absolument pas numérique à l’écoute. Les aigus, présentes à travers les pièces, ne sont pas violentes et n’agressent pas numériquement (merci, Apogee), tout en restant présentes. La gravure, en deux disques 45 tours d’une dizaine de minutes par face, est parfaite et aucunement compressée. On a la beauté d’une salle vivante; aucune aseptisation sonore. C’est chaud comme seul un violoncelle peut produire dans une église à sonorité hors pair. C’est vivant. Et ce n’est pas du tout de la musique de feu de foyer une nuit d’hiver : c’est au contraire dynamique et beau avant d’être consensuel. Aucun bruit de fond, compression minime, côté numérique gardé sous tutelle. Bon travail de matriçage, encore une fois par une équipe montréalaise. Très beau travail! J’ai hâte au prochain disque d’Audio Note.

Godspeed You! Black Emperor pré-commandes!

Ils sont de retour et pas à peu près! Sortie prévue le 22 septembre prochain. Afin d’assurer le plus de sourires et le moins de déceptions possibles lors de ce futur vendredi de septembre on vous conseille fortement de pré-commander votre copie. Soit en ligne ou en boutique. Voici le lien pour réserver sous format CD ou vinyle: https://frequencesledisquaire.com/?s=luciferian+towers&submit=OK