Le premier disque à écouter après un tel RSD, c’est bien évidemment l’album «des Colocs»! Mais avant, un petit retour sur la dernière mouture du Record Store Day.
Quelle belle journée, un peu fraîche à l’attente devant le magasin, mais avec plein de gens passionnés qui y tient des conversations toutes plus intéressantes les unes que les autres, les sourires au visage, la joie de revoir les amis des années précédentes ! Surtout, quelle belle quantité de matériel, quels bons disques et tellement de beaux disques, des éditions pour tout le monde ! Plusieurs n’ont eu aucun disque en commun avec moi, d’autres, quelques un. La majeure partie des gens sont repartis avec beaucoup de ce qu’ils recherchaient, ce qui est génial.
Avertissement: ceci est écrit par Michel, je ne suis pas employé par Fréquences, j’écris pour le compte de Fréquences avec une liberté littéraire absolue. Je peux démolir un album tout comme l’encenser, je peux parler de ce que je désire (dans des limites respectables) et personne de chez Fréquences ne sait que je vais écrire cet article. Je ne suis dans aucun secret des Dieux, et ne paye pas mes bills avec de tels articles. C’est juste normal pour moi de l’écrire. Peut-être que JF va me dire que j’y suis allé un peu fort, peut-être que je suis dans le champ, peut-être qu’il va être heureux, peut-être qu’il va devoir faire affaire à Mirador. Prenez donc le tout avec le grain de sel nécessaire.
C’est l’heure de rafraîchir les pendules par rapport à beaucoup de points sur le Record Store Day. Depuis 2 ans, on a droit à un barrage de gens qui sont fièrement hors de cet événement mercantile s’il en est un. C’est bien correct, et je peux concevoir, sur les plus gros magasins, que le Record Store Day semble être mercantile, avec des files d’attente parsemées de scalpers à partir de minuit, dont eux et leurs familles se séparent les rangées et ramassent tout ce qui peut être légèrement rare. Parfois, des magasins avec une seule copie de Pink Floyd, ou avec une pile de disques minables qui ne méritent aucune réédition vinyle, disques qui se retrouvent dans le bac à un dollar quelques mois après leur sortie.
C’est vrai qu’il y a plusieurs années, le RSD était synonyme de qualité, et les disquaires tentaient de mettre la main sur tout ce qu’ils pouvaient de cet événement. Une de ces années, il y a eu beaucoup plus de disques, et les gens ont tout acheté. L’année d’après, il y en a eu encore beaucoup plus, les disquaires se sont montés des bills de plusieurs dizaines de milliers de dollars, et les gens ont compris que ce n’était pas seulement des disques en or… alors les disquaires sont restés avec leur stock. Le hic, et ce qu’il faut comprendre, c’est que les disques vinyle ne peuvent que rarement être retournés aux distributeurs, surtout quand c’est pour le Record Store Day. C’est vente ferme pour les disquaires! Pris avec des dettes et un lot de matériel dont même Discogs ne voulait pas, quelques-uns ont hélas fermé leurs portes. Et hélas, l’année d’après, les gens ont eu les sarcasmes dans le tapis, avec des disquaires qui ont refusé de supporter l’événement, avec des gens qui ne voient que des versions à cinquante dollars de disques qu’ils peuvent trouver dans une boîte à un dollar, version originale, en parfait état. Vous savez, la journée qu’ils vont ressortir Guilty de Barbra Streisand, que je dois avoir en douze exemplaires chez moi (et je ne suis pas disquaire! Imaginez ces derniers!), je vais vraiment crier en chœur moi aussi!
Et vous savez quoi? Ça va arriver un jour [sacres]! Et je suis content de ça! Pourquoi?
Parce que depuis ce jour, les disquaires qui sont restés de mèche avec le Record Store Day, ils ont compris qu’ils devaient faire leur travail de disquaire! Si vous avez un gros magasin, vous désirez probablement ratisser large, faire plaisir aux revendeurs avec leurs disques qu’ils vont pouvoir revendre avec profit sur Discogs, ensuite d’avoir amplement de copies de ce que leurs clients risquent désirer avoir, et quelques disques spéciaux pour se faire plaisir. Si vous avez un disque spécialisé en musique électro, vous allez probablement récupérer quelques sorties électro pour leurs admirateurs, ainsi que quelques valeurs sûres, juste parce que. Et si vous avez un magasin de région comme Fréquences, vous allez surtout y aller avec votre expérience, et votre connaissance de vos clients, de leurs goûts. Au diable les revendeurs, qu’ils viennent et qu’ils se rendent compte eux-mêmes qu’ils n’y trouveront pas leurs disques. En d’autres mots, que le disquaire fasse son travail de nettoyage des listes de vente, qu’ils n’aillent pas chercher cinquante copies du simple de Grace Jones qui se retrouvera en revente à 1$ quelques mois après, mais qu’ils en aient une copie pour moi parce que moi je l’aime.
Et vous savez quoi? Les clients ont depuis décidé de faire leur travail de clients! Ce n’est pas parce qu’il y a une copie ultra-belle d’un disque rare Deutsche qu’il faut nécessairement l’acheter à 70$ pour un disque simple. C’est parfaitement correct de ne pas acheter le dernier Madonna parce qu’on en a déjà une copie d’origine. Ou même si j’adore Tom Waits, j’ai déjà le coffret Bastards, alors que d’en acheter une copie colorée, je peux passer à côté, même si c’est foule plusse de bon meilleur que le coffret [sic]. Je peux même passer à côté d’un Pink Floyd Mono juste parce que pourquoi? Ce n’est pas parce qu’on croît qu’un disque va valoir des sous qu’on devrait l’acheter: ça s’appelle de la spéculation, et à moins que ce ne soit votre travail, vous devriez laisser faire cette idée. C’est un peu comme les monnaies crypto, les Bitcoins, Litecoins, Ripple et alias à la mode présentement: mettez-y des sous si vous le désirez, mais c’est de la spéculation pure et dure à propos d’un objet qui ne sert à rien et ne vaut rien par défaut! Peut-être que vous allez payer votre maison et plus, peut-être (probablement) que vous allez tout perdre. Même chose pour la bourse. Même chose pour les vinyles. Ça peut valoir beaucoup ou non. Moi je crois que le coffret de Johnny Cash est très peu dispendieux, et qu’il va valoir beaucoup de sous à terme, tant qu’ils n’en sortent pas une autre copie illimitée. C’est une méchante offre spéciale! Mais c’est de la spéculation, et ce n’est pas mon travail. Ça peut valoir 20$ dans quelques mois, comme ça peut valoir 2000$. Ce que je sais, c’est que je n’ai pas pu avoir le coffret, j’aurais aimé l’avoir, parce que j’aime le Country et que je trouve que c’est une sale belle offre! Ça, ce n’est pas de la spéculation!
Bref: je suis heureux de mes disques, beaucoup avaient le gros sourire, c’était un beau happening et je suis tout aussi heureux pour ceux qui s’y sont rendus et qui n’ont acheté absolument rien du RSD, c’est génial aussi! C’est votre choix après tout. Mais je ne jetterai pas le bébé avec l’eau du bain, simplement parce que certains se sont fait flouer et ont laissé de côté leur sens critique pour quelques instants et en ont gros sur le cœur.
Sur ce…
Album: Les Colocs
Artiste: Les Colocs
V.O.: 1993 CD; BMG Musique; 74321-10557-2
En Test: 2018 Vinyle Translucide (RSD)
Étiquette: BMG Musique Canada, Sony; 74321 10557 1
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Alors il y a 1500 copies du tout premier album des Colocs en vinyle! Quand on parle de la raison d’être du Record Store Day, c’est exactement ça. Un disque de 1993, qui a toujours été un bon vendeur, qui, après 25 ans, a droit à une très belle sortie vinyle. Je vais passer très rapidement sur le disque, c’est le premier du groupe Les Colocs, c’est la première fois qu’on les a vus arriver dans le paysage médiatique, et quelle impression ils ont faits! Qui ne connaît pas quelques paroles d’une des chansons de cet album?
Non, je vais surtout me concentrer sur une des réalités des disques du Record Store Day: je suis chanceux, mon disque est impeccable. Mais selon ce que j’ai lu sur les médias sociaux, je suis chanceux, certains ayant des faces du disque qui ne sont pas dignes de mention. En fait, un des coins de ma pochette intérieure était plié, c’est l’étendue de mes dommages. Problèmes de gravure, problèmes de manutention, problèmes de montage des disques (à la main) en usine? Avec des carnets de commandes bondées et prévues des mois à l’avance pour préparer le RSD, il faut s’attendre à avoir des ratés de production hélas. Ça arrive. Et ça dénote un petit manque de vérification de qualité aussi chez les étiquettes de disque.
Sinon, le plastique d’un disque transparent va tendre à être un peu plus dur que le plastique des disques noirs, donc il va conserver beaucoup plus de poussière et de résidus de pressage. Je recommande toujours de consciencieusement nettoyer les nouveaux disques avec votre procédé préféré (eau, aspirateur, spinclean, ultrasons, colle si vous voulez; traitement Last même si vous voulez) avant une première écoute. Vous allez voir votre niveau de bruit de fond descendre de façon notable, et en plus, vous risquez de protéger votre aiguille préférée des gros morceaux de plastique coupant qui peuvent être restés pris dans les sillons.
Et pour moi, avec l’écoute, c’était le nirvana! Quelle belle gravure! Pas parfaite, mais vraiment excellente! Si vous avez un beau disque, c’est réellement le pied, on se retrouve plongés dans les années 90 et les larmes ressurgissent avec les souvenirs. À partir de là, est-ce que ça pourrait être mieux? Peut-être … mais ça serait difficile!