2018: Orloge Simard – Beuvez Tousjours, Ne Mourez Jamais

Rock trash funky du Saguenay, sans aucune classe et assumé!

Album : Beuvez Tousjours, Ne Mourez Jamais
Artiste : Orloge Simard

En Test : 2018; Vinyle double en encart (300 copies)

Étiquette : Production indépendante (Distribution Select); BFTLP1662

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Je vais le répéter à chaque fois : j’aime ceux qui s’autoproduisent, j’aime les bibittes étranges et j’aime les produits flyés. C’est pour ça que Orloge Simard entre exactement dans mes cordes. Il faut savoir que Orloge, c’est un personnage fictif : c’est le pendant misogyne, trash, sans aucune classe, parlant de cul, qui dit tout haut et qui sacre comme un charretier de Olivier Simard, preuve que d’aller à l’université en lettres ne t’empêche pas de sortir des textes de la poudrière. Issu d’une union peu recommandable entre Mononc’ Serge et Otarie en trip à trois avec les Horny Bitches et des Cowboy Fringants qui sont découragés en imprésarios, le quintette sort de son bandcamp pour son deuxième album, et persiste et signe sur leur côté trash. Le CD, sorti en 2017, a fait le tour des bars, des cégeps et universités de la province avec des chansons déjantées pour DJ rebelles. Heureux de retrouver ça en vinyle!

Au Cégep, j’étais spectateur à un concours où des jeunes interprètes se donnaient. Un de ces derniers a pris comme chanson Jonquière de Plume Latraverse, il était bien parti avec toute la salle qui chantait avec lui… jusqu’à ce qu’il s’excuse avant de dire « Fou comme une plotte ». Il s’est excusé! Il a perdu toute crédibilité à cet instant. Il n’a absolument pas assumé son choix de chanson. Eh bien, je peux dire avec certitude absolue que jamais ce chanteur-interprète n’aurait pu prendre une seule des chansons de cet album! Voler haut? Si on pose la question, on ne comprend pas le groupe hautement coloré et caricatural. En même temps, c’est bien interprété, mais il ne faut pas chercher la profondeur dans les textes. En fait, si, il faut : c’est une démarche totalement artistique et bien recherchée de la part de Simard, et il faut bien évidemment prendre le tout au second degré, voir la poésie du côté trash assumé et des situations sorties de l’imaginaire collectif du personnage sans classe de son voisinage.

Et côté qualité, on parle de quoi? C’est un bel album double avec tous les ingrédients nécessaires afin de créer un parfait album. Une quinzaine de minutes par face ou moins, un disque lourd, peu de disques pour user la matrice de pressage. Hélas, le groupe Orloge n’a pas su faire un matriçage efficace pour les vinyles. Le tout est maximisé comme sur YouTube, les débuts de chansons à la guitare gardent le même volume que la suite plus rockée. On pense au début avec Crescendo qui n’est pas du tout en crescendo, justement. J’ai tout de même l’impression qu’ils ont utilisé un matriçage légèrement différent que leur CD avec une version de plus haute résolution. La chaleur y est, la précision y est, mais ça aurait pu être mieux. En même temps, comme premier vinyle, c’est un bon départ.

Réédition 2001-2015: Mononc’ Serge – Mon Voyage Au Canada

Une expérience de fédéralisme extrême en vinyle!

Bon 150e du Canada!

Album : Mon Voyage Au Canada
Artiste : Mononc’ Serge

V.O. : 2001 CD
Indépendant, MON2-1599

En Test : 2015 Vinyle double

Étiquette : Indépendant
MON5-1599

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Depuis que j’ai fait la sono de son spectacle au Collège Lionel-Groulx, il y a bien des années, je suis devenu admirateur de Mononc’ Serge. Tout d’abord un sympathique personnage, mais surtout un excellent musicien, très bon compositeur, de la joie de vivre et prêt à jouer absolument tout. On l’a bien connu comme étant le premier bassiste des Colocs, mais surtout qu’il était beaucoup plus wild que Les Colocs, qui eux-mêmes n’étaient pas des enfants de chœur. Alors il démarra sa carrière solo bien rapidement, avec spectacles radio et en 2000, un premier album adéquatement intitulé 13 Tounes Trash, qui inclut le succès Marijuana. Le bassiste continua sa lancée trash avec son album Mon Voyage Au Canada avant de participer à des collaborations avec le groupe trash Anonymus sur des albums franchement exceptionnels. Je vais devoir vous parler de leur excellent Musique Barbare qui a aussi eu droit à un retour sur vinyle.

Enfin donc, c’est un artiste trash, et c’est un album trash. Et c’est un album plein d’excellentes chansons toutes plus trash les unes que les autres. Si on s’attend à de la subtilité dans les textes, on n’en trouvera pas beaucoup. Si on s’attend à des compositions hors pair qui nous font danser dans le mosh pit et qui nous font être heureux de la vie, avec des superbes musiciens, ça par contre, on va le trouver. Certaines font carrément penser à du Tom Waits (La Police, B-2)

Et si on achète le disque vinyle double? On va se retrouver avec un album majestueusement gravé, une douzaine de minutes par face au maximum, de la qualité, de la précision, de la plage dynamique, des instruments beaux et honnêtes. Mais aussi une pointe de distorsion lorsque ça joue trop fort hélas, comme sur la chanson Fourrer (B-3) qui a ce petit crépitement dans les moments déjantés qui me fait douter de la provenance numérique de l’album. N’empêche qu’Éric Arbour a effectué un superbe travail au matriçage et je n’ai rien à redire à un album autoproduit qui a autant de mordant dans le son comme dans les propos.