Réédition 1967/RSD2018: Pink Floyd – The Piper At the Gates Of Dawn

Syd Barrett, point.

Album : The Piper At The Gates Of Dawn
Artiste : Pink Floyd

V.O. : 1967; vinyle; Capitol; SX 6242; Mono

Version stéréo en test : 1983; vinyle; Capitol/EMI (Canada); ST 6242; Stéréo

En Test : RSD2018; vinyle 180g; Mono

Étiquette : Pink Floyd Records, Columbia; PFRLP26

Ce disque mono n’est hélas plus disponible

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Il fallait bien trois étudiants en architecture (Waters, Wright, Mason) et un étudiant en art (Barrett) pour créer un tel groupe musical. Pink Floyd est aussi improbable qu’imposant dans la sphère musicale, avec une sonorité d’abord psychédélique, ensuite progressive, à couper le souffle. Un peu comme pour les thèmes de James Bond, on peut retrouver un concentré de tout ce qui fait Pink Floyd sur la toute première chanson, Astronomy Dominé. Cette dernière, avec sa progression d’accords étranges (Mi maj., Mi♭ maj, Sol maj et La maj), a servi de précurseur stylistique à une majorité des albums subséquents. Le style s’est affiné : les agencements classiques, les albums concepts, une approche plus ambiante, mais surtout une poussée vers le monde plus progressif, et moins psychédélique. Le côté fou s’est éteint après ce premier album : Syd Barrett, élément artistique fou de ce premier album, s’est fait montrer la porte une année après sa sortie.

Disque original canadien en stéréo avec nouvelle version en arrière-plan

Ce premier album est en quelque sorte un disque unique dans la discographie de Pink Floyd, avec non seulement l’exubérance et le talent sans retenue qu’on retrouve dans les premières offrandes des groupes musicaux, mais aussi comme seul disque ayant Syd Barrett comme auteur-compositeur-guitariste-chanteur principal. Beaucoup disent qu’il y a l’avant et le après. Un peu comme pour Genesis avec et sans Peter Gabriel. Les autres albums, commençant avec A Saucerful Of Secrets, tentent de poursuivre sur une veine similaire, mais on sent que le côté architecture devient omniprésent : on a droit à des constructions de plus en plus étoffées, des paysages où les thèmes sont savamment annoncés. Le rock progressif ne sera plus jamais le même! Il faut toutefois se rappeler cette folie avant-gardiste qui est au cœur du groupe. Et il faut se rappeler aussi que même si le groupe désirait plus ou moins tuer Barrett tellement il devenait impossible de travailler avec lui, ils savaient fort bien à quel point ils laissaient partir un génie musical. On le voit avec la finale de A Saucerful…, qui a été laissée à ce dernier avec Jugband Blues.

Et cet album mono? La première version de l’album a été sortie tout d’abord en mono, et quelques mois plus tard en stéréo à travers le monde. Si je compare la version stéréo originale (Canada) versus la version mono retravaillée par James Guthrie, Joel Plante et Bernie Grundman, le côté stéréo ajoute le psychédélisme ambiant de 1967… mais la musique n’en a pas toujours besoin, certains des effets stéréo étant carrément un peu faits à la va-vite avec trop de drogue fumée. Si je prends Interstellar Overdrive, chef d’œuvre hard rock psychédélique, on n’a définitivement pas besoin de stéréo. Mais d’autres chansons un peu plus posées, telles que The Gnome, en bénéficient. C’est donc comme pour les albums des Beatles, parfois, le Mono est génial, parfois, c’est les Stéréo. Mais peu importe ce que vous préférez avoir, l’album mono a été retravaillé en main de maître : la présence, la force, la qualité, les détails, la stylistique, tout y est pour se retrouver dans les années « 60, mais avec des techniques modernes. On sent que le ruban a eu quelques pertes parfois, mais c’est très peu présent. C’est une extraordinaire version!

[NDLA: Merci à un fidèle lecteur d’avoir fait une correction selon l’image de mon disque de 1983. J’avais indiqué que la version stéréo était un disque de 1967, mais c’était bien la version canadienne de 1983 – on ne peut pas en passer de petites vites!]

Réédition 1994/2016: Pink Floyd – The Division Bell

Diviser la cloche en deux disques, enfin!

Album: The Division Bell
Artiste: Pink Floyd

V.O.: 1994 Vinyle simple
EMI
7243 8 28984 1 2

En Test: 2016 Vinyle double en encart

Étiquette: Pink Floyd Records, Columbia
PFRLP14, 88875184311

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De la qualité de son. Pink Floyd n’a plus à vanter sa réputation de groupe de rock progressif. C’est aussi le premier (le seul?) groupe ayant pris des semaines de travail intensif de sonorisation afin de produire un spectacle de qualité extraordinaire au Stade Olympique de Montréal pour leur tournée « In the Flesh Tour » en 1977. Selon tous ceux qui étaient présents au spectacle, ils sont tombés en bas de leur chaise. Pour au moins un autre, il s’est fait cracher dessus par Roger Waters, s’ensuivit la production de The Wall et le reste fait partie des annales de l’histoire du rock. Pour moi, The Division Bell, ça représente le seul spectacle de Pink Floyd que j’ai pu voir, et quel spectacle!

De presser le citron. Pour prendre quelques instants avec son disque-sœur… J’ai beaucoup de disques de Pink Floyd, qu’ils soient en vinyle ou en CD. Et même si la qualité est très bonne pour le disque de The Endless River, ça reste un disque produit avec les nombreux extras du disque The Division Bell. Aussi, un glitch électronique au beau milieu de ma gravure m’a totalement laissé sur ma faim. Belle gravure, le vinyle y ajoute de la chaleur appropriée au rock progressif, mais la version ultime, à mon avis, reste la version en Blu Ray. N’empêche que l’album vinyle s’écoute comme un bonbon… et ce ne sont que les restants de The Division Bell. Pour moi, l’album d’origine reste une référence en la matière de rock ambiant progressif.

De ne même plus savoir qui fait quoi. La version originale de The Division Bell était gravée avec des versions radiophoniques raccourcies des chansons afin de le faire entrer sur un seul disque vinyle (hérésie!). La version de Russie et de Corée du Sud a été les chanceux à avoir des versions sur album double, avec une petite parole coupée à la toute fin. Et en 2014, pour le 20e anniversaire de l’album, Parlophone fit une version rematricée à partir des rubans maîtres. Pour la version vinyle, ils demandèrent à Doug Sax de se pencher au problème (en même temps que la version de The Endless River), et quel résultat! Ce n’est pas une simple petite version réalisée à la va-vite. C’est un chef d’œuvre, et pour la première fois, en version complète! Deux ans plus tard, Columbia fit une version rematricée à nouveau, cette fois-ci par James Guthrie, Joel Plante et Bernie Grundman, et c’est ce qui est écrit sur l’étiquette du disque… mais des fous sur Internet (merci, Discogs) se sont rendu compte qu’il s’agit en fait de la même version réalisée par Doug Sax deux années auparavant. Ce n’est pas un problème, la version étant exceptionnelle, mais ça aurait été sympa de donner à César ce qui lui revient.

De prendre son pied! Vous aurez compris que la gravure est exceptionnelle, au point où même Pink Floyd Records a décidé, de concert avec Columbia, que la version vinyle se devait d’être celle de Sax. Je n’ai absolument, mais absolument rien à redire sur cette version! Numérique? Ça ne s’entend pas vraiment. Produit par un passionné, pour des passionnés, avec toute la qualité nécessaire. Aucune limitation apparente. Ça reste du rock, alors compression et effets, bien entendu… mais rien qui déplaît aux oreilles. Quelques petits bruits divergents entre quelques pistes, c’est tout. À mettre à tue-tête dans vos écouteurs préférés dans le noir avec les portes fermées, à un niveau où vous empêchez votre mère de dormir deux pièces plus loin (histoire pas du tout vécue, mais non voyons!)