Réédition 1973/RSD2018: Melvin Sparks – Texas Twister

Le groove est de retour!

Album : Texas Twister
Artiste : Melvin Sparks

V.O. : 1973; vinyle; Eastbound Records; EB 9006

En Test : 2018; vinyle; RSD (1500 copies)

Étiquette : Tidal Waves Music; TWM17

Le disque n’est hélas plus disponible chez Fréquences

Être capable d’endisquer est un privilège. Melvin Sparks (1946-2011) a été un guitariste de carrière qui a aidé beaucoup des plus grands. On peut penser de Lou DonaldsonCurtis Mayfield, en se rendant jusqu’à Lonnie Smith. En fait, si vous aimez le funk et le soul des années 70, vous avez probablement du Sparks sur vos albums. En plus que son talent aide les musiciens les plus connus, il a eu la chance de produire une douzaine de disques lui-même. Chacun de ces disques porte bien l’air du temps de la musique black de ces années, jusqu’aux sorties plus commerciales à la fin des années 70. Ces dernières sont en lien direct avec la séparation des jazzmen et des musiciens qui se sont convertis au disco et au R&B plus pop. Si vous aimez Grant Green, vous aimerez les disques de Melvin Sparks. Mais n’est pas un grand nom qui le veut. Tout comme Idris Muhammad à la batterie sur une bonne partie de l’album, on peut reconnaître le nom, on peut aimer le musicien, mais cette connaissance ne se traduira pas nécessairement en un achat de disque.

Il y a des raisons pour lesquelles l’extraordinaire album Texas Twister de 1973 ne sera jamais réédité avant 2018 : le compositeur-interprète n’est pas à l’avant de ses propres chansons, il préfère laisser jouer les autres musiciens tout en restant lui-même en sourdine, se contentant souvent de ne jouer que le thème. Un fanatique de guitare n’y retrouvera pas ici la cote d’un frontman. Mais si on se fie à l’album lui-même, les chansons sont excellentes, les grooves sont certains, la direction est bonne pour les chansons elles-mêmes, ce n’est juste pas ce que les gens vont nécessairement rechercher. On peut aussi voir, comme beaucoup des albums du temps, qu’il n’y a pas de paroles, ce sont des chansons où on peut s’imaginer une personne chanter, mais il n’y a pas de chant. Moi, j’adore, j’aime les grooves, le soul, le funky jazz et même des beaux et longs strolls comme Gathering Together, qui s’écoutent bien autant en album à haut volume qu’en sourdine pendant d’autres activités ou des fêtes. J’adore le côté modal, le côté noodling, l’atmosphère relax et sophistiquée, précurseur du Mod.

Je n’ai pas beaucoup à redire sur l’excellent travail de Light In The Attic à la distribution, Tidal Waves à la réédition, ces entreprises savent ce qu’ils font, la qualité du disque vinyle est absolument impeccable, la musique qui en sort est difficile à battre. Une très bonne reproduction, et pour tous les admirateurs finis de groove des années 70, c’est une perle rare, du début à la fin!

1973: Sonny Terry & Brownie McGhee: Sonny & Brownie

Un duo de musiciens de blues qui nous en met plein la vue!

Album : Sonny & Brownie
Artistes : Sonny Terry & Brownie McGhee

En Test : 1973 Vinyle avec pochette en encart (Canada)

Étiquette : A&M Records
SP 4379

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Ces deux bluesmen sont comme un vieux couple, ils ont toujours joué ensemble. En 1973, lors de la sortie de ce disque, ça faisait déjà 15 ans qu’ils endisquaient ensemble et déjà plus de 30 ans qu’ils faisaient des concerts ensemble! Entre autres, le duo a été connu dans les groupes de renaissance Folk lors de la 2e guerre mondiale. Les deux musiciens ayant leur lot de malchance en jeunesse, un ayant contracté la polio lui faisant perdre l’usage d’une jambe et l’autre devenant aveugle. Ces problèmes les obligeant à prendre la route et jouer de la musique afin de subvenir à leurs besoins.

C’est difficile de sélectionner un meilleur disque afin de représenter ce prolifique duo. Les deux musiciens sont au sommet de leur forme, le disque a été enregistré de main de maître dans les studios Paramount, le tout avec des musiciens de support incroyables dont Sugarcane Harris et Arlo Guthrie entre autres.

Et pour la qualité, c’est certain que ce n’est pas la version MoFi du disque, sortie en 95. Aussi, c’est certain que le disque est de facture 70’s : le côté stéréo est omniprésent, les voix sont inégales et plus sourdes qu’elles devraient l’être. Toutefois, le disque est parfaitement adéquat. Vous pouvez être chanceux et avoir une version très propre du disque comme moi, qui sait, mais mon disque, une fois bien nettoyé, n’a aucun popcorn et très peu de bruit de fond. Les instruments sont propres, doux, déférents. Ce n’est pas du tout le même genre de blues sale et crasse des Stones avec Blue & Lonesome, c’est l’envers de la pièce, plus folk, plus américana, plus swing et blues piedmont, plus traditionnel. C’est le genre de disque qu’on peut écouter et être avec les musiciens dans le studio. Une perle du genre. A-t-on réellement besoin d’une version plus pure du disque afin de l’apprécier?

On achète si on aime Big Joe Williams, Sonny Boy Williamson, Charlie Musselwhite, Willie Dixon.

Réédition 2014: Incredible Bongo Band – Bongo Rock

Qu’ont en commun Grandmaster Flash, Jay-Z & Kanye West, Aphex Twin, Moby, The Roots et des centaines d’autres artistes dans les 40 dernières années?

Album: Bongo Rock
Artiste: Incredible Bongo Band

V.O.: 1973 Vinyle, Pride PRD-0028

En Test: 2014 Vinyle 180g

Étiquette: Mr Bongo
MRBLP118

Ce disque n’est plus disponible chez Fréquences. Demandez quand même si ça se trouve, ou attendez des arrivages, qui sait (mais je n’attendrais pas nécessairement)

Gagnant du disque le moins susceptible de révolutionner la musique, Incredible Bongo Band n’est pas un groupe malgré son nom! C’est pas mal le projet de Michael Viner qui a eu une demande d’une chanson pour un film d’horreur obscur. La chanson est devenue #1 au Canada alors il a reçu la demande de faire un disque entier, ce qu’il produisit à Vancouver avec l’aide de musiciens de studio pas mal au hasard. Tout est rigoureusement faux dans ce disque et de toute façon c’était prévu pour se faire imprimer en quelques copies et disparaître sans laisser de traces.

On se déplace deux ans plus tard dans le Bronx… DJ Kool Herc crée le principe du breakbeat, avec les break-dancers, les b-boys, les b-girls… et éventuellement, en 1975, il tombe sur Apache de Incredible Bongo Band, pour lequel il fait jouer deux disques en succession afin de faire poursuivre le break de Apache aussi longtemps que les danseurs dansent sur la chanson. Et à partir de ce moment, cette version louche d’un disque sans succès de Apache devint l’hymne du Bronx! Tous les partys se l’arrachent, tous les DJ l’utilisent, tout le monde le fait jouer, le hip hop est créé, le breakdancing est créé et tout le monde désire utiliser ce disque. Bien entendu, le hip hop serait arrivé malgré cette chanson, mais la planète aurait été bien différente aujourd’hui sans cette simple chanson, deuxième du disque.

On revient aujourd’hui… et cette chanson est encore utilisée! En fait, elle est tellement utilisée qu’un excellent documentaire a été tourné à son sujet et sur l’influence que ce disque a eu sur la musique: Sample This par Dan Forrer. Encore aujourd’hui, on utilise ce même rythme. Et pour le reste de l’album, c’est entre psychotronique et excellent, tout dépendant.

Côté qualité, la version originale du disque est très difficile à trouver à cause que les DJ du Bronx les ont carrément usés à la corde. Pour les peu de copies restant, c’est à des prix ridicules. L’étiquette et magasin de disque indépendant britannique Mr Bongo a décidé en 2014 de faire une version ultime du disque, à partir des bandes originales. Quelle version! Nul besoin de payer des centaines de dollars pour l’original quand on peut avoir une telle version pour le tiers du prix! Le disque répond parfaitement à la demande, est de superbe qualité, est beau, est fidèle à l’original et il sonne comme une tonne de briques. Wow!

Voilà qui met fin à ma semaine éditions 70s et moins. J’espère que vous avez aimé la gamme de disques de ces années. Retour à la programmation normale la semaine prochaine!

 

1973: Mike Oldfield – Tubular Bells

Est-ce que Tubular Bells a réellement besoin de présentation?

Album: Tubular Bells
Artiste: Mike Oldfield

En test: 1973 Vinyle (V.O. US)

Étiquette: Virgin
VR 13-105

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C’est le genre de disque qui réapparaît régulièrement au fil des arrivages. Soyez patients si vous désirez une version vintage.

Album ayant frappé l’imaginaire de la planète, découvert via le film l’Exorciste en Amérique du Nord, le premier disque de Virgin Records, pièce ayant eu droit à des documentaires, des reprises, des études, nommez-les. Le tout avec un compositeur-interprète de génie ne cherchant pas à être la vedette, la très grosse majeure partie des instruments étant joués par Oldfield lui-même en multiples sessions sur le même ruban.

Et ce n’est pas rien. La pièce de plus de 45 minutes (25 et 23 minutes) fait pâlir d’envie les plus grands albums de progressive rock avec des mouvements allant du thème du début du disque jusqu’à la fin de la première face avec l’introduction des instruments individuellement en plus de 7 minutes, dont les fameux carillons tubulaires dans une apothéose d’instruments, avec chœurs en prime. Même la 2e partie, qu’on aurait pu penser reléguée en second plan, qui a été composée sur une beaucoup plus longue période, se révèle être impressionnante, avec multiples mouvements dont la partie carrément précurseur du death métal débutant vers le premier tiers de la face B avec les harmonies de lead guitars et les voix gutturales.

C’est le genre de disque qui faut avoir la bonne version. Un disque de plus de 20 minutes par face, en vinyle, ce n’est pas simple à jouer. Il y a 16 pistes en surimpression qui sont toutes utilisées à quelques endroits du disque. Parfois, les disques s’emballent, ne sont juste pas capables de reproduire toute la gamme musicale. C’est sans compter le transfert provenant du ruban qui peut être déficient parfois à la source. Je dirais que si vous désirez une version ultime, c’est le ruban en 7 1/2 pouces par seconde Virgin VGN 13105F que vous devez avoir. Mais sinon, le mieux est probablement de rechercher la version originale Virgin V2001, la version japonaise d’origine ou la version de 1997 en 180g… ou en sortant des vinyles, la nouvelle version de 2009 produite numériquement à travers les fichiers de production du SACD. Je ne vous recommande d’ailleurs pas la version japonaise récente: d’abord, elle est hors de prix, ensuite, elle provient des fichiers numériques. C’est aussi le genre de disque qu’on peut trouver partout, à peu de frais, et de qualité satisfaisante. Nul besoin de chercher la copie … La majeure partie des versions, tant qu’elle a été bien entretenue, va vous procurer amplement de joie et les versions audiophile sont plus des attrapes nigaud que des vraies versions audiophile.

Donc qualité … Ça va dépendre réellement de ce que vous allez trouver. Et attendez-vous tout de même à des bruits étranges, ça fait partie du lot de cette pièce unique d’anthologie. Mais ouf! Quel disque! Même ma petite version US simplette est incroyable.