C’est le temps de sortir ses solos de machine à laver sur deux disques doubles ayant assez de basse pour nous faire voir quadruple… et tomber dans le piège de surprises stylistiques!
Album: Vapor City
Artiste: Machinedrum
En Test: 2013 Vinyle double
Étiquette: Ninja Tune
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Ce n’est pas juste un peu de petite basse minable ici. Travis Stewart (Machinedrum) a pondu un véritable bijou du Drum n’ Bass avec son album Vapor City. Ninja Tune, jamais en reste sur ses artistes lorsqu’il détient un filon, y a mis le paquet. Ce projet a valu à Machinedrum une tournée, des douzaines de versions simples de ses chansons et même un deuxième disque, Vapor City Archives.
La prémisse du projet est fort sympathique. Tout en conservant son style éthéré de composition, Machinedrum a créé chaque chanson comme s’il représentait un quartier de Vapor City. Chaque endroit a donc son propre style, sa propre vie de nuit, parfois plus violent ou plus doux, parfois plus ethnique, parfois beau, parfois direct. Certaines chansons ont un rythme de travail, d’autres une vision apaisante. Et le tout vient avec un livre d’art intégré au disque en encart, avec un dessin représentant la scène de la chanson.
Album: Vapor City Archives
Artiste: Machinedrum
En test: 2014 Vinyle double
Étiquette: Ninja Tune
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Ce n’est pas tout … le disque a tellement cartonné qu’ils ont fait un second disque avec les archives du premier. En fait, mon impression est plus que Machinedrum était en tournée, vivant pleinement son premier disque, et qu’il a été inspiré par des nouvelles chansons s’agençant très bien avec son premier, agrémentant certainement sa tournée de spectacles avec du matériel inédit du moment.
Mais ce second disque, inspiré du premier n’est pas du tout pareil au premier! Le style a définitivement évolué lors de cette mince année. Là où les chansons arrêtaient en intensité sur Vapor City, elles débutent sur Vapor City Archives. Là ou Vapor City est surtout Drum N Bass traditionnel avec un peu d’inspiration Électro et ambiant, Vapor City Archives est plus Breakbeat, touche presque le Dubstep, laisse tomber les trip de MDMA à se donner des massages pour nous ajouter un petit demi speed et nous faire danser toute la nuit sur de l’assumé. On le remarque d’ailleurs avec la seule chanson partagée des deux disques (Vizion): sur le premier, on a droit à une vision d’une des rives du Richelieu la nuit; sur le second, c’est une vision d’en haut du Belvedère Mont-Royal à regarder la vie de nuit de Montréal. À poursuivre avec les analogies, je dirais que c’est New Forms de Roni Size versus In The Mode, beaucoup plus hard. Je le dis à chaque fois qu’un tel cas arrive: j’adore la musique! D’essayer de caser un album sur un style en particulier est une épreuve périlleuse pour le cerveau! Si vous désirez vous amuser, allez voir les styles musicaux attribués aux albums de Machinedrum sur discogs, c’est juste n’importe quoi! Ça reste du Drum N Bass et les deux albums sont quasi identiques sur leur style de fond. C’est le même artiste, dans les mêmes années de composition! C’est tellement proche qu’ils ont jugé bon appeler le second disque les Archives du premier! Mais ça dépasse tout juste la limite!
D’ailleurs, en tant qu’œuvre, Vapor City Archives se tient autant que Vapor City (voire plus selon ce que vous aimez comme style)! N’allez pas ignorer les archives simplement parce que c’est un follow-up d’extras. Ne vous fiez pas aux critiques, c’est un sale bon disque qui a survécu à l’épreuve du temps! En fait, les critiques ont souvent comparé les deux albums en se fiant au Drum N Bass comme référentiel … et ce n’est juste pas une bonne idée.
Et côté disque vinyle? C’est des bêtes. Ma copie de Vapor City est très propre côté sonorité (ne vous inquiétez pas, oui il y a du popcorn dans les chansons elles-mêmes). Le matériel source est indéniablement numérique, les disques sont hélas compressés et ça passe difficilement à certains moments. C’est un peu pire à certains endroits de Vapor City Archives où le son est carrément limité, ce qui donne des attributs musicaux intéressants (J’opte pour le choix de style) mais qui donne mal à la tête un peu, le cerveau ayant peine à compenser la compression parfois omniprésente de certaines pièces. Mes disques de Vapor City Archives son un peu plus sales et ont un peu plus de popcorn. Reste que le matriçage que nous propose Ninja Tune est digne d’eux-mêmes: propre, fort, de qualité, peu de bruit de fond, des disques bien imprimés, du très bon stock, parfaitement utilisable par des DJ, même si on y préférera les versions simples des chansons, moins compressées.
On achète si on aime Luke Vibert, Plaid, Boxcutter, Squarepusher, Lone, Airhead, Sepalcure, Addison Groove.