1982: Bernardi, Massé – Aubade, Divertissement, Prélude

Ressortons des grands disques. Trois grandes pièces et un grand orchestre au programme de ce disque enregistré à Ottawa.

Programme:
François Poulenc – Aubade
Jacques Ibert – Divertissement
Claude Debussy – Prélude à l’après midi d’un faune

Artistes:
Orchestre du Centre national des Arts, Dir. Mario Bernardi
Denise Massé,
Piano (Aubade)

Étiquette: Disques Société Radio-Canada
SM5013

Ce disque n’est pas nécessairement disponible chez Fréquences. Il s’agit d’un disque d’archive. Vous pouvez toutefois le trouver assez aisément et à peu de frais si vous êtes intéressés.

Tout d’abord, je dois dire que ce qui est difficile avec la musique classique, c’est de faire entrer le titre dans les champs d’une base de données. Celui-ci (mon premier disque de musique classique traditionnelle en critique) est particulièrement horrible et je suis tellement heureux de ne pas avoir à le faire entrer dans une base de données normalisée! Juste à voir la tentative sur Discogs et ça donne le goût de rire (ou pleurer si vous êtes la personne qui l’a entré!)

Ouf, c’est sorti de mon système! Alors … la critique!

Un peu d’archive ici avec un disque de chez nous. Nul n’est prophète en son pays. Feu Mario Bernardi a du le savoir, il demeure un des plus grands chef d’orchestre du 20e siècle, malgré le fait qu’il ait été relativement méconnu ici. On a en effet eu (et avons toujours) la chance d’avoir des bons extraordinaires chef d’orchestres dans l’Est du pays. On n’a qu’à penser à Charles Dutoit et Wilfrid Pelletier, récemment on a Nézet-Séguin, on y ajoute ceux qui ont élu domicile à Montréal le temps de diriger quelques années, dont Kent Nagano, Otto Klemperer et Zubin Metha. Et ici ce n’est que Montréal. On a rarement eu quoi que ce soit à envier à quelconque autre ville de la planète. Mario Bernardi est dans les plus grands ontariens d’origine à avoir fait rayonner sa baguette de chef d’orchestre internationalement, ajoutant encore au prestige musical de notre région.

Et que dire de Denise Masséla pianiste sur la première face. Ce n’est pas qu’une simple pianiste, elle a été répétitrice à l’Opéra de Montréal depuis 1981 et ensuite elle s’est rendue poursuivre sa carrière au Metropolitan Opera de New York depuis 1993. Elle est aujourd’hui chef de chant, soit que son but est d’aider les chanteurs et chanteuses à être à leur maximum pour chaque pièce du MET.

Ce disque fait partie d’une série que la Société Radio-Canada a consacré au producteur et ingénieur de son Anton Kwiatkowski. La série SM5000, dont ce disque fait partie, a été enregistré et produit avec le maximum de soins possible afin d’avoir une qualité irréprochable de rendu (gravure demie-vitesse, procédé d’enregistrement de M. Kwiatkowski lui-même, …). On a donc droit aux plus grands artistes Canadiens, dans les plus grandes salles, avec un des plus grands producteurs du temps, sur une série qui a été encensée à travers le monde. Ce n’est pas rien. D’ailleurs, si vous désirez faire appel à lui, il est encore passionné par la musique et l’enregistrement, habite à Burlington en Ontario… et je suis certain qu’il serait intéressé à avoir une 102e nomination à un prix Juno en carrière!!!

Ok, mais il y a 300 buzzwords au pied carré ici avec trop de grands artistes! Est-ce que le disque en vaut vraiment la peine? Eh bien oui, justement. La série SM5000 a été produite avec toute l’attention et soin du monde. C’est aussi un parfait contre-exemple de durée versus qualité: la face 2 a beau avoir 26 minutes de matériel, la sonorité en demeure incroyablement dynamique, subtile, précise, avec beauté intrinsèque, les instruments sont naturels, la réverbération de la salle nous saute aux oreilles, aucunement compressé, aucune limitation de fréquences apparente, les violons n’agressent pas les oreilles, la spatialisation de la pièce est ouverte, précise, claire. On sait exactement où le hautbois est dans le Faune jusqu’à la dernière note du disque. Je reprocherais un peu au Piano d’être imprécis sur sa sonorité, d’être un peu sourd versus l’orchestre. Mais c’est un bien petit mal. C’est certain que plus le disque est long, plus il doit être faible en volume, on est à la petite limite pour avoir le bruit de fond du disque et le popcorn est assez apparent malgré que ma copie soit impeccable. Ça sent le travail de passion afin d’arriver à la balance parfaite et d’entrer tout ça sur un seul disque. Si vous ne sautez pas sur la série SM5000, moi je vais le faire!