2016: The Rolling Stones – Blue & Lonesome

Les Stones sont de retour avec un album explorant leurs racines blues. This is it.

The Rolling Stones - Blue & LonesomeAlbum: Blue & Lonesome
Artiste: The Rolling Stones

En test: 2016 Vinyle double

Étiquette: Polydor Records
571 494-4

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Les Rolling Stones sont de ces groupes qui nécessitent une présentation! Oui oui, je persiste et signe. En fait, les Stones sont de ces groupes mythiques qui n’ont pas des centaines de hits, ils ont des centaines d’albums avec un ou deux succès à gauche ou à droite. Ils ont une incroyable carrière et sont illustres individuellement, mais demandez à quelqu’un de nommer 5 succès des Beatles, et 5 succès des Stones, et vous verrez que ce n’est pas si simple. Ils sont aussi de ces groupes qui ont un son unique; en entendant parler des Stones, on s’attendrait à des Yardbirds, des Beatles plus rock, des Eric Clapton. Mais ce qu’on a, c’est habituellement de la musique à l’origine très country-blues, auquel ensuite on ajoute une forte touche rock et légèrement psychédélique. Aux néophytes, je recommande surtout d’acheter une compilation, et ensuite d’acheter des albums individuels. Ce n’est donc pas pour rien avec des styles étranges comme ça qu’un album purement Blues, style Chicago en version Brit, ne me surprend pas. Ils se font plaisir, et je gobe. Certains comme ma copine diront que l’ordre des pièces est étrange, c’est un choix en effet. Ils n’ont pas de comptes à rendre.

Côté production d’album, c’est une courte beauté. C’est un album double avec 10 minutes par face. Ça revient grosso modo à un peu plus de 1$ par minute d’enregistrement si on y pense bien. J’ai connu beaucoup d’albums qui ont étés fait en album simple. Perso, je l’aurais sorti en double 45 tours, et non en double 33 tours, mais c’est moi. Ils auraient pu aussi se taper un album unique versus les actuels deux disques. Je crois que leur but a été de sortir les chansons avec 100% de qualité sur le disque, sans compromis.

Et ici je dois dire que la version vinyle et la version numérique, c’est deux animaux totalement différents! J’ai en rotation cet album relativement régulièrement. La version numérique est belle, s’écoute de A à Z avec des écouteurs, a un son clair, précis. C’est moderne, c’est beau, on écoute et ressent le studio, le travail, la joie, le plaisir. On a un bluesman en habit propre avec le chapeau de détective se déplaçant à la Jagger (Salut, Maroon 5!) sous les lampadaires d’une nuit chaude d’un quartier mal famé.

Et la version vinyle, c’est une bête. C’est un club illégal après les heures d’ouverture. C’est une langue sortie. C’est sale, c’est crasseux, c’est plein d’alcool, ça sent la cigarette, c’est imprécis, c’est sourd, ça a de la réverbération, ça a des couilles, c’est sexe. C’est aussi un album qui ne fait absolument aucun sens si on ne le met pas à tue-tête. C’est un album qui doit se sentir, qui doit être viscéral. On doit avoir le wow dans le visage, on doit être à côté des hauts-parleurs et les voisins doivent vous envoyer une lettre passive-agressive anonyme comme quoi vous avez exagéré sur le volume, les chiens doivent aboyer et le petit cousin de pleurer dans son lit trois maisons plus loin. On doit plisser des yeux à chaque cri de Jagger, on doit sursauter sur certains coups de batterie.

Je ne peux pas vraiment vous recommander le vinyle. En théorie, tout bon disque devrait s’écouter avec plaisir, peu importe le volume. En théorie, un disque, doit avoir un certain traitement effectué, il doit avoir une progression, un niveau de production. On s’attend à la perfection des Stones. En théorie, cet album respecte tous les points qui me font capoter sur un vrai bon vinyle, il respecte à la lettre une expérience viscérale. Presque trop. J’écoute le disque et je trouve que le son est trop sourd, il y a trop d’ambiance. Je trouve que les instruments sont disparates dans les micros. Ça sonne comme une bande maître roulant à 3 3/4 de vitesse. En pratique, ce n’est pas un album, c’est une expérience à vivre, et il faut le voir en tant que tel. – Achetez le CD pour la version studio, achetez le vinyle pour la version live dans votre salon, avec tout ce que ça comporte d’inconvénients.

On achète si on aime Muddy Waters, Howlin Wolf, Baby Face Leroy Trio, John Lee Hooker, Elmore James. On va au Bistro à Jojo voir des spectacles live.