Un disque sans surprise avec encore plus de bling qu’on aurait pu s’imaginer possible. Dans le fond, si c’était ce qu’on aime…?
Album: Run The Jewels 3
Artiste: Run The Jewels
En test: 2017 Vinyle (Or)
Étiquette: Run The Jewels
RTJ003LP
Acheter le disque vinyle or chez Fréquences
Rappel en aparté: si vous êtes dans les premiers à acheter ou commander le disque vinyle chez Fréquences, vous allez recevoir un pendentif or! Je suis resté surpris, c’est du vrai métal lourd. Ça défonce solide!
Bienvenue à Bling Metropolis! Les deux vinyles sont or, la pochette en encart est bleue et or, le pendentif est or. Livret avec toutes les paroles, poster 24×12 avec la couverture, stickers. C’est un autre de mes albums en rotation digitale au travail alors j’étais fort curieux de savoir ce qu’avait l’air l’album en vinyle.
… sur fond de polémique! Grosse argumentation entre JF et moi sur la qualité du matériel produit ici. Ça reste une coproduction El-P et Killer Mike, deux vieux de la vieille du rap, hip-hop et de la scène underground. Ça reste aussi deux très grands entrepreneurs, les deux sont producteurs, les deux ont leurs labels de disque, les deux produisent des relèves et sont associés avec des rappeurs plus commerciaux. Killer Mike est activiste, a écrit beaucoup d’articles, ce n’est réellement pas un deux de pique. Et ce disque a tous les ingrédients, mais on a déjà fait le tour avec le premier disque; on a peaufiné avec le deuxième disque; on s’est fait plaisir avec Meow; et là, on sort encore du réchauffé.
Mais dans le fond… est-ce que c’est si grave que ça que de nous ressortir une recette gagnante, des textes engagés, de la musique empruntant de tous les genres. N’est-ce pas réellement le but visé par la collaboration? Attendons-nous réellement à quelque chose de différent quand le groupe s’appelle RtJ, l’étiquette s’appelle RtJ, et que le disque s’intitule RtJ 3, parce qu’il y a RtJ 1 et 2 avant? N’aimons-nous pas mettre nos vieilles godasses en entrant sur ce disque? Et le disque, pris individuellement, est superbe: des bons textes, des chansons bien senties, des rythmes décapants, des échantillonnages à propos, un style de défonce totale, de la basse à désceller les fondations d’une maison. Même comparé aux autres de la série, le 3e opus est excellent et il tient la route.
Ne reste que la qualité. Est-ce qu’il est en or où on prend la poule? Deux beaux disques, deux bons disques, deux disques avec amplement de basse, amplement de musique, s’écoutant fort bien, qui distribue en claques ce qu’on souhaite qu’il distribue. Ouf. Là je dois avouer que je ne sais pas quoi vous dire. Le disque est bruyant, beaucoup de bruit de fond, la définition est légèrement brouillonne, le matériel utilisé pour graver le disque or est beaucoup plus dur que d’habitude. Il y a du popcorn dans certains passages. L’objet est beau, tout est fait pour que ce soit génial, mais le disque a beaucoup de coloration vinyle.
Mais en même temps… si je regarde le CD, ça sonne presque plus Hard Electro que Hip Hop. Ce n’est pas la même bête, c’est totalement différent comme impression, différent comme plaisir à écouter. Différent. Charybde et Scylla. Le même album, deux impressions totalement ridiculement opposées.
Si je sonne schizophrène dans cette critique, c’est que justement c’est un album qui mérite ce genre de critique. Un album n’inventant rien mais maître de son style; un album que je préfère définitivement en vinyle pour son côté hip hop mais qui est beaucoup mieux en CD côté sonorité (malgré sa compression très forte); un album qui peut être hyper propre en digital et réalisé d’une façon impeccable en haute définition mais qui n’offre tout son sens que sur vinyle.
Je vais le garder dans ma rotation digitale, mais je dois dire que le vinyle est l’unique version à avoir, et de loin!
On achète si on aime Danny Brown, Aesop Rock (et Hail Mary Mallon dont il est membre), Chance The Rapper, Earl Sweatshirt.
[NDLA: oui je me devais de mettre mon fusil antistatique pour vinyles sur la photo. Plus fort que moi]