Concept cinq minutes: Le matériel d’un disque vinyle

Caveat Emptor! Disque image, disque de couleur, disque 180g, acétate, gomme-laque, 45 tours, gravure demi-vitesse, vinyle vierge, minutes par face, qualité DJ, gravure à profondeur variable, disque de moulage à basse production, gravure directe sur métal, disque-épreuve, pressage Japonais, mono, Flex, Packburn et dbx. De quoi se tirer une balle!

Ce premier article traite du matériel utilisé pour la gravure! Suite la semaine prochaine avec les techniques!

Avant de parler de qualité de disques, relativisons! Un disque c’t’un disque! Et ici je vais donner mon argument massue pourquoi j’aime les disques vinyles: nonobstant que je capote sur la qualité, même si je fais plein d’articles chipotant sur un détail, une qualité digitale, un manque de basse, etc., la musique du disque vinyle va rester indéfiniment sur le disque, elle va toujours être lisible! Les seules exceptions sont certains bris physiques. Mais même si on laisse un disque à l’air libre, qu’il gondole un peu, qu’on y touche avec ses gros doigts sales et acides qui font fondre le disque, même si on l’égratigne un peu, qu’il se retrouve plein de poussières, le disque va toujours être lisible, même dans trois générations, et même celle d’il y a 100 ans! Svp rappelez vous que ça reste de la musique, ça reste une passion et une joie, et il y a un grain de sel à prendre. Bon. Maintenant que les règles de base sont établies … qu’est-ce qui change le son d’un vinyle?

Pourquoi on veut un disque plus lourd? Plus un disque est léger, plus il est facile à graver, moins ça coûte cher de procéder à sa gravure, moins on a besoin de grains de polyvinyle par disque, moins il va user le moule à son impression. Plus il est mince, moins on peut graver le sillon en profondeur (donc moins de signal potentiel), plus il va gondoler facilement, plus il va se déformer quand il va sortir du moule, plus il va se déformer à l’écoute (ça reste une pointe de diamant qui est écrasée avec une bonne pression sur un disque en plastique). Aujourd’hui, le format «standard» est 120g, ce qui est suffisant. 140g est potentiellement mieux, mais pour moi, les 180g usent beaucoup plus rapidement le disque moule de gravure, donc il y a potentiellement moins de qualité s’ils sont gravés en grande quantité. Mais…maismais, on aime un beau disque bien droit 180g qui est stable et ne gondole pas, Ça reste à peu près la seule raison. Se rappeler qu’il y a des 210g (!!!) et que dans les années 80, il y avait des 80g (!!! aussi), quand on ne parle pas de Flex, qui sont carrément flexibles (ça, ça descend la qualité!). Je vais faire sursauter bien des audiophiles qui ne jurent que par les poids des disques, mais traitez bien votre 120g, tenez vos disques droits et hors du soleil ou de la chaleur, rangez-les bien et il seront excellents. À ce point, les 180g, c’est de la frime marketing.

Et cChuck Berry (Picture Disc)es fameux disques photo, ou de couleur? Alors là, on tombe dans ce qui peut influer sur la qualité. D’abord, les disques photo, c’est beau, mais la qualité de musique ne va jamais être bonne. Au mieux, elle va être adéquate. La raison est simple: la gravure est d’abord faite sur deux disques Flex ultra-minces et transparents, avant d’être écrasés de façon traditionnelle avec une galette de vinyle centrale, une image sur papier et les deux disques de chaque côté. La musique gravée a donc droit à une impression, suivie d’un écrasement en règle, le tout sur un médium dur et de peu de qualité.

records-820591Pour les disques couleur, tout dépend de l’année. Aujourd’hui, on utilise à peu près le même polymère peu importe la couleur (de noir à coloré). Habituellement (il y a des exceptions – les disques parfaitement transparents par exemple), les disques de couleur modernes n’ont aucune incidence sur la qualité de ce qui y est gravé. Là où c’est plus difficile, c’est les disques des années 90 ou moins. Ces disques utilisent un plastique beaucoup plus dur, qui va souvent avoir plus de popcorn et de bruit de fond.

Pour les acétates et disques-épreuves (test press), on en pense quoi? Ces disques sont habituellement gravés directement à l’aide d’un graveur de disques vinyles. Les vraies acétates (qui ne contient pas d’acétate en passant) sont beaucoup plus fragiles que les disques traditionnels, et une grande quantité d’écoute va finir par réduire la qualité du matériel. Donc, d’un côté, c’est un disque produit en une seule copie, sans impression, avec la meilleure qualité audio possible. De l’autre, son écoute le détruit à petit feu. Je suis un fan de disques-épreuves personnellement, mais je dois en prendre le meilleur des soins afin de conserver la qualité maximale.

vinyl-761592Ok, et les vieux disques en gomme-lacque (shellac)? Ok, j’avoue sérieusement que je n’aurais pas trouvé la traduction française moi-même. Mais les vieux 78 tours sont faits en gomme-lacque, le même matériel que les vieux téléphones à cadran noirs. C’est un matériel très dur, sans aucune ductilité, mais qui conserve précisément sa forme. Vous l’échappez, il va briser! Aussi, SVP ne le nettoyez pas avec de l’alcool, vous allez faire fondre votre disque! Côté qualité, c’est un matériel archidur, et s’il y a un éclat sur le disque, vous risquez de détruire votre aiguille de diamant fin. Encore pire, les vieux disques  avaient parfois du sable dans le disque! Oui! Du sable! Pourquoi? Comme ça, le disque était plus dur que l’aiguille, et l’aiguille se faisait limer par le disque. On devait donc changer la pointe de son aiguille à chaque disque!!! Imaginez passer du papier sablé sur votre aiguille à 1500$ à pointe Van Den Hull. Je vous recommande d’acheter une aiguille spécialisée pour 78 tours si vous désirez jouer sérieusement de tels disques.

Un petit dernier pour la route. Du vinyle vierge, encore une autre patente! Pour fabriquer un vinyle, on commence avec des granules de polymère qu’on fait fondre afin de le former en une petite masse, et ensuite, on l’écrase entre deux disques de moulage. L’excédent de vinyle qui est coupé est ensuite réutilisé. Ça, c’est du vinyle vierge. Du vinyle qui ne l’est pas, c’est des vieux disques qui sont passés à la moulinette et dont le matériel est réutilisé, poussières et qualité approximative comprises. Ça c’est du vinyle recyclé. Avant, le vinyle avait un bon pourcentage de recyclé, sauf pour certaines éditions de luxe. Aujourd’hui, on utilise quasi exclusivement du vinyle vierge.