Parfois, le RSD essaie des choses. Parfois, ça fonctionne. Parfois, ça ne vend pas, même si c’est bien produit. Quelques petites critiques en même temps.
Album: I Need A Man! / La Vie En Rose
Artiste: Grace Jones
V.O.: Vinyles 1977
En test: 2015 Vinyle
Étiquette: Island Records
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Ce disque n’est plus disponible chez Fréquences. Il s’agit d’une édition limitée Record Store Day 2015. Toutefois, on peut en trouver à très faible prix en-ligne.
Ce n’est pas parce qu’un disque est une édition limitée que ça va fonctionner. Ce n’est pas parce que c’est une grande artiste qui ressort quelques uns de ses grands succès que ça va nécessairement fonctionner aussi. Ce disque, avec deux très bonnes chansons, n’a pas vendu. En fait, on peut toujours en retrouver des neufs à 2$ si on cherche un peu.
Aujourd’hui, à la place d’un article, je vous donne un petit guide de survie du RSD. Oui je sais, c’est dans d’un mois. Mais comme vous allez peut-être désirer faire des commandes spéciales, chercher des perles rares et qu’on va commencer à entendre parler des sorties sur les sites officiels (et les sites de rumeurs), je préfère prendre le taureau par les cornes et vous écrire quelques mots sur ce topo.
Avant tout, pour en terminer avec le disque de Grace Jones, sachez que la sonorité est excellente, la gravure sur disque 180g est parfaite, la sonorité est ’70s, le côté disco y est parfait, il est en 45 tours qualité DJ, c’est un parfait achat qui ne rougit en rien à ses versions d’origine de 1977. Je le sais, j’ai la version DJ du temps de La Vie En Rose, ainsi que l’album long-jeu de Grace Jones. S’il y a du numérique dedans, ils l’ont gardé de bon goût et je ne l’entends pas.
Mais malgré tout, ce disque est un exemple qui n’a pas cartonné. Certains disques sont des succès assurés. Certains disques sentent la passe d’argent. Certains disques seront boudés par les acheteurs. En fait, c’est l’envers de la médaille du RSD: il y a tellement d’offres que les collectionneurs ont l’embarras du choix et ne vont prendre que ce qui leur est nécessaire. Parfois, ils vont acheter pour vendre immédiatement suite à un battage médiatique important de la part des étiquettes. Parfois, ils vont acheter et attendre le gain à long terme. La seule solution pour le mélomane et de se poser la question: est-ce que je désire réellement ce disque?
Moi, je désirais une version plus moderne de La Vie En Rose, j’en avais deux copies de très bonne qualité comme je disais, mais j’étais curieux de ce qu’elle allait avoir l’air. Et je n’ai pas été déçu. Malgré que je l’ait payé à fort prix, j’en ai eu pour mon argent.
Si je donne une analogie avec le monde de la BD, il va parfois y avoir des éditions limitées avec un personnage féminin dénudé. C’est ce qu’on appelle du T&A (Tits & Ass). L’adolescent boutonneux va acheter la BD selon la couverture pour se faire avoir avec un contenu ridiculement mauvais. Parfois, il va donc y avoir du battage médiatique d’importance avec toutes les sonnettes d’alarme dont je vous avais précédemment parlé (180g! Édition limitée 300 exemplaires! Disque rose! …). Il faut être capable de passer outre cette urgence d’agir et se poser la question si à la base on désire réellement cet album.
Album: Say Say Say (2015 Remix)
Artiste: Paul McCartney et Michael Jackson
En Test: 2015 Vinyle
Étiquette: Concord Music Group
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Ce disque n’est plus disponible chez Fréquences. Il est toutefois encore possible de l’acheter au prix d’origine.
Parfois, les disques manquent d’information lors de leur commande. En effet, sur le site du Record Store Day, il est parfois uniquement écrit le titre et parfois ils omettent de mentionner qu’il s’agit d’un remix de la chanson d’origine. Ce n’est pas que le remix soit mauvais en tant que tel mais ce n’est pas la version originale. Mais parfois, malgré l’idée de la nouvelle version, le disque peut quand même cartonner. Il faut se rappeler du décès de Michael Jackson il y a 8 ans, il faut aussi se rappeler que Paul McCartney est bien vivant, fait encore des spectacles et est en pleine possession de son répertoire musical. Peut-être qu’on ne retrouve pas ici une version nostalgique d’origine de Say Say Say mais s’il a décidé de sortir ce disque, c’est que c’est lui qui l’a décidé et personne d’autre, remix de DJ ou non.
Côté sonorité, la chanson est excellente. Ça reste un travail numérique mais le disque est fort bien produit, bien gravé et de bonne qualité. Rien à y redire encore une fois.
Album: Bohemian Rhapsody
Artiste: Queen
V.O.: 1975 Vinyle, EMI
En Test: 2015 Vinyle
Étiquette: Virgin EMI Records
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Parfois, on a droit à une version 40e anniversaire d’un succès, repris sur vinyle en simple et avec toute la qualité du monde (encore une fois, côté sonorité, c’est parfait, enregistré à demie-vitesse à partir des masters). Ils ont pris le temps de refaire une version d’un grand succès d’un groupe et l’ont sorti pour le Record Store Day. Toutefois, ils ont pris le temps d’en produire assez d’exemplaires pour satisfaire tous leurs fans. Si c’est pour faire de l’argent, ce n’est habituellement pas un bon coup. N’empêche que ce disque est une valeur sûre pour la qualité. Beau travail et contrairement à Say Say Say, on a droit à la version qu’on adore. La question à se poser est est-ce nécessaire? Je crois qu’on peut survivre à une année ou deux sans Bohemian Rhapsody. Malgré tout, je ne regrette pas l’achat.
D’ailleurs, il est important de noter la différence entre les différentes sorties au RSD.
Il y a les disques exclusifs au RSD. Normalement, ils sont supposés rester exclusifs, quoique parfois les étiquettes trichent et font une version verte exclusive mais sortent peu après une version sur vinyle noire qui sera disponible de façon illimitée.
Il y a les disques avec sortie exclusive lors du RSD. Ça veut dire que si vous désirez l’obtenir en premier, c’est au RSD. Mais quelques semaines après, ils vont le sortir de façon généralisée.
Il y a les disques qui sortent le même jour que le RSD. Ce ne sont pas des sorties pour le RSD en tant que tel, mais certaines étiquettes désirent sortir des disques le même jour afin de profiter de l’engouement.
En d’autres mots, ce n’est pas parce que ça sort lors du RSD qu’il y aura un intérêt commercial. Parfois, c’est une entreprise qui désire juste faire de l’argent rapidement et profiter de l’engouement vinyle pour nous sortir des disques trop dispendieux d’une bouse que personne ne voudra écouter. Parfois, malgré les 50 copies vendues lors du RSD, on pourra retrouver ce disque partout quelques semaines après, sans aucune différence. Parfois, c’est un disque qui a été réalisé exclusivement pour le RSD, mais à quelques petites différences près de la version qui est couramment vendue.
Mais pour ne pas que dire des méchancetés sur les étiquettes qui travaillent extraordinairement fort sur leurs offrandes pour cette grande messe bisannuelle du vinyle, il y a parfois un but un peu plus noble, soit de tâter le terrain afin de voir si le marché désire une telle sortie ou non. Ils en font donc une version limitée à 200 exemplaires, voient si ça fonctionne bien et en sortent de nouveau s’il y a intérêt. Pas extra pour que les collectionneurs fassent de l’argent mais parfait pour que tout le monde puisse profiter d’un petit bijou.
J’ai pris le temps, dans cet article, de vous faire part de micro-critiques de plusieurs disques qui ont étés produits avec passion et joie, avec intérêt et bon goût. Rien dans ce que je vous ai montré n’est mauvais. Ce sont des passionnés qui ont pris le temps de faire des versions ultimes. Mais ces disques ne sont pas devenus des classiques indispensables à 300$ inachetables. Parfois ils sont encore disponibles chez votre disquaire une année après, voire deux ans après! Passé la journée folle du RSD, on peut habituellement voir la majeure partie des offres au même prix chez les disquaires ou en ligne. Et en rétrospective 2-3 ans après, certains sont dans les boîtes à 1$.
Avec tout ça, pourquoi j’irais acheter des disques lors du RSD? J’achète des disques parce qu’ils me plaisent, parce que j’ai un engouement pour une sortie. Et parfois parce qu’il faut essayer des choses. Et surtout, parce que si vous décidez de ne pas acheter quelque chose en vous disant que vous pourrez toujours l’acheter plus tard, peut-être que vous allez être pris à débourser 1000$ afin d’avoir le disque rare que vous auriez réellement aimé avoir. Qui aurait dit que le box set de Cake allait devenir si populaire et dispendieux?
Et qui aurait dit que tant de gens auraient aimé avoir la copie de My Happiness de Elvis Presley en 78 tours, au point où ils en ont fait plusieurs centaines de copies alors qu’il était hyper rare non-disponible commande ultra-spéciale et qu’il fallait être super chanceux afin de l’obtenir?
C’est pour ça que je vous recommande de faire votre liste d’épicerie selon ce que vous allez réellement désirer, peut-être y ajouter un ou deux disques louches … mais surtout parlez à votre disquaire favori. Si vous êtes un habitué, il va vous recommander des choses intéressantes selon vos propres goûts et habitudes d’achats.
Aucun des disques présentés ici n’ont étés des achats impulsifs. Ce sont tous des disques que je désirais avoir afin de les écouter (ou pour leur intérêt de curiosité – comme My Happiness). Aucun de ces disques ne sera vendu. Si je m’en départis, ce sera peut-être un jour pour les donner à mes amiEs. Aucun de ces disques n’a été acheté pour l’argent en tant que collectionneur même si c’est amusant de savoir que certains de mes disques valent trop cher pour la vie quand d’autres valent moins que le prix acheté.
Bonne chasse aux disques! J’ai hâte de prendre un café avec vous dans la file d’attente le matin du RSD!