2018: Jungle – For Ever

La Brit-soul se porte très bien, merci!

Album : For Ever
Artiste : Jungle

En Test : 2018; Vinyle en encart; Édition limitée jaune

Étiquette : XL Recordings; XL927LPX

Acheter le vinyle édition limitée jaune chez Fréquences

Acheter le vinyle chez Fréquences

Acheter le CD chez Fréquences

Le titre Jungle est bien commun chez les groupes de musique, alors il faut réellement ne pas avoir peur de la qualité de son produit pour utiliser une telle marque de commerce. Il faut dire que le duo londonien composé de Josh Lloyd-Watson et de Tom McFarland a été signé par XL Recordings assez rapidement, malgré que les deux instigateurs ne soient pas réellement connus dans la sphère musicale, c’est un signe assez clair qu’ils doivent faire quelque chose de bien. D’ailleurs, ce n’est pas une erreur que vous ne connaissiez pas le groupe, ils n’ont que peu joué au Canada, et leur premier disque éponyme date déjà de 2014. Malgré que celui-ci ait fait une belle prestation sur les palmarès, le groupe est bien loin dans nos esprits.

Et c’est quoi, un Jungle britannique en 2018? C’est du soul avec des touches d’inspiration provenant d’un peu partout, de Jamie XX, une petite touche Blood Orange, mais surtout des inspirations : électropop à la Capital Cities, peut-être une touche de Thom Yorke, un côté lyrique à la Kurt Vile. C’est un collectif qui fait dans la soul moderne, clairement inspiré du rap américain, mais avec la touche de Londres qu’on aime fort. Bref : c’est un peu de tout!

Et pour le disque, XL Recordings mous a habitués à des gravures impeccables. C’est encore une fois le cas ici, avec une très belle impression, et malgré plus d’une vingtaine de minutes de musique par côté, ils n’ont pas coupé sur la quantité de basse (on a juste à penser à la première chanson de la face B, House In LA) et la qualité de la gravure. Le volume est très bas, mais (peut-être que je suis chanceux) je ne perçois pas beaucoup de bruit de fond et la musique est bien équilibrée sur le disque. En même temps, il y a un côté froid au disque, qui fait presque penser à un CD. Lire que le côté numérique y est omniprésent. Le matriçage de Matt Colton est néanmoins excellent et on s’accroche au groupe. Un beau et bon disque à découvrir!

2018: Black Moon Boys – Nuthouse !

Le rockabill’ est bien vivant au Québec!

Album : Nuthouse !
Artiste : Black Moon Boys

En Test : Vinyle; 45 RPM

Étiquette : Rebel Music Recordings; RM 12011

Ce disque est disponible en précommande pour le 24 novembre 2018!

Acheter le disque vinyle chez Fréquences

Une autre de mes passions est le rockabilly. J’ai bien entendu mes favoris, entre autres, ce que nous font découvrir Keb Darge et Little Edith dans leurs compilations légendaires. Mais aussi ceux qui se la donnent pour la totale encore aujourd’hui pour faire plaisir aux fanatiques des années plus ou moins 50. La sous-culture du rétro et du vintage y est pour rester! Et le dernier groupe en vogue est les Black Moon Boys, qui vont sortir leur premier disque ce vendredi.

Petits derniers? Ou un groupe qui aurait dû exister bien avant? On peut penser à Marc-André Pilon aux micros, qui a été batteur et qui était connu comme le « gars rockabilly » du groupe punk rock Ordures Ioniques, mais aussi auteur et professeur. À Eric Sandmark à la batterie, qui multiplie les projets rockabilly, entre autres avec ses RumblersOlivier Pomerleau, greaser et bassiste sous plein de projets liés à la culture 50’s. Et un tel groupe n’en serait pas un sans introduire un membre au panthéon de la musique québécoise : Jeff Ray Holmes à la guitare sur son premier vinyle!

Premier disque nécessaire? Surtout après trois longues années de plaisir à faire des spectacles un peu partout, donner des spectacles avec quelques-uns de nos grands du rockabilly (on peut penser aux Greasemarks et aux Hellbound Hepcats pour ne nommer qu’eux). Bref : il commençait à être temps qu’ils le sortent, leur disque.

Et ils savent bien s’entourer, ce ne sont pas des deux de pique. Michel Dagenais, capoté notoire des 50’s, réalisateur et propriétaire et studio depuis plus de 30 ans, et le tout endisqué sur la célèbre maison allemande spécialisée en rockabilly, Rebel Music. Non, sans blague, on va en entendre parler. On en entends parler, avec entre autres l’excellente critique de Sylvain Cormier au Devoir

Côté disque, parce que je dois bien entendu faire mon travail de critique vinyle, c’est un superbe disque 45 tours de plus de 30 minutes, bien gravé et bien réalisé. Très clairement numérique et maximisé numériquement. On remarque que le volume est dans le tapis constamment, ce qui fait « waver » les instruments, où on perd la basse ou la regagne dépendant du volume ambiant, où les intros qui vont jouer vraiment plus fort que les pièces musicales elles-mêmes. En même temps… je vous retourne sur les années du jump blues, du rockabilly, et même du rock n’ roll : le but est que ça torche. Les 45 tours étaient maximisés avec les moyens du bord, les VU dans le tapis, la distorsion pour en donner encore plus, les tape echo pour garder encore plus de présence musicale, tout pour que les gens entendent notre succès dans le jukebox. Bref : est-ce un crime de lèse-majesté que de désirer un volume maximal sur ce style de musique? Et ne vous inquiétez pas, le numérique ne s’entend pas tant que ça. En fait, ce qui s’entend surtout, c’est la quantité de lampes (ça sent le rack à effets vintage), de micros à condensateurs et de réverbération à ressort. Totally nuts!

Si vous désirez vous déhancher, leurs lancements officiels se font à Montréal le 24 novembre 2018, à Sherbrooke le 7 décembre 2018 et à Québec le 8 décembre 2018!

2018: Oh Sees – Smote Reverser

Les obsessifs compulsifs de retour en gothique!

Album : Smote Reverser
Artiste : Oh Sees

En Test : 2018; Vinyle double jaune transparent; 45 tours

Étiquette : Castle Face; CF-110

Acheter le disque vinyle chez Fréquences

Acheter le CD chez Fréquences

Je dois bien l’avouer, je suis un fan des Oh Sees. Même si ça fait un petit bout, je ne peux dire que je suis admirateur depuis leurs débuts, en fait, ça fait plus de 20 ans qu’ils roulent leur bosse sous diverses formes. À leurs débuts en tant que Orinoka Crash Suite, projet solo de John Dwyer, on est plus dans l’expérimental, avec des albums sans titre de pièces musicales, au début acoustiques, et ensuite en bruit pur. Tiens, en aparté, non, Oh Sees, ça ne veut pas nécessairement dire les obsessifs, en fait, ils ont utilisé plusieurs pseudonymes, dont Orange County Sound (leur résidence en Californie), mais qui sont-ils pour nous dire quoi penser, je crois qu’eux-mêmes apprécient le jeu de mots, et ils apprécient surtout de changer de nom chaque seconde. Parfois Thee Oh Sees, parfois OCS, parfois un titre, parfois l’autre.

Plus tard dans leur évolution, le côté rock garage se fait assumer dans son entièreté. S’y ajoute une facette punk plus prononcée, mais toujours garage, suivi d’une vague Krautrock. C’est d’ailleurs là que je les ai découverts il y a une dizaine d’années avec leur EP Warm Slime. Tenez, faisons-nous plaisir.

Ils sont fous et assumés fous! Dans mes années photographie, j’avais même eu la chance d’aller les voir en spectacle. Vous donner une idée de l’énergie de leurs spectacles :Michel Donais photographe: 2011-10-20 Thee Oh Sees &emdash;

Bref, ce n’est pas un groupe commun. Ils font dans le garage, punk, psychédéliques, dans le très heavy, mais aussi dans le grandiose. Et ce dernier disque est dans la grosse déchire assumée : c’est une poussée garage hard rock aux accents début 1970. Smote Reverser, c’est aussi un de leurs meilleurs disques selon les critiques. D’ailleurs, leur discographie est réellement imposante, ils produisent plus d’un long jeu chaque année, et il n’y a pas réellement de mauvais disque dans leur production, c’est du Oh Sees, ils travaillent d’arrache-pied et ça paraît. S’asseoir sur leurs lauriers, ce n’est pas eux!

Et ce disque est aussi un disque de qualité. Je ne suis pas un si grand admirateur des 45 tours quand il y a plus de dix minutes sur une face. Je pense au chef-d’œuvre Synthetica de Metric qui a été produit en 45 tours, et, oui, on y retrouve une sonorité propice au rock et à la déchire, mais ça oblige une compression qui n’est peut-être pas la bienvenue. Ça donne une certaine sonorité, où il manque des hautes fréquences, mais où elles sont tout de même présentes, où la musique est plus aérienne et légère à cause de la vitesse de rotation, mais plus compressée et compacte à cause du manque d’espace pour les sillons. Bref : je ne suis pas convaincu que c’est mieux qu’un bon 33 tours avec tout l’espace pour déplier ses ailes. Mais c’est un style, et je ne déteste pas. Le disque a toute une sonorité d’ailleurs. C’est à recommander autant pour l’objet qui est superbe, la quantité d’extras dans la pochette, mais aussi pour la reproduction qui est excellente.