Réimpression Compilation 2016: Minor Threat

Le mouvement Straight Edge revient nous voir sur cet album punk rock, réédité pour notre plus grand plaisir.

Album: Minor Threat
Artiste: Minor Threat

Compilation de deux albums:
– 7″ Vinyle: Filler, Dischord 3 (1983)
– 7″ Vinyle: In My Eyes, Dischord 5 (1981)

Étiquette: Dischord Records
Dischord 12

Acheter le disque vinyle chez Fréquences

 

J’aime parler avec les passionnés. Hier, je passais chercher quelques disques chez Fréquences quand j’y rencontrai un passionné de musique punk hardcore de passage à St-Hyacinthe pour aller écouter un spectacle au Bar l’Anti avec Pulse, Scars of Disgrace, Becoming the Bully, A Life Forsaken et Requiomend. J’ai demandé à Charles «si tu avais un disque à me proposer, ça serait quoi?» et j’en suis ressorti avec deux albums finalement: un album de Face To Face et celui-ci de Minor Threat. Le très gros désavantage d’aimer pas mal tous les styles, c’est de ne pouvoir creuser dans aucun style et d’avoir des trous béants dans ses connaissances. Les «hannn! Tu ne connais pas Minor Threat?!?!» sont des réactions normales pour moi pour tous les styles de musique. Merci Charles pour la découverte! Et c’est à cause que des passionnés sympathiques décident de parler et faire découvrir leurs styles musicaux préférés que je peux en connaître plus sur les différents mouvements musicaux de la planète.

Alors pour ceux qui comme moi ne sont pas des férus du Hardcore, ce groupe est le début du mouvement Straight Edge, suggérant de ne pas boire d’alcool ni de prendre de drogue. On parle d’il y a 35 ans ici! C’est un groupe hardcore dans le plus pur mouvement du No Future. Leurs membres ont aussi fondé à la fin des années 70 leur propre étiquette de disque, Dischord Records, qui est encore active aujourd’hui. Ces derniers se spécialisent dans les styles underground de Washington, de mèche avec le Inner Ear Studios qui en 1978 a débuté ses enregistrements dans le sous-sol du propriétaire avec Minor Threat justement. On voit ici le début du mouvement beaucoup plus dur des punk (qui était déjà hard à la fin des années 70… mais ici on parle d’une solide coche de plus), mais aussi leur début en tant que producteurs, de musiciens, de «disséminateurs» de leur style de musique. C’est aussi tout un palier de musique totalement souterrain, ne touchant pas les grosses productions, et vendant leurs propres disques lors de leurs spectacles. C’est un style de musique qui a particulièrement accroché à Montréal, beaucoup de bars se sont spécialisés dans ce style, beaucoup de nos punks ont accroché à la musique de ce genre. On a eu notre lot de Foufounes électriques, de bar Le Loft et de petits bars souterrains.

Et en parlant d’investissement, leurs disques d’origine, 7 pouces avec quelques chansons par face (bonjour la qualité) se vendent aujourd’hui dans les centaines de dollars, voire des milliers de dollars pour les très rares versions épreuves. [NDLA: je sors tous les préjugés, justifiés ou non, dans ce paragraphe] Pour du punk hardcore fait par des gars se tapochant dessus dans leur garage avec des chansons d’une minute trente contre l’autorité, autoproduits avec du swag en vente dans des spectacles de gens qui vont se servir de leur disque comme frisbee pour leur chien, c’est quand même pas mal!

Bref … la qualité … Il faut se rappeler que la version d’origine, c’est deux 7 pouces, un avec deux chansons par face, l’autre avec quatre chansons par face! Et il faut se rappeler que c’est l’unique façon que les gens avaient d’acheter ce disque: pas de cassette, pas de 12 pouces. Bref: le punk rock, le but n’est définitivement pas la qualité. N’empêche que Dischord a fait la bonne chose en mettant leurs deux premiers disques sur un seul 12 pouces, un par face, en 45 tours. Il y a tout l’espace pour jouer les hautes fréquences des guitares électriques avec qualité. Il y a une claire différence d’ailleurs entre Filler (qui a le succès Straight Edge sur la face A), plus sourd et compressé, et In My Eyes (la face B), qui respire un peu plus côté volume, laisse plus la chance aux musiciens de s’exprimer. Mais la qualité du disque y est: on retrouve la même ambiance d’origine, on retrouve la même force et énergie, les paroles et instruments sont clairs, c’est dans ta face comme prévu. Les fans vont s’y retrouver; ceux qui ont un intérêt vont (re)-découvrir ce qu’ils aiment et recherchent. Aucun artifice, du bon stock début ’80.

On achète si on aime Black Flags, Dead Kennedys, Rites of Spring, Hüsker Dü, Suicidal Tendencies, The Stooges, Rancid.