Les nouveaux (ou moins) albums quebs (ou moins): Première partie

Il fait enfin beau, chaud, c’était la Saint-Jean, et une petite semaine de repos et de relaxation. Quoi de mieux comme beau moment pour réduire un peu mon mur de la honte, et faire le tour des disques québécois qui sont sortis récemment ainsi que quelques perles des bonnes vieilles années ?

Go ? Go !

2016: Émile Bilodeau – Rites de Passage

Artiste: Émile Bilodeau
Album: Rites de Passage

En Test: 2016; Vinyle

Étiquette: Grosse Boîte; Dare To Care; DTC5-4651

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En 2016, c’était l’année du chansonnier Émile Bilodeau. Et 2017… et 2018… et 2019… Parfois, un simple disque peut tout changer pour un artiste. Les enfants ici chantent « J’en ai plein mon cass » depuis quelques mois, et c’est sans compter les autres chansons, crues, réelles, un peu en rap, un peu hip-hop, mais chansonnier à guitare. Un disque, une révélation Radio-Can, quelques prix, et une tournée perpétuelle depuis ce temps. Il y a bien des années, Charlebois avait dit que les disques, c’est une carte d’affaires pour artistes, afin d’obtenir le privilège de faire des spectacles partout au Québec. C’est définitivement ça pour Bilodeau. Depuis, un nouveau vidéoclip, une nouvelle chanson, mais aussi de nouvelles chansons qu’on peut écouter si on va à ses spectacles.

Pour le disque vinyle, il n’est plus vraiment en circulation, il n’y en a plus beaucoup, mais il y en a assez pour l’acheter neuf si vous le commandez. Ça se trouve ! Et côté vinyle, c’est un Dare To Care, alors c’est habituellement bien réussi ! Il y a des petites passes guitare voix à faire plaisir aux audiophiles, mais surtout, un bon disque à écouter. Beaucoup de musique par face, alors la qualité s’en ressent parfois. Si je compare avec Ed Sheeran avec un style similaire, qui toutefois fait des disques doubles, il y a une perte nette. Mais le disque est tout de même très bien réussi. On achète pendant qu’il se trouve encore.

Qualité du vinyle: 7/10


Réédition 1968/2011: Les Maledictus Sound

Artiste: Les Maledictus Sound
Album: Les Maledictus Sound

V.O.: 1968; Vinyle; Canusa; CLJ-33-113

En Test: 2011; Vinyle en encart

Étiquette: Mucho Gusto; MGLP001

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Ouais, c’est Français, et pas vraiment en même temps. Création de Jean-Pierre Massiera, l’inventeur du prog rock french touch, et un des premiers exemples d’échantillonnage connu (on y retrouve en effet quelques passages de la bande sonore de Pierre Henry et Michel Colombier), le disque a été produit très rapidement par Canusa au Québec. Oui oui, l’étiquette de Tony Roman lui-même, parce que ce dernier a été coproducteur et co-idéateur de cet enregistrement disjoncté ! Et encore plus, on a droit à l’introduction de Guy Cloutier en arrière de la pochette aussi !

L’étiquette Mucho Gusto a rapidement mis la main sur les bandes, et en 1999, ils ont sorti le seul exemplaire CD de ce chef d’œuvre de musique improvisée à grand déploiement. En 2011, ils ont aussi sorti une nouvelle version vinyle pour notre plus grand plaisir. Bref : c’est peut-être européen, mais c’est une belle histoire d’amour avec le Québec. Dans nos cordes !

Et le vinyle n’a pas été fait en cinq minutes, très belle réalisation à partir des bandes originales, écoute enjouée, ça s’amuse, c’est yé-yé, c’est orchestral, ça s’écoute parfois bien, parfois mal, parfois avec une sonorité vieillie. Mais somme toute, c’est le pied. On est dans un monde « 60s total sans anachronisme.

Qualité du vinyle: 8/10


Réédition 2003/2018: Arcade Fire – Arcade Fire

Artiste: Arcade Fire
Album: Arcade Fire

V.O.: 2003; CD; Autoproduit; AFCD001

En Test: 2018; Vinyle en encart numéroté (#05589); Autoproduit; Record Store Day 2018; 19075801831

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Dans nos artistes internationaux qui ont travaillé d’arrache-pied pour arriver où ils sont aujourd’hui, il y a bien Arcade Fire. Premier disque en production personnelle, chansons un peu n’importe quoi, voix incertaines, n’empêche qu’il y avait « quelque chose » qui a plu dès ce premier disque à Merge Records, qui les a signés pour leur premier vrai album, Funeral, quelques mois plus tard. Et à partir de ce moment, gros succès, meilleur album, la totale. Mais comment suivre un tel succès ? Se relever les manches et travailler encore plus afin d’avoir un excellent disque, Neon Bible… et ensuite The Suburbs. Tous des disques qui sont incroyables de qualité. Mais le tout a débuté avec ce premier petit disque, EP, tout simple.

L’an passé, Arcade Fire a sorti leur premier disque, leur tout premier bébé, pour la première fois en vinyle. Une primeur Record Store Day, et un bel achat pour les passionnés du groupe. De couleur bleu transparent très foncé, le vinyle est légèrement bruyant, mais rend parfaitement bien l’atmosphère de ce premier et court opus. Je crois que je n’ai simplement pas été chanceux à la loterie des disques, probablement que j’ai une copie avec plus de bruit de fond que la moyenne, mais j’ai apprécié le disque quand même. Pour admirateurs, mais bel objet et bonne écoute.

Qualité du vinyle: 6/10


Réédition 2018/2019: Hubert Lenoir – Darlène

Artiste: Hubert Lenoir
Album: Darlène

V.O.: 2018; CD; Simone Records; SMCD041

En Test: 2019; Vinyle numéroté marbré bleu (#181/1000)

Étiquette: Simone Records; SMLP041

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Je vous ai récemment parlé de Kid Kouna et de sa production folle aidée par P572Hubert Lenoir, a poussé à l’extrême leur patience avec un disque disjoncté : instantané collé (plusieurs variations), numéro de disque écrit au crayon de sang, pochette imprimée à l’intérieur comme à l’extérieur, enveloppe plein de trucs dont un Polaroid, plusieurs couleurs de disques, en veux-tu ? En v’là ! Mais parlons un peu de Hubert Lenoir. Un de nos originaux, jeune, joyeux, différent, l’âme autant punk rock avec une liberté faisant penser au New Wave des années 80. Oh que les matantes ne l’aiment pas, notre Lenoir national. Moi, justement c’est ce que j’aime : on ne parlerait plus de Ziggy Stardust s’il était en veston-cravate. On ne parlerait plus de Lou Reed et son Walk on the Wild Side s’il n’était pas si urbain et cru. Je ne pense pas que Hubert Lenoir soit là pour la polémique, je crois plus qu’il a décidé d’être lui-même, et de faire passer ce qu’il est, peu importe comment ça sort. Darlène, premier album primé avec raison !

Et le vinyle, c’est le disque qu’il fallait acheter lorsqu’il était disponible. Pas une production parfaite, justement les disques vinyle méritent parfois avoir quelques ajustements, dont les de-esser, à cause que les fréquences très élevées causent des problèmes à la gravure et à la reproduction, noyant tout sur son passage. C’est visible surtout avec Recommencer. Mais une écoute parfaitement honnête avec tout ce qu’on aime des vinyles : l’objet est incroyable et l’écoute est dérangeante de vérité.

Qualité du vinyle: 7/10


2019: Jean Leloup – L’étrange pays

Artiste: Jean Leloup
Album: L’étrange pays

En test: 2019; Vinyle

Étiquette: Grosse Boîte; Dare To Care; DTCLP4446

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Encore une autre semaine ! C’est le refrain qui a été entendu par les disquaires, la ritournelle à chaque semaine que le vinyle d’existait toujours pas. Lancement du disque, sans disque ! Juste la version CD qui y était. Ceux qui me lisent sur le magazine TED en ligne savent que j’ai fait une entrevue avec René Laflamme, fier ambassadeur de Nagra et celui qui gagne à peu près tous les prix de meilleure sonorité dans chaque salon audiophile où il se présente. J’ai aussi récemment fait une critique de son premier disque vinyle et le défi de la qualité sonore pour les disques vinyle. Je sens que c’est un peu la même chose avec ce disque : on a droit à un Jean Leloup qui s’enregistre de façon intime, presque en direct, avec un équipement minimaliste. Un enregistreur Nagra, un enregistreur Aaton, des câbles Luna, quelques micros, et rien de plus. Mais pour conserver le maximum de qualité, j’ai vraiment l’impression que Dare To Care a pris son temps et s’est assuré que le vinyle soit impeccable.

Impeccable ? Non, j’ai un peu trop de bruit de font qui provient clairement de la gravure, surtout sur Les Goélands. Et je n’ai pas l’impression que c’est l’impression subséquente qui cause ce problème, j’ai vraiment plus l’impression qu’il s’agit d’un problème à la galvanoplastie initiale, le disque était très silencieux dans les passages silencieux, mais il perd de la solidité sur les moments musicaux complexes. Ceci dit, le disque est l’un des meilleurs que j’ai entendu récemment. Presque parfait !

Qualité du vinyle: 9/10

(NDLA: Je suis fier possesseur de câbles Luna, suis ami avec les manufacturiers qui travaillent à la main, gagnant prix et accolades à travers la planète – et un jour, j’aurai ma Nagra IV-S! Bref, je suis biaisé!)

2019: Kid Kouna

Du punk trash pour enfants?!

Artiste: Kid Kouna
Album: Kid Kouna

En Test: 2019; Vinyle

Étiquette: Padoum; P01

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Pour ceux qui me lisent depuis des années, vous le savez : j’aime les bibittes ! Et ça tombe bien, Keith Kouna, le grand frère de Kid, est toute une bibitte de notre paysage médiatique québécois. Il fait dans tous les styles, tous les genres avec ses projets, va dans le consensuel plus convenu, mais aussi dans le punk rock avec ses fantastiques Goules qu’il a ravivées en 2016 (voir mon article à ce sujet). Kouna, c’est un fort sympathique et passionné électron libre… et un électron libre papa.

On a eu droit à la découverte de Kid Kouna en octobre 2018 lors du fantastique Cabaret Dada Love du Festival Phénomena, petite apparition de ce nouveau personnage déjanté qui y va de tous les styles musicaux et qui traite de tous les sujets tabous pour les enfants. Que ce soit de l’histoire d’un renard trop futé (Padoum, dont le titre de la chanson est aussi le label de production du disque) ou la mauzusse de dernière voyelle pas rapport (Voyelles.)

Capture provenant du vidéo d’extraits du festival Phénomena 2018

Kid Kouna, c’est aussi un disque entièrement autoproduit et autogéré : aucune distribution autre que des visites chez les disquaires pour remettre quelques-uns des mille CD et des trois cents vinyles. Il faut vraiment croire en son projet pour se lancer dans une telle aventure. Épaulé, bien sûr, par beaucoup de ses petits amis découverts dans les différentes garderies : le P572 des Goules avec Sam Murdock, le Team Pochette et compagnie (aussi responsables du disque vinyle de Hubert Lenoir) ; Frédéric Desroches qui a aussi participé à son dernier Bonsoir ShérifMartien Bélanger à l’enregistrement, avec qui il travaille depuis les Bombes; et bien sûr, Richard Addison, qui s’est tapé de faire un tout cohésif de tous ces genres musicaux étranges.

Comme d’habitude, je ne me permettrai pas de critique musicale, mais je peux tout de même dire que je me suis amusé en sale à écouter ce disque. Côté qualité, on a droit à une trifecta : un bel objet, un matriçage de Addison qui laisse respirer et ne nous maximise pas tout, et une très bonne gravure. Ma fille a dansé sur beaucoup des chansons ! On le voit juste à l’ouverture du disque à quel point c’est un travail d’amour, et cet amour se poursuit à l’écoute. Il y a quelques légères carences de volume coté basse qui apparaît soudainement bombant et parfois ténue. Les styles musicaux variés exigent une présentation différente à chaque chanson ce qui rend l’album légèrement inégal. L’écoute active en est légèrement affectée, mais l’écoute de party avec les enfants, c’est le pied ! Le vinyle n’est pas nécessaire en tant que tel, mais il ajoute une très belle touche et tonalité. Premier disque vinyle trash de vos enfants ?

Qualité du vinyle: 8/10

2019: Dream Theater – Distance Over Time

Le retour métal attendu de Dream Theater!

Artiste: Dream Theater
Album: Distance Over Time

En Test: 2019; Vinyle double; Édition limitée, disque noir

Étiquette: Inside Out; Sony Music
19075925631

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Dream Theater est un des précurseurs du métal progressif et un des groupes dont le style a le plus été copié. On pourrait presque considérer que le groupe n’a pas de style tellement il ratisse large. Que ce soit du symphonique, du rock progressif, voire même du rock populaire, qu’il y ait des parties plus ambiantes (le Dream doit bien apparaître quelque part) ou émules de speed metal, c’est métallique à souhait. Commercial aussi avec tout ce qui peut déplaire aux « vrais » métalleux, soit le manque de chant guttural, les effets, les claviers, les guitares nettes. C’est vrai que le groupe est d’abord progressif, et ensuite métal. Mais que de les reléguer aux oubliettes serait une erreur majeure. Et juste pour les musiciens incroyables du groupe, ça vaut la peine de les écouter, sans compter les très bonnes compositions. C’est fait pour de grands stades. C’est épique, héroïque, fait pour le head banging, et fait pour idolâtrer les musiciens prodiges ; on s’imagine le spectacle de lumières sans même le voir !

Ça faisait plus de deux ans que le groupe de l’incroyable guitariste John Petrucci se ressourçait. Pas de spectacles, pas de tournées, pas de nouvelles. Jusqu’à, enfin, l’annonce d’une tournée et d’un nouveau disque. Ce disque est le digne successeur de tous les autres disques avec Mike Mangini aux percussions, soit un très bon disque, fait pour faire plaisir aux admirateurs (et faire découvrir le groupe à de nouvelles personnes), mais qui ne change pas radicalement la recette. Ce n’est pas leur Train of Thought de 2003 où ils en ont mis plein la vue à leurs admirateurs métalleux, mais ils quittent quand même le côté progressif pur des derniers albums pour s’aventurer côté métal sur certaines pièces, ce qui est vraiment le bienvenu. Et quelles bonnes compositions ! J’ai Paralyzed dans la tête depuis la sortie du disque.

Et côté vinyle, c’est un peu ce que je reproche à la majeure partie des albums métal, soit que c’est très violemment compressé, avec deux volumes : le volume à briquets et le volume de déchire. Les instruments se perdent un dans l’autre tellement ils désirent avoir la sellette. La gravure est très adéquate, mais comme le tout a été compressé en numérique auparavant, ça empêche d’avoir un attachement à la musique. La prochaine fois, ça serait vraiment cool que le groupe prenne le temps d’utiliser les services d’un des grands de la gravure vinyle, et non simplement le mettre sur disque avec le premier service de gravure disponible.

Qualité du vinyle : 6/10 — il y a le superbe kit avec Blu-Ray, considérez donc cette version qui est hautement satisfaisante à la place !

2019: Flying Hórses – Reverie

Les rêveries métal néoclassique!

Artiste: Flying Hórses
Album: Reverie

En test: Vinyle; 2019

Étiquette: Bonsound; BONAL066

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Projet néoclassique de Jade BergeronFlying Hórses entre dans le tumulte présent chez les disquaires à propos de ce style. Rien qui va jouer sur la radio Top 40 ici! On a eu droit récemment aux excellents Stréliski et Blais, qui sont purement dans le style néo convenu. Mais ici, on est loin de ce compte! Si je devais donner d’autres artistes dont le style se rapproche beaucoup plus, je devrais plus m’expatrier et aller voir un Sigur Rós plus rock qui irait dans le classique, peut-être l’album drone-death metal Terrestrial de Sunn O))) et de Ulver, mais surtout Ólafur Arnalds, qui a un côté disjoint et sortant des sentiers battus beaucoup plus assumé. Il y a une petite touche répétitive et minimaliste rappelant un peu Philip Glass dans ses propositions, et un orchestre disjoncté ultra-dark près du Chants des marais et des morts de Mathieu Bellemare. Rien n’étonne quand on sait que Jade a passé quelques années en Islande pour créer ses disques, a côtoyé Sigur Rós justement, et possède de façon innée ce côté métallique très sombre qui est l’adage de nos amis vikings.

Son premier CD, Tölt, nous présente un voyage dans les souvenirs et de grandir en tant que mouton noir. Ce disque a fait boule de neige internationalement, ce qui a permis à Flying Hórses de jouer dans les festivals les plus prestigieux à travers le monde. Le deuxième disque, Reverie, a été produit suite à une rupture amoureuse. L’atmosphère lourde y est, malgré le fait que ce soit un disque empreint de tendresse et d’intimité. Il y a juste une petite partie faisant mal et qui est en dissonance qui nous sort de l’univers de Candide.

Pour la qualité, la prémisse est vraiment le pied: vrais instruments, réelles et bonnes prises de son, un excellent producteur, des studios de qualité. Le disque a été bien gravé et produit en pensant au média du disque vinyle. Les instruments sont francs, il y a des emportées, des volutes, de la force, parfois de l’imperceptibilité. Certains instruments jouent des notes qui enterrent le reste. La compression est donc conservée minimale, mais elle n’est aussi pas présente de la même façon selon les instruments. Le pied pour n’importe quel amateur de musique néo-classique! Là où je dois enlever des points, toutefois, est dans la qualité de ma gravure: elle est franchement bruyante quand il n’y a aucune raison qu’elle le soit! Beaucoup de grésillement à travers le disque entier, au point ou un passage est carrément enterré par ce bruit sur la première face. Pour ça, je me dois de lui enlever des points hélas.

Qualité du vinyle: 8/10

RSD2019: Tedeschi Trucks Band – High & Mighty

Petit retour sur le Record Store Day, et première critique!

Quelle semaine! Et quelle journée du RSD! Comme d’habitude, une belle journée, des gens sympathiques en file, les habitués qui viennent prendre leur lot de trouvailles, et les quelques-uns qui repartent bredouille parce que quelqu’un a été plus vite qu’eux, ou que la sortie a été reportée. Mais les gens que j’ai vu repartir avaient tous le sourire au visage! À la fin de la journée, je suis reparti avec une cinquantaine de disques, dont trois qui ne sont pas du RSD. J’ai résisté à prendre la table tournante trois pouces, et il y a beaucoup de très beaux coffrets que j’ai regardé partir avec des larmes au visage. Déjà que j’ai acheté deux fois plus de disques que l’an passé, que j’ai deux usuriers qui me courent après et que j’ai déjà vendu un rein au marché noir, c’est amplement suffisant!

Sur ce…

Petite nouveauté : je vais dorénavant donner des cotes qualité aux disques! Eh oui! Il faut être avec le temps, que voulez-vous!

Voici ma grille :

  • 0 : Disque illisible, graves fautes de production
  • 5 : Disque fourni en CD à la réplication, fait à la chaîne, achetez donc ce dernier!
  • 7 : Très bon disque, pas exceptionnel, la majeure partie des disques
  • 10 : On pleure tellement c’est beau!

Album : High & Mighty
Artiste : Tedeschi Trucks Band

En Test : 2019; Vinyle 180g; 45 tours; RSD 2019

Étiquette : Fantasy; FAN00434

Dans les groupes méconnus ici, il y a bien le Tedeschi Trucks Band. Ce n’est pas un petit groupe ! Susan Tedeschi est une blueswoman de carrière, ayant d’abord démarré le Susan Tedeschi Band, groupe qui a ouvert pour les plus grands groupes de R&B, blues, rock et folk (dont Bob Dylan et les Rolling Stones), elle a été une des rares productions blues-folk a obtenir des disques d’or et des nominations à des Grammy très régulières. Au début du millénaire, elle a marié Derek Trucks, guitariste d’exception d’abord connu pour son Derek Trucks Band, mais il a surtout été un musicien invité à travers de nombreux événements et groupes (dont Crossroads, les Allman BrothersBob Dylan encore et Eric Clapton).

Le secret de leur sauce a été de combiner leurs talents complémentaires. Avec la voix de Tedeschi rappelant le côté folk de Bonnie Raitt et les emportées blues de Janis Joplin (selon la journaliste Gwenn Friss) accompagnée d’une guitare rythmique d’un tel calibre qu’elle aurait pu être lead dans la majeure partie des autres groupes blues, et la guitare incroyable de Trucks, on a droit à toute une envolée d’émotions. D’ailleurs, leurs nominations et gains de Grammys à travers leur histoire de groupe le prouvent. Un mélange incroyable de rock, blues et folk.

Ce disque est un EP en 45 tours, avec trois chansons inédites sur la face A et une longue pièce enregistrée en concert pour la face B. Quel disque! La qualité y est réellement, les instruments sont beaux, clairs, mais avec une présence toute blues, tout comme la voix qui est parfaitement captée. On a juste le goût d’écouter cet EP en boucle!

Qualité du vinyle : 9/10

2018: Jungle – For Ever

La Brit-soul se porte très bien, merci!

Album : For Ever
Artiste : Jungle

En Test : 2018; Vinyle en encart; Édition limitée jaune

Étiquette : XL Recordings; XL927LPX

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Le titre Jungle est bien commun chez les groupes de musique, alors il faut réellement ne pas avoir peur de la qualité de son produit pour utiliser une telle marque de commerce. Il faut dire que le duo londonien composé de Josh Lloyd-Watson et de Tom McFarland a été signé par XL Recordings assez rapidement, malgré que les deux instigateurs ne soient pas réellement connus dans la sphère musicale, c’est un signe assez clair qu’ils doivent faire quelque chose de bien. D’ailleurs, ce n’est pas une erreur que vous ne connaissiez pas le groupe, ils n’ont que peu joué au Canada, et leur premier disque éponyme date déjà de 2014. Malgré que celui-ci ait fait une belle prestation sur les palmarès, le groupe est bien loin dans nos esprits.

Et c’est quoi, un Jungle britannique en 2018? C’est du soul avec des touches d’inspiration provenant d’un peu partout, de Jamie XX, une petite touche Blood Orange, mais surtout des inspirations : électropop à la Capital Cities, peut-être une touche de Thom Yorke, un côté lyrique à la Kurt Vile. C’est un collectif qui fait dans la soul moderne, clairement inspiré du rap américain, mais avec la touche de Londres qu’on aime fort. Bref : c’est un peu de tout!

Et pour le disque, XL Recordings mous a habitués à des gravures impeccables. C’est encore une fois le cas ici, avec une très belle impression, et malgré plus d’une vingtaine de minutes de musique par côté, ils n’ont pas coupé sur la quantité de basse (on a juste à penser à la première chanson de la face B, House In LA) et la qualité de la gravure. Le volume est très bas, mais (peut-être que je suis chanceux) je ne perçois pas beaucoup de bruit de fond et la musique est bien équilibrée sur le disque. En même temps, il y a un côté froid au disque, qui fait presque penser à un CD. Lire que le côté numérique y est omniprésent. Le matriçage de Matt Colton est néanmoins excellent et on s’accroche au groupe. Un beau et bon disque à découvrir!

2018: Black Moon Boys – Nuthouse !

Le rockabill’ est bien vivant au Québec!

Album : Nuthouse !
Artiste : Black Moon Boys

En Test : Vinyle; 45 RPM

Étiquette : Rebel Music Recordings; RM 12011

Ce disque est disponible en précommande pour le 24 novembre 2018!

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Une autre de mes passions est le rockabilly. J’ai bien entendu mes favoris, entre autres, ce que nous font découvrir Keb Darge et Little Edith dans leurs compilations légendaires. Mais aussi ceux qui se la donnent pour la totale encore aujourd’hui pour faire plaisir aux fanatiques des années plus ou moins 50. La sous-culture du rétro et du vintage y est pour rester! Et le dernier groupe en vogue est les Black Moon Boys, qui vont sortir leur premier disque ce vendredi.

Petits derniers? Ou un groupe qui aurait dû exister bien avant? On peut penser à Marc-André Pilon aux micros, qui a été batteur et qui était connu comme le « gars rockabilly » du groupe punk rock Ordures Ioniques, mais aussi auteur et professeur. À Eric Sandmark à la batterie, qui multiplie les projets rockabilly, entre autres avec ses RumblersOlivier Pomerleau, greaser et bassiste sous plein de projets liés à la culture 50’s. Et un tel groupe n’en serait pas un sans introduire un membre au panthéon de la musique québécoise : Jeff Ray Holmes à la guitare sur son premier vinyle!

Premier disque nécessaire? Surtout après trois longues années de plaisir à faire des spectacles un peu partout, donner des spectacles avec quelques-uns de nos grands du rockabilly (on peut penser aux Greasemarks et aux Hellbound Hepcats pour ne nommer qu’eux). Bref : il commençait à être temps qu’ils le sortent, leur disque.

Et ils savent bien s’entourer, ce ne sont pas des deux de pique. Michel Dagenais, capoté notoire des 50’s, réalisateur et propriétaire et studio depuis plus de 30 ans, et le tout endisqué sur la célèbre maison allemande spécialisée en rockabilly, Rebel Music. Non, sans blague, on va en entendre parler. On en entends parler, avec entre autres l’excellente critique de Sylvain Cormier au Devoir

Côté disque, parce que je dois bien entendu faire mon travail de critique vinyle, c’est un superbe disque 45 tours de plus de 30 minutes, bien gravé et bien réalisé. Très clairement numérique et maximisé numériquement. On remarque que le volume est dans le tapis constamment, ce qui fait « waver » les instruments, où on perd la basse ou la regagne dépendant du volume ambiant, où les intros qui vont jouer vraiment plus fort que les pièces musicales elles-mêmes. En même temps… je vous retourne sur les années du jump blues, du rockabilly, et même du rock n’ roll : le but est que ça torche. Les 45 tours étaient maximisés avec les moyens du bord, les VU dans le tapis, la distorsion pour en donner encore plus, les tape echo pour garder encore plus de présence musicale, tout pour que les gens entendent notre succès dans le jukebox. Bref : est-ce un crime de lèse-majesté que de désirer un volume maximal sur ce style de musique? Et ne vous inquiétez pas, le numérique ne s’entend pas tant que ça. En fait, ce qui s’entend surtout, c’est la quantité de lampes (ça sent le rack à effets vintage), de micros à condensateurs et de réverbération à ressort. Totally nuts!

Si vous désirez vous déhancher, leurs lancements officiels se font à Montréal le 24 novembre 2018, à Sherbrooke le 7 décembre 2018 et à Québec le 8 décembre 2018!

2018: Kodaline – Politics Of Living

21 Demands, version 2018!

Album : Politics Of Living
Artiste : Kodaline

En test : 2018; Vinyle

Étiquette : Sony Music; 88985458071

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Il y a parfois des groupes qui passent en dessous du radar. Kodaline est un de ces groupes. Roulant sa bosse depuis plus de dix années, le groupe rock irlandais a débuté sa carrière sous le nom « 21 Demands » avant de faire le saut vers le nom Kodaline au début de la décennie. Ce saut leur a fait grand bien, avec une poussée médiatique imposante, débutant avec une bonne visibilité sur la BBC Radio One, suivi de concours et une impressionnante filmographie. Leurs disques, numéros un constants en Irlande, peinent toutefois à percer les top-10 à travers la planète.

On reconnaît toutefois leur style et on s’entend dire « il me semble que j’ai déjà entendu ça » à plus d’une reprise, malgré leur absence aux palmarès canadiens. C’est d’ailleurs un peu une honte, c’est un excellent disque, avec d’excellentes chansons. On est d’ailleurs chanceux d’avoir des copies du disque, le groupe a bien reconnu ses forces, et il n’est habituellement disponible que dans le marché européen. Ce n’est pas une importation en tant que telle, mais pas loin.

Et pour la qualité, c’est un disque matricé par Stuart Hawkes, qui n’est pas un deux de pique et qui a réalisé des transferts vinyles pour plus d’un artiste à succès. On sent la compression, mais on entend bien les instruments individuellement et ils ne se battent pas entre eux. La voix est forte, franche, les pièces sont bien réalisées. Il y a un effet que j’appelle le faux chaud, qui fait penser à une gravure plus chaleureuse qu’elle n’est réellement, qui est hélas présent à travers le disque. On a l’impression d’un effet vinyle, mais il s’agit plus d’une technique donnant un flou artificiel, rendant les pièces belles à l’oreille. On peut obtenir le même genre d’effet en passant ses pièces musicales sous un VST du genre de Tube Saturator 2 de Wave Arts. Je n’ai rien contre en fait, mais il faut savoir que c’est un effet exacerbé de faux vinyle. Probablement que cet effet était déjà ajouté au montage initial par le groupe et que M. Hawkes n’a rien à voir avec cet effet. Ça ajoute une très belle touche à la version numérique, mais c’est juste un peu trop pour le vinyle. Reste que je chipote, le disque est très bon et il faut chercher les problèmes rendus là.

On achète si on aime Alt-J, Hozier, Imagine Dragons, Coldplay, The Lumineers, Bastille.

2018: Aphex Twin – Collapse

Quatre chansons électros comme un tank!

Album : Collapse (EP)
Artiste : Aphex Twin

En test : 2018; Vinyle; Édition limitée procédé héliophore

Étiquette : Warp Records; WAP423-X

Le disque avec la pochette en procédé héliophore n’est hélas plus disponible. Vous avez toujours accès à la version normale de l’album.

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Je suis un fanatique et avide collectionneur de la collection Prospective 21è Siècle de Philips. Cette collection de musique contemporaine de la fin des années 60 utilise le même procédé héliophore qu’Aphex Twin dans cette édition limitée. Et la ressemblance ne s’arrête pas là. Le compositeur électro possède un penchant exploratoire qui n’est pas sans rappeler certaines des œuvres de la collection initiale. Très étrangement, on peut dire que la roue a fait un tour côté musical : les instruments d’origine et les effets numériques utilisés par Richard D. James arrivent enfin à reproduire une stylistique recherchée par les grands explorateurs du circuit électrique des années 50 et 60. La pièce 1st 44 est tout droit sorti de l’imaginaire de Pierre Henry, l’atonalité de certains mouvements, la sonorité violente des filtres faisant penser à l’époque des trackers électroniques de l’Amiga de la fin des années 80, mais en de plus haute qualité. Le clin d’œil à des ambiances feutrées, mais pesantes à la The Art Of Noise, le retour à une vision plus sombre et hors des sentiers des quatre temps habituels comme on retrouvait dans les premières compositions de Aphex Twin, un retour aux sources en quelque sorte. C’est tout un album à écouter.

Et la sonorité du disque vinyle est aussi grande que la prémisse du disque. Il ne manque pas de fréquences, de la basse ultra-grave aux aigus laissant présager du glitch sans y être, c’est un très bon album à écouter si vous avez un caisson d’extrêmes-graves et des bons haut-parleurs. Je n’ai absolument rien à redire du début à la fin. Ah, tiens, si, un petit manquement de fréquences à cause d’une descente aux enfers à des niveaux de moins de 20 hertz, qui cause les hautes fréquences à être réduites légèrement dans le matriçage. Beau Thomas a dû s’arracher les cheveux!

2018: Les Beaux Sans-Cœur – Ton corps est déjà froid

Pierre Lapointe, version rock!

Album : Ton corps est déjà froid
Artiste : Les beaux sans-cœur

En test : 2018; Vinyle; Album en encart

Étiquette : Audiogram; ADCD 10413

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Notre chansonnier déjanté est de retour avec un autre bel album de ballades doucereuses avec une touche yéyé, des paroles d’amour qui donnent le goût de chanter la pomme à sa douce. Ah… tiens… non! Cette fois-ci, c’est du gros rock très sale, violent, des chansons grivoises. Un tout petit exemple de parole : 1-2-3-4 j’aimerais te prendre à quatre pattes ! Mais ça vous donne une idée : il y a bien la voix de Lapointe, mais ça s’arrête ici! C’est un anachronisme a A à Z, en fait, ça serait un anachronisme si ce n’était de ce qu’on connaît de Pierre Lapointe : il faut s’attendre à se faire décoiffer par ce dernier. Et pour ça, c’est réussi!

On a la sonorité du tapis en shag dans le sous-sol de ses parents avec le bar en bois; on a les petites chansons style punk rock aux paroles sorties de son adolescence; on a la porte de garage ouverte parce que ça joue trop fort et qu’on désire que les voisins l’entendent de toute façon; on a le gros spazz de neuf minutes du décompte avec solos en prime. C’est l’alter ego du yéyé propret des sous-sols d’église de ses autres albums. C’est un gros bonbon de plaisir.

Et côté sonorité, récemment, Pierre Lapointe nous a habitués à des albums parfaitement enregistrés avec une sonorité impeccable. C’est totalement l’opposé ici : si le yéyé est propre, le rock de garage est sale, lourd, tape fort, n’est pas clair du tout. C’est de la grosse déchire. En fait, je dirais en comparatifs que le disque vinyle est presque identique à la version numérique, avec un peu moins de compression sur les kick drums, mais avec un assourdissement d’un disque qui a été saturé. Le vinyle ne respire pas, est moins stéréo, manque de définition. C’est comme s’ils avaient pris la même matrice numérique pour le vinyle et pour le CD, et qu’ils l’avaient aplati pour le faire entrer sur deux faces. Et pourtant, ce n’est pas comme s’il n’y avait pas d’espace. Bref : je ne sais pas, je ne comprends pas, ça aurait pu fesser dans le dash tellement plus fort que ça. Mais non. On adore l’objet, on ira sur le CD pour le moment!

PS : je me suis concentré sur le chanteur ici, mais les musiciens de ce groupe sont en feu, ce sont tous, individuellement, des bombes! Et je ne désire pas passer sous silence la contribution du grand, Philippe Brault. Ces deux-là, ensemble, sont fous!